Autour du travail

La charge mentale, force ou faiblesse ?

Il y a trois ans j’avais rédigé un billet autour de cette notion de charge mentale, une notion diffuse, voire invisible, difficilement évaluable, mais néanmoins fondamentale pour tenter comprendre pourquoi la conciliation vie personnelle / vie professionnelle n’était pas qu’une question d’horaires et pourquoi l’articulation entre les deux était une préoccupation encore majoritairement féminine. Il semblerait que la sociologue Monique Haicault ait été l’une des premières à évoquer cette charge mentale en 1984 dans “ La gestion ordinaire de la vie en deux ”, Sociologie du travail, n° 4 (mais impossible de mettre la main sur cet article).

Grand observateur des rapports hommes/femmes, David Abiker avait également rédigé avec humour une chronique sur ce sujet « Les filles, c’est lundi, pensez à votre charge mentale !« , dans lequel il  faisait d’ailleurs gentiment un lien vers mon billet.

Or, je suis tombée récemment sur une phrase qui m’a interpellée dans un billet du blog  de Sylvaine Pascual qui a observé les hommes et les femmes à la machine à café : « les hommes parlent de ce qui les intéressent, les femmes de ce qui les préoccupent ». Bien sûr, c’est schématique, mais pas totalement faux ! Et cette observation (et ses conséquences) se rapproche, me semble-t-il, pas mal de cette notion…

Comment définir cette charge mentale ? C’est la partie cachée des tâches domestiques et familiales. Il ne s’agit pas tant de leur exécution, de leur réalisation mais plutôt de leur préparation, de leur organisation, de leur anticipation, de leur planification et de leur enchaînement. La charge mentale prend du temps et de l’énergie. Elle empêche a priori la personne qui la porte d’avoir l’esprit totalement libre, tranquille. Elle amène à jongler entre des temporalités et des espaces différents mais étroitement imbriqués.

Mais comment arrêter cette petite machine à penser ? Comment empêcher cette superposition, cet enchevêtrement de pensées  ? Celle qui fait que l’on est toujours tenté de penser à la fois à hier, à aujourd’hui et à demain ? Aux rendez-vous à prendre, aux activités à organiser, aux achats à faire, etc. ? A ce qu’il faut planifier, organiser  ? Comment se détacher de cette petite musique entêtante ?

Ou alors, au contraire, faut-il considérer que cette charge mentale est une façon de trouver son équilibre ? Ce mélange pro/ perso ne peut-il alors être vécu comme une manière de vivre la conciliation non pas comme un conflit mais comme une source de complémentarité, d’enrichissement, comme un continuum ? Ne permet-elle pas également d’utiliser les qualités et compétences acquises et développées dans une sphère au profit de l’autre ?

Qu’en pensez-vous ?

PS du 26 septembre 2016 : j’ai écrit sur LinkekIn un article largement inspiré de celui-ci (et de celui de 2009) et j’ai été interviewée  par une journaliste canadienne sur ce sujet (L’inégalité parentale persiste). A noter qu’une journaliste de La Croix vient également de traiter le sujet de façon très similaire 😉

5 thoughts on “La charge mentale, force ou faiblesse ?

  1. Pour moi, cette charge mentale est plutôt source de complémentarité, d’enrichissement qui me permet d’organiser, d’anticiper, les sphères pro et perso. Dès qu’une idée me vient que ce soit lié au pro ou au perso je me le note quelque part. Et dans mon cas je suis beaucoup plus dans l’anticipation, la plannification de nos soirées, WE que mon homme (ou se repose-t-il sur moi…?!)…

      

  2. Cette charge mentale je la vis au quotidien. Pendant que je fais quelque chose, je pense à autre chose en même temps. Ce que je peux dire, c’est que ça ne vient pas du fait d’être mère. Je suis comme ça depuis que je suis petite. Toute la journée, je m’inventais des histoires pendant que je faisais ce que j’avais à faire.
    C’est très utile au quotidien, ça permet de rentabiliser son temps même pendant des phases où on est forcé à l’inactivité (pendant les longues réunions notamment). Par contre, quand il faut que je me concentre sur une tâche précise, je m’isole, je me mets un casque sur les oreilles et j’écoute de la musique ou comme quand j’étais étudiante j’allume la télé pour bosser…

      

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