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Parcours au fil du temps : Morgane

Morgane
Morgane

En Aparté « suit » Morgane depuis pile 10 ans 😊

En 2010, elle vivait à la Martinique, avec son mari et leurs jeunes 3 enfants. Alors en congé parental (elle était auparavant contrôleur de gestion), elle s’était lancé un défi sportif de taille : le Tchimbé Raid (un trail de 80 kilomètres), une manière de se réaliser et de renforcer sa confiance en elle. En 2013, nous la retrouvions à Naples, où elle avait appris l’italien, continuait les trails, dont la Courmayeur Champex Chamonix (98 km² et 6000 m de dénivelé) et accompagnait la scolarité de ses enfants dans des écoles américaines. En revanche, difficile de trouver un emploi dans ses cordes à Naples. En 2016, Morgane vivait à Tours. Elle venait de reprendre un emploi de chargée de communication à mi-temps et s’était lancée dans la préparation d’un des trails les plus mythiques et difficiles au monde : la Diagonale des Fous à la Réunion (165 km et 9500 m de dénivelé.). Et enfin, courant 2017, elle nous racontait sa Diagonale des Fous, qu’elle avait terminée en 46 heures et 54 minutes mais dont elle gardait un souvenir mitigé. Elle travaillait toujours comme chargé de communication mais se posait des questions sur son avenir professionnel (revenir à son premier métier, poursuivre dans la communication ou se reconvertir). Et voici de ses nouvelles. Merci Morgane !

Depuis ton dernier témoignage, comment a évolué ta situation professionnelle et personnelle ?

Lorsque j’ai su que nous allions vivre à Toulon à la rentrée 2017, j’ai commencé tout de suite mes recherches d’emploi et j’ai eu la chance de trouver rapidement un poste de responsable financier. J’ai finalement fait le choix de regagner mon domaine de compétences initial. J’ai compris que changer de voie nécessiterait une formation longue si je voulais des responsabilités et qu’il valait mieux rester dans le domaine où j’étais employable immédiatement. En revanche, j’ai choisi un secteur que je ne connaissais pas (une grosse association qui travaille dans le social et l’aide à l’enfance). Je suis restée trois ans à ce poste, jusqu’en mai dernier, puisque nous avons appris que nous allions nous expatrier aux États-Unis cet été.

J’en retire du positif et du négatif. Le négatif c’est qu’étant au siège, j’étais déconnectée du terrain et donc éloignée de la finalité de notre mission. Ce sens recherché dans mon travail, je ne l’ai donc toujours pas trouvé…et je ne suis pas certaine d’y parvenir sur des postes dans la finance. Par conséquent, ce que je rechercherais en priorité dans un prochain poste, c’est la qualité des relations humaines. J’ai besoin de travailler au sein d’une équipe, avec des personnes que je sens investies, passionnées par ce qu’elles font, et avec une direction que j’admire et qui tire son équipe vers le haut. Cela peut donner finalement aussi une forme de sens à l’énergie déployée dans son travail.

Autre difficulté : comme on bouge tous les trois ans environ, c’est plus compliqué pour « s’imposer ». Car il faut bien un an ou deux pour trouver sa place dans un nouveau poste, le problème est qu’à chaque fois que je pourrais apporter quelque chose, gagner un meilleur équilibre de vie, on repart !

Le positif est que j’ai pris confiance en moi. Je me suis rendu compte que pendant longtemps je me suis auto-censurée, je postulais à des emplois sous-dimensionnés, les postes à responsabilités me faisaient fuir : je me disais que je ne pourrais pas gérer à la maison, prendre assez de vacances, lorsque mon mari rentrerait de mer, après plusieurs mois d’absence, etc. Ce poste m’a décomplexée. J’ai réalisé que les hommes s’auto-censuraient beaucoup moins, ils s’autorisaient à postuler à des postes de directeur, sans se poser trente-six mille questions. Être directeur, cela ne veut pas forcément dire corvéable à merci. On peut aussi protéger sa sphère personnelle. Et d’ailleurs, si on juge aux résultats, entre un homme et une femme, même si les moyens d’y arriver sont différents, on atteint les mêmes.

Grâce à ce poste, j’ai mieux compris et cerné ma valeur. Cela m’a pris du temps mais maintenant, je suis plus sûre de ce à quoi je peux prétendre. Je pense que les femmes se tirent elles-mêmes beaucoup de balles dans le pied. Il faut qu’on arrête de complexer, de se mettre des barrières, souvent imaginaires. Nous devons être plus confiantes et plus assertives par rapport à ce que nous valons.

Côté perso, je suis toujours mariée (et très amoureuse !) et nos 3 enfants ont désormais 17, 15 et 12 ans. Ils sont des ados plutôt faciles et ont gagné en autonomie. La différence avec les années passées, c’est que j’ai lâché leur scolarité par manque de temps et que leur niveau scolaire me laisse parfois perplexe. Je me rends compte que de plus en plus d’enfants ont des cours particuliers et leurs parents derrière. Cela crée des situations injustes et révèle les lacunes et faiblesses du système éducatif. Sans parler des dégâts causés par le Covid dans leurs apprentissages. Je sais très bien que mon dernier est devenu un as des jeux vidéo pendant les cours sur zoom. Sans parler des tablettes numériques qu’on leur donne dès la Seconde, comme si ce n’était pas déjà assez difficile d’avoir un minimum de contrôle parental sur leurs usages des écrans.  Cette période a été une horreur pour les écrans, et cela a laissé des stigmates. Et ce n’était pas en rentrant plus tôt ou plus tard du travail que cela pouvait changer quoi que ce soit, car de toute façon à cet âge-là, ils sont dans leur chambre et doivent être devant des écrans pour travailler (tout passe par école directe maintenant et les manuels sont de plus en plus souvent en ligne).

Et sinon, je continue le sport mais comme un loisir, non plus comme une source de défis ou comme un moyen de prouver des choses ; de ce côté-là, mon travail me nourrissait largement ! Je pratique toujours régulièrement la course à pied, j’y ai ajouté le yoga et la barre au sol. Le sport, c’est mon moment à moi. Je cours le matin tôt avant de partir au travail, quand la maison dort encore et le samedi matin. Le sport revêt une grande importance pour mon équilibre personnel.

Avec le recul, ferais-tu certaines choses différemment ? As-tu des conseils à donner à des jeunes femmes / jeunes mères ?

Comme je le disais plus haut, je pense que je me positionnerais plus tôt sur des postes de direction et que j’hésiterais moins à m’affirmer dans la sphère professionnelle et à imposer mes points de vue.

Au niveau des conseils : ne pas hésiter à mettre en avant tout un panel de qualités, qui peuvent vous sembler évidentes mais qui en réalité sont précieuses en entreprise, tels qu’un bon relationnel, la ténacité, l’honnêteté, le bon sens, les capacités d’organisation d’une mère de famille également. Et bien travailler ses arguments, ses forces.

Faire attention au 4/5ème, je pense que c’est une arnaque pour les femmes. Car bien souvent, elles gagnent moins pour faire en réalité un 100%. Aujourd’hui, il existe beaucoup de moyens de faire à distance, sachons les utiliser.

J’ai envie de dire aux jeunes femmes, faites comme vous le sentez : si vous avez envie d’être près de vos enfants et de faire les conduites le mercredi, prenez-le. Mais si vous le faites à contre-cœur, parce que vous pensez qu’il le faut, mais qu’en fait vous préfèreriez aller travailler ce jour-là, ne prenez pas un temps partiel.

Au final, ce qui compte c’est d’être heureuse, pas trop stressée, d’être bien avec soi-même. L’ambiance familiale s’en ressentira. Ne pas se contraindre, faire des pauses professionnelles, si on en a besoin, s’écouter… dans la mesure du possible bien sûr.

As-tu des projets/envies à court et moyen terme ?

Nous partons donc dans quelques semaines aux États-Unis où mon mari a obtenu un poste. C’est un vrai projet familial. Après nos 3 ans à Naples, nous avions tous très envie de repartir à l’étranger. Là-bas, nous comptons en profiter pour faire pas mal de voyages et nous espérons bien rencontrer des gens de différentes nationalités.

Je pense passer pas mal de temps à m’occuper de l’orientation de mes enfants dont deux vont entrer dans leurs études supérieures.

Je vais peut-être profiter de cette expatriation pour faire un bilan de compétences et enrichir et/ou essayer de développer de nouvelles qualités qui me seront utiles par la suite. A suivre !

Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages dans la rubrique Parcours au fil du temps.

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