Entre Cécile et En Aparté, c’est une belle histoire 🙂 Cécile a témoigné pour la première fois en 2012. J’étais alors une lectrice fidèle de son blog 8 à la maison et j’étais curieuse de savoir comment elle gérait la conciliation vie perso / vie pro avec 6 enfants (alors âgés de 7 à 15 ans) ! Après une pause de près de 10 ans pour s’occuper de sa famille, Cécile avait repris depuis un an son poste de cadre dans une grande entreprise, à temps partiel. En 2014, elle était revenue donner de ses nouvelles (un divorce compliqué, un travail à 80% et toujours beaucoup d’énergie et de joie pour ses enfants). En 2016, elle était repassée à plein temps, avec 2 jours de télétravail, toujours dans la même entreprise, le tsunami de la séparation s’était calmé, et une maison composée majoritairement des ados. Et voici de ses nouvelles toute fraîches ! Merci Cécile de ta confiance.
Depuis ton dernier témoignage, comment ont évolué ta situation pro et perso ?
Merci Gaëlle de me donner l’occasion de relire les témoignages de ces femmes ! C’est tellement important d’avoir l’occasion de se regarder « pédaler » pour mieux valoriser ce chemin que nous parcourons !
Ce qui m’a amusée en lisant mon dernier témoignage, c’était sa conclusion dans laquelle je disais que j’aspirais à un peu de stabilité et de continuité ! Parce que ce n’est pas du tout l’actualité !
Du côté pro, le premier confinement a été l’occasion d’un arrêt brutal de mes activités du fait du chômage partiel. C’était vraiment étrange, ce sentiment que j’ai ressenti que du jour au lendemain, mon entreprise pouvait se passer de moi. Ce n’était pas le cas, c’était purement conjoncturel, mais quand même. Dans le même temps, j’ai reçu un appel à candidature par mail de quelqu’un qui me connaissait bien pour un poste de secrétaire générale adjointe d’une organisation qui fédère 360 associations oeuvrant dans les secteurs du handicap, de l’enfance et la jeunesse, des personnes âgées, de l’accueil de l’étranger. L’objet du mail était : « Et si tu changeais de vie ? ». Si je n’avais pas été au chômage partiel, je ne l’aurais pas considéré. Trop de travail, trop de pression, et aucune raison de me projeter dans un nouveau job, avec encore 5 enfants à charge en solo et une prise de risque un peu forte à mon goût.
J’ai pris le temps de refaire mon CV, d’en parler à quelques amis et membres de ma famille, à mes enfants. Et j’ai réalisé qu’à 50 ans, trouver un poste qui faisait sens pour moi, qui répondait à mes convictions profondes, qui me permettait d’avoir un engagement social fort était une vraie opportunité. Alors j’ai candidaté, et j’ai été retenue pour ce poste. Le plus compliqué a été d’annoncer mon départ à mon boss, que je n’avais pas vu pendant 4 mois en télétravail, et qui a failli tomber de sa chaise. Je crois qu’il a compris ma démarche.
J’ai ressenti cette démarche comme un alignement de planètes !
Depuis septembre dernier, je « charbonne ». Du matin au soir sans relâche. Tous mes principes sur l’équilibre vie pro-vie perso sont remis en cause mais j’aime ce que je fais, j’aime l’équipe avec laquelle je travaille, j’aime le sens de l’action menée tous les jours. Bref, aucun regret.
Côté vie perso, les enfants gagnent en autonomie et en distance. Il y a 2 ans, l’aîné a pris son envol et c’est incroyable de constater le déséquilibre que cela a créé dans la fratrie, il a fallu trouver de nouveaux repères, créer une relation différente avec lui, accueillir son amoureuse qui est une vraie valeur ajoutée. Il est maintenant diplômé, et cela donne l’impression d’une mission accomplie avec lui. Les 5 autres sont encore à la maison, toujours très unis et solidaires. Je les ai trouvés d’une résilience énorme pendant les confinements successifs, respectueux des règles et attentifs à leur entourage. Il a fallu gérer une intendance de dingue et être attentif au moral de chacun. J’y ai pris beaucoup de plaisir, mais suis heureuse qu’ils puissent reprendre leur vie de jeune dans la vingtaine (un peu plus ou un peu moins). Ils ont moins besoin de moi au quotidien, mais être là au bon moment reste ma priorité !
Avec le recul, y a-t-il des choses que tu ferais différemment (par rapport à la conciliation vie perso/vie pro notamment) ? As-tu des conseils à donner à des jeunes femmes ?
Non, je ne crois pas que je ferais les choses différemment. Je ne suis pas une femme d’ambition prête à enfoncer des murs pour aller plus loin, plus haut. Je crois que ce qui me fait plaisir dans mon parcours, c’est d’avoir toujours réussi à être là où cela me faisait grandir, au moment où j’y étais. Et même pendant les 10 ans où j’ai arrêté de travailler pour m’occuper des enfants. C’est là qu’était ma place, et ce temps m’a servi à devenir qui je suis aujourd’hui. D’ailleurs, quand j’ai refait mon CV il y a quelques mois, j’ai inscrit cette période en gros, en plein milieu, au même niveau que les autres expériences professionnelles d’avant et d’après. Au-delà de la conciliation, c’est aussi l’acceptation, avec un peu de recul, que mes 10 années de congé parental comptent autant que les 10 précédentes et les 10 suivantes dans mon expérience professionnelle. Et c’est peut-être là que j’aurais envie d’encourager des jeunes femmes : osez, osez, osez affirmer vos choix, qu’ils soient orientés vers le travail ou la famille, ils ont autant de valeur pour grandir, apprendre, se former. Et les 2 peuvent être valorisés pour postuler pour un job.
Et pour finir as-tu des projets/des envies à court ou moyen terme ?
A court terme, j’ai besoin de vacances. Avec mon amoureux. Et tant mieux, c’est prévu ! Je trouve toujours les fins d’années scolaires compliquées. Ces 10 dernières années, il n’y avait pas une semaine de vacances sans emails à lire ou à écrire. Depuis mon changement de job, j’ai expérimenté en mai une semaine où personne ne m’a envoyé d’emails professionnels. Je peux même dire que ça m’a un peu déstabilisée au début avant une totale déconnexion. Et c’était vraiment bon ! J’ai hâte !
A moyen terme, j’ai plein de nouveaux challenges à relever : recruter et intégrer de nouvelles personnes dans mon équipe, en espérant qu’elles y trouveront une aussi belle place que celle que j’y ai moi-même trouvé. Et à la maison, certains vont quitter le nid. Et il faudra aider chacun à s’adapter à un nouveau dimensionnement de la famille, à trouver un nouvel équilibre et une place différente.
Cécile avait également témoigné à deux autres reprises : en tête à tête avec sa fille Coline (2016) et sur sa vision de l’éducation et sa façon d’être parent (2020).
Vous pouvez retrouver Cécile sur son blog, 8 à la maison.
Et tous les témoignages de la rubrique Parcours au fil du temps sont réunis sur cette page.