En 2013, Kalindéa, alors médecin généraliste en province, 4 enfants, avait témoigné autour de la conciliation vie perso / vie pro dont elle n’était pas totalement satisfaite. Un an après, en 2014, elle avait décidé de prendre les choses en main pour trouver un meilleur équilibre (fin des horaires de consultation tardifs, mercredi libre) et avait entamé une formation en vue de se reconvertir d’ici un an ou deux.
Depuis ton dernier témoignage, comment a évolué ta situation professionnelle et personnelle ?
Depuis février 2014, beaucoup de choses ont changé, effectivement !
Pour mémoire, j’étais coincée dans mon cabinet de médecin généraliste libéral, dont je rêvais de m’échapper pour enfin vivre quelque chose qui me corresponde mieux, tant sur le plan professionnel que personnel et familial…
Je me suis formée à la sophrologie en 2015 et 2016 à l’institut Cassiopée de Chatou.
Fin novembre 2016, j’ai eu un genre de révélation : à part moi et les barrières que je me mettais moi-même (les fameuses croyances limitantes), rien ne m’empêchait vraiment de fermer mon cabinet. J’ai donc acté avec moi-même que cette fermeture aurait lieu 9 mois après (durée de mon préavis avec mon associé). J’ai prévenu tout le monde, et hop, le 1er octobre 2017 j’étais libre !
A partir du moment où j’ai pris la décision, tout s’est mis en place plutôt facilement.
En parallèle, mon mari qui était père au foyer depuis 10 ans s’est inscrit à Pôle Emploi le 2 janvier 2017 suite à ma décision, repartant de zéro professionnellement : il a enchaîné 3 mois de formation, un stage de fin de formation, qui a débouché sur un contrat d’intérim et finalement un CDI ! Cela semblait impossible, mais il l’a fait !
Dès qu’il a remis le pied dans la vie professionnelle, j’ai dû reprendre ma place dans la logistique familiale dont j’étais totalement exclue les années précédentes : ça n’a pas été de tout repos, mais j’ai vraiment apprécié de retrouver une place autre que “maman travaille, demande à papa”.
J’ai ouvert mon cabinet de sophrologue, tout en continuant des activités médicales pour payer les factures (consultations nourrissons à la PMI, remplacements, gardes, puis télémédecine et plus récemment régulation médicale au centre 15) Cela m’a permis de traverser la crise du COVID sans vraies difficultés financières (sans ça, j’aurai mis la clé sous la porte en quelques mois), et de rester sur une pratique qui m’apporte du plaisir sans la pression financière de devoir “faire du chiffre”.
Il y a 2 ans, j’ai commencé à me former à l’approche systémique et stratégique de l’école de Palo Alto, à l’institut LACT, ce qui a considérablement enrichi ma pratique : je me définis actuellement comme “thérapeute psychocorporelle”. Je prends beaucoup de plaisir à me former, progresser, et pratiquer avec les patients qui m’offrent leur confiance.
J’apprécie la flexibilité de mon planning. C’est un peu sport de gérer 5 activités professionnelles, mais ça me permet de ne pas saturer de chacune (et quand c’est le cas je rééquilibre) et de ne pas tomber dans la routine ou dans l’ennui.
Sur le plan familial, je peux enfin accompagner les sorties scolaires, j’adore !! Ayant eu 4 enfants, c’est la “petite” dernière (10 ans) qui profite de cette nouvelle organisation. Mais je sens le changement pour les plus grandes également : là, je vais installer la 2e en Belgique pour ses études, je peux me libérer facilement pour les journées portes ouvertes, visites d’appartements, déménagements, etc… ce qui n’aurait jamais été possible lorsque j’étais au cabinet médical.
De la même manière, lorsque j’ai perdu mon père le mois dernier, j’ai pu me libérer pour lui, puis pour soutenir ma mère.
Des choses qui semblent peut-être juste normales, mais qui auraient été compliquées voire impossibles pour moi avant, alors que c’est justement ma priorité dans la vie…
Avec le recul, y a-t-il des choses que tu ferais différemment (notamment par rapport à la conciliation vie perso/vie pro) ?
Avec le recul, et sachant la tournure que ça a pris, je pense que je ne me serais pas installée en médecin générale libérale. Mais j’avais des raisons valables pour le faire sur le moment.
Si je pouvais remonter encore plus loin, je ferais la fac de psycho et pas médecine. Mais c’est facile de dire ça 30 ans après ! Au lycée, je ne me voyais pas devenir psychologue…
Plus précisément sur la conciliation vie perso/vie pro, si mon mari n’avait pas arrêté de travailler, j’aurais eu besoin de gagner moins d’argent, et j’aurais été forcée de continuer à m’investir dans le quotidien…
Avoir un mari au foyer, c’était peut-être une fausse bonne idée, même si elle m’a offert une grande liberté. C’était peut-être un cadeau empoisonné, je ne sais pas…
A vrai dire j’évite de me retourner et de refaire le film, car il y a quand même beaucoup d’amertume, mais je suis bien là où j’en suis aujourd’hui et c’est le résultat de tout ça, donc j’imagine qu’il n’y a rien à regretter 😉
As-tu des « conseils » à donner à des jeunes femmes ?
Donner des conseils, c’est quelque chose que je m’interdis de façon formelle !
Ce dont je prends conscience avec l’âge, c’est que dans la vie personnelle, il y a une succession de cycles qui ont chacun une durée limitée. Dans mon expérience perso je le remarque surtout par rapport aux enfants : la petite enfance, l’école, le collège, le lycée, les études… 5 ans, 5 ans, 4 ans, 3 ans… De fil en aiguille, ça passe vite !
On ne rattrape pas le temps passé (je ne vivrai jamais le quotidien avec un bambin, par exemple, et c’est un vrai regret). Mais il y a toujours des choses à vivre avec eux. On peut être présents pour eux à tout âge, d’une manière différente.
Sur le plan pro, à 45 ans (ce qui me semblait très vieux quand j’en avais 20) j’ai l’impression d’avoir encore des milliers de possibles à explorer, rien de ce qui me fait envie ne me semble totalement inaccessible. Cela donne de la perspective :-))
Et pour moi la clé de l’épanouissement c’est la communication. Que ce soit avec les enfants, le conjoint, les parents… Beaucoup de souffrances et de frustrations découlent de non-dits, de malentendus, d’interprétations, d’a priori (j’ai fait médecine en étant convaincue que c’était ce que mes parents trouvaient le mieux pour moi, alors que pas du tout…)
Apprendre à écouter vraiment l’autre, à exprimer ses propres besoins et ses attentes : ça me semble fondamental, sur le plan perso, pro, et familial.
Et pour finir, as tu des projets/des envies à court ou moyen terme ?
Plein ! Toujours !
Je suis inscrite à une formation complémentaire à l’hypnose sur 2021-2022, afin de pouvoir intégrer ce merveilleux outil à ma pratique.
J’aimerais continuer la formation à l’approche systémique et stratégique pour apprendre les protocoles de psychopathologie avec Giorgio Nardone.
D’autres outils m’attirent également : EMDR, Réflexes archaïques, morphopsychologie…
Je pense que je serai en formation continue toute ma vie ^_^
Mais à court terme, j’aimerais vraiment reprendre la couture :-)) activité que j’affectionne particulièrement et que j’ai mise en stand by depuis que je suis en formation à LACT (malheureusement les journées n’ont que 24h !) J’aimerais retrouver un peu de temps pour moi dans le tourbillon de mes activités professionnelles, familiales et formatives.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages dans la rubrique Parcours au fil du temps.