Selon une enquête réalisée par la Fondation de la Famille et Ipsos en octobre 2011, 74% des Français estiment qu’il est plus difficile d’élever ses enfants qu’il y a 20 ans. Quatre parents sur dix ont même le sentiment que c’est « beaucoup plus difficile ».
Pourtant, 78% considèrent que les enfants aujourd’hui sont plutôt épanouis dans leur famille, 75% qu’ils ont une bonne complicité avec leurs parents, 73% qu’ils peuvent se construire correctement, 68% développer leur estime de soi…
En revanche, la transmission des valeurs est jugée plus difficile par 51% des parents, 60% n’ont pas assez de temps à accorder à leurs enfants et 68% estiment avoir du mal à exercer leur autorité.
Pour information, une autre enquête sur « Les difficultés et attentes des parents » avait été réalisée en novembre 2011 par TNS Sofrès pour le Secrétariat d’Etat à la Famille.
Le « métier » de parent est-il devenu plus difficile, plus incertain ? Le magazine Sciences Humaines avait consacré en décembre 2011 un dossier à cette question « Comment être parent aujourd’hui ? » que je vous invite à lire.
Parmi les raisons de cette évolution, on cite généralement :
– la diversification des modèles familiaux (divorces, familles recomposées, familles monoparentales ou homoparentales…) – à noter que 75% des enfants vivaient avec leur père et leur mère en 2008 (source INSEE),
– la montée en puissance du travail des femmes,
– la pression à être un « bon parent » (pression par rapport à la réussite scolaire qui engendre du stress, injonctions parfois paradoxales, voire contradictoires en terme d’éducation de la part des pédiatres, des experts, des médias, de l’entourage, etc, pression sur les activités extra-scolaires, etc.)
– l’évolution de la figure paternelle avec une remise en cause du modèle autoritaire, des positions parentales qui se cherchent
– le développement de la psychologie enfantine et la place centrale accordée à l’enfant considéré comme une personne qui remet en cause les schémas traditionnels parents/enfants, la plus grande autonomie et capacité de discussion des enfants
– la crise ou plutôt les crises (crise des couples, crise de l’autorité, crise socio-économiques, société de l’hyper-consommation et de l’immédiateté, crise des repères, crise de l’école, etc. …)
– la dissolution des liens et des soutiens intergénérationnels et inter-familiaux
– des inquiétudes nouvelles ou grandissantes (par rapport à la drogue, à l’alcool, au sexe, aux dangers liés à Internet, etc.)
Ce n’est sans doute pas un hasard si le Conseil d’ Analyse Stratégique a publié il y a quelques jours un rapport intitulé « Aider les parents à être parents » dont je parlais dans ma dernière revue de presse.
Des livres (essais, romans…), des films et des blogs (!) s’emparent de la difficulté d’être parent, des pressions à être un parent performant, de la culpabilité de ne pas se sentir à la hauteur, des doutes, des interrogations de parents. J’avais parlé sur ce blog de l’essai d’Elisabeth Badinter, Le conflit, la femme ou la mère, du livre-témoignage de Stéphanie Allenou, Mère épuisée ou encore de l’essai de Marlène Schiappa, Éloge de l’enfant roi. Sans compter la floraison de livres de conseils (il suffit de regarder cette page par exemple).
Le « métier » de parent constitue une mission à la fois passionnante, exigeante, épanouissante, éprouvante, formatrice, parfois accidentée, dans un contexte à la fois plus facile et plus difficile.
Vos réactions sont les bienvenues !
■ Pour aller plus loin : l’association PARENTEL et son directeur, Daniel Coum, propose un certain nombre d’ouvrages autour de ces questions.
Edit du 25 septembre 2012 : une émission à écouter « Faut-il renvoyer les parents à l’école ? » sur France Inter.
Mon ainée a 22 ans. Mon plus jeune en a 7. Honnêtement, je vois peu de différences dans le métier de parent entre les deux. La pression parentale existait déjà, elle s’est renforcée, mais c’est le reflet de la pression globale qui pèse désormais sur tous les individus, parents ou pas : pression à être heureux, à se réaliser, à trouver sa voie, à tout « réussir » (et à l’exposer via internet)… C’est ce perfectionnisme permanent qui est plus pesant qu’avant, sur tous les aspects de la vie, y compris la parentalité, mais pas seulement.
Oelita
Et si c’était l’idée que les parents actuels se faisaient de la parentalité il y a 20 ans ( soit avant de se retrouver dans ce rôle) qui était érronée? C’est un peu comme l’escalade: de loin ça semble fastoche et puis une fois à 3 ou 5m du sol on se dit qu’en fait ça l’est beaucoup moins…. D’où l’intérêt des témoignages comme celui d’Oelita qui a des enfants qui ont 15 ans d’écart!
Sandrine