C’est au tour de Clothilde, 41 ans, 2 enfants et cadre dans une administration territoriale à Toulouse de donner de ses nouvelles. Clothilde avait témoigné la première fois en 2009 et une deuxième fois en 2013, alors qu’elle traversait une période un peu agitée. Merci à elle !
Depuis votre dernier témoignage, comment votre situation personnelle et professionnelle a-t-elle évolué ?
Depuis février 2013, ma situation n’a pas beaucoup évolué, ou du moins pas vraiment dans le sens que j’aurais voulu. Encore et encore des remises en question, un peu blasée d’ailleurs de ne pas parvenir à atteindre une certaine stabilité. Divorcée, juridiquement et émotionnellement ! C’est une étape qui a été franchie mais elle n’est pas forcément la plus facile. Parce qu’il reste alors à écrire « les jours du reste de ma vie » et c’est un grand brouillard qui les habite. Pas de vie affective, encore et encore cette équation à plusieurs inconnues. La mienne d’abord, avec ce que je veux vraiment, pas de vie commune, parce qu’il y a le travail et les enfants. Mais un vrai compagnon, et quand on a 40 ans, et bien il n’est pas facile de dénicher la perle rare, trop de mauvais passages. Et puis, on peut être une femme très active dans sa vie professionnelle, très investie dans sa vie associative et très accomplie dans sa vie de mère et une véritable « pauvre fille » dans sa vie affective. Ne plus connaître les codes, ne plus savoir comment être. C’est aussi bête que cela et aussi sclérosant aussi. Alors voilà, quelqu’un m’a dit qui me connaissait bien que je devrais être la même personne dans le public que dans le privé, volontaire et audacieuse, sauf que les choses ne se passent pas ainsi.
Votre équilibre vie perso / vie pro a-t-il été modifié ?
Je travaille beaucoup. Cette année, j’ai réussi la prouesse (sic) de ne prendre que 50% de mes jours de congés, des réunions tard, des jours de RTT qui sautent, et puis, travailler, c’est oublier que les week-ends où je n’ai pas les enfants, trois jours seule, c’est long. Alors, on accepte les dossiers, les réunions, on ramène du travail à la maison. Et on finit l’année épuisée mais surtout on a oublié. Cette année, je vais essayer de réequilibrer les choses mais avoir du temps pour moi, ça me fait peur. Parce que les repus disent qu’il faut vivre pour soi, mais les morts de faim sentimentale savent bien que seul, c’est mieux quand on est deux. Alors, j’ai la solution, le gîte, que je gère seule comme une entreprise, avec des salariés à manager (jardinier, femme de ménage), une comptabilité à tenir et des clients à satisfaire, c’est aussi un travail à part entière.
Et d’ici un an ou deux, comment vous projetez-vous ? Quelle articulation vie privée / vie pro aimeriez-vous bien atteindre ? Avez-vous des projets précis ?
Je passe dans quelques semaines un test pour intégrer une formation pour repasser le concours d’administrateur territorial, en octobre 2015, soit 1 an et demi de préparation. Parrallèlement, j’ai accepté un accroissement de mon champ d’action au travail, plus de thématiques et plus de territoire couvert. Le concours, ce sera le dernier essai, puisqu’on ne peut le passer que trois fois, j’ai raté deux fois les oraux. J’ai envie et besoin de cet encouragement narcissique et je me dis que c’est aussi le bon moment. Ma fille va entrer au lycée, mon fils débute le collège, j’ai envie qu’ils aient une image de mère qui se remet en question, qui ne s’endort pas sur une situation acquise. J’ai envie de leur montrer qu’il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. Les choses sont acquises mais c’est l’étape d’après qui est importante quand la précédente a été consolidée.
J’espère concilier cela avec notre vie à tous les trois et puis qui sait, le prince charmant aura d’ici là retrouver la carte du tendre qui le mènera à moi !