Lu pour vous

« Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? »

Je viens de lire avec intérêt « Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? – Les mécanismes psychosociaux du plafond de verre » (Editions Pearson) de Brigitte Laloupe, plus connue sur la toile sous le pseudonyme d’Olympe grâce à son blog.

 Le livre en quelques lignes : selon elle, les hommes et les femmes sont au moins autant façonnés par la société dans laquelle ils vivent que par leur biologie. Les hommes et femmes sont conditionnés par un ensemble de comportements psychosociaux qui contribuent à maintenir les inégalités entre les deux sexes. Elle souhaite donner des pistes de réflexions et d’action pour permettre aux femmes de devenir actrices de leur changement.

Il comporte trois parties :

La perpétuelle reproduction des stéréotypes : ce chapitre vise à montrer comment les stéréotypes sont construits et pérennisés, de façon souvent inconscientes, et comment ils s’auto-entretiennent et ce, dès le plus jeune âge.

Le pouvoir des hommes  : édicter les règles du jeu. Cette partie vise à décrypter les difficultés auxquelles se heurtent les femmes qui souhaitent gagner du pouvoir alors que celui-ci est associé au masculin  et à des caractéristiques masculines.

Les femmes actrices de leur propre changement  : ce chapitre incite les femmes à prendre conscience de leurs propres comportements et des changements qu’elles peuvent opérer elles-mêmes.

Voici quelques réactions personnelles. Je précise que mon avis n’est pas du tout scientifique, il est plus du domaine du ressenti individuel. Ainsi, j’ai parfois du mal à argumenter pour développer ma pensée, mes opinions. Contrairement à Brigitte Laloupe qui a un discours très construit, très étayé, mes « réflexions » sont spontanées et donc bien évidemment discutables (mais ce sont les miennes !).

 – Ce livre est intéressant car il décrypte certains mécanismes à l’oeuvre, même de façon inconsciente et renvoie à des enquêtes intéressantes par exemple celles sur la façon dont les professeurs se comportent différemment avec leurs élèves filles et garçons.

– Pour expliquer les difficultés de certaines femmes à accéder à des postes de responsabilités, les facteurs psycho-sociaux existent, c’est évident : cooptation entre hommes qui ont le même profil (pas toujours synonyme de choix uniquement motivé par les compétences), importance des réseaux de type franc-maçonnerie et autres plutôt masculins, pression sociale, etc. D’où l’intérêt de les nommer, de les décrypter et de les analyser.

– Il me semble exact que si parfois les femmes dans le privé gagnent moins (à poste et à compétences égales), c’est parce que que les femmes ne sont pas toujours très à l’aise pour négocier leur salaire d’embauche ou pour demander augmentation – je confirme ;-).

– Je suis d’accord pour dire que les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux s’entrecroisent et interagissent.

– Certains employeurs ont indéniablement des préjugés défavorables face aux mères de famille (ou aux potentielles mères de famille).

– Certaines activités majoritairement effectuées par les femmes mériteraient d’être revalorisées (toutes celles liées au « care », au soin, à l’éducation, etc.)

– Certains comportements féminins décrits par Brigitte Laloupe me semblent effectivement bien présents et parfois pénalisants : une moindre confiance en soi, sentiment de ne pas toujours être légitimes pour revendiquer une promotion/ un poste, un certain malaise face à la compétition, des actions davantage centrées sur les tâches et moins sur la gestion de leur carrière et de leur avancement.

– En revanche, je ne suis pas une pro-Bourdieu et je n’aime pas lorsque l’on parle de domination d’un sexe sur un autre.

– Je ne suis pas toujours d’accord avec le chapitre deux parce que je connais des femmes qui ont réussi à accéder à des postes de responsabilité grâce à des hommes et sans avoir à utiliser des comportements masculins, parce qu’autour de moi je connais plusieurs femmes scientifiques dont les compétences sont tout autant reconnues que celles de leurs homologues masculins, parce qu’il me semble qu’il existe différentes façons d’accéder aux responsabilités et au pouvoir et que certaines femmes y arrivent très bien.

– Je ne souhaite pas élever mes enfants en gommant leur genre et certains comportements dénoncés par Brigitte Laloupe ne me choquent pas vraiment.

– Je pense aussi que les comportements psycho-sociaux qu’elle dénonce peuvent pénaliser les hommes.

– Je ne pense pas que toutes les femmes se sentent victimes de ces comportements, j’ai l’impression que certaines femmes ne souhaitent pas s’investir davantage dans la vie professionnelle, par choix et non par dépit ou en raison du phénomène du plafond de verre. Certaines préfèrent « s’affirmer » dans la sphère personnelle et familiale davantage que professionnelle ou publique. 

– Je pense que les femmes sont ambivalentes et qu’il ne faut pas sous-estimer celles-ci.

– Le débat sur la féminisation des noms ne me paraît pas fondamental.

– Lorsque je vois par exemple en couverture d’un magazine un homme ou que je lis l’interview d’un homme, je ne me dis pas systématiquement « et pourquoi pas une femme ? » Sans doute, parce que je suis capable de m’identifier à un homme, si le dossier me concerne, en tant que personne. Bien sûr j’apprécie que l’on mette en avant des femmes ! 

– Pour terminer, il me semble qu’à la question que pose Olympe, « pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes », à côté des réponses qu’elle donne, il existe également une réponse très peu abordée, alors qu’elle me semble pourtant cruciale : la maternité. Un domaine où, me semble-t-il, la biologie joue un poids fondamental et profondément différenciant, sans pour autant nier l’importance
de l’environnement et de la culture.

Vous le voyez, tout ceci est un peu confus. Je suis d’accord avec certains points, mais pas avec d’autres …J’ai quand même tenter d’exprimer tout ce que cette lecture m’avait m’inspirée, même si parfois ce que je pense peut être contradictoire. Et sans doute qu’en y réfléchissant encore plus longtemps, d’autres choses me viendraient à l’esprit.

En conclusion, un essai à lire, pour réfléchir, débattre et se poser des questions. Vos réactions sont les bienvenues !

A lire également  l’interview de Brigitte Laloupe sur le blog Mode(s) d’emploi et le billet rédigé par La Poule Pondeuse.  

6 thoughts on “« Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? »

  1. En effet la maternité au sens large est peut être une des causes majeures. Qui se prend un jour de congé par ce que le périt dernier tousse, qui se met a mi temps pour s’occuper d’un enfant malade
    chronique, qui préfère rentrer le plus tôt possible le soir pour s’occuper des devoirs, de la maison, des repas?

      

  2. Je n’ai pas envie de lire ce livre, je vais parfois sur le blog d’olympe et je ne me retrouve pas dans ses prises de position en général très extrémistes.J’apprécie de lire des avis plus nuancés
    et variés ici !

    Mon conjoint gagne bien plus que moi, ce n’est pas un mystère car nous sommes fonctionnaires : il a plus d’ancienneté (pas de congé parental), un temps plein (je suis à 80%), il a réussi un
    concours interne et changé de grille, etc.. Pour moi c’est un choix et pas une fatalité. Par contre, dans la mesure où cette situation représente malgré tout un avantage sensible pour lui, 
    je regrette qu’il n’existe pas davantage de protection au niveau social, notamment pour les retraites. Il me semble qu’il pourrait exister une espèce de péréquation entre les droits à la retraite
    des deux parents. Paradoxalement, c’est une mesure réclamée ..par les associations de mères au foyer.

      

  3. C’est marrant, je n’ai pas du tout tiré les mêmes réflexions que toi de la lecture de ce livre 🙂 comme quoi il a le mérite de nous faire nous interroger.

    Par exemple sur les couvertures de magazines: comme dit dans « La société du spectacle », le spectacle ou les médias ne sont pas juste des images, ils illustrent un rapport social entre les
    individus. Je peux très bien m’identifier à un homme (ce que je fais jusque là) en revanche à un homme blanc quinqua diplôme d’une grande école (profil type d’un interviewé) pas forcément, pas
    toujours.

    Ce serait intéressant de se demander pourquoi on ne propose pas aux lecteurs hommes de s’identifier aux interviewées femmes ? 🙂

      

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