Autour du travail

Les femmes manquent-elles d’ambition professionnelle ?

Attention, hudge sujet (clin d’oeil à Marlène qui comprendra ) !

C’est un billet de Priscilla sur Modes d’emploi qui m’a donné envie de m’attaquer à ce vaste (et facilement polémique…) sujet. Elle cite Marike Stellinga, économiste et journaliste néerlandaise, qui a écrit un livre (non traduit en français pour le moment) intitulé « Le mythe du plafond de verre ». « D’après mon enquête, il semble qu’au moins 70% des femmes ne sont pas disposées à produire tous les efforts nécessaires pour atteindre le top » indique celle-ci.

J’avais déjà eu l’occasion d’évoquer ce sujet ici et mais il mérite un autre billet  !

Voici quelques réflexions personnelles tirées de mon (petite) expérience et de mes observations. Elles n’ont aucune vocation scientifique et je ne cherche nullement à généraliser ou à faire le tour de la question. Ce sont de simples constatations. On peut les regretter…mais on ne peut pas les occulter.

– Les femmes autour de moi qui travaillent ne manquent pas d’ambition, surtout si elles ont la chance d’aimer leur métier, mais la majorité d’entre elles partagent leurs ambitions entre la sphère personnelle et la sphère professionnelle. Qu’elles soient célibataires ou en couple, avec ou sans enfant, j’insiste sur ce point. Ceci signifie que leur énergie et leurs désirs ne sont pas concentrés exclusivement dans la sphère personnelle (ou associative…) ou dans la sphère professionnelle. Elles n’imaginent pas réussir l’une sans l’autre.

– Les femmes qui se lancent dans la création d’entreprise ont généralement de « petits projets » (cf. données sur l’entrepreneuriat féminin disponibles ici). Elles créent leur entreprise pour être indépendantes et espèrent en vivre (malheureusement, ce n’est pas le cas de toutes encore…). Bien sûr, si le succès est au rendez-vous, elles savent la développer. Avec talent et passion d’ailleurs, à l’image de Charlotte Gaillard et de son site berceaumagique qui emploie actuellement une douzaine de personnes.

– Les femmes ont davantage d’ambition professionnelle lorsqu’elles ont les moyens financiers de se décharger des tâches ménagères, de bénéficier d’une organisation béton concernant les enfants, qu’elles pouvent compter sur leur entourage proche ou sur un conjoint qui participe activement aux tâches familiales et la soutient dans sa carrière.

– Les femmes (en entreprise) auraient sans doute davantage d’ambition professionnelle si les codes culturels et sociaux de la réussite et du pouvoir étaient plus souples et moins prenants.   

– Les femmes ont un goût et une appétence pour la prise de pouvoir (et la prise de risque qu’y va avec) plutôt moindres que les hommes (c’est toujours une constatation…). Mais peut-être que si elles l’avaient, elles y prendraient goût…

– Les femmes ont tendance à avoir moins confiance en elles et voient beaucoup plus leurs limites, leurs carences, les obstacles qui se dressent devant elles davantage que leurs succès, leurs réussites et les obstacles déjà franchis.

– Elles osent moins. Elles veulent être sûres de tout maîtriser avant de prendre un nouveau poste, s’angoissent plus facilement à l’idée d’une promotion ou de se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle. En un mot, elles « psychotent » plus…

– Certaines femmes ne se sentent pas l’énergie ni la forme physique pour mener de front carrière professionnelle à haut niveau et vie familiale.

– Les modèles parentaux (notamment celui de la mère) sont également très importants dans les choix qu’elles effectuent, avec de mutliples positions : suivre le modèle parental, prendre le contre-pied, s’inspirer du modèle parental mais en le vivant différemment, etc.

Bien évidemment, après toutes ces remarques, je ne réponds pas vraiment à la question initiale mais je lance des pistes.

Que pensez-vous de tout cela ? Vos commentaires, expériences, ressentis sont attendus avec impatience !

Aller plus loin

L’ambition au féminin
■ Les femmes manquent-elles d’ambition ? 
■ Les CA sont-ils prêts pour le leadership féminin

Edit du 15 mai 2012 : j’ai découvert un article sur ce sujet (avec le même titre que moi !) dans l’Express. Le voici.

21 thoughts on “Les femmes manquent-elles d’ambition professionnelle ?

  1. Je suis aujourd’hui d’accord sur toute la ligne. Parce que j’ai des enfants, je me suis fixé d’autres priorités.
    Il y a quelques années pourtant, alors que je débutais dans la vie professionnelle et que j’étais réellement prête à déplacer des montagnes pour en arriver à ma vision d’alors de la réussite, je
    me souviens d’être restée coite devant mon PDG qui m’avait dit, avec un étonnement non feint « c’est bien, pour une femme, d’avoir de l’ambition ». J’ai le sentiment qu’il ya toujours quelque chose
    d’incongru lorsqu’une femme exprime sa volonté de s’investir professionnellement. Et c’est réellement épuisant de se battre contre les clichés au quotidien 😉

      

  2. Mon ambition du jour était d’achever toutes mes panières de linge à repasser. J’ai échoué, lamentablement…. Alors pour mes ambitions professionnelles ben tu reviendras, hein, si tu veux
    bien……..

      

  3. Merci pour la dédicace , je suis très flattée ! Plus sérieusement, je pense qu’il est finalement difficile de mesurer
    réellement l’ambition (ou la non-ambition) des femmes tant que nous ne sommes pas égales avec les hommes en termes de salaire déjà, et de partage des tâches. Si avec les mêmes moyens et accès, les
    femmes étaient effectivement en retrait, là, on pourrait sans doute vraiment poser le problème et chercher des réponses…

      

  4. Je suis égalemment d’accord avec cette liste et m’y reconnais assez. Comme Priscille je pense que nous avons encore beaucoup à faire pour que notre égalité soit respectée. Beaucoup d’entre-nous ont
    encore grandi sous le modèle de la mère au foyer dévouée à sa marmaille. Personnellement, je suis la première femme de ma famille à avoir fait des études universitaires.Je voudrais pouvoir assurer
    aussi bien que ma mère à la maison, en travaillant en plus. Comme tu le dis, l’ambition professionnelle doit être compatible avec tout le reste…Parfois, je regrette de ne pas être un homme…

      

  5. Ta liste me paraît assez juste. Je suis plutôt d’accord avce l’idée que le « plafond de verre » n’existe pas en réalité.
    Priscilla, il me semble que c’est le manque d' »ambition » qui entrâine souvent les différences de salaire (pas très importantes si on compare à travail et à horaire égal, ce qui est rarement le
    cas…)

    Perso je trouve que le modèle de la « superbattante » qui s’investit un max dans son travail est dominant aujourd’hui dans pas mal de milieux, (dans les médias, dans l’esprit de plus en plus
    d’hommes), les femmes au foyer et celles qui se contentent d’un boulot plus tranquille sont fort mal considérées.

      

  6. .. ainsi je trouve que l’image de la mère « dévouée à sa marmaille » est bien méprisante ?
    Si les femmes elles-même n’accordent guère de  valeur au temps passé avec les enfants (dans ce que je peux lire sur le sujet ce n’est jamais clairement distingué du fait de sortir la poubelle
    ), comment espérer que chacun se sente mieux dans son rôle ?

      

  7. Je ne sais pas ce que les femmes ont de plus ou de moins, et revanche ce que je peux ajouter à cet excellent article c’est que :
    – les modèles familiaux ont une influence très importante : n’oublions pas qu’il y a quarante ans les femmes n’avaient pas accès à l’emploi (ni à l’argent !) comme aujourd’hui. C’est ce que nos
    parents ou grand-parents ont vécu, et nous ont transmis.
    – constater aujourd’hui que les femmes sont cantonnées – ou se cantonnent – plutôt dans des emplois subalternes a probablement sa source dans cette réalité. En conséquence, que les hommes
    considèrent pouvoir continuer à s’investir à fond dans leur carrière alors que les femmes garderont toujours à l’esprit qu’elles ont une famille, est peut-être un simple héritage

    Heureusement la société change, par ses lois et ses structures d’abord, et ensuite par ses mentalités. Le temps ici ne se compte pas en années, mais en générations.

      

  8. merci pour la hudge dédicace 🙂
    je pense que les femmes manqueront d’ambition tant qu’on leur dira qu’il vaut mieux pour leur famille qu’elles restent à la maison et qu’il vaut mieux pour leur couple qu’elles ne gagnent pas plus
    que leur mari 🙂

      

  9. @ merci pour toutes ces réactions.

    Quelques remarques qui me viennent :

    – je ne nie pas du tout l’importance des représentations culturelles, des mentalités et du poids de l’histoire mais je ne pense pas non plus que toutes les réponses soient là. Sinon,
    comment expliquer que les femmes libres de travailler et dont les conjoints seraient ravis qu’elles gagnent plus qu’eux (j’en connais !) ne choisissent pas forcément de faire carrière ? Pour moi,
    il y a des causes exogènes mais également des raisons endogènes…Je ne suis pas sûre d’être très claire !
     
    – l’ambition professionnelle peut prendre des formes multiples. Ce qui me semble également  important, c’est d’avoir  l’ambition de bien faire son métier. Pour prendre un exemple
    dans le milieu hospitalier, que l’on soit bénévole blouse rose, aide-soignante, infirmière ou chirurgienne, j’estime que l’on peut être ambitieuse à tous ces niveaux, sans forcément chercher à
    atteindre des responsabilités plus importantes. Et j’avoue avoir autant d’admiration pour l’une que pour l’autre lorsqu’elle fait son travail avec passion et exigence.

    – je pense effectivement que les modèles parentaux sont très importants. Je vous renvoie à ce propos à l’ouvrage « Remettre le travail à sa juste place » dans lequel il y avait 9 récits
    de parcours personnels et professionnels et qui montre bien l’importance de tout cela.

    – et pour finir, toujours selon moi, choisir de s’occuper de ses enfants est également une très belle ambition, que l’on soit un homme ou une femme d’ailleurs…Moins visible socialement mais tout
    aussi louable.

    – bref, c’est un sujet complexe  dont je ne prétends aucunement avoir les bonnes réponses ou les bonnes
    interprétations.

      

  10. Bonjour,
    Je pense qu’il y a un « souffle » actuellement qui va donner du courage aux femmes qui font l’effort de faire confiance à leur potentiel et que c’est une grosse erreur de ne pas en profiter et de ne
    pas en faire profiter l’entreprise dans laquelle elle travaille.
    Il faut aussi qu’elles réalisent que l’on ne viendra pas les chercher.
    Je crois qu’il est temps de dire et répéter que le plafond de verre est virtuel 😉 et qu’il faut agir comme s’il n’y en avait pas. Je continue à crier qu’il faut sortir du dessous de ce plafond
    qui vous laisse dans l’ombre, (le repaire de la « nice girl ») et se faire connaitre (ses compétences, son expérience, sa gnac, son ambition) et tout va se réaliser comme par enchantement.
    Si je me permets d’avancer tout cela, c’est tout simplement basé sur mon expérience en tant que manager mais aussi comme coach.
    Je pourrai en dire beaucoup plus mais cela prendrait trop de temps

    petit cadeau = a visionner tous les matins
    http://www.youtube.com/watch?v=BI_HOPqcRFA
    que ma force soit avec vous
    Gérard

      

  11. Mais dis moi Gérard, si je me présente dans les mêmes style de poste que mon mari , dans le même domaine, à 3 mois d’intervalle, avec la même gnac, les mêmes diplômes, de l’ambition (puisqu’on
    change de boîte dans un domaine très compétitif) et plus d’expérience que lui, pourquoi à moi on me demande combien j’ai d’enfants et jamais à lui ?

      

  12. @babsgirl

    cette question, assez banale, ne fait que prendre en compte la réalité des faits : ce sont en général les femmes qui donnent la priorité aux enfants. Est ce réellement un problème ? Peut on
    raisonnablement envisager une indifférenciation totale des rôles ?

    As tu obtenu ce boulot en fin de compte ?

    J’ajoute qu’il me paraît difficile que les deux conjoints aient un travail très prenant et compétitif tout en élevant 3 enfants…

      

  13. @nathalie : la question est donc de savoir, pourquoi les femmes manquent-elles d’ambition ? Nous le savons toutes, d’instinct, nous avons tendance à privilégier les enfants plus que tout le reste
    (je généralise évidemment). Mais pourquoi ? Parce que nous n’avons pas le choix ! Le modèle de travail tel que nous le connaissons est selon moi « désuet » (rigidité des horaires de travail et
    d’ouverture des administrations, manque de crèches d’entreprises, faible développement du télétravail…). Mais en France nous craignons le moindre changement. Pour moi, la femme pourrait être à
    l’égal professionnel de l’homme, manque d’ambition ou non, si tout était fait pour faciliter la vie aux couples avec enfants qui travaillent, ce qui est loin d’être la cas aujourd’hui.

      

  14. @ Priscilla : je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi.
    Je pense qu’il existe des secteurs, des entreprises, des types d’activités, qui permettent aux femmes de mener à bien leurs ambitions professionnelles (par ambition professionnelle, je parle
    de la volonté d’atteindre des postes de haut niveau, de cadres dirigeantes). D’ailleurs, j’avais fait le portrait de quelques-unes de ces femmes sur ce blog…sans parler des 3 500 membres
    d’un réseau tel que l’EPWN !
    Ceci ne veut absolument pas dire que j’occulte les freins, les obstacles, certaines inégalités ou discriminations, l’existence pour certaines du plafond de verre… et qu’il ne faut pas faire
    évoluer certaines choses.
    Mais, toujours selon moi, ces éléments, réels dans certains cas, ne suffisent pas à tout expliquer.

      

  15. @prsicilla

    ce n’est pas qu’une question de « souplesse »; le type de boulot concerné par le fameux « plafond de verre » nécessite tout simplement une grande quantité de travail et une excellente disponibilité pas
    vraiment compatible avec la prise en charge de 2 ou 3 enfants. Des horaires plus souples (une journée n’aura toujours que 24 h) n’y changeront pas grand chose, à moins peut être de se débrouiller
    pour éviter de dormir
    Les crèches ont également bon dos : l’amplitude horaire actuelle est déjà très étendue, faudrait il revendiquer de pouvoir y laisser les enfants 24h sur 24 h ?
    D’autre part certains moments, auxquels on échappe difficilement sur la durée sont difficilement délégables : problèmes de santé, troubles psychologiques, difficultés scolaires… (ça va vite
    bouffer du temps, énormément de temps, et de façon pas vraiment planifiée…)

      

  16. @nathalie : et bien non, je ne l’ai pas eu ce job mais je n’étais plus très motivée après le deuxième entretien où mon futur boss a été jusqu’à me demander quel type de nounou j’allais trouver et
    avec quel contrat (pour les heures sup plafonnées). Et là, je me suis dit que les freins de sa part ne faisait que commencer. Je suis assez d’accord avec toi, on peut difficilemnt élever 3 enfants
    et avoir un boulot prenant sauf quand on en a les moyens (financiers bien sûr) et que nos weekend sont réservés aux enfants alors que toutes les occupations ménagères ont été déléguées à une tierce
    personne.Sinon il reste le congé parental pour papa, ce que nous avons fait aussi (mon mari est devenu l’idole de mes collèguEEEEEs, moins de son boss).Je suis souvent partie du travail à 18h, et
    j’ai souvent travaillé entre 21h et minuit non pas pour produire la même quantité de boulot que mes collègues masculins mais pour mener mon équipe et mes produits à bon port., Et alors ? Alors
    quand je partais à 18h on me demandait si j’avais pris ma demie journée ? Ambition ou image à faire évoluer. Aujourd’hui c’est mon mari qui a un travail très prenant et c’est moi qui me suis mise
    sur une voie de garage.

      

  17. @babsgirl

    « et que nos weekend sont réservés aux enfants »

    quand on a un boulot très prenant on ne part pas à 18h00 ET on bosse le soir chez soi ET aussi une bonne partie du week end. Et effectivement, rares sont les femmes à qui ce régime convient….

      

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