Sophie avait témoigné en 2013 autour de son parcours d’experte en fusions-acquisitions, mais également de son organisation personnelle et de son engagement en tant que présidente d’HEC au féminin. Et dernier point : elle attendait son 3ème enfant. En 2016, Sophie nous racontait son année à l’IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale) qu’elle avait particulièrement appréciée, la poursuite de son activité professionnelle dans la finance, son engagement en tant qu’élue au conseil municipal et le plaisir de vivre à Senlis avec trois jeunes enfants.
Sophie m’a donné de ses nouvelles par téléphone. Merci à elle !
Depuis ton dernier témoignage, comment a évolué ta situation personnelle et professionnelle ?
Au niveau professionnel, je suis toujours indépendante, avec ma société Allia Finance, spécialisée dans les opérations de financement (rachat, levée de fonds, etc.) pour les PME qui ont été très éprouvées par les confinements et le crise Covid. Je travaille avec d’autres experts, en réseau, mais le fait d’être indépendante m’a permis d’absorber le choc de la crise Covid sans trop de difficultés. Concernant le home office, je le pratiquais déjà depuis 2008, donc cela a été relativement facile pour moi. En revanche, la difficulté a été de faire l’école à la maison pour mes 3 enfants ! Depuis mon dernier témoignage, je me suis séparée du père de mes enfants et j’en ai la garde principale. Ce qui implique forcément une nouvelle organisation. Je suis toujours très attachée à la qualité de vie à Senlis tout en étant proche de Roissy, Paris et Lille qui sont les endroits où je vais régulièrement pour mon travail. Je vais bientôt changer de maison, symbole d’une nouvelle page qui se tourne pour mes enfants et moi.
Mes enfants ont maintenant 14 ans, bientôt 13 ans et 8 ans. Ils gagnent en autonomie, mais demandent toujours pas mal de temps. J’essaye de leur consacrer à chacun du temps car leurs besoins évoluent. On ne fait plus les mêmes activités que lorsqu’ils étaient petits, tous ensemble.
Je suis toujours engagée localement en tant qu’élue. Je suis également impliquée en tant que parent d’élève dans l’école et le collège de mes enfants. J’estime qu’il est important de s’engager et de faire passer ses idées, ses convictions. Par exemple, je suis fière d’une action que nous avons initiée : la mise en place d’un bus itinérant avec deux agents qui vont à la rencontre des habitants pour les aider dans leurs démarches administratives (CAF, Pôle Emploi, impôts, etc.). Même si bien sûr je ressens une certaine frustration en tant qu’élue de l’opposition. En 2016, je me suis présentée sur la liste des sénatoriales, ce fut une expérience intéressante même si nous avons perdu.
Enfin, après mon année à l’IHEDN en 2015, j’ai décidé de m’investir dans la réserve citoyenne de la Marine nationale (qui a pour but de rapprocher le monde civil et l’armée), puis dans un second temps dans la réserve opérationnelle à raison d’une semaine par mois. J’ai été chargée de piloter un groupe de réflexion visant à améliorer la mixité dans le Marine nationale (pour décliner le plan mixité initié par Florence Parly en 2018), aussi bien en termes de recrutement, de formation, de parcours professionnel, de congé maternité, etc. Je suis attentive au suivi des objectifs chiffrés : il y avait 14% de femmes en 2018, nous visons 21% en 2030. Déjà, le chiffre est passé à 15,5% en 2021.
J’estime important de discuter avec mes enfants de mon travail et de mes engagements extérieurs. Par ailleurs, pendant le confinement, j’ai réalisé à quel point j’avais besoin d’un équilibre entre le perso et le pro, entre mes engagements familiaux et extérieurs.
Avec le recul, ferais-tu certaines choses différemment ? As-tu des « conseils » à donner aux jeunes femmes/mères ?
Lorsque j’étais présidente d’HEC au féminin, mon message aux jeunes femmes était « lancez-vous dans la finance ». Aujourd’hui, je tiens le même message au sein de la Marine : « suivez vos envies, lancez-vous ! ». Même si l’orientation et la société sont encore porteuses de nombreux stéréotypes, j’ai envie de leur dire « allez-y, même si ce n’est pas toujours facile, ne lâchez pas vos rêves ! ». Je remarque que, dans les collèges, il y a un vrai intérêt, une vraie demande pour aller parler de ces métiers, dits masculins. Des associations comme Elles bougent font un travail de sensibilisation très important. Mes conseils : rencontrez des gens, posez des questions aux personnes que vous admirez, qui font ce que vous avez envie de faire. La curiosité est un formidable moteur.
Côté personnel, avec le recul, je réfléchirais un peu plus à mes choix de vie avec mon conjoint. 15 ans de vie commune et 3 enfants : cette séparation a bien sûr été une épreuve. Faire le constat que notre couple était une voie sans issue n’a pas été facile à vivre. J’en retire que le dialogue dans un couple est fondamental.
Avez-vous des envies/projets à court ou moyen terme ?
Peut-être me lancer dans une association professionnelle. C’est une envie que j’ai depuis longtemps, mais cela ne s’est pas fait pour différentes raisons. Peut-être lorsque mes enfants auront encore gagné en autonomie, cela sera-t-il le bon moment ? J’ai envie de rassembler des personnes qui ont le même état d’esprit que moi, au sein d’une structure agile, mobile. Je me rends compte que le Covid a changé la perception sur le télétravail et la valeur ajoutée des consultants.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages dans la rubrique Parcours au fil du temps.