Gaëlle
Diaporama Portraits de femmes Que deviennent-elles (ils) ? Témoignages vie privée / vie pro

Parcours au fil du temps : Gaëlle

Ma pomme…

En me replongeant dans les témoignages conciliation vie perso / vie pro, j’ai réalisé que j’avais témoigné en 2008 (le 3ème) ! Après 11 ans de salariat et quelques pauses professionnelles, plus ou moins forcées (périodes de chômage suite à des déménagements, maladie de notre fille), j’avais décidé depuis un an de travailler comme journaliste freelance. J’avais 3 jeunes enfants (8, 5 et 3 ans) et je vivais alors dans le Var. Je me suis dit qu’à moi aussi, ce petit exercice de « bilan » et d’introspection ne me ferait pas de mal. Donc voici de mes nouvelles, ou comment je me suis auto-interviewée ! 😉

Depuis ton dernier témoignage, comment ont évolué ta situation pro et perso ?
Elle a à la fois beaucoup et peu évolué !
Côté perso, je suis toujours mariée et j’ai toujours 3 enfants mais 2 sont maintenant étudiantes et le « petit dernier » rentre en première (et m’a dépassée depuis plusieurs années maintenant). J’ai trouvé (et je trouve toujours) la période de l’adolescence assez fatigante, voire parfois même éprouvante ! Ce sont des périodes de montagnes russes émotionnelles, je trouve, avec des hauts et des bas. En tant que parent de jeunes enfants, on n’est pas vraiment remis en cause dans sa façon d’éduquer. Certes, il faut de l’énergie (beaucoup) et du temps (souvent de façon fractionnée, sinon, c’est moins drôle), mais en termes de préoccupation, d’inquiétude, de questionnements, c’est relativement calme. Et puis à partir de la 5ème/4ème, tout change et vite ! Il faut s’adapter, se remettre en question, tenir bon, bref, ce n’est pas de tout repos. Les sujets sont vastes : leur scolarité, les copains, les tenues vestimentaires, les écrans, les sorties, les conduites à risque, etc. J’ai vraiment l’impression d’être dans le dur. Et mon questionnement incessant : où est le juste équilibre ? sur quoi puis-je lâcher et suis-je quoi dois-je tenir ? En termes de charge mentale, c’est assez dense, je trouve ! Pour le couple aussi, c’est « challengeant », car nous n’avons pas forcément les mêmes avis/limites/références… Durant leur enfance, c’était plus facile, je trouve d’adopter les mêmes points de vue, valeurs, principes, autant à l’adolescence, je trouve que ce n’est pas toujours facile de s’ajuster, de se mettre d’accord sur les attitudes à adopter, sur les décisions à prendre. Plus que jamais, le dialogue, la communication parents-enfants et entre parents, deviennent fondamentales, mais parfois, c’est loin d’être facile.

En revanche, j’aime beaucoup quand ils arrivent vers la fin du lycée, de nouveau il y a une vraie complicité, avec moins d’enjeux d’éducation, d’interdiction, de permission, de surveillance mais davantage dans le dialogue, pour les accompagner vers l’âge adulte aussi bien par rapport à leurs études qu’à leur vie sociale et leur découverte du monde. Et puis, le plaisir, la fierté, de voir que certains messages sont passés (ou du moins ont une chance de faire leur chemin…) et surtout les voir devenir de chouette jeunes adultes !

Sinon, depuis 2008, j’ai déménagé 5 fois (La Martinique, Brest, Paris, Dakar et le Var). Cela veut dire à chaque fois, faire des cartons, défaire des cartons, trouver les bonnes adresses, refaire son réseau amical et social, etc. Mais aussi découvrir un nouveau lieu, de nouvelles personnes, une culture différente (je peux vous dire que même, entre la Bretagne et le Var, il y a de très grandes différences !). En un mot, un mode de vie plutôt dynamique ! D’autant que le changement chez des enfants qui grandissent, devient de moins en moins facile à vivre et à accepter pour eux. Donc cela veut dire, être présente pour que chaque nouvelle adaptation se passe au mieux. Sachant que les premières semaines, voire mois, c’est souvent la soupe à la grimace…Et idem, au moment du départ ! En revanche, je crois pouvoir affirmer que je suis devenue une quasi-pro de la mobilité géographique et avoir développé de bonnes capacités d’intégration et d’adaptation !

Côté pro, les évolutions sont beaucoup moins spectaculaires 😉 je suis toujours dans l’écriture au sens large (journalisme, rédaction, communication, réseaux sociaux). Globalement durant ces 13 ans, j’ai pu exercer mon métier, dans des univers plutôt variés. J’en retire une certaine fierté car ce n’est pas de tout repos de recommencer à chaque fois de zéro, d’envoyer des lettres de candidature, de se vendre… Je continue à aimer apprendre de nouvelles choses, creuser un sujet, rencontrer des personnes très différentes, et essayer de transmettre au mieux ce que j’ai appris/compris à travers mes écrits. En revanche du fait de notre grande mobilité géographique, aucune évolution/promotion/augmentation à espérer… Et puis, mon blog (très actif entre 2008 et 2017) a été un vrai plaisir à faire vivre et m’a permis de belles rencontres et des expériences vraiment sympas.
En termes de conciliation, j’ai trouvé que la décision de quitter le salariat en 2007 pour devenir indépendante avait été très bonne. Cela m’a permis de m’organiser comme je l’entendais (par exemple j’aime bien travailler le soir, après le dîner), notamment pendant les vacances scolaires (qui reviennent quand même très souvent, il faut bien le dire !) ou les déplacements professionnels de mon mari (qui pouvaient durer plusieurs mois). Enfin, j’ai appris à travailler de façon efficace et à être autonome. Le télétravail, je maîtrisais, bien avant qu’il ne devienne très à la mode 😉

Aujourd’hui, j’hésite à retourner vers le salariat. D’un côté, j’ai envie de retrouver une équipe et de mettre mes compétences au service d’un projet collectif, et de l’autre, je me demande si je suis encore adaptée à la vie en entreprise. A moi aussi, sans doute, de trouver une structure qui me donnera envie de re-sauter le pas !

Avec le recul, y a-t-il des choses que tu ferais différemment (notamment par rapport à la conciliation vie perso/vie pro) ?
Bonne et vaste question !

Déjà, je referais les mêmes études (hypokhâgne et sciences-po) car j’en garde un excellent souvenir. De même, le journalisme, je trouve que c’est un métier passionnant, même s’il est parfois difficile à exercer et que financièrement, il rapporte peu. Et un petit regret aussi : qu’il ne soit pas plus facile de changer de domaine (en France, les recruteurs aiment bien les étiquettes, cela rassure, mais c’est un peu dommage, car parfois j’aurais aimé un peu plus de variété dans mes sujets d’articles). Par rapport à ma carrière, je pense qu’étant donné notre grande mobilité géographique, je n’aurais pas vraiment pu faire différemment. En revanche, j’aurais dû davantage négocier mes salaires. J’ai remarqué que nous, les femmes, nous n’osons pas suffisamment affirmer nos prétentions salariales et négocier. Plusieurs fois, j’ai appris après coup que j’aurais pu demander plus. En revanche, une fois que c’est signé, très difficile, voire impossible de rattraper le retard !

Enfin, je pense qu’avoir choisi d’être freelance, m’a permis un plutôt bon équilibre entre le perso, le familial et le pro, même si je réalise qu’étant celle qui était le plus à la maison, je suis aussi celle qui la charge domestique et familiale la plus importante. Cela a ses avantages et ses inconvénients !

As-tu des « conseils » à donner à des jeunes femmes ?
Ne pas s’arrêter de travailler pour des raisons financières de garde d’enfant. Pendant quelques années, j’ai payé quasiment autant ma nounou ou l’assistante maternelle que ce que me rapportait mon salaire mais j’ai toujours divisé les frais de garde en deux (entre mon mari et moi) et psychologiquement cela change tout. Cela justifie de continuer à travailler et cela évite les coupures longues qui sont souvent difficiles à rattraper. Et autre conseil, ce n’est pas parce que l’on travaille de la maison, qu’il ne faut pas prendre de temps en temps des baby-sitters pour assurer la sortie des écoles et le fameux tunnel 16h-20h.
Je sais que certains couples pratiquent le célibat géographique afin de ne pas pénaliser la carrière de l’un ou l’autre. Nous n’avons jamais fait ce choix et je ne le regrette pas. Je pense que si cela fonctionne pour certains couples, ce n’est pas une situation idéale. Personnellement, je trouve que l’on n’est pas trop de deux pour élever des enfants.

Et sinon, je conseille de raisonner par phases, par étapes. Il me semble intéressant d’alterner les phases où l’on est plus concentré sur la sphère perso et d’autres plus sur la sphère pro. Bien en discuter au sein du couple. Et ne pas oublier que les enfants grandissent et un jour, s’en vont !

Et pour finir, toujours s’octroyer du temps à soi et des temps en couple. Mon mari a toujours très bien compris ce besoin que j’avais de me prendre des petits moments ou week-ends rien que pour moi et m’a toujours encouragé à les prendre. Je l’en remercie ! Je suis effectivement convaincue que pour être une mère suffisamment bonne, il ne faut pas oublier la femme qui est en nous. Et honnêtement, je n’ai jamais culpabilisé, je crois, de m’offrir ces pauses. Par ailleurs, s’offrir des moments à deux, sans enfants, permet de se retrouver et de se souvenir que le couple est le point de départ de la cellule familiale. Et en cas de turbulences avec nos ados, cela permet de reprendre son souffle et un peu de recul 😉

Et pour finir, as-tu des projets/des envies à court ou moyen terme ?
Comme je le disais plus haut, à court terme, peut-être retrouver un poste salarié.

Sinon à moyen terme, difficile à dire car mon mari a décidé de changer de voie professionnelle dans un an. Est-ce que cela passera par un nième déménagement ? Je n’en sais rien (même si je suis amoureuse du Var donc je compte bien œuvrer pour y rester :-). Et puis trouver un nouvel équilibre à deux, quand, dans deux ans, notre fils partira à son tour faire ses études supérieures.

Et dans un petit coin de ma tête, mon rêve d’être publiée chez Actes Sud est toujours présent, même si je ne fais rien pour dépasser la page 3 de mon roman. En attendant, je continue à être une grande lectrice… et à admirer les bons auteurs !

Vous pouvez retrouver l’ensemble des témoignages dans la rubrique Parcours au fil du temps.

One thought on “Parcours au fil du temps : Gaëlle

  1. C’est une belle immersion, pour nous lecteurs, dans la vie d’une working-mum. Souvent quand je lis ce type de témoignages, honnêtes, je réalise l’admiration que j’ai pour toutes ces mamans, ces parents. Je n’ai jamais connu ce tunnel de 16h/20h que tu évoques, et égoïstement, suis soulagé de ne pas le vivre. Arrivé exténué du boulot, mon corps et mon mental ne tiendraient pas le rythme. Bravo pour l’auto-itw réussie et bonne chance pour la suite, dans le Var ou ailleurs.

      

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