Le numéro de novembre 2012 du magazine Sciences Humaines consacre son dossier au « Travail : du bonheur à l’enfer » (il est possible de l’acheter en ligne). A travers différents articles, il rappelle les facteurs de motivation et d’engagement (gagner sa vie, exister socialement, accomplir des tâches intéressantes et s’accomplir) et de désengagement au travail. Dans son éditorial, Jean-François Dortier rappelle que l’amour du travail peut conduire parfois à l’enfer lorsque celui-ci ne peut pas être bien réalisé ou lorsque la vie en groupe engendre des frustrations, des conflits ou des violences (violences ordinaires, quotidiennes, banalisées, que décrit Gilles Herreros dans un article et auteur d’un livre sur le sujet).
Ce dossier revient sur différentes réflexions autour du travail régulièrement traitées sur ce blog (allez, soyons immodeste ! ;-), telles que la conscience professionnelle, le sentiment du travail bien fait, la perte du collectif au travail, la reconnaissance au travail, les facteurs de motivation, la souffrance au travail, l’amour de son métier et le plaisir que l’on peut trouver à exercer certaines activités apparemment peu valorisantes – en citant notamment Alain de Botton et son livre-reportage, Splendeurs et misères du travail.
J’ai apprécié l’encadré « Comment peut-on être comptable ? » où différents comptables, hommes et femmes, expliquent le plaisir qu’ils retirent de leur métier, les enjeux qui rendent leur fonction intéressante.
Dans ce dossier, il y a également deux (trop courtes malheureusement) interviews, l’une de Christophe Dejours et l’autre d’Yves Clot (que j’avais moi-même interviewé).
Pour Yves Clot, la souffrance au travail vient du fait que l’activité est empêchée. Elle naît et grandit lorsque les personnes ne se reconnaissent plus dans ce qu’elles font. Selon lui, il est urgent d’ouvrir des espaces de discussion dans les entreprises pour délibérer autour des critères de qualité du travail. Quant à Christophe Dejours, il rappelle que de la souffrance, de la difficulté au travail peuvent naître le plaisir (plaisir de trouver une solution, de résoudre un problème, plaisir d’utiliser ses connaissances et ses compétences pour franchir un obstacle, une difficulté). Pour lui, les principales raisons de la souffrance au travail sont l’exaltation de la performance individuelle (qui a cassé la solidarité et l’esprit collectif) et l’évaluation lorsqu’elle s’en tient aux facteurs quantitatifs. Tous les deux en appellent à un changement dans l’organisation du travail.
Personnellement, j’ai trouvé ce dossier plutôt bien ficelé, même si forcément parcellaire pour des raisons de pagination. J’ai apprécié y trouver des approches insuffisamment mises en avant (par exemple autour du geste professionnel, de l’amour de son métier, etc. ), même si d’autres sont bien connues et ont déjà amplement été traitées (évolution de la valeur travail, facteurs de motivation par exemple).
Et vous ? Votre travail, vous le situez plutôt du côté du bonheur ou de l’enfer ? Avez-vous l’impression de pouvoir le réaliser selon vos critères de qualité ou pas ? Et enfin, sauriez-vous expliquer les raisons qui font que vous l’aimez et celles qui font que parfois vous êtes plus proche du désenchantement et du désengagement ?
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