J’ai connu Nathalie Majchrzak grâce au site Mes bonnes copines (si vous ne connaissez pas encore ce site d’entraide féminine, allez vite y faire un tour !). Nathalie, 38 ans, 1 enfant, a lancé Maman est au bureau (et Papa aussi !) en juillet 2012, un site de garde d’enfant basé sur la proximité et l’entraide que je trouve très astucieux et pertinent. Je suis heureuse de vous présenter son parcours et son projet entrepreneurial. N’hésitez pas à lui donner un coup de pouce en utilisant son site et en le faisant connaître autour de vous ! Je compte sur vous 🙂
Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes votre parcours professionnel et personnel ?
Autodidacte avec une grande envie d’indépendance, j’ai commencé à travailler à 19 ans. J’ai eu un parcours dans la production musicale, audiovisuelle et en agence de communication avant de diriger pendant 5 ans le secteur Cinéma & Télévision pour Universal à la Production Music. Mon histoire professionnelle s’est construite grâce à des rencontres et aux personnes qui m’ont fait confiance. Je peux dire avoir eu une certaine chance…
Qu’est-ce qui vous a incité à vous quitter le salariat pour vous lancer à votre compte ?
Devenir mère m’a donné l’envie d’entreprendre. Après la naissance de mon fils, j’ai voulu continuer à travailler mais mon niveau d’exigence avait augmenté. Pour être en phase avec mon choix, il fallait un challenge à la hauteur. J’étais dans une routine professionnelle qui n’était plus satisfaisante. Je me suis rendue compte que changer d’emploi ne m’apporterait pas ce que je recherchais. En fait, la maternité m’a donné confiance en moi et l’envie de prendre des risques.
Avez-vous suivi des formations avant de vous lancer ? Avez-vous demandé des conseils auprès d’organismes spécialisés dans la création d’entreprise ?
J’ai demandé conseil à une boutique de gestion afin de valider mon business model et de choisir la forme juridique de mon entreprise.
Vous êtes-vous rapprochée de réseaux d’entrepreneurs ou autres ?
Je me suis rapprochée de réseaux de femmes, notamment Mampreneur à Paris.
Comment a réagi votre entourage ?
Mon compagnon a créé une PME il y a 7 ans, j’ai donc un modèle sous les yeux et aucun fantasme sur l’entreprenariat. Je connais un certain nombre des difficultés que rencontrent les entrepreneurs, mais il m’a soutenu dans ma démarche. Finalement, il y a très peu de réactions tempérées dans mon entourage : une partie vous dit de foncer et une autre vous dit qu’avec le contexte actuel « quitter un CDI lorsque l’on a un enfant en bas âge, ce n’est pas sérieux ». Ma conviction est que justement ce contexte de crise donne envie de trouver des nouveaux modèles de travail en dehors du salariat. Créer, pour se créer son propre salaire, pour ne pas être dépendant des stratégies d’entreprise. La première année de création d’entreprise est une année économiquement difficile mais je ne me sens pas plus en insécurité que si j’étais salariée.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’objectif de votre site Maman est au bureau ?
J’ai eu l’idée du site Maman est au bureau lorsque que mon fils est entré en maternelle. J’ai constaté qu’aucun outil n’existait sur internet pour que les parents dont les enfants sont scolarisés dans le même établissement se rencontrent. Il est dans une école qui accueille 300 enfants et j’ai mis 2 mois à rencontrer une famille avec qui mutualiser une garde partagée pour la sortie d’école, les mercredis et les vacances scolaires. C’est un site qui répond à un vrai besoin. On a conçu un moteur de recherche par école, maternelle et primaire, pour la France entière.
Quelles difficultés/obstacles rencontrez-vous dans votre projet que vous aviez peut-être sous estimés ou peut-être mal évaluées ?
J’avais sous-estimé l’impact sur le quotidien de mon nouveau statut. Très concrètement, une compagnie d’assurance n’a pas voulu établir de contrat pour mon scooter car en tant que chef d’entreprise je ne suis pas dans la clientèle admise par cet assureur militant. Ma banque m’a supprimé mon autorisation de découvert car je n’ai plus de revenu régulier mais avec le sourire et en me souhaitant bonne chance. Merci ! Changez donc de banque me direz-vous ! Et non, je me suis tournée vers une banque où j’avais ma petite épargne, ils ne m’ont pas ouvert de compte car il faut 3 bilans d’activité pour être détenteur d’un compte dans cet établissement. Je vous rassure, je n’ai pas envie de changer d’appartement… car en tant que locataire, je ne suis pas sûre de recevoir le meilleur accueil des propriétaires. Oui, la mauvaise surprise est l’image du créateur d’entreprise qui, je le devine à travers mon expérience, a un profil anxiogène pour bien des institutions. Alors c’est formidable de mettre à disposition des boutiques de gestion, des conseils, des brochures et autres séminaires et sites pour favoriser la création d’entreprise, si le reste de la société ne suit pas, il se sent seul l’entrepreneur !
Quels sont les prochains développements pour votre site ? Quel modèle économique visez-vous pour le site ?
Mamanestaubureau.com se positionne sur une niche, le périscolaire, sur un marché concurrentiel avec des acteurs très bien installés depuis longtemps. La garde d’enfants est un sujet important à Paris : 60% des enfants qui naissent n’ont pas de solutions d’accueil en collectivité. Les parents se retrouvent avec la charge de trouver une solution de garde, et un problème plus humain, trouver la bonne personne qui aura la responsabilité de l’enfant pendant le temps de travail des parents. Le problème se pose à nouveau pour le périscolaire, les établissements reçoivent un nombre d’enfants de plus en plus important et pas seulement en milieu urbain. L’accueil jusqu’à 18h30 est possible mais, pour les touts petits, passer d’une garde maternante à l’école est un changement important et leur demander cet effort sur une durée de 10 heures est délicat. Je suis convaincue que l’on peut avoir une réponse satisfaisante en rencontrant les familles à côté de chez soi.
Développer un réseau de parents pour aller au-delà de la mutualisation de la garde, pour se donner des coups de pouce. Ma volonté est de développer un autre site pour les parents qui travaillent en horaires décalés, pour les professions médicales, du spectacle. Et comme pour le site Maman est au Bureau, les baby-sitters, nourrices intéressées par un travail avec ces horaires peuvent offrir leur service. Je fais le pari de mettre à disposition ce site comme un outil au service des parents et baby-sitters, il a donc été mis en ligne sans fausses annonces, ni reprises d’annonces trouvées sur le net. 54 000 écoles référencées, il y donc des établissements sans annonces attachées pour le moment.
Le site est gratuit afin de favoriser les inscriptions et les annonces ainsi que le bouche à oreille. Je me donne un an pour travailler la notoriété et la visibilité du site. Il est prévu de passer en mode payant en octobre 2013, avec une navigation gratuite et un micro-paiement pour être mis en contact. Je développe également des contacts avec des collectivités locales qui sont intéressées par le sujet de l’aide à la mise en relation des parents, par la géolocalisation des annonces.
A l’heure actuelle, êtes-vous plutôt satisfaite ou insatisfaite de la façon dont vous conciliez votre vie professionnelle et votre vie personnelle/familiale ?
J’arrive à concilier vie professionnelle et familiale mais absolument pas personnelle si on entend par là du temps pour soi, des loisirs. Mais cela correspond à un début d’activité avec un budget de lancement limité qui m’oblige à tout faire moi-même. Etre dans l’impossibilité de déléguer est chronophage. Je crois en mon entreprise et je pense un jour retrouver le chemin du temps pour moi.
Que représente votre travail ? Quelles valeurs associez-vous à la vie professionnelle ? Cela évolue-t-il avec le temps ?
Etre autodidacte m’a fait appréhender le travail de manière particulière. J’ai eu la chance d’avoir des postes qui répondaient à mon besoin d’apprendre, de challenge. Et quand cela n’était plus le cas, je changeais avec dans mes bagages de nouvelles compétences. J’ai donc un CV à rallonge car changer d’entreprise ne m’a jamais fait peur, au contraire c’était pour moi une possibilité d’évolution de carrière. Entreprendre ma paraît une suite assez logique. Le travail est avant tout une source de revenus mais je n’ai jamais dissocié le travail de la satisfaction personnelle. J’ai eu à faire pas mal de jobs alimentaires peu intéressants mais assurant le quotidien, je faisais de l’alimentaire en attendant un « vrai » travail, et il est toujours arrivé. Je crois ne pas avoir changé, si mon entreprise ne rencontrait pas de succès, je trouverais un job alimentaire en attendant d’avoir une nouvelle idée.
Souhaitez-vous rajouter un petit mot ?
Croire en sa capacité à faire, en ses idées. Réussite ou échec (même si on espère la réussite de son projet !) n’est peut être pas l’enjeu principal. Ce qui prime est finalement plus personnel, se faire confiance, trouver l’énergie, convaincre. Quel que soit le résultat, il y aura toujours une fierté à dire « je l’ai fait » !
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