Lu pour vous

« Tu m’envoies un mail ? » d’Emmanuelle Friedmann

Bienvenue dans le monde de l’entreprise ! Tel est le sous titre du livre d’Emmanuelle Friedmann, Tu m’envoies un mail ? Cela aurait pu être  « Bienvenue en absurdie » tant l’univers qu’elle décrit évoque souvent celui de Kafka.

Avec ironie mais également avec un certain désespoir, Emmanuelle Friedmann nous raconte l’année qu’elle a passé au sein d’une grande entreprise au service communication. Journaliste précaire, ce poste en CDI était pour elle un rêve, synonyme de stabilité, de confort matériel, de normalité, etc. Pleine d’espoir et de bonnes intentions, elle pensait avoir été embauchée pour travailler. Mais elle déchante très rapidement….

Au fil de courts chapitres, tout y passe : les tics de langage de l’Entreprise, la mauvaise organisation, les décisions arbitraires, le poids des apparences, les réunions sans fin et sans objectif, le patron vissé à son portable pour ne surtout pas avoir à parler à ses employés,
les intrigues entre chefs, les collègues méfiants, les clans à la cafét’, la supérieure hystérique et à la limite du harcèlement moral, etc. En un mot, beaucoup d’incohérence, d’absurdité, de perte de temps et d’énergie… « Incroyable que les rapports humains prennent tant de place dans le travail. En théorie, on est là pour travailler ensemble. Mais non, ici, si ta tête ne revient pas, il faut qu’on te liquide, qu’on t’achève, aucun critère professionnel n’est pris en compte » constate-t-elle amérement.

Elle tiendra un an. Pas plus. Puis elle décidera de retrouver sa liberté… et sa précarité. Mais avec le sentiment de trouver un sens à ce qu’elle fait. Ce sens qui lui faisait tant défaut au sein de l’Entreprise.

Le trait est parfois un peu gros et le portrait résolument à charge mais tout le monde reconnaîtra des travers et des absurdités qu’il a malheureusement connus. Notamment le fait que la fonction et le titre ne sont pas toujours proportionnels aux compétences et aux qualités humaines….

Ce livre se lit facilement et agréablement. On sourit, on enrage avec elle, on compatit lorsque sa supérieure hiérarchique joue le chaud et le froid avec elle.

Bien sûr, elle n’est pas la première à dénoncer certains travers de la vie en entreprise (cf. relire notamment mon billet intitulé Le monde du travail et de l’entreprise à travers la littérature ou encore L’open space m’a tuer) mais, même si c’est un peu exagéré, cela sonne assez juste. 

La leçon que l’on peut en tirer est qu’Emmanuelle n’est vraiment pas faite pour ce système, elle ne rentre pas dans le moule. « J’ai compris que je ne pourrai plus me contraindre à vivre une vie qui n’était pas la mienne, qu’il faudrait que j’essaye une autre façon de faire. La vie que l’on me proposait ne me convenait pas, c’était à moi d’inventer la suite. Cette année passée dans l’Entreprise ara été difficile. Mais elle m’aura servi à me décider à faire ce que je voulais et que j’avais peur de faire. »

Mais si son caractère et sa personnalité ne sont pas adaptés à cette structure, certaines personnes s’y sentent visiblement comme des poissons dans l’eau et semblent l’apprécient. Conclusion : il est important que chacun trouve le cadre et les conditions de travail qui lui conviennent le mieux : salarié d’une grande entreprise, salarié d’une TPE, libéral, indépendant, etc.

 

8 thoughts on “« Tu m’envoies un mail ? » d’Emmanuelle Friedmann

  1. Tres interessant, comme toujours. Ca donne envie de lire le livre ainsi qu' »open space m’a tuer » que je n’ai toujours pas lu. Bravo en apparté!

      

  2. « J’ai compris que je ne pourrai plus me contraindre à vivre une vie qui n’était pas la
    mienne
    , qu’il faudrait que j’essaye une autre façon de faire. La vie que l’on me proposait ne me convenait pas, c’était à moi d’inventer la suite. »

    « Me décider à faire ce que je voulais et que j’avais peur de
    faire
    « 

    Voilà quelque chose que j’aurais pu écrire! Quelquefois j’aimerais être un de ces poissons qui se
    glisse si facilement dans le moule et y nage joyeusement. Mais j’ai tellement de mal à jouer un rôle et à me conformer à ce qui n’a pourtant aucun sens à mes yeux! J’ai une petite idée de ce qu’a
    vécu Emmanuelle, son histoire est sans doute transposable à d’autres secteurs et d’autres fonctions!

    Merci pour cette présentation très intéressante en tout cas!

      

  3. @ Sen : merci pour ton commentaire et bienvenue ici ! J’en profite pour te dire que je trouve ton blog très intéressant (j’ai vu que tu as un parcours
    professionnel dense et un peu compliqué) et j’espère que tu parviendras à trouver la voie qui te permettra de te sentir comme un poisson dans l’eau (enfin le plus possible

      

  4. Je connais Emmanuelle et la société dont elle parle, il s’agit du plus gros OPCA de France

    … Là où tous les responsables de services ont des Iphones…

    Je confirme ses propos

      

  5. J’ai également travaillé avec Emmanuelle
    Dans le livre je suis la pétasse
    Et je peux vous garantir que tout est romancé pour faire passer Emmanuelle pour la victime alors que dans les faits elle s’est révélée nulle.
    C’est le directeur général lui-même qui a négocié son départ à savoir : 2 belles formations et des sous.
    Elle ne parle ni de ces complots, ni de son incompétence, ni même de ses relations « rapprochées » avec la femme du directeur.
    Dans ce livre, elle « flingue » ceux qui ont vu sa vraie face.
    Autre chose : ce livre a été « co-rédigé » par une ex-déléguée du personnel et validé par le directeur général lui-même.
    A bon entendeur…

      

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