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Diaporama Education On en parle avec... Parents/Enfants

Être parent : on en parle avec Cécile

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Cécile avec l’un de ses fils © DR

Je relance la rubrique On en parle avec… et c’est au tour de Cécile d’évoquer sa vision de l’éducation et sa façon d’être parent. Merci à elle !

Prénom : Cécile, 51 ans (mais on ne m’en fête que 28 😉 )

Nombre d’enfants : 6 mais 7 en réalité, de 15 à 23 ans, des filles, des garçons, des jumeaux. L’aîné a pris son indépendance en septembre, les 5 autres sont avec moi une semaine sur 2.

Lieu de vie : banlieue parisienne

Avez-vous l’impression de plutôt reproduire le modèle éducatif que vous avez reçu ou au contraire, de plutôt vous positionner en réaction par rapport à celui-ci ?

Je ne fais ni l’un ni l’autre vraiment, ou au contraire un peu de chaque. De fait, mon modèle éducatif m’a servi de base et de référence lorsque les enfants étaient petits, parce que c’est toujours plus simple quand on ne sait pas faire, de reproduire ce qu’on a vécu. Et puis le temps passe, et le modèle éducatif évolue une fois qu’il est confronté aux enfants, à leurs tempéraments respectifs qui s’affirment, à l’époque dans laquelle on vit, à la famille que nous sommes. Différente de celle dans laquelle j’ai été élevée, avec des repères différents. Mais je ne peux pas dire que j’élève mes enfants en réaction avec le modèle éducatif reçu, parce que je le trouve solide et fiable.

Quelles valeurs /principes souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?

Je tente de défendre un modèle qui met la famille au centre, la famille comme une micro société dans laquelle nous évoluons tous pour trouver notre place en dehors de la famille. On y teste, on y expérimente, on s’y réfugie, on s’y renforce, on s’y nourrit, on s’y confronte, pour être prêt à en partir un jour. Avec des valeurs de soutien, d’entraide, d’effort, de persévérance, de bienveillance, et de constance dans le soutien que je peux leur apporter et qu’ils peuvent s’apporter les uns les autres.

Partant du constat de base que chaque enfant a des talents, qu’exprimer ses talents et en vivre pourra le rendre très heureux. Du coup, mon rôle est de les aider à découvrir leurs talents, et à les développer.

Comment qualifieriez-vous votre façon d’éduquer ?

Je la qualifierais d’engagée. C’est un merveilleux challenge, et il y a de quoi faire avec 6 enfants. Et égoïstement, je m’éduque aussi donc c’est du win-win comme on dit dans le business.

Quel rapport entretenez-vous avec leur scolarité ? Quel est votre degré d’implication? Quels sont vos souhaits par rapport à leur scolarité ?

Je suis leur scolarité d’assez près sans avoir besoin de leur demander tout le temps des infos. Merci Pronote ! C’est un outil génial qui permet d’être au courant, sans avoir besoin de questionner les enfants. Ça désacralise le poids des notes à annoncer (surtout quand elles sont mauvaises). Ils savent que je sais. Pas besoin de m’annoncer le 5 en Histoire Géo, on peut directement parler du pourquoi et du comment y remédier, ça enlève une sacrée pression aux enfants.

Ils partagent avec moi ce qu’ils veulent sur les contenus de leurs apprentissages, je ne questionne pas. Je m’intéresse beaucoup plus à l’ambiance, l’humeur, les relations avec les profs et les copains, le plaisir d’aller à la cantine, les méthodes d’apprentissage. Je répète depuis 20 ans qu’en apprenant ses leçons et en écoutant en cours, il n’y a pas de raison que ça ne passe pas. Le jour où j’ai découvert que chaque enfant avait sa propre méthode d’acquisition des connaissances, et qu’en plus elle pouvait différer de la mienne, on a fait un pas en avant, c’est plus simple pour les aider. A chaque enfant sa méthode, c’est à moi de m’adapter s’ils ont besoin d’aide. Ils s’aident pas mal les uns les autres aussi, et je ne suis pas toujours disponible ou au niveau dans toutes les matières. J’ai aussi découvert que même si je ne comprends pas le contenu (au secours le programme de physique au lycée !), si la méthode d’apprentissage leur est adaptée, ils comprennent par eux-mêmes.

L’important pour moi étant qu’ils mettent l’énergie nécessaire à trouver ce qu’ils aiment faire pour choisir une orientation assez tôt. Le reste, il faut que ça passe… Pour certains des enfants, certaines matières sont une vraie tannée. Mais pas le choix pour l’instant. Je leur dis souvent que dans ma vie pro, je fais parfois des trucs qui me saoulent vraiment, et pour lesquels je ne suis pas performante (ça va de pair souvent). C’est comme ça. Et quand j’en suis débarrassée, je suis plutôt contente, et je peux me consacrer à tout ce que j’aime vraiment faire dans mon métier.

Ah oui, je leur dis souvent qu’ils peuvent vraiment être fiers d’eux quand ils ont des bonnes notes, qu’ils ont bien bossé, qu’ils ont progressé dans une matière, quand ils ont gagné un match, etc. C’est bon la reconnaissance, ça fait du bien. Ça aide à prendre confiance en soi, ça aide à grandir.

C’est d’autant plus vrai avec les adolescents. J’aime les appeler les ado-rables. Parce que l’image véhiculée des adolescents (le terme d’adoleschiant que j’entends parfois me rend dingo) par des adultes est souvent tellement négative, tellement réductrice, tellement critique, tellement à l’inverse du discours que les adultes, les parents devraient avoir sur leurs ados. Ils sont plein d’humour, ils sont plein de questionnements, ils sont plein d’idées contradictoires, ils sont aussi plein de rêves, le tout baigné dans une sauce aux hormones. Et si c’est une période compliquée pour les parents, elle l’est autant pour les ados. Voire plus.

Que trouvez-vous le plus difficile dans l’éducation ?

C’est sans fin 🙂 et plus les enfants grandissent, plus c’est exigeant. Et plus c’est chronophage. Mais c’est aussi beaucoup plus intéressant. On apprend en faisant, c’est vraiment chouette. Le plus difficile pour moi c’est d’être constante dans ma disponibilité, d’accepter que leurs limites ne sont pas les miennes, et d’avoir confiance en moi dans ce que je mets en place.

Ce qui m’apparaît le plus difficile, c’est la gestion des conflits à l’adolescence. Les petites disputes de l’enfance « c’est pas moi, non c’est lui » m’apparaissent bien légères maintenant alors qu’elles me fatiguaient bien il y a quelques années. Ça monte plus facilement dans les tours, et il faut gérer le fond et la forme. Trouver la raison du conflit, cadrer la forme pour ne jamais porter de jugement de personne mais plutôt qualifier des propos ou des actions, et surtout ne pas rompre la communication.

Des exemples ? La discussion est vive, et hop, l’ado-rable quitte la pièce, monte dans sa chambre et claque la porte. Je monte directement, et je poursuis la discussion sur son terrain (avant, il était sur le mien, dans la cuisine). Je n’hésite pas à dire que la porte n’y est pour rien dans l’histoire.

On a le droit de ne pas être d’accord, et de se le dire. Pas besoin de se faire la gueule pendant 2 jours.

Faire la différence entre dire « je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis » et « Tu dis n’importe quoi ». L’impact n’est pas le même, et la forme définitive du « tu dis n’importe quoi » ne laisse pas la place pour continuer la discussion.

Relancer l’échange quand il semble bloqué en demandant à l’ado-rable quelle serait sa solution pour partir de sa proposition plutôt que de lancer un acte d’autorité (d’autoritarisme ?) du genre « je sais ce qui est bon pour toi, donc tu rentreras à minuit, fin de la discussion ».

Les exemples sont multiples, et c’est vraiment le plus difficile je trouve. Parce que c’est engageant. Il faut trouver le bon angle, le bon ton, sachant que ces discussions ont rarement lieu au bon moment. Mais je reste l’adulte et eux les enfants, donc c’est à moi de faire bouger mes lignes, si je veux qu’ils deviennent des adultes autonomes et responsables. Le dosage n’est pas facile à trouver, et ils sont très forts pour me pousser dans mes retranchements, me mettre parfois face à mes contradictions. La solution trouvée avec l’un ne sera pas la même avec un autre. Ils sont chacun foncièrement différents. Mais bon, c’est quand même vraiment passionnant. Et pour le moment, j’ai l’impression que ça marche.

Vers qui ou vers quoi vous tournez-vous pour discuter/réfléchir autour de l’éducation et d’éventuelles difficultés que vous rencontrez ?

Vers les copines bien sûr. Quand j’étais jeune et que j’avais des difficultés avec mes parents je me tournais vers mes copines. Aujourd’hui quand j’ai des difficultés avec mes enfants je fais pareil. Rien n’a changé. Nos enfants sont différents et plein de ressources pour alimenter les discussions des parents !

Et à l’inverse, que trouvez-vous de plus gratifiant dans l’éducation ? Dans quels domaines, vous investissez-vous avec le plus de plaisir ? De quoi êtes-vous la plus fière ? –

Le plus gratifiant ? C’est quand mon fils est parti de la maison, indépendant financièrement, amoureux et son diplôme presque en poche, bien dans ses baskets. D’accord, il me manque un peu beaucoup, et autant à sa fratrie, mais c’est une magnifique reconnaissance d’un chemin parcouru tous les 2. Je me dis que c’est le résultat aussi de tout ce que j’ai posé comme bases depuis longtemps. Une forme d’aboutissement de quelque chose, qui permet de commencer une relation différente avec lui.

Dans quels domaines, vous investissez-vous avec le plus de plaisir ? De quoi êtes-vous la plus fière ?

J’aime m’investir dans ce qui permet de leur rendre la vie plus simple, de leur donner davantage confiance en eux, ce qui permet de les valoriser. Petits, ils se satisfaisaient des câlins. Plus grands, ça passe par la disponibilité, l’échange, les compliments, le temps passé à m’intéresser à ce qu’ils aiment, ce qu’ils lisent, écoutent, regardent, c’est plutôt basique mais efficace. Ma fierté ? Les voir grandir unis (entre eux et avec moi), il n’y a en réalité que cela qui compte pour moi.

Quel rôle jouent les grands-parents dans l’éducation de vos enfants ?

Leurs grands-parents jouent un rôle affectif, pas un rôle éducatif. Ils sont là pour partager et transmettre des valeurs d’unité familiale, et montrer combien les liens familiaux sont une chance unique dans la vie de tous les jours.

Quelles initiatives (ou dispositifs) vous sembleraient utiles de créer ou de développer en terme de soutien à la parentalité ?

La plus grosse difficulté des parents, au-delà de la charge mentale à répartir (dans ma configuration familiale, je la répartis avec moi-même ce qui simplifie le débat !), c’est la conciliation vie professionnelle et vie familiale, qui permet de se sentir bien là où on est, quand on y est. Passer du temps avec les enfants sans culpabilité de ne pas être en train de préparer un Power Point, ou partir en déplacement et se consacrer pleinement à son boulot du moment.

Le meilleur dispositif que j’ai mis en place, c’est ce qu’on appelle le blurring (terme horrible). C’est le mix total et permanent de ma vie professionnelle et de ma vie personnelle. Qui me permet de jongler entre des contraintes professionnelles un peu envahissantes parfois, mais de ne pas avoir à cloisonner le temps et les priorités. Si la priorité doit être de passer du temps pour l’un des enfants, alors OK. Prendre un rendez-vous pour eux du bureau ou envoyer des mails pros de la maison, faire un call le soir avec un pays en décalage horaire et passer du temps en journée pour préparer un devoir d’anglais. Permettre aux parents de jouer leur rôle pleinement leur permet d’être des travailleurs pleinement engagés.

Ça marche avec la confiance, et nécessite une organisation totalement décloisonnée. Remplir un caddie de courses sur la pause déjeuner, appeler le médecin à 8h45 avant de partir en réunion, recevoir une dissertation à relire dans l’après-midi, appeler le Japon à 7h30 pendant que les enfants se lèvent. Cela me donne l’impression d’avoir la maitrise de mon temps et de mes activités, autant professionnellement que personnellement. Même si c’est un équilibre fragile et parfois compliqué à maintenir. Ce qui manque est pris sur les heures de sommeil.

Mon mantra ?

C’est celui qui fait qui a raison 🙂

Vous pouvez retrouver Cécile sur son blog, 8 à la maison (sous-titré, il y a des jours où ça dépote !).

Et pour relire les anciennes interviews de la rubrique On en parle avec…, c’est là !

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