Autour du travail

Un salarié sur deux est un caméléon



Le cabinet de conseil OPP spécialisé en psychologie du travail a mené une enquête intitulée « Qui dupe qui ? » dans 6 pays européens (dont la France) pour mieux cerner la manière dont les gens changent ou modifient la façon dont ils donnent à voir leur personnalité au travail (pour faire pro, on appelle cela la désirabilté sociale … et pour faire simple, c’est la tendance, plus ou moins consciente, à dire ou à faire ce que l’on attend de nous).
  Si cette enquête n’apprend rien de bien révolutionnaire (on se doutait bien que les personnes sont différentes dans leur sphère personnelle et dans leur sphère professionnelle !), certains points plus précis sont cependant intéressants à connaître. Les voici :

Qui adopte un comportement de caméléon ?

– Il en ressort que 50% des salariés disent adopter un comportement différent au travail et dans la vie privée (ce chiffre monte à 64% au Royaume-Uni et à 36% aux Pays-Bas, en France, ce sont 46% des salariés).

  – Les salariés travaillant dans les RH et la formation (59%), les services professionnels (56%), et les services sanitaires et sociaux (55%) sont ceux qui ont le plus tendance à montrer une personnalité différente au travail. A l’inverse, les salariés des milieux industriels ou des transports y sont moins enclins (47% des participants), ce qui suggère que l’environnement de bureaux est celui qui produit la plus forte pression en matière de désirabilité sociale.

A quel moment les salariés changent-ils le plus de personnalité ? Et pourquoi ?

– L’un des moments où 33% salariés jouent tout particulièrement un rôle est celui de l’entretien d’embauche pour coller à la culture de l’entreprise. C’est aussi la situation dans laquelle l’auto-promotion peut être remarquablement payante. C’est sans surprise que l’on trouve que plus de la moitié des candidats exagère sa réussite et son salaire précédent. 

– Plus d’un tiers (37%) des salariés adapte sa personnalité ou son comportement pour les clients, ce qui est souvent perçu comme partie intégrante du processus de vente.

– Près d’un tiers (32%) modifie sa personnalité pour son responsable hiérarchique, mais moins de la moitié de ce nombre (14%) le fait pour ses subordonnés.

– Lorsqu’on leur demande les raisons pour lesquelles ils essaient d’adapter leur personnalité, presque la moitié (44%) d’entre eux répond que cela le rend plus efficaces dans son travail, tandis qu’un quart (27%) le fait pour se couler dans le moule de leurs équipes de travail et un sur six (17%) le fait pour être en meilleure adéquation avec la culture d’entreprise.

– Quoique la flatterie et l’auto-promotion soient des motivations majeures pour le changement de personnalité au travail, les recherches ont montré que d’autres formes de changement de la personnalité peuvent se produire comme les donneurs de leçons (gérer les impressions d’intégrité, de sacrifice de soi, et de valeur morale) et les intimidateurs (créer l’identité d’une personne dangereuse).

Qu’est-ce que les salariés cherchent à gommer ou, au contraire, à accentuer ?

– Les salariés tendent à supprimer au travail leurs traits les plus sociables ; un quart (25%) d’entre eux abandonne consciemment son inclination à la drôlerie, et 23% sa propension à discuter. On a observé une différence notable selon le sexe dans les derniers résultats, avec 25% des femmes qui indiquent supprimer leur penchant à la discussion contre 20% des hommes. 22% des femmes répriment leur capacité à s’affirmer sur leur lieu de travail, contre 19% des hommes.

 – Au contraire, plus d’un tiers des salariés accentuent leur sens de la coopération. Cela semble être la caractéristique qui nécessite le plus d’efforts, car elle est choisie par la proportion la plus élevée (36%).

– Les autres traits que les salariés accentuent sur leur lieu de travail sont l’affirmation de soi et l’esprit de décision (respectivement 28% et 25%). Le premier de ces deux traits est assez étonnant, dans la mesure où de nombreux salariés disent ne pas affirmer complètement cet aspect de leur personnalité. Cela laisse à penser que près de la moitié des participants est mal à l’aise quant au degré d’affirmation de soi dans l’environnement de travail et considère qu’il s’agit de maintenir en permanence un certain équilibre.

Qu’est-ce que cela engendre ?

– Plus d’un tiers des salariés européens (35%) estime que changer sa personnalité en fonction de l’environnement est source de fatigue, tandis qu’environ 30% trouvent stressant d’afficher un « faux visage ». Quatre femmes sur dix (39%), par opposition à trois hommes sur dix (32%), ressentent cette fatigue.

  – L’étude estime qu’il n’est dès lors pas surprenant que tout ce stress influe sur la productivité et la performance. Les trois quarts (74%) de ceux qui se sentent stressés en raison des changements de leur personnalité reconnaissent que cela a entraîné des conséquences négatives sur leur travail. Les hommes ont davantage tendance à ressentir cela que les femmes (80% contre 68%, respectivement)

En conclusion, le cabinet donne des pistes (et se « vend » par la même occasion !) pour que les entreprises prennent mieux en compte les points positifs que les salariés ont tendance à gommer ou à laisser de côté en arrivant au bureau, et qui peuvent être des sources d’énergie et d’innovation sur le lieu de travail.

« On peut dire finalement que révéler le potentiel humain c’est révéler le meilleur de soi et non se comporter de telle manière parce qu’on nous l’a imposé » conclut le cabinet OPP.

4 thoughts on “Un salarié sur deux est un caméléon

  1. J’ai une double casquette, chargée de production dans le spectacle… plombier intérimaire. Dans le culturel si un collègue me refile un dossier truffé d’erreurs, je dois fermer ma gueule ! Quand je l’ai ouverte, cela m’a toujours desservi.
    Sur un chantier si je dois passer derrière un collègue qui m’a laissé du sale boulot, je vais le trouvé et je lui dit que c’est un boulot à chier ! S’ensuit un échange de gentillesses, 3 jours sans se serrer la main et hop ! Mais ça fait du bien de le dire !
    Sur un chantier je me ressemble plus…

      

  2. C’est fort ça comme grand écart professionnel, dis donc ! En tout cas, merci Pia pour ton témoignage, qui semble confirmer que le changement de personnalité est variable selon les secteurs, les interlocuteurs et les moments.
    Bonne continuation !

      

  3. C’est décidé : quand je retravaillerai je vais être aussi chiante que maintenant, et partout : il ne s’agirait pas que je m’épuise car je vais devoir travailler jusqu’à 80 piges, moi Madame 😉

      

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