Lu pour vous

En aparté a lu pour vous « Les heures souterraines » de Delphine de Vigan

Voici un bon roman que j’ai lu d’une traite ce week-end.

« Les heures souterraines » raconte deux vies solitaires et abîmées.

D’un côté, Mathilde, une femme d’une quarantaine d’années, veuve depuis 10 ans, mère de 3 enfants, victime de harcèlement moral de la part de Jacques, son patron. Pendant des années, elle a été son bras droit, et lui son mentor. Il y avait de la complicité entre eux, du respect, de la confiance. Son travail avait permis à Mathilde de renaître après la mort brutale de son mari.
Elle y avait mis toute son énergie et tout son talent. Mais du jour au lendemain, pour une histoire tout bête, le comportement de Jacques change du tout au tout. Il commence à ne plus lui adresser la parole, à la mettre à l’écart, à l’humilier. Elle se sent coupable, cherche à comprendre les raisons de son bannissement. Mais elle n’obtient pas de réponse, juste du mépris, des vexations quotidiennes, lancinantes. Et Mathilde subit, subit…à en perdre la santé, le sommeil, la joie de vivre. Et elle se tait parce qu’elle a honte.

Tout juste a-t-elle le courage de s’occuper tant bien que mal de ses enfants. Ses enfants qui essayent de la protéger et espèrent si fort réussir à la faire sourire le matin. L’un d’entre eux, dans un geste enfantin plein d’amour et de désarroi, lui confie sa carte « Le défenseur de l’Aube d’Argent », une carte héros qui te protège pour toute la vie ». Mathilde s’accroche à cette carte, alors qu’elle se retrouve « placardisée », sans ordinateur, sans dossier, sans rien à faire…

De l’autre, Thibault, un médecin urgentiste qui vient de quitter la femme qu’il aimait car il se rend compte qu’elle ne l’aimera jamais. En tout cas, pas comme il le souhaite. On le suit dans son travail de médecin, au volant de sa voiture, enchaînant les rendez-vous, au plus près des souffrances des autres. Mais la sienne, qui la partagera ? Sa solitude, qui viendra la rompre ?

Bien sûr, on espère que ces deux destins vont se croiser… Qui sait ? Dans cette ville qui pulse sans jamais s’arrêter, qui broye les plus faibles, qui aspire dans ses entrailles (rer, métro) et rejette sans cesse des êtres qui se croisent, qui se touchent…

A travers ces deux personnages, Delphine de Vigan, dénonce avec des mots simples mais justes les violences invisibles contre lesquelles on ne sait pas se battre, la solitude dans les grandes villes où l’on risque de se perdre, sans bruit. Vraiment bien !

Les heures souterraines,
Delphine de Vigan, Jean-Claude Lattès, 17 euros

17 thoughts on “En aparté a lu pour vous « Les heures souterraines » de Delphine de Vigan

  1. Chouette, j’avais envie de le lire, me voilà fixée ! Merci pour cette excellente critique ! Je te donnerai la mienne… si j’arrive à le lire aussi vite que toi !

      

  2. Le job qui se profile.. se profile … faut le dire viiiiite. Les consultants ont un grand défaut : prennent rarement la peine de nous rappeler quand ils ont dit qu’ils allaient le faire ! je m’arme de patience. Oui les crakottes deviennent fluent à la vie parisienne. Et moi je file à la fnac du 17éme m’acheter ces « heures souterraines » que tu nous vends si bien ! BOn week end !

      

  3. @ Antonia : il est vrai que malheureusement la notion du temps et de « je vous tiens au courant » n’est pas toujours la même entre les recruteurs et les candidats…
    sinon, j’espère que ce roman te plaira…et si jamais tu as déniché de bons livres, n’hésite pas à nous en faire part.

      

  4. Je viens de finir ce livre dont j’avais entendu le plus grand bien par ailleurs. Magnifique ! Etourdissant de réalisme ! Un vrai coup de coeur !

      

  5. @ Corinne : merci pour ton petit passage ici ! C’est effectivement un roman très prenant et très fort. Le talent de Delphine de Vigan est d’avoir fait un beau roman sur des sujets difficiles (le quotidien, le monde du travail).

      

  6. faut que je lise ce bouquin, j’avais lu « No et moi », et « Jours sans faim », j’adore le style de de Vigan, et là j’entends plein de bonnes critiques.

      

  7. Comment ai-je pu passer à côté de ce billet? Mystère et boule de gomme! Je ne suis déjà pas passée à côté de ce merveilleux bouquin, c’est déjà ça!

      

  8. @ crevette : tu as raison ! le principal est de l’avoir lu. Depuis, j’ai lu No et moi. J’ai également bien aimé mais je préfère quand même celui-ci.

      

  9. suite à un billet de « pensées de ronde » sur le même livre, je l’ai lu d’une traite, et ensuite me suis procuré No et moi, Jours sans faim, et un soir de décembre. J’aime beaucoup le style de D. de Vigan et guetterai dorénavant ses prochaines parutions.
    Je découvre votre blog via celui de clothilde et charlemagne, sujet d’un autre billet, et je suis contente d’avoir cliqué sur le lien !

      

  10. @ Venise : bienvenue ici ! comme vous, j’ai voulu découvrir un autre livre de Delphine de Vigan. Sur les conseils de plusieurs personnes, mon choix s’est porté sur No et moi mais même si je l’ai lu d’une traite, il m’a un peu moins plu. Mais il m’en reste encore quelques-uns à découvrir..

      

Répondre à Gaëlle Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *