A l'école Education nationale

École : réac’ et fière de l’être !

haddock-600x434Lorsque je vois l’arrogance et le mépris de certaines personnes autoproclamées « progressistes » contre ceux et celles qui essayent de sauver ce qu’il reste encore à sauver de l’école, je suis non seulement abattue mais également en colère.

En colère contre les bien-pensants, les « progressistes », les pédagogistes qui essayent de nous faire passer pour des réactionnaires dangereux, voire plus.

Car oui, j’en ai plus qu’assez que nos enfants soient des cobayes entre leurs mains.

Le résultat est déjà là et il est globalement catastrophique.

Le niveau de culture générale a dramatiquement baissé. On peut toujours essayer de chipoter sur tel ou tel point, mais les faits sont malheureusement cruels…

Nos enfants ne savent plus ni lire ni écrire des textes complexes (je ne parle pas des exceptions, je parle de la règle).

Alors, oui, vis-à-vis de l’école, je suis réac’ et fière de l’être.

Oui, je veux que les enfants apprennent à lire et à écrire mais pas seulement superficiellement mais de façon sérieuse et exigeante.

Oui, je veux qu’ils fassent des dictées, de l’analyse grammaticale, qu’ils lisent des livres (classiques et contemporains) à l’école (pas un, pas deux, durant l’année mais beaucoup plus !), qu’ils apprennent de (belles) poésies, je veux qu’on leur soumette des problèmes de mathématiques structurés et progressifs, je veux qu’on les tire vers le haut, qu’on les sorte de leur quotidien, que l’on donne aux professeurs les horaires pour faire correctement leur métier de transmission, que l’on arrête avec ses EPI consternants, que les professeurs soient mieux formés (et pas formatés aux exigences et aux délires de certains pseudo-experts en pédagogie), que les bons professeurs soient davantage reconnus et valorisés.

Et non, je ne vois pas l’intérêt d’apprendre en 5ème (donc à 12-13 ans) le code de la route (véridique) durant les cours d’éducation civique. Je préférerais qu’on leur apprenne les institutions de notre pays, la citoyenneté, le fonctionnement de l’Assemblée nationale (par exemple, le 49,3, qu’est-ce que c’est ? il suffit de piocher dans l’actualité pour rendre cela vivant).

Et oui, j’en ai assez de devoir pallier les lacunes de l’école primaire, la démission de certains professeurs des écoles en terme d’exigence, d’apprentissage, à l’indigence de certains exercices et manuels scolaires…

Alors, oui, je savoure (quasiment) chaque chronique Loys Bonod et je ne peux qu’acquiescer à l’ouvrage Les déshérités, ou l’urgence de transmettre de François-Xavier Bellamy. Mais c’est également douloureux de voir à quel point l’école est malade…

Je me fiche de savoir si ces personnes sont de gauche ou de droite, mais je voudrais, avec eux, que l’école française arrête de massacrer l’intelligence et le sens de l’effort de nos enfants.

La réforme du collège est néfaste (on l’a dit et redit, dès le début, mais à quoi cela a-t-il servi puisque de toute façon, personne ne nous écoute au Ministère…). Celle des rythmes scolaires en primaire n’a en rien réglé les problèmes… L’entreprise de démolition de l’école républicaine se poursuit inlassablement…Les inégalités deviennent chaque jour plus criantes. Les organismes privés de soutien scolaire prospèrent allègrement. Le projet Voltaire se frotte les mains chaque jour des défaillances (des béances, devrais-je dire) de l’Éducation nationale et de l’enseignement du français.

Alors, oui, je continuerai à mettre mes enfants dans les écoles, collèges et lycées qui tentent de résister, dans lesquelles certains professeurs méritent toute mon admiration et ma reconnaissance. Et oui, je les mets dans le privé si je pense qu’ils y auront un meilleur enseignement. Exigence et bienveillance, cela me convient parfaitement.

Je sais que certains professeurs du public sont tout aussi remarquables mais tant que le Ministère de l’Éducation nationale sera aussi médiocre et néfaste, désolée, mais cela sera sans moi ! (je précise que mes 3 enfants sont passés par l’école publique, le dernier y est encore).

(je vous invite à relire ce billet qui me semble assez parlant !)

7 thoughts on “École : réac’ et fière de l’être !

  1. Entièrement d’accord avec ce billet! Rentrée en france il y a quasi une année scolaire, je peux constater les dégâts… Mon fils, scolarisé à distance jusqu’alors par mes soins, est entré en CM1 à la rentrée… et a régressé en orthographe, grammaire, conjugaison; ma fille entrée en sixième croit que « se » est un adjectif possessif alors qu’il y a un an elle n’aurait jamais commis cette erreur, et que dire de mon dernier en CE1 qui ne fait pas une ligne d’écriture et ne sait pas former ses lettres correctement… Et encore, je ne parle que du Français… Moi aussi je suis un peu verte que repose sur moi la responsabilité d’avoir des enfants à l’aise avec leur plume et prêts à entrer au lycée sans lacune. Sous couvert de plus de justice sociale, les réformes rendent le système profondément inégalitaire!

      

  2. J’approuve complètement ton billet, et c’est pour toutes ces raisons que nous avons mis nos enfants dans le privé.

    Parce que leur école « résiste » à cette mouvance progressiste ridicule.

    Parce qu’elle n’applique pas les nouveaux rythmes scolaires, parce qu’il’ a des dictées, la découverte de textes exigeants.

    Mon aînée n’est qu’en CE1 mais nous sommes étonnés en bien de voir le haut niveau culturel que les maîtres et maîtresses ont exigé d’eux des la maternelle.

    Une curiosité intellectuelle leur est inculquée, ma fille découvre l’Histoire de France, la renaissance, les 2 guerres mondiales, voit des documentaires intéressants, apprend des textes de la Fontaine, Molière ou Victor Hugo… Il y a des notes… Pas mal de devoirs le soir… Mais aussi plein d’activités sportives, des cours de langues, des cours d’échecs…

    Les enfants sont stimulés, tirés vers le haut, poussés à l’autonomie et au challenge, et… Ils en redemandent, ils apprécient énormément leurs profs.

    On réalise la chance qu’on a, et on espère que cela durera. Nous sommes nous aussi réacs et fiers de l’être!

    PS: c’est fou le nombre d’enfants de profs du public que l’on retrouve inscrits dans le privé…

      

  3. Bonjour,

    Je suis le grand père de cinq petits enfants (déjà grands) de 14 à 19 ans. Je constate la désaffection de certains d’entre eux, mais aussi celle de leurs contemporains, pour ces disciplines de base que sont lecture et écriture.

    J’ai moi-même acquis le goût de la lecture dans les années 1945…. , celui de l’écriture un peu plus tard, et je peux comparer ce qui se passe aujourd’hui avec les modes d’apprentissage et de transmission de l’intérêt pour l’écrit et pour ceux qui l’ont épanoui, d’alors.

    Je suis en parfait accord avec chacun des mots de votre article.

    Il y a quelque chose de désespérant à constater l’érosion lente mais irréversible que ceux que vous dénoncez provoquent, délibérément, au nom d’idéologies frelatées, à ce qui constitue le tissu de ce que l’on nommait avant « l’honnête homme ».

    Il semble que le dernier bastion de la défense de ces deux piliers chez les générations nouvelles, lecture et écriture, soit la famille.

    Mais là encore l’évolution des moeurs et de la société…

    Merci de contribuer à cette défense.

      

  4. Je suis professeur d’anglais dans le secondaire depuis 14 ans, je suis de gauche et j’enseigne dans le public. Je tiens à le préciser pour que l’on sache que l’on peut être de gauche et « réac » (c’est d’ailleurs ce terme que j’utilise en salle des professeurs pour bien faire comprendre mon positionnement). « Réac » car je suis convaincue que seules l’exigence et la rigueur peuvent lutter contre les inégalités sociales en élevant les élèves des milieux populaires à un haut degré d’excellence.

    Je fais apprendre du vocabulaire à mes élèves, j’exige qu’ils orthographient parfaitement les mots, je leur fais faire des exercices de grammaire et j’ose même leur faire écrire des règles de grammaire dans leurs cahiers.

    J’exige qu’ils apprennent leurs leçons par coeur, qu’ils sachent épeler les mots, que leur prononciation soit impeccable. Je leur fais apprendre leurs verbes irréguliers. Je leur fais faire des dictées (en anglais!) et des rédactions.

    Je leur demander de soigner leurs copies, de souligner à la règle (oui, car, pour la plupart des élèves, cela ne va plus de soi), de commencer leurs phrases par une majuscule et les terminer par un signe de ponctuation fort.

    Et malgré tout cela, les élèves et leurs parents sont contents de me voir sur la liste des professeurs en début d’année. Ils savent qu’ils ressortiront de là avec des bases solides grâce à un enseignement clair et structuré. Ils savent que je suis exigeante (là où les jeunes collègues leur disent que l’important, c’est de se faire comprendre…. moi qui bataillent sur la prononciation des diphtongues, des « th-« , sur le placement de l’accent tonique) mais bienveillante.
    Je suis devenue enseignante non par vocation mais pour rendre à l’Ecole de la République ce qu’elle m’a donné. Issue de quartiers populaires, fille d’immigrés maghrébins, mes parents voulaient que l’on réussisse pour avoir une vie moins dure que la leur. Ma mère voulait que je puisse avoir accès à ce qu’on lui a refusé: une éducation. Elle voulait que je sois une femme libre et elle pressentait que seule la connaissance pouvait me libérer. Elle a eu raison: l’école m’a donné accès à Voltaire, Stendhal, Racine, Molière et bien d’autres.Et je remercie ces professeurs qui ont fait preuve d’exigence à notre égard sans a priori sur les capacités des élèves de ZEP. Ayant gravi les échelons à la force de mon travail, j’ai pu finalement avoir accès à une des universités les plus sélectives des États-Unis, et cela, je ne le dois qu’à l’école – mes parents n’ayant pas eu les moyens de me payer ne serait-ce que le billet aller.

    Mais aujourd’hui, je ne peux plus faire mon travail sereinement. Si je suis considérée comme une bonne prof par les parents et élèves, ce n’est pas le cas auprès de mon inspection. Je me suis fais tapé sur les doigts car je fais de la grammaire et que j’utilise un manuel (et je leur fais faire des exercices… un non-sens pour l’inspectrice). On m’a conseillé de plutôt utiliser Djamel ou Nicolas Anelka pour rendre mon cours plus attrayant.

    Alors, je suis fatiguée et j’abdique doucement. J’aimerais trouver une école indépendante qui a pour projet de rétablir cette fichue égalité car il n’y a que la rigueur et la patience qui pourront faire progresser ceux qui en ont le plus besoin. Ce n’est pas le jeu et la démagogie des débats, travaux de groupe et autres interviews qui structureront les esprits de ceux qui sont déjà dans la confusion.

    Je ne souhaite plus participer à ce travail de destruction. Donc, comme beaucoup d’enseignants, je suis en train de mener un travail pour me reconvertir ou ouvrir ma propre école de langue.

    C’est la première fois que j’interviens sur la toile en dehors des sites pour enseignants fatigués. Je ne sais pas ce que je risque étant donné que le fonctionnaire est tenu au devoir de réserve, mais avec la réforme du collège, mon ras-le-bol est plus fort que mon appréhension. Sachez que les parents ne sont pas les seuls à être dépités par ce système.

      

    1. @Kamikaze:
      Merci beaucoup pour votre témoignage ! C’est quand même fou que vous ne puissiez même plus exercer votre métier avec rigueur et exigence comme vous le souhaitez…je trouve cela effrayant, effarant, dramatique…

      Pourtant, en tant que parent, je suis effectivement ravie d’avoir des professeurs qui apportent à mes enfants des cours clairs et structurés, que l’on voit de façon limpide ce qu’il faut apprendre, réviser, travailler. Un exemple : en 6ème, une de mes filles a eu une professeur d’anglais comme vous, le cahier était très bien fait, sur une page le cours à apprendre par cœur, sur l’autre, en face, les exercices pour vérifier que la règle de grammaire avait bien été assimilée, + un répertoire pour le vocabulaire à apprendre régulièrement. Résultat : ma fille a acquis de bonnes bases et a progressé. En 5ème, professeur beaucoup moins structuré et exigeant, chahut en classe. Bref, elle a perdu tout le bénéfice de la 6ème. Elle-même reconnait que c’était bien mieux avec celle de 6ème. Et cette année, j’ai malheureusement l’impression que cela va encore être beaucoup de zapping…je ne sais pas comment l’aider à réviser, à progresser…il n’y a pas de cours structuré, pas d’exercices progressifs…je lui ai conseillé de se créer un répertoire car elle apprend par ci par là certains mots mais sans en garder une trace. Bref, elle est perdue, elle ne progresse plus, elle perd confiance…et moi, je ne comprends pas la façon de travailler de son professeur.

      J’espère sincèrement que vous parviendrez à continuer à enseigner votre matière avec bienveillance et exigence et quel drame pour l’Education nationale que des personnes comme vous souhaitent quitter le navire (mais je vous comprends très bien !)

        

      1. @Gaëlle: c’est drôle car j’ai la même facon de travailler que sa prof de 6ème: leçon à droite et exercices à gauche, pour avoir les règles en vis-à-vis.
        Merci pour vos encouragements et bon courage à vous dans l’accompagnement de vos enfants.

          

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