En 2013, Lola, parisienne, mariée, 4 enfants, avait témoigné pour la première fois sur En Aparté sous l’angle du télétravail qu’elle pratiquait déjà depuis des années au sein d’une grande entreprise. En 2015, elle était revenue donner de ses nouvelles. Elle venait de déménager, avec son mari et leurs enfants, à Toulouse, tout en continuant à (télé)travailler pour la même entreprise. Ancien cadre supérieur à Paris, son mari avait décidé de construire lui-même leur maison passive. Voici de ses nouvelles récentes !
Depuis votre dernier témoignage, comment a évolué votre situation personnelle et professionnelle ?
En octobre 2019, nous avons enfin emménagé dans notre nouvelle maison de 350 m2, (presque) entièrement construite par mon mari. Ce fut un chantier titanesque, très dur et très long (commencé en septembre 2014). Il n’était pas du métier, il a dû apprendre corps de métier par corps de métier (plomberie, électricité, domotique…). Il y a eu différentes phases, des succès et des plantages… Il a envisagé à un moment de créer une entreprise de BTP dans les maisons passives, mais il a compris que le marché toulousain n’était pas mûr pour cela. A la fin du chantier, après réflexion, il a choisi de suivre une formation pour devenir data scientist (à l’origine, il est diplômé d’une école d’ingénieurs) et a retrouvé le plaisir de réintégrer une équipe (plaisir qu’il avait perdu en région parisienne) après des années tout seul sur son chantier.
De mon côté, je travaille toujours pour la même entreprise. J’ai connu deux années de turbulence/traversée du désert à la suite d’une vaste acquisition/réorganisation, puis cela s’est arrangé. Depuis 3 ans, je suis directrice de projet, à 100% en télétravail, la charge de travail est importante mais j’apprécie cette mission. Ma situation de home office, qui était alors très particulière (exceptionnelle, même), a été officiellement entérinée en mars 2020, pour les raisons que tout le monde connait !
Durant cette « traversée du désert », je me suis beaucoup investie dans l’associatif. J’ai des enfants avec des handicaps (tdah, autisme). Je me suis beaucoup renseigné et ai appris énormément sur ces sujets – et sur moi-même. Nos enfants ont aujourd’hui entre 11 et 18 ans. Les diagnostics n’ont été posés qu’en 2012, mais les problèmes, on les a bien avant les diagnostics !
J’ai l’impression à 40 ans d’avoir atteint un point d’équilibre, je sais enfin qui je suis ! Les enfants sont sur les rails, je connais les réseaux pour répondre à leurs besoins particuliers. Bref, je vis une quarantaine épanouie.
Avec le recul, ferais-tu certaines choses différemment ? Et as-tu des « conseils » à donner à des femmes/mères plus jeunes ?
Du côté de mon mari, il a l’impression d’avoir perdu des années à vouloir vivre selon un ancien modèle de réussite. Aujourd’hui, il est plus heureux et sa santé mentale est bien meilleure !
De mon côté, j’ai le sentiment d’être arrivée à un bon niveau connaissance de moi-même, suite aux questions que j’ai été obligée de me poser en devenant mère (où sont mes priorités vu que je n’ai plus trop de temps), puis en apprenant à connaître avec mes enfants l’enfant que j’avais été, et finalement à travers les expériences professionnelles et privées. Je pense que c’est l’avantage de la quarantaine de bien se connaître. Par exemple, je ne m’impose plus des relations sociales qui ne m’apportent pas grand-chose, je suis dans une socialisation choisie. En ce sens, le télétravail ne me pèse pas du tout. Au contraire !
Donc mon conseil : rester curieux sur soi-même avant de l’être sur le monde, pour trouver son équilibre. Je me suis beaucoup cherchée et j’ai fini par me trouver. Ne lâchez pas ! Être en paix avec soi-même est atteignable. Et c’est très reposant ! Auparavant, nous étions farcis d’idées à la noix. Je pense que nous avons plusieurs vies dans une vie. Ce n’est pas parce que l’on traverse une période difficile, que cela est définitif.
Avez-vous des projets / des envies à court ou moyen terme ?
Que cette période d’équilibre dure !
Puis nos enfants vont progressivement partir. Donc apprendre à vivre sans eux, construire l’après, essayer de l’anticiper. Et faire en sorte qu’ils aient envie de revenir.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages dans la rubrique Parcours au fil du temps.