On en parle avec... Parents/Enfants

Etre parent : on en parle avec Adelles

C’est au tour d’Adelles, mère de 2 jumelles de 6 ans, en région parisienne, de témoigner autour de sa vision de l’éducation et de sa façon d’être parent. Vous pouvez également la retrouver sur son blog, Mademoiselle Adelles (un de mes favoris également). Un grand merci à elle !

Avez-vous l’impression de plutôt reproduire le modèle éducatif que vous avez reçu ou plutôt de vous positionner en réaction par rapport à celui-ci ?

Difficile de répondre à cette question sans y apporter un minimum de nuances. Sur pas mal d’aspects structurels, je reproduis ou plutôt je prolonge. Le décor, le profil des personnages principaux, l’ambiance générale ressemblent à ce que j’ai connu. Deux parents hétérosexuels, deux enfants, un cadre qui se revendique familial et des compromis permanents (dans leur acception la plus simple c’est-à-dire une méthode pour accorder joliment plusieurs vies).
En passant vite, on pourrait donc croire que j’effectue un médiocre copié-collé.
Entre les lignes, pourtant, je fais différemment et j’agis en réaction dans des domaines qui échappent à l’observation superficielle. Je fais confiance, follement. J’écoute, beaucoup. Et surtout, je tente de ne projeter aucun enfant idéal en lieu et place de celles qui m’ont été confiées. Je m’interdis la déception, oubliant celles qu’elles pourraient devenir pour profiter des êtres parfaits qu’elles sont déjà.

Avec votre conjoint, avez-vous l’impression d’être plutôt complémentaire ou différent par rapport à l’éducation de vos enfants ?

Nous sommes différents donc complémentaires. Nos réactions, nos émotions, nos comportements sont très souvent différents tout en étant reliés par un socle de valeurs communes. La famille, le respect, la discrétion, la pudeur et un certain courage aussi.
Si je suis généralement plus grave dans mon éducation, il est mon pendant dans la légèreté sans pour autant tomber dans l’irresponsabilité. J’anticipe, il improvise. Je console, il distrait. Je suis impliquée, il allège.
J’espère que le mélange de nos ingrédients éducatifs est une recette équilibrée, dans laquelle on prend soin de tous les petits et gros bobos du quotidien sans pour autant les dramatiser.

Comment qualifieriez-vous votre façon d’éduquer ?

Je rapprocherais ma façon d’éduquer d’une navigation à vue. Je m’accroche à quelques fondamentaux, directement inspirés des valeurs qui m’animent mais en dehors de ceux-là, je m’impose juste de laisser de la place à mes enfants pour me guider dans mon éducation.

Quel est votre degré d’implication par rapport à leur scolarité ?

Je découvre à peine la véritable scolarité, avec ce que le CP comporte de devoirs, d’apprentissages et de jalons pédagogiques essentiels. Pour le moment, faute de temps, je délègue 3 soirs par semaine aux professeurs gérant l’étude dirigée. Cela dit, même si je leur souhaite de s’épanouir, je ne considère pas la réussite scolaire comme la porte d’entrée unique d’une vie heureuse. Il y a, à mon sens, bien d’autres critères qui entrent en jeu dans l’épanouissement personnel. A terme, je voudrais surtout qu’elles retiennent que leur réussite scolaire n’est pas conditionnelle de mon amour.

Vers qui ou vers quoi vous tournez-vous pour discuter d’éducation et d’éventuelles difficultés que vous rencontrez ? (hormis votre conjoint)

Mes amitiés, qu’elles soient réelles ou virtuelles. J’ai dans mon entourage beaucoup de mamans de jeunes enfants. Ce sont elles qui servent généralement de curseur à ma maternité. Je les observe, je les sollicite, le cas échéant, je les imite.

Que trouvez-vous le plus difficile dans l’éducation ?

Un peu tout, je crois. Ma façon de naviguer sans GPS justement, aidée simplement du radar du bon sens. Devoir prendre des décisions pour autre que soi et devoir en assumer parfois les conséquences moins joyeuses. Accepter de se tromper, faire face à l’échec, rebondir.

Accepter de marquer de son sceau d’autres vies que la sienne. Embarquer une famille dans une aventure dont les origines sont la plupart du temps purement égoïstes, à savoir l’instinct de la perpétuation de son propre capital génétique.

Et à l’inverse, que vous trouvez-vous de plus gratifiant dans l’éducation ? Dans quels domaines, vous investissez-vous avec le plus de plaisir ? De quoi êtes-vous la plus fière ?

Au bout de la route de la parentalité, j’aimerais que mes enfants retiennent que j’ai été à leur écoute et au-delà de cet indispensable, que j’ai respecté leur parole comme un élément constitutif de leur personnalité, sans chercher à les faire devenir quelqu’un d’autre que celles qu’elles sont déjà.
C’est un travail de chaque jour qui au bout de 6 ans, n’a presque toujours rien de naturel. Parce que les premières années c’est si simple de décider pour tout, pour elles. Mais cette facilité-là, je ne l’aime pas.

Quel rôle jouent les grands-parents dans l’éducation de vos enfants ?

Au quotidien, aucun. Bien qu’au nombre de cinq, ils habitent trop loin pour pouvoir tenir un quelconque rôle. Je considère la fonction de grand-parent comme double. Elle devrait pouvoir apporter du soutien aux parents tout en proposant aux petits-enfants l’occasion d’une relation particulière, ni dans l’éducation ni dans le contrôle.

Pensez-vous que certaines choses pourraient être davantage développées ou créées en termes de soutien à la parentalité ?

Souvent, quand je réfléchis à ce qui m’a manqué durant les premières années, j’ai une unique réponse en tête : du relais. Mais en cette matière, il est difficile de laisser sa place de parents sans une confiance absolue. Alors, faute de relais, les absences des parents dans l’entreprise devraient pouvoir être tout à la fois, plus faciles, plus généralisées, et mieux tolérées.
Et au-delà des textes de lois, il reste tant de travail pour que les pères puissent décrocher leur téléphone au milieu des réunions, puis se lever en plantant tout le monde autour de la table parce que « je dois partir, ma fille est malade ».

Qu’avez-vous appris sur vous-même grâce à vos enfants ?

J’ai appris tant de choses de ma maternité qu’à mes heures moins joyeuses j’en arrive à croire que ce sera certainement une responsabilité bien lourde à porter pour mes filles.
Chaque jour de parentalité me fait m’éloigner de la jeune femme que j’étais lors de leur naissance et met un peu plus de distance avec les égarements de ma vie de l’époque. Avec elles, j’ai appris à m’affirmer, à douter, à perdre contrôle, à soigner, à guider, à essayer, à rester présente coûte que coûte.
J’ai rencontré la douleur et l’exubérance, j’ai expérimenté le doute et la crainte, j’ai combattu la peur pour inventer ce statut extraordinaire que celui d’être LEUR mère.

Votre devise / votre mantra en tant que parent ?

On fait ce qu’on peut avec les enfants qu’on a. Parce qu’au-delà des dictats divers et variés que nous impose notre situation de parents en 2017, il y a un impondérable contre lequel on ne pourra jamais rien : le caractère de la partie adverse 🙂

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