Claire
Diaporama Portraits de femmes Que deviennent-elles (ils) ?

Parcours au fil du temps : Claire

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Claire a témoigné en 2015 autour de sa reconversion professionnelle : après des années dans le marketing digital, elle avait décidé de changer complètement de métier, en se formant à la plomberie. Elle était par ailleurs mariée et mère de 4 enfants (dont des triplés). Voici de ses nouvelles, 6 ans après ! Merci à elle pour sa confiance.

Depuis ton dernier témoignage, comment ta situation personnelle et professionnelle a-t-elle évolué ?

Après avoir terminé et réussi l’examen final de ma formation en plomberie, j’ai fait des chantiers en plomberie pendant 2 ans en intérim. J’étais très mal payée, mais cela a été très formateur. Je faisais principalement des chantiers dans le domaine du gaz et de l’oxygène hospitalier. Lorsque GRDF a lancé une campagne de recrutement, j’ai postulé avec succès puis je suis rentrée en formation chez eux pendant 3-4 mois. J’ai été titularisée au bout d’un an, cela fait donc maintenant 3 ans et demi que je travaille pour eux. Nous sommes très régulièrement formés. Depuis deux ans, je travaille pour les urgences gaz sur Lyon. C’est un domaine très spécifique, très technique. GRDF sont les pros dans ce domaine. Sur les chantiers, on tourne à deux pour apprendre de nouvelles compétences, c’est très formateur. C’est un métier très varié, très fatigant aussi. Le rythme c’est deux semaines du matin, deux semaines du soir, puis une semaine d’astreinte. Les équipes sont disponibles 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

Côté personnel, j’ai divorcé en 2016, mais nous conservons de très bonnes relations avec mon ex-mari et nous habitons à 5 minutes l’un de l’autre. Il a la garde partagée des enfants et il les a notamment les semaines où je suis d’astreinte puisque je peux partir en pleine nuit pour des urgences qui peuvent durer plusieurs heures. De mon côté, j’ai refait ma vie.

Ce rythme me laisse pas mal de temps libre et puis quand le travail est fini, quand mes outils sont rangés, je suis complètement libre pour mes enfants. Nous voyageons très souvent avec mon nouveau compagnon, en partant avec notre van aménagé.

Mes enfants ont gagné en autonomie (les triplés ont 12 ans et mon petit dernier 8 ans). Ce dernier par exemple se réveille le matin, rentre de l’école et déjeune, comme un grand.

Ils sont fiers de m’avoir vu réussir ma reconversion, je crois. Une reconversion, ce n’est pas seulement changer de métier, c’est également un changement de vie. Tu te renouvelles, tu évolues. J’ai découvert un nouveau monde, un monde certes très majoritairement masculin mais cela ne me pose pas de problème. Je me sens à ma place.

Je n’avais pas réalisé que cette reconversion entraînerait autant de changements, d’évolution personnelle, par exemple mon rapport au service public (avant je venais du privé) ou encore au monde ouvrier, qui n’est pas reconnu et valorisé à sa juste valeur. Cette population n’est pas bien traitée, pourtant les ouvriers ont de l’or dans les mains. Ce sont des métiers avec une grosse valeur ajoutée. J’aimerais que le regard de la société sur eux évolue.  

Avec le recul, ferais-tu certaines choses différemment ?

Non, je ne crois pas. Je suis épanouie, et avec mon nouvel amoureux et dans mon travail et avec mes enfants. Je crois que je n’aurais pas fait autrement.

Aurais-tu des conseils à donner à des jeunes femmes/mères ?

Se lancer dans une reconversion est très épanouissant, mais nécessite de se poser les bonnes questions et de bien anticiper avec des plans A, B, C. Je n’ai jamais baissé les bras même s’il y a eu des périodes difficiles. Par exemple, au moment de ma séparation, cela n’a pas été évident de trouver un logement alors que j’étais en intérim, avec un petit salaire.

Et puis faire une reconversion radicale comme la mienne, c’est accepter de redevenir débutant, avec les difficultés de trouver un emploi et avec un salaire débutant. Aujourd’hui, j’ai retrouvé un salaire convenable. Mais il est important de prévoir ces difficultés avant de se lancer.

Il va y avoir des barrières mais elles peuvent être soulevées.

Je suis persuadée qu’être heureuse avec soi-même permet d’être heureuse avec ses enfants. D’où l’importance de parler de son projet avec ses enfants, de les autonomiser, même si c’est compliqué au début. Mais maintenant ils sont très fiers de se débrouiller tout seuls.

Cette reconversion a été fatigante, mais c’était une bonne fatigue. J’ai gagné en confiance en moi. Cela m’a donné des ailes. Au final ce fut un parcours très épanouissant et qui m’a permis de m’accomplir en tant que femme.

Les mondes masculins s’ouvrent, ils sont prêts à nous accueillir. Les hommes de mon entreprise disent « ça nous perturbe » mais cela le fait. Certes en tant que femme, il faut toujours prouver ses compétences, mais après cela fonctionne. Les entreprises ont envie d’embaucher des femmes. Moi-même j’ai bénéficié de cette politique volontariste, surfé sur cette vague.

As-tu des projets/des envies à court ou moyen terme ?

Profiter de mes temps libres pour continuer à voyager dans notre van.

A moyen terme : rester dans ce monde technique, et à long terme : évoluer sur d’autres fonctions. Et pourquoi pas écrire un livre sur les problématiques des femmes dans le monde technique. Comment innover pour adapter ces métiers aux femmes ? Chez GRDF, il y a déjà de vraies réflexions qui sont menées.  

On pourrait penser que la force physique pourrait bloquer, mais il y a toujours des solutions. Alors que je ne suis pas particulièrement forte physiquement, je n’ai jamais été gênée. Il y a une solidarité et des outils pour contourner ces difficultés. Souvent, c’est juste que les entreprises n’y ont pas pensé, à nous d’aider les entreprises à lever les barrières.

Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages (près d’une centaine) dans la rubrique Parcours au fil du temps.

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