A l'école Education nationale

« Le problème central, le nœud, c’est la faillite du langage »

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Mon cahier de CM1

Alors que je m’apprêtais à (enfin) écrire un nouveau billet pour En Aparté (le début de l’année a commencé fort au niveau professionnel et j’ai tout simplement manqué de temps pour mon blog), je tombe sur cet article que je trouve très intéressant et très pertinent « S’il est une cause qui devrait être décrétée nationale, c’est bien celle de la langue ». Je suis entièrement d’accord avec Bérénice Levet. (J’aurais pu choisir comme titre Le problème central, le nœud, c’est la faillite du français).

J’ai également écouté en replay l’émission des Paroles et des Actes consacrée à la laïcité et à l’école. J’ai entendu la ministre de l’Education dire qu’il fallait renforcer l’enseignement du français (enfin, j’ai envie de dire !) et une professeur d’histoire-géographie dire qu’il faut dans ce domaine « une rigueur bienveillante ». J’ai envie d’applaudir mais j’ai aussi envie de hurler en rappelant que cela fait des années que beaucoup de personnes réclament cela et que rien n’a été fait en ce sens. Au contraire. Les ministres ont jugé plus utile de réformer les rythmes scolaires, de supprimer le redoublement, de couper les cheveux en quatre au sujet de la notation ou encore de réfléchir à la place du codage dans le primaire, etc. Bref.

L’idée initiale de ce billet était de vous présenter quelques pages de mes cahiers de primaire en français (9, 8 et 7ème au début des années 80, donc l’équivalent des CE2, CM1 et CM2 actuels). Le niveau d’exigence tant sur la forme que sur le fond est impressionnant. Lorsque je les ai montrés à mes enfants, ils étaient très surpris (pour utiliser un mot correct, « scotchés », serait plus juste). Ce qui nous était demandé est très éloigné de ce qu’ils apprennent ou font comme exercice (pour rappel, j’ai deux collégiennes et un garçon en CM1). Résultat : j’ai la chance de savoir écrire correctement (j’ai d’ailleurs pu en faire mon métier), d’aimer profondément ma langue et de lire. J’en profite pour remercier ici très sincèrement mes institutrices (je n’ai eu que des femmes, sauf un instituteur remplaçant durant quelques mois) et mes professeurs de français.

Mes enfants ont tous des lacunes en français (même si nous essayons régulièrement de les combler et depuis que mes filles sont dans un très bon collège – privé, leurs professeurs les y aident aussi) et ils ont du mal à se plonger dans des romans trop longs ou un peu compliqués. L’une de mes filles est entrée en 6ème. Ses résultats en français en CM2 étaient jugés excellents, cette année, elle a des notes moyennes. Pourquoi ? Parce qu’elle a cette année, une professeur exigeante qui sanctionne les fautes d’orthographe, qui leur fait faire de vraies et longues dictées, des rédactions, etc. Pour l’aider à rattraper son retard, je travaille avec elle ses conjugaisons et je lui fais faire régulièrement des dictées. Elle commence à être plus à l’aise, à comprendre certaines règles grammaticales. Mais le chemin est long et surtout cela signifie qu’il n’a pas été effectué durant le primaire. Je pense que cela la handicape pour bien s’exprimer et rédiger des textes argumentés et riches, même si elle ne manque pas d’imagination.

16Je vous laisse regarder le diapo (à la fin de l’article) réalisé à partir de pages de mes cahiers. Je crois qu’elles sont plus éloquentes qu’un long discours. Juste quelques constatations : nous avions une dictée quasiment tous les jours en CM1 et CM2, nous connaissions en primaire nos conjugaisons (et même le conditionnel et le subjonctif présent et passé…ma fille en 3ème ne les a jamais vraiment appris…), nous faisions de l’analyse grammaticale, nous apprenions des mots de vocabulaire, nos cahiers étaient bien tenus et le moindre écart dans la présentation était sévèrement (trop ?) sanctionné. Je n’ose pas vous montrer ceux de mon fils en CM1. Ceci étant, cela n’a pas l’air de perturber plus que cela son institutrice…Et j’ai beau lui dire de s’appliquer, tant que le professeur ne lui en fera pas la remarque lui-même, cela n’a un impact que limité.

Alors, oui, il y a urgence, oui, il faut se concentrer sur le français pour apprendre à nos enfants à s’exprimer, à penser, à développer leur esprit critique, à formuler des arguments. C’est la base. Maîtriser le français, c’est le meilleur outil de liberté intellectuelle et de réflexion. Sans une excellente maîtrise du français, nos enfants ne seront plus maîtres de leur pensée et de leur expression.

PS : difficile après cela de ne pas dire que le niveau en français baisse…

PS 2 : mon fils en CM1 n’a pas encore fait une vraie dictée depuis le début de l’année…Il paraît que c’est prévu bientôt…

PS 3 : j’hésite encore à insérer des pages des cahiers de mon fils…

N’hésitez pas à réagir et à donner votre avis !

 

25 thoughts on “« Le problème central, le nœud, c’est la faillite du langage »

  1. Excellente idée que de montrer vos cahiers….! A quelques années près les miens étaient du même style… Bien tenus, dictées dès le CE1 etc…

    Cela permet en effet de mesurer l’écart entre aujourd’hui et il y a 25 ans.

    Mon fils est en CP et il a la chance d’avoir une maîtresse « vieille école » très exigeante….Et bien ce sont les parents qui râlent car le niveau est trop élevé!

    Alors bien sûr, il faut aussi savoir évoluer, s’adapter au monde d’aujourd’hui, utiliser de nouvelles méthodes pédagogiques, ne soyons pas rétrogrades… Mais en même temps, je ne vois pas non plus tellement de cours de langues étrangères au primaire, ou de théâtre, ou même d’informatique… alors où passe ce temps si précieux, si ce n’est plus pour un apprentissage en profondeur de la langue?

    PS: le pauvre, ne montrez pas les cahiers de votre fils, dans 20 ans il vous en voudra…:-)

      

  2. Bonjour Gaëlle,

    Je fais le même constat que toi… Mon fils en CE2 est considéré par son instit’ (très jeune, c’est sa première année d’enseignement) comme un excellent élève : elle m’a affirmé que lui et 10 autres enfants dans la classe avaient « largement le niveau CM1 » (ça fait beaucoup d’élèves doués, quand même !). De mon côté je constate que s’il a un très bon vocabulaire, il n’a compris aucune règle de conjugaison, n’écrit pas toujours les mots en entier parce qu’il « n’a pas le temps » mais estime « avoir compris l’idée » (!) et ses cahiers ressemblent à des torchons.

    L’enseignante elle -même fait systématiquement des fautes dans ses commentaires et messages aux parents, et ne corrige aucune faute de conjugaison dans les cahiers de mon fils… J’ai l’impression qu’il n’apprend pas grand chose en cours et souvent des choses fausses (leçon de sciences d’hier : « il faut manger à chaque repas du poisson, de la viande ou de la volaille » ???), on finit par en faire des sujets de franche rigolade à la maison !

    Quand j’ai évoqué le « problème » avec certains parents de la classe, l’une m’a répondu « ah bon, elle fait des fautes, je n’avais pas vu » et les deux autres « elle est jeune, il faut être indulgent ». A qui la faute, ces fautes, alors ??

    J’ai plus d’espoir avec l’instit’ de CP de ma fille, qui est intransigeante sur l’écriture, la tenue des cahiers, et qui leur fait déjà faire des dictées de mots…

    Mais je me dis que l’année prochaine la grande loterie va recommencer et qu’en fonction de l’enseignant, ce sera le pire, le moyen, ou le meilleur…

    Bref, pour en revenir au sujet de ton billet, je suis à 100 % d’accord : si on n’a plus les mots, et si l’école ne permet plus leur acquisition (compréhension et orthographe) on va continuer à glisser sur la pente dangereuse sur laquelle nous sommes déjà engagés…. Et j’arrête là parce que je pourrais discourir des heures sur ce sujet 😉

      

  3. Tes cahiers sont le reflet exact de ce que j’essaie d’apprendre à mes enfants grâce au Cours Sainte Anne depuis 4 ans (je vis à l’étranger) qui a exactement ce niveau d’exigence! Alors je pense que mes enfants vont tomber du cocotier en rentrant en France l’an prochain à l’école publique… et je pourrai juger si la « vieille » méthode leur donne vraiment de l’aisance dans notre jolie langue! Car parfois, ma fille en CM2 a du mal à comprendre l’utilité de l’apprentissage du subjonctif imparfait…

      

  4. Et moi je n’ose pas te montrer les copies de la majorité de mes étudiants en école de communication et commerce… malheureusement on ne peut pas tous les recaler, donc malgré des copies truffées de faute, ils finiront quand même par être diplômés… La sanction viendra plus tard malheureusement…

      

  5. Merci à toutes pour vos commentaires.

    @Cécile : c’est exactement ça ! on nous dit « vos enfants apprennent d’autres choses, ils savent plus de choses qu’à votre époque », mais comme vous, je me demande ce qu’ils retiennent de ces enseignements complémentaires, de cette bouillie (bon,, j’exagère un peu !). Il faut revenir à un enseignement structuré. Partir des bases pour passer ensuite à la complexité. Et visiblement, les bases, on en avait quand même de bonnes dès 10 ans…

    @Isabelle : je compatis pour ton fils…j’ai connu cela. Mes enfants ont aussi eu quelques très bonnes institutrices, mais elles se comptent sur les doigts d’une main (sachant qu’ils sont trois, cela ne fait pas beaucoup…). Maintenant les filles sont dans un excellent collège. Les élèves qui ont la chance d’y être depuis le primaire ont de très bonnes bases et n’arrivent pas au collège avec des lacunes. La marche a été très haute pour ma fille aînée (arrivée en 4ème), pour celle en 6ème, c’est un peu plus facile et je suis très heureuse pour elle qu’elle puisse prendre le train en marche à ce niveau là. Bon courage ! (moi aussi, je pourrais discourir des heures, d’ailleurs, c’est ce que je fais !)

    @Morgane : tu es très courageuse (car j’imagine le travail et l’énergie que cela doit demander) et je suis persuadée que tes enfants te remercieront un jour (comme je l’ai fait dans ce billet !). A leur retour, choisis leur une bonne école afin qu’ils ne perdent pas ces excellentes bases. Cela serait dommage qu’ils en perdent le bénéfice en allant vers la médiocrité. Bien sûr, moi aussi, je ne voyais sans doute pas l’intérêt du subjonctif, mais c’est un tout et au moins, elle saura dire que dans la phrase « il faut que j’y aille », il y a un subjonctif (les miens ne le savent pas). De même, le sens d’un conditionnel leur échappe complètement…Pourtant, il y a une nuance importante entre un futur et un conditionnel.

    @Sandrine : en dehors de leur mauvaise orthographe, par curiosité, comment trouves-tu leur raisonnement, leur esprit critique, leur capacité à conceptualiser, bref, à réfléchir tout simplement ?

      

    1. Malheureusement, tu as raison en pointant l’importance capitale de la maîtrise de la langue: leur mauvaise orthographe va souvent de pair avec une difficulté à prendre du recul, à exprimer leur pensée de manière construite et cohérente, ou même tout simplement à lire de manière efficace un texte… Je généralise, il reste bien sûr de « bons élèves », qui savent manier la langue et la mettre au service de leur compréhension et de leur réflexion… mais disons que ce sont ceux qui sortent du lot, et ceux pour lesquels on ne se fait pas de souci pour leur avenir dans le domaine qu’ils ont choisi… Mais ils ne sont malheureusement pas la majorité dans les écoles où j’enseigne (écoles privées post bac, relativement peu sélectives, si ce n’est sur la capacité à payer la scolarité…)

        

  6. Je suis tellement d’accord avec Gaëlle : lorsque je vois que la maîtresse laisse des fautes d’orthographe (mon fils est en CE1) sur ses cahiers, je bondis ! Réponse de l’intéressé : « La maîtresse dit que c’est pas grave » et là les bras m’en tombent… Résultat des courses, je relis tous ses cahiers le WE avc lui et nous corrigeons chaque faute et il réécrit le mot/la phrase sur son cahier de brouillon.

    Je passe pour une mère exigeante mais c’est cette exigence que je veux transmettre à mes enfants.

    Merci encore, comme d’habitude tes articles « font mouche’ 😉 Je rajouterais simplement – et pour avoir usé les mêmes bancs d’école que toi – que tu étais la meilleure d’entre nous 😉 #CQFD

      

  7. Je suis tellement d’accord avec le fond de ton article… Et pour cause, j’ai fait du français mon arme principale, l’outil que j’utilise pour tout dans la vie, et je m’efforce de faire (re)découvrir aux gens l’importance que les mots ont, alors orthographiés correctement, c’est un message encore plus puissant qui est transmis… L’institutrice (pourtant excellente en terme de pédagogie) de mon fils en CE2 fait des fautes inexplicables… je bondis, moi aussi…

    A côté de cela, l’excellence de notre époque (car comme vous, mes cahiers peuvent en dire long) a aussi généré de gros échecs scolaires, car le système est loin d’être probant pour tout le monde…

    A quand la recette miracle ? Elle ne verra en tous cas pas le jour tant que le langage ne restera pas au coeur des priorités des acteurs du milieu scolaire..

      

  8. Je suis prof comme tu le sais. Ce que je déplore, ce n’est pas le niveau en orthographe ou en grammaire mais bien la pauvreté du vocabulaire de mes élèves. On ne peut malheureusement pas construire le français ou les maths ou n’importe quelle autre matière sans un niveau de vocabulaire minimal. Ça commence par la lecture d’histoire, tout simplement. Et ça c’est le rôle des parents. Puis peu à peu la compréhension se construit mais seulement si on l’aide. Y en marre de ces questionnaires de lecture où le seul but pour l’élève est décrire une réponse à une question et où une grande partie des enseignants disent bon ou pas bon sans aller plus loin.

    Pour les dictées, c’est pareil, peu importe le nombre de dictée, pourvu qu’elles servent à construire et comprendre l’orthographe. (bon, quand il y a 0 dictée, ça n’arrange rien …)

    J’ai vu beaucoup de nouveaux profs qui avaient un niveau d’orthographe lamentable mais faut aussi arrêter de tirer à boulet rouge sur les enseignants. Ils ne suivent malheureusement que ce qu’on leur dit de faire et les formations des néopofs sont très très pauvres. Il y a encore peu de temps, on m’a reproché mon bon sens pour me rappeler que je devais suivre uniquement ce qu’il y a dans les livres de pédagogie. Cette même grande pensée pédagogique qui a mis de côté les dictées il y a quelques années. Si c’est ça la liberté pédagogique, c’est triste.

      

  9. si je peux partager ici ma modeste expérience d’institutrice:

    j’ai enseigné pendant 20 ans dans tous les niveaux de maternelle et primaire, et j’en ai vu de toutes les couleurs! en effet, la plupart du temps, il est fortement recommandé par la hiérarchie d’être indulgent et tolérants envers ces enfants qui trouvent toujours le français trop difficile! hors de question de leur faire une dictée sans l’avoir préparée, re-préparée,…. c’est-à-dire que pendant la semaine précédente, on leur donne tous les mots de cette dictée à apprendre, la conjugaison, la grammaire (jusque là, rien d’anormal)…. et surtout certaines phrases, voire toutes à apprendre par coeur!!!

    où est l’intérêt après cela de leur faire la dictée?? cela ne veut pas dire qu’ils ont compris les règles de grammaire et de conjugaison, ils font juste le « perroquet »

    le pire étant que ces malheureux enfants arrivent encore à faire un maximum de fautes!! et qu’il faut les aider à ce moment-là!!

    Je me souviens de ma jeunesse où l’institutrice nous disait: « dictée surprise…. prenez une feuille et on commence…. » il fallait se souvenir de tout ce que nous avions appris les semaines, les mois et années précédents et nous arrivions à écrire ce texte sans faute ou quasiment!

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    On nous a demandé de faire « du nivellement par la base » c’est-à-dire toujours se mettre au niveau des moins bons et non d’essayer de remonter le niveau vers l’excellence…

    Autre souci: le recrutement à une certaine période! manquant d’enseignants masculin, l’Education Nationale les a recrutés jusqu’à 06/20 de moyenne quand les femmes étaient sélectionnées à 12/20 (et on parle d’égalité!) cela ne pouvait donner que des enseignants médiocres!

    Les dernières années, j’ai eu dans ma classe des stagiaires-instituteurs (trices); souvent, il fallait beaucoup de patience car il est assez désespérant de voir un(e) futur(e) enseignant(e) écrire une phrase au tableau avec des fautes 5, 6, voire plus…. Comment ne pas s’étonner de voir les enfants faire des fautes si leur enseignants en font aussi???

    Il est même arrivé que ce soit des élèves qui reprennent le stagiaire!

    On a supprimé les classes de niveau prétextant une dévalorisation de l’enfant qui n’était pas dans les meilleures classes. Je pense au contraire que c’était une bonne chose car les enfants avancent tous en même temps à leur niveau et l’objectif peut être de passer dans une classe meilleure; surtout un élève moyen ou en difficulté ne se sent pas dévalorisé par rapport aux autres et un bon élève peut avancer plus vite, sans s’ennuyer dans sa classe.

    J’ai vu cette répartition dans quelques écoles privées et les résultats était très bons!

    ça pourrait être un exemple à suivre…..

      

  10. Je vais aller à l’encontre des autres commentaires 🙂 dans ma petite école de ma petite ville je les trouve plutôt exigeants mais en fait ils sont normaux ! en CM1 ma fille a régulièrement des dictées non préparées, des mots de vocabulaire à apprendre, des fiches de grammaire chaque semaine dans les devoirs et une autodictée à apprendre chaque week-end. Alors oui elle fait encore des fautes d’orthographe qui sont notées mais il faut du temps et toujours continuer à corriger et réviser les règles de base… ils ont également plusieurs livres à lire par an avec fiche de lecture…

    et à Paris il y a deux ans, en CE1 elle me disait aussi que la maitresse disait que les fautes d’orthographe ce n’est pas grave(ça me faisait bondir !). J’imagine que certains profs se disent que ça viendra plus tard mais pas évident de changer des habitudes pour des enfants…

    je crois que chaque enseignant ou chaque école a ses méthodes c’est ça aussi qui fait que le niveau n’est pas toujours égal.

    quand on dit aux gens que le niveau de notre enfance était plus élevé ils disent qu’on a oublié mais la vérité c’est que le niveau était vraiment meilleur parce que les enseignants étaient intransigeants et étaient moins attaqués par les parents aussi !

      

  11. Voilà qui amène de l’eau à mon moulin. On a l’air de vieux cons réac’ quand on fait ça… pourtant comment ne pas voir l’évidence.

    En farfouillant chez mes parents, j’ai retrouvé quelques cahiers de mes années de primaire également. Un « cahier du jour » de CE2 notamment. Je l’ai montré à mes fils fraîchement émoulus de leur école primaire. Leur réaction devant le cahier : « pauvre maman, tu as dû souffrir »… Eh bien mes chers enfants, pas tant que ça et au moins je faisais moins de fautes que vous…

    J’ai également retrouvé un cahier de poésies de CE2 : 20 poésies apprises et COPIEES à la main et illustrées ! Mes enfants ont mal au poignet, rien qu’en regardant le cahier…

    En CM2, ils ont dû en faire une ou deux (et encore… polycopiées)…

    Ces poésies, je les ai oubliées, certes (quoiqu’en les relisant je m’en rappelais de certaines). Mais, ce que cela m’a appris à jamais, c’est à reproduire des mots sans faute et à me concentrer suffisamment longtemps pour réaliser une tâche rigoureusement.

    Mon cahier de poésies de CE2 trône désormais dans la bibliothèque, un vestige du temps où travail et rigueur n’étaient pas des gros mots pour l’Education nationale.

    La prof de français d’un de mes fils, en 6è actuellement, devant l’étendue des dégâts, en est rendue à faire faire de la « calligraphie », joli euphémisme pour désigner des lignes d’écriture à ses élèves. Elle leur donne également de la copie à faire… Oui, oui… De l’écriture et de la copie comme ils étaient supposés en faire en CE1 !

    Ils en sont quasiment tous à recopier pour la 3è fois consécutive le même texte de 10 lignes environ qu’ils ne parviennent pas à restituer sans faute. Il y a comme un problème, non ? Et on ne peut (malheureusement) en imputer la faute à un enseignant, puisque tous sont issus de diverses écoles primaires du canton.

    Comment voulez-vous qu’elle parle de schémas narratifs et de littérature, si son auditoire… euh pardon… ses apprenants… ne samaîtrisent pas les bases du langage ?

      

  12. @Matinyoupi : oui, je n’ai pas parlé des poésies, mais là encore, je les regrette ! Certes, mes enfants ont appris des poésies mais à un rythme bien plus léger que nous. Pourtant, bel exercice de mémoire et d’apprentissage de mots de vocabulaire. Je pense que l’on peut accuser les experts de l’Éducation nationale qui ont été idéologues et ont volontairement supprimé l’apprentissage de la grammaire et de l’orthographe et regretter que les enseignants et les parents n’aient pas davantage résisté.

    @Nipette : heureusement que certains parents sont satisfaits des enseignants de leurs enfants ! Certaines années, je l’ai été. Mais trop rarement. Honnêtement, l’exigence a rarement été une de leurs qualités principales. Pourtant, j’aimerais tellement que ce soit le cas. J’ai demandé à l’institutrice de mon fils pourquoi il ne faisait pas de dictée (CM1 quand même), elle m’a répondu « en fin d’année ». Que veux-tu que je réponde à cela ? Rien ! Donc je lui fais faire moi-même des dictées pendant les vacances. Mais cela m’agace et m’afflige.

    @Marie-Noëlle : merci beaucoup pour le partage de ton expérience. C’est très intéressant et malheureusement cela confirme beaucoup de mes constats. L’auto-dictée, je n’y crois que très moyennement, sauf si vraiment les règles sont bien expliquées. Mais j’ai davantage l’impression d’un exercice de mémoire : j’apprends par cœur sans vraiment réfléchir et je recopie, que d’un réel exercice de compréhension et de mémorisation des règles. En tout cas, je veux bien des auto-dictées si et seulement si, il y a aussi de vraies dictées !! Pour finir, le niveau de certains enseignants et leur formation sont des vrais problèmes. Mais tabous !

    @Babinette : moi, je regrette tout : le manque de vocabulaire, le niveau en orthographe, etc ! 🙂 Oui, je suis tout à fait consciente que les parents ont leur part de responsabilités mais il en reste qui lisent des histoires à leurs enfants, qui suivent leurs devoirs et qui même leur font faire des devoirs supplémentaires :-). Je sais aussi que les enseignants ont subi pendant des années une formation dans des IUFM qui étaient des nids à idéologues dangereux (oui, j’ose utiliser ce qualificatif !). Je soutiens à 200% les professeurs exigeants et structurés !

    @Plume : oui, le système de notre époque a mis de côté certains élèves. Mais je pense qu’il en met encore davantage aujourd’hui. Les inégalités ne cessent de se creuser entre les très bons élèves et les moyens, voire les mauvais. Les meilleurs sont majoritairement des enfants de professeurs, ou de parents qui ont le temps, l’envie ou l’argent de suivre de très près leurs enfants ou de les mettre dans de très bonnes écoles.

    @Florence : merci ! tu as raison de faire ce que tu fais ! Cela prend du temps et de l’énergie, cela peut être source de conflits (il ne faut pas le nier) mais cela payera forcément…Bon courage (car tu commences le primaire…et que tu en as deux…tu imagines l’énergie qu’il faut quand on a 4-5 enfants !).

      

  13. Afin de trouver le meme niveau que ds les annees 80, j’ai accepté de mettre mes enfants dans une ecole privee sous contrat assez selective… la mentalité 80s presque identique. Question scolarité c’est le top. J’essaie juste de reequilibrer le reste au niveau du 21e siecle… tant pis pour la mixité sociale , le progressisme et les greves. Ça sera pour plus tard qd les bases auront été bien faites et la construction solide.

      

  14. Plusieurs chose: j’ai fait toute ma scolarité dans l’école publique et j’ai eu pour pas chère une éducation aussi à la mixité sociale qu’on trouve moins dans le privé. A mon club de sport mes amis se plaignait d’une discipline exagérée dans le collège et lycée privé. Un0petit finlandais met 6 mois en moyenne à utiliser sa langue un Français 6 ans (et la maîtrise mal!). Je suis attaché à notre langue, mais je ne considère pas sa complexité comme exagérée et inutile. le beau métier de correcteur est utile mais je suis favorable une réforme de simplification de l’orthographe. Mieux vaut une langue bien parlée par tous et toutes et qui ne soit pas trop un « marqueur social », que de faire autant souffrir nos enfants avec des règles ineptes. C’est l’absence de logique et l’incohérence du système qui m’a rendu allergique aux profs de français même si j’adore lire. Le gout de la lecture développe le gout de la langue mais l’inverse n’est pas vrai!

      

  15. Bonjour,


    Je réagis un peu tardivement à votre billet, mais je voulais auparavant avoir vu l’émission Des Paroles et des Actes
    dont la première heure est assez pénible d’ailleurs.

    Je fais comme vous le même constat sur le niveau en français, et on pourrait dire la même chose sur le niveau en mathématiques.
    J’ai comme vous fait l’expérience de montrer mes cahiers de CE1 à mes enfants, qui en en sont restés bouche bée.
    Je ne vais pas redire ce que vous et les commentaires avez très bien exprimé.

    En revanche, si on peut reprocher beaucoup de choses à l’école, le fait que les enfants, ados et jeunes adultes, n’arrivent plus
    à lire des livres, des « vrais » comme je le dis souvent à mes enfants, est plutôt je pense la faute des parents.

    N’est-ce pas nous qui mettons dans leurs mains, pour certains dès leur plus jeune âge, des tablettes, DS, smartPhone, ordinateur, etc…

    Il y aurait beaucoup à dire sur l’impact de toute ces technologies sur le comportement des jeunes générations.

    Vous dites que maintenant vos filles sont dans un très bon collège privé.

    J’imagine que vous ne les avez pas mises dans un établissement au hasard. Car nous constatons tous que dans le privé comme dans
    le public le niveau de l’enseignement varie considérablement d’un établissement à un autre.

    J’en viens à un sujet qui me tient à coeur à savoir l’école laïque et républicaine qui est bien mal en point malheureusement.
    Je déplore cette fuite vers le privé qui est souvent, et là encore je le vois autour de moi, motivée au départ non pas sur un prétendu meilleur enseignement, c’est le bon prétexte, mais fait en réalité pour extraire les enfants de cette mixité sociale à laquelle notre ministre de l’EN appelle de tous ses voeux.

    Pour rendre justice à l’école publique, je voudrais parler de tous ses enseignants qui font un travail remarquable en débattant des problèmes qu’ils rencontrent au quotidien, et qui en plus tiennent des blogs extrêmement riches, ouverts à tous. Ces enseignants sont dans le partage, le collaboratif. Cet esprit là, je ne le retrouve pas dans l’enseignement privé.

    Et pour finir, en cette triste période qui suit la tuerie de janvier, où l’on entend « laïcité » de toute part, et principalement dans la bouche de ceux-là même qui ont contribué à la piétiner, je trouve incroyable que parmi toutes les mesures annoncées pour essayer de nous sortir de cette situation alarmante aucune ne remette en cause le principe d’un enseignement confessionnel subventionné. C’est à mes yeux un des plus grands paradoxes de notre pays.

    Ainsi donc l’état français, prônant la laïcité, paie pour accrocher des crucifix (ou autres) dans les classes alors que certains veulent empêcher les femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires, chercher l’erreur …

      

    1. @Le Guen: juste un detail. Les ecoles privées à l’origine catholique ont desormais parmi leurs rangs bcp d’athes et autres confessions. Les ecoles privees sous contrat sont bcp plus laïques qu’on ne le croit. Par contre la selection scolaire ou des methodes alternatives (reflechies de maniere collaborative sachez le) sont semble t’ il des critères que des parents recherchent aujourd hui.

        

      1. Oui, en effet dans les écoles confessionnelles sous contrat il y a bien des enseignants de toutes sortes de confessions et des athées. Mais ceci n’en fait pas des établissement laïques pour autant.

        « Confessionnel » et « laïque » sont des termes antinomiques.

        La sélection scolaire est un critère que les parents recherchent, bien-sûr c’est justement ce que j’essayais d’expliquer, souvent pour soustraire leurs enfants à la mixité sociale.

        D’ailleurs un professeur de collège de Saint Denis ayant collaboré à l’ouvrage « Les territoires perdus de la République », se demandait, sur le plateau d’@rretsurimage, comment la ministre de l’EN allait s’y prendre pour renforcer la mixité sociale.
        N’est-il pas paradoxal de vouloir la mixité sociale et parallèlement donner les moyens à moindre frais à une couche de la population de l’éviter ?

          

  16. J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt. Les lacunes en orthographe sont un fléau pour les entreprises et pour les salariés. Hier, Envoyé Spécial en a fait un reportage très intéressant !

      

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