Lu pour vous

Je veux tout !



Tel est le titre éloquent d’un livre de Maurice Thévenet qui vient de paraître aux Editions Eyrolles (12 euros). L’auteur est professeur au CNAM et à l’Essec et intervient dans le domaine du développement de management comme conseil ou conférencier.

Ce petit ouvrage (124 pages) est intéressant. L’auteur constate que le travail est différent dans sa nature, mais aussi dans les systèmes de représentation qui peuvent y être associés. A travers 10 chroniques, l’auteur dresse les problématiques actuelles liées au travail : la revalorisation du travail, « je veux tout ! », le pire et le meilleur, Internet et réseaux, la retraite au-delà des seniors, les nouveaux jeunes sont-ils arrivés ?, vers le communautarisme générationnel ?, le management à l’épreuve de la susceptibilité, les travailleurs de l’extrême et enfin l’harmonie entre travail et hors travail.

Concernant le sujet qui nous touche tout particulièrement, à savoir l’équilibre entre le travail et le hors travail, voici ce qu’en pense Maurice Thévenet.

Il constate que ce souci d’équilibre est un thème très affirmé et reconnaît que « les conditions d’existence et le partage des rôles au sein du foyer posent des problèmes réels d’ajustement entre ces deux domaines de l’existence ». Toutefois, il estime que ce souci n’est pas récent mais permanent, même s’il est peut-être plus fréquent d’en parler aujourd’hui. « La difficulté à vouloir tout faire est réelle, elle exprime ce sentiment, si banal et universel, du « Je veux tout ! » écrit-il.

ll rappelle quelques évolutions récentes : une plus forte individualisation et responsabilisation dans le travail qui renforcent les exigences du travail, parallèlement, les rôles en dehors du travail sont fortement empreints de modèles exigeants, qu’il s’agissent des rôles familiaux (partage des rôles entre les conjoints, investissement des parents dans l’éducation, la formation, les activités des enfants) et sociaux (souci de maintenir des activités de loisirs, les activités sportives, culturelles, associatives, etc.). « Les exigences de tous ces rôles à assumer sont d’autant plus fortes que ceux-ci sont vécus comme des sortes de modèles auxquels il faut impérativement adhérer » analyse-t-il. Par ailleurs, il note que souvent la perception du conflit entre ces deux domaines est aussi liée à un fort engagement dans le travail ou dans l’institution.

« Les solutions ne sont pas simples : quelle est la part de l’institution et de la maturité personnelle dans la perception du problème et dans la résolution du conflit ? » s’interroge-t-il.
Ce point me semble effectivement important. Il écrit que les rapports travail et hors travail concernent bien évidemment les entreprises et leurs politiques de gestion des ressources humaines (pistes du télétravail, management à distance, temps partiel notamment…) mais pas seulement. « La réglementation des conditions et horaires de travail n’est pas suffisante pour régler ce vrai
problème de gestion des ressources humaines » écrit-il. Et il met en garde contre un rêve naïf où une espèce d’équilibre devrait être garanti par des institutions.

D’autre part, il rappelle que les rapports travail et hors travail ne sont pas que conflictuels. Il y aussi de nombreuses situations où travail et hors travail s’enrichissent mutuellement. « Le travail aide à une vie personnelle plus sereine, et la qualité de ce qui se vit en famille ne provoque également pas la même attitude vis-à-vis du travail (lire à ce sujet son chapitre consacré à l’harmonie entre travail et hors-travail dans lequel il montre que la valeur travail ne se définit pas seulement par opposition au hors-travail et où il écrit que « la valeur travail est non seulement le choix d’une priorité absolue au détriment du reste, mais aussi une expérience de vie qui valorise » et que « la valeur travail n’est pas qu’une question personnelle abandonnée au choix de chacun, c’est aussi la conséquence de ce que l’on vit au travail. Les entreprises, les managers, les éducateurs et les médias ont une grande responsabilité à cet égard »)

Enfin, il évoque une recherche qu’il a menée sur le conflit entre travail et hors travail et qui fait apparaître que ceux qui ressentent le plus de conflit entre travail et famille sont également ceux qui ressentent le plus de difficultés en termes de relations humaines dans le travail. Je cite : « Ils ont tendance à penser qu’ils devraient en faire encore plus pour avoir de bonnes relations avec les autres. Plus je ressens le conflit, plus je ressens aussi des relations humaines peu satisfaisantes dans le travail. On peut se demander s’il n’existerait pas alors une raison commune à ces deux symptômes, celle d’une difficultés personnelle, d’une insatisfaction, d’une difficulté plus personnelle qu’organisationnelle. Nous touchons là aux compétences, aux priorités de la personne, à ses désirs les plus profonds, à ses attentes. Ce conflit indique peut-être une difficulté à tout assumer, à satisfaire une vision idéale de soi trop inaccessible ». Et de conclure : « Les entreprises peuvent alors jouer un rôle important en aidant les personnes à clarifier leurs priorités, à faire en sorte qu’elles soient plus auto-déterminées ». Cela voudrait également dire que les entreprises donnent aux personnes un contexte et des occasions de clarifier leur priorités et leur conception de l’existence ».

Vos réactions par rapport à ces quelques lignes sont les bienvenues !

 

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