Benjamin Chaminade a eu la gentillesse de participer à ma rubrique Spécial Eté avec cette chronique pleine d’énergie et d’enthousiasme. Merci à lui !
« Me voilà devant mon traitement de texte préféré pour répondre aux consignes de Gaëlle : “Ecrire une rubrique sur la conciliation vie privée / vie pro avec un ton qui peut être personnel ou professionnel, mais en étant le plus sincère possible.”
Au moins, le format est simple. C’est le sujet qui l’est moins. Surtout que j’attaque cette rubrique avec le sentiment que cette séparation de la vie en deux – avec « pro » d’un côté et « perso » de l’autre – ne me concerne pas vraiment.
Un statut de freelance, des « occupassions » variées, des horaires de travail sur plusieurs fuseaux horaires et un environnement familial et amical d’indépendants et de chefs d’entreprises. Tout cela ne m’aide vraiment pas à séparer clairement ce qui appartient à ma vie pro de ce qui appartient à ma vie perso.
Concernant ma vie pro, je peux vous parler avec grand plaisir de mon job ou de mon statut mais me concernant je ne vous parlerai jamais de « travail ». Ce mot dont l’origine proviendrait de « tripalium » qui – si ce n’est pas une légende urbaine – était un instrument de torture (http://www.presse-francophone.org/apfa/motdor/etymolog/travail.htm) . Synonyme de contrainte, de labeur ou d’asservissement, ce mot porte avec lui des siècles de mauvaise réputation.
Je préfère donc parler « d’occupassion » qui est quelque part entre le métier que l’on rêvait d’occuper en étant enfant et l’emploi idéal en termes de liberté et de rémunération. Par statut, je suis un dasher. C’est-à-dire que j’occupe plusieurs rôles reliés les uns aux autres, consultant-shifter-chasseur de tendances-… qui se complètent. Par emploi, mon « occupassion » est d’identifier les tendances en œuvre pour les structurer et les rendre plus digestes pour mes clients. En d’autres mot « perdre du temps » pour en faire gagner aux autres.
Et les tendances n’attendent pas que vous soyez au bureau de 8:00 à 19 :00 pour vous apparaître. On m’a parlé des « tweens » pour la première fois l’or d’un déjeuner entre amis à Sydney, du « guerilla Supporting » en prenant un verre ou du « low-biz » sur ma planche de surf en attendant la prochaine vague.
Concernant cette déplorable habitude de ne pas pouvoir séparer mes vies avec un mur en béton, je dois aussi le reprocher à ceux qui m’entourent et qui ont abandonné ce modèle depuis longtemps : un père qui passe tous ses week-end à travailler dans son bureau depuis que je le connais. Il travaille d’ailleurs toujours avec passion à 73 ans. Une petite amie qui passe ses soirées à gérer ses 6000 fans sur Facebook quand elle n’écrit pas son prochain roman. La plupart de mes amis sont également bien atteints. http://www.twitpic.com/4ac52m.
Mais expliquer que je ne sépare pas ma vie en fonction de critères pro ou perso, car mon job me passionne est un peu court. Il faut que aussi que vous compreniez l’état d’esprit qui accompagne cette notion d’occupassion.
Permettez-moi de vous poser une question : « Avez déjà pris un rendez-vous professionnel alors que vous étiez en vacances d’été ? » Dans l’affirmatif, quel était votre état d’esprit alors que vous vous rendiez à ce rendez-vous ? Avez-vous instantanément repris votre
rôle professionnel comme un jour de travail normal ? Est-ce que le fait d’être en vacances et de savoir que vous alliez retrouver vos tongs rapidement a changé votre perception de ce rendez-vous professionnel ? Ne vous êtes-vous pas senti plus léger lors de ce rendez-vous ? « Certes, c’est du travail mais je suis en vacances !! »
Et que fait-on en vacances ? On est cool ! On ne supporte plus les contraintes et les gens chiants. On voit les choses de façon plus positive. On prend du temps pour soi. On réfléchit à son avenir. Bref, on prend les choses avec plus de sérénité.
C’est ce que je ressens chaque jour depuis ma vie en Australie et d’avoir travaillé plusieurs années à Sydney. Imaginez que le quartier de la Défense soit sur le bassin d’Arcachon. Ça ouvre des perspectives, non ? C’est depuis cette expérience que j’ai décidé une fois pour toute que je serai en vacances…tous les jours ! Au point que c’est depuis devenu un état d’esprit permanent.
Alors oui, mélanger cette vie pro et cette vie privée dans ce que nous pourrions appeler tout simplement « la vie tout court » n’est pas simple. Oui, il faut pouvoir se le permettre et oui, garder cet état d’esprit quand vous êtes coincé dans un bouchon sur le périph depuis
1 heures qu’il pleut et que c’est le mois de novembre ce n’est pas toujours évident. Et enfin, oui, à voir ce qu’il adviendra de cette philosophie avec des enfants dans le paysage.
Voilà Gaëlle, en résumé, je ne classerai pas les choses de la vie en fonction du classement pro/perso mais plutôt en j’aime/j’aime pas. Le tout est de réussir à occuper son temps avec un maximum d’activité que l’on puisse ranger dans la case « j’aime » !