Portraits de femmes

Portrait de Mathilde Le Rouzic, serial entrepreneuse

J’ai eu envie de vous présenter Mathilde Le Rouzic, auto-proclamée « serial entrepreneuse, workaholic, épicurienne, pugnace et un peu geek sur les bords ».

Lorsque je vivais dans le Var, j’ai eu le plaisir de rencontrer Mathilde. Elle était alors à la tête Bagatelles, boutique en ligne de cadeaux qu’elle avait fondée en 2004 (et qu’elle a revendue en 2009) et elle animait un blog passionnant sur lequel elle partageait son quotidien d’entrepreneuse. Depuis j’ai quitté le Var (sniff !) mais je continue à suivre son parcours entrepreneurial avec curiosité et elle avance, elle avance !! Elle est actuellement dirigeante-fondatrice de Quaelead, un éditeur de moteurs de recherche de shopping en ligne avec les sites UnCadeau.comJeveuxdesbijoux.com et Pourbebe.com.

Elle a gentiment accepté de témoigner sur son parcours de créatrice et de chef d’entreprise, les difficultés qu’elle a pu rencontrer, les défis qu’elle aime relever, etc.

Quels ont été les déclics qui t’ont incité à te lancer dans la création d’entreprise (Bagatelles) puis de « récidiver » (avec UnCadeau, puis Quaelead) ? Et pourquoi dans le web ?

Je crois que déjà toute petite, j’avais envie d’avoir ma société ou une activité indépendante. J’ai commencé comme salariée, dans des boîtes high-tech, le temps de découvrir le monde du travail et de commencer à être une grosse consommatrice de web. Puis j’ai eu l’idée de Bagatelles : j’étais nulle pour offrir des cadeaux, je m’y prenais toujours au dernier moment, je trouvais que ce serait chouette de pouvoir acheter des cadeaux un peu uniques à se faire livrer.
Une étude de marché plus tard, je me suis lancée « pour voir », portée autant par une envie de voir si je serais capable de le faire que par une passion pour les projets web (j’avais à mon actif un site monté avec des amis en 2000).
Pour Quaelead, c’est une autre histoire, j’avais déjà 5 ans de e-commerce dans les jambes et j’avais compris que le nerf de la guerre, c’est le trafic. En ouvrant un moteur de recherche de produits spécialisé cadeaux, j’ai voulu permettre aux boutiques comme Bagatelles d’avoir une place au milieu des grands, une visibilité vraiment adaptée à leur offre produit.

As-tu été accompagnée lors de la ta première création d’entreprise ? As-tu suivi des formations particulières ? Te formes-tu encore dans certains domaines (par toi-même ou en faisant appel à des prestataires extérieurs) ?

Pour Bagatelles, j’ai suivi une formation en deux jours d’aide à la création d’entreprise. Cela a surtout eu pour effet de me motiver à sortir un business plan et un planning. Pour tout le reste, j’ai un profil assez indépendant donc j’ai tendance à chercher moi-même, en trouvant de l’information en ligne ou en achetant des bouquins. Enfin, ce qui m’a le plus fait avancer, c’est le réseau professionnel : des gens qui ont un métier proche du mien et qui ont bien voulu répondre à mes questions quand j’en avais besoin.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile au départ (lors de tes deux créations d’entreprise) : la recherche de financement, les fournisseurs, la partie technique des sites, trouver les bons collaborateurs ?

Il faut le savoir : tout est difficile quand on crée sa première boite 😉 Plus sérieusement, je n’étais pas « formée » pour monter une société et il a donc fallu tout apprendre, improviser parfois, se planter de temps en temps, etc. Je ne dirais pas qu’une chose a été plus difficile que l’autre car j’ai toujours réussi à trouver un moyen d’aller où je voulais, même si le chemin était plus sinueux que prévu. Aujourd’hui, avec près de 8 ans d’expérience en tant que chef d’entreprise, je dirais que la gestion d’équipe reste l’aspect le plus sensible : chaque cas est particulier, il faut savoir s’adapter aux personnes, les motiver pour qu’ils adhèrent au projet et qu’ils comprennent que la réussite d’une start-up est avant tout un travail d’équipe.

En 2009, tu as fait appel à des business angels lors de la création de UnCadeau. Comment as-tu pensé à te tourner vers eux ? Pourquoi pas vers les banques ? Concrètement comment cela s’est passé pour les convaincre d’investir ?

J’avais besoin d’argent mais j’avais aussi envie de ne plus faire cavalier seul. Le choix des business angels n’est pas qu’un choix financier, une banque aurait peut-être financé le projet mais elle ne m’aurait pas apporté les compétences et la qualité d’écoute d’un investisseur privé. J’ai donc opté pour les business angels qui – au delà de l’apport financier – peuvent apporter des conseils, un réseau, un pragmatisme. Ils sont suffisamment proches de la société pour en connaitre les mécanismes et ont donc un jugement qui est souvent très pertinent.
Pour les aspects pratiques, j’ai préparé un business plan que j’ai défendu devant un comité d’investissement. Passé le premier pitch qui les a séduits, il y a eu ensuite une période d’observation mutuelle au cours de laquelle nous avons discuté des modalités d’investissement. Tout s’est fait assez vite puisqu’il s’est passé 3 mois entre la première mise en relation et la signature de la levée de fonds.

Dans ton parcours d’entrepreneuse, as-tu eu le sentiment que le fait d’être une femme avait été (ou ait) plutôt un handicap, un atout ou ni l’un ni l’autre ?

Je serais tentée de dire que cela a été un atout car j’évolue dans un milieu assez masculin, et que mon statut de « femme » me rendait un peu plus visible, notamment dans les relations presse ou encore sur la recherche de financements. Si certains de mes interlocuteurs ont vu ça comme un handicap, ils ne m’en ont pas fait part, en tout cas.

Qu’est-ce qui te motive le plus dans dans ton rôle de chef d’ entreprise ? (le commercial, le management, le développement, la communication, etc.). Et au contraire, ce que tu trouves le plus pesant, ce qui pourrait parfois de faire un peu baisser les bras ?

Tout me motive. J’ai forcément mes sujets de prédilection, qui sont plutôt liés à la gestion de projet et au marketing web, mais je m’ennuierai s’il n’y avait que ça. J’aime ce sentiment d’avoir un chemin à parcourir et j’aime imaginer comment on va avancer au quotidien.

Que représente pour toi ton travail ? Quels valeurs associes-tu à la vie professionnelle ? As-tu quelques modèles de chefs d’entreprises ?

Mon travail est une passion et j’ai la chance de pouvoir aller au boulot le matin avec le sourire. Même quand c’est dur, même dans les moments de doute, la passion finit toujours par reprendre le dessus et me permettre de trouver des solutions.
J’ai trois grandes valeurs dans le travail, qui sont la communication, le respect et la confiance. Je suis persuadée qu’en les développant au sein d’une entreprise, on peut tout faire (ou presque). C’est dans cet esprit aussi que j’essaie de développer une co-responsabilité et de souder mon équipe.
Pour les modèles de chef d’entreprise, je n’en idolâtre pas particulièrement. Certains m’inspirent mais je n’y pense pas en me levant le matin.

Fais-tu partie de réseaux professionnels ? Si oui lesquels ? Pourquoi ceux-là ?

Je co-anime un réseau d’entreprises numériques à Toulon (43.117) qui se rencontre une fois par mois. Il y a un côté convivial qui me convient bien. Je vais également à des événements spécifiques quand je le peux (par exemple aux événements organisés par Girlz In Web)

As-tu l’impression d’avoir atteint au fil des années un équilibre satisfaisant en terme de conciliation vie privée / vie pro ? Ou au contraire, est-ce plus difficile à trouver une articulation satisfaisante au fur et à mesure que ton entreprise se développe ?

Plus les années passent et mieux j’arrive à concilier les deux. L’organisation de la vie de famille est en place et le fait de partager la vie de quelqu’un qui a exactement le même quotidien que moi m’a beaucoup aidée. Il sait ce qu’est un serveur qui plante ou une migration sur la V2 d’un site, il est donc toujours présent en back-up si le planning l’exige mais que ça n’est pas « son tour » 🙂

Tu es basée dans le Var. Qu’est-ce que cela t’apporte en termes de qualité de vie personnelle et d’activités  professsionnelles (difficultés de recruter ou non ?, peu d’impact car domaine de web ?, etc.)

En travaillant dans le web, je pourrais être n’importe où du moment qu’il y a une connexion internet. Autant choisir un environnement vraiment agréable ! Et j’avoue que pouvoir se baigner en sortant du bureau est un luxe tout simple mais sublime. Pour la question des recrutements, c’est un peu plus long pour trouver de bons profils mais j’y arrive malgré tout.

Si tu avais quelques conseils à donner aux femmes qui s’apprêtent à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, quels seraient-ils ? Penses-tu que tu aurais pu éviter certaines erreurs avec un meilleur accompagnement ? Quels sont les freins qui à ton avis, ne devraient pas être aussi « bloquants » ? 

S’assurer du soutien des proches (mari, enfants) est essentiel, organiser le quotidien aussi. Sur les freins, une fois qu’on a levé la culpabilité de la quantité de temps disponible pour se dire qu’on l’a fait au profit de la qualité du temps partagé, tout roule 🙂

Merci beaucoup Mathilde !

Vous pouvez la retrouver sur Twitter ou sur son blog (sur lequel elle propose notamment des interviews d’acteurs du e-commerce et des chroniques dédiées au e-commerce)

6 thoughts on “Portrait de Mathilde Le Rouzic, serial entrepreneuse

  1. Bonjour,
    Merci pour cette très riche et intéressante interview et félicitations à Mathilde pour sa réussite : c’est motivant.
    Je viens de m’installer dans le Var en tant que chef d’entreprise dans le web avec squaredespetits.com et je cherchais un réseau donc je suis ravie de découvrir 43.117.
    Bonne journée
    Mylène

      

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