Interviews d'expert(e)s

Zoom sur une formation « Concilier vie privée /vie professionnelle »

Au gré de mes recherches sur Internet, j’ai découvert Terracom, un cabinet de conseil et de formation lyonnais, qui propose depuis la rentrée 2008 une formation « Concilier vie privée / vie professionnelle » de deux jours . J’ai voulu en savoir plus en interviewant Arielle Bagdassarian, 38 ans, deux enfants (8 et 12 ans) et directrice associée de Terracom, sur le pourquoi et le comment d’une telle formation.

Comment avez-vous eu l’idée de mettre en place une formation autour du thème conciliation vie privée / vie professionnelle ?
Arielle Bagdassarian : La formation sur le leadership féminin que j’ai suivie auprès de Chine Lanzmann pendant 3 mois a été le déclic. Je me suis rendue compte que plusieurs femmes étaient dans une situation de désarroi, en voulant concilier un super job et une vie de famille. A partir de là, j’ai construit cette formation basée sur la communication créatrice de valeurs (ce processus créé par Marshall Rosenberg permet d’établir des relations plus sereines, d’oser s’affirmer et de respecter les autres). Je l’ai ensuite testée sur ma famille tout l’été avant de la proposer en septembre 2008 !

Comment avez-vous défini son contenu ?
A.B. : J’ai souhaité allier des outils de communication autour de la gestion du stress et des émotions et des outils de planification. Comme les autres formations de Terracom, celle-ci est très axée sur le concret, l’action et les résultats. La théorie, c’est bien mais j’ai besoin d’applications derrière ! Une première partie de la formation est consacrée à la gestion du stress et des émotions (éviter d’être énervée et d’en faire pâtir ses enfants ou encore de penser au boulot lorsque l’on est chez soi ou l’inverse). L’objectif est de faire comprendre comment on fonctionne.
Deux choses font tilt en général chez les participantes : la découverte du rythme biologique ou comment dans un agenda mettre en relation son propre rythme biologique et sa façon de vivre (savoir si on est plutôt du matin ou du soir, comprendre que l’on a des périodes plutôt propices à la réflexion et d’autres plutôt pour effectuer des choses courantes, etc.). Et la 2ème chose est d’expliquer les différents profils face au stress  et les typologies de maladies. Pour schématiser, il existe trois types de personnes : le profil renfermé, qui gardera pour lui son stress et qui sera sujet aux maux de têtes ou de ventre, le profil extraverti qui évacue le stress
par la colère et sujet aux ulcères à l’estomac et le profil idéal, celui qui arrive à gérer le stress, sans pathologie.
La deuxième partie de la formation vise à donner des trucs et astuces pour mieux s’organiser et mieux planifier. Par exemple, pour gérer ses papiers, on peut se créer trois pochettes : « à payer », « à classer » et « invitations », que l’on traite une fois par semaine.
On évoque également la procrastination (le fait de repousser au lendemain ce que l’on peut faire le jour même), où la personne se met fatalement dans l’urgence, ce qui est source de stress. La formation apprend aussi à savoir dire non. Or les femmes ne sont pas très douées pour cela ! A travers de petits exercices, nous montrons que dire non ne veut pas dire que l’on n’aime pas mais que l’on ne peut pas dire oui à ce moment précis . Dire non, cela signifie aussi dire « oui » à autre chose. Sans oublier bien sûr l’importance des échanges rendus possibles grâce à l’ambiance conviviale qui se met en place lors de la formation.

Pourriez-vous nous indiquer quelques conseils de planification ?
A.B. : Un bon moyen est d’établir chaque semaine un plan de menus. On définit les plats que la famille aime et on prévoit à l’avance les menus, à partir de ce que l’on a dans son congélateur, des courses que l’on a fait le WE, du traiteur du coin, etc. Cela évite lorsque l’on rentre à 19h-19h30 de se poser la question, de sentir le stress monter et d’entendre vos enfants demander « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? ». Autre petit truc : préparer la table du petit déjeuner la veille au soir.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus chez les participantes ?
A.B. : Leur sentiment de ne pas arriver à tout bien concilier et le fait de ne pas avoir envie de faire des choix. La formation essaye de remettre en question deux croyances fortes chez les femmes : être parfaite et faire plaisir. Or, il faut savoir lâcher parfois. De plus, les femmes ont du mal à se faire plaisir. Par exemple, je constate qu’elles ont beaucoup de mal à demander à leur hiérarchie une telle formation. Elles pensent qu’il faut faire plaisir à tout le monde, avant de penser à elles. Mais si on n’est pas bien soi-même, on ne peut pas faire plaisir aux autres. En ces temps de crise, de difficultés et d’incertitudes dans la vie professionnelle, il est pourtant important d’être bien avec soi-même.

Quels retours avez-vous de la part des femmes qui ont suivi cette formation ?
A.B. : Les retours sont très positifs. Je pense par exemple à une femme qui pensait être plutôt bien organisée mais le fait de formaliser tout cela lors de cette formation et de partager son expérience lui ont permis d’apprendre d’autres choses, de prendre du recul et de désamorcer certains mauvais réflexes. Souvent ces deux jours servent d’électrochoc, de prise de conscience. Ces femmes savaient qu’elles avaient envie d’avancer, de faire autre chose, d’évoluer mais il leur manquait le déclic. Certaines ont souhaité aller plus loin en poursuivant avec des séances de coaching autour du leadership féminin ou du développement personnel.

Personnellement, êtes-vous satisfaite de votre conciliation vie privée / vie professionnelle ?
A.B. : Oui, tout à fait. J’ai compris que tout ne pouvait pas être parfait, même si c’est un entraînement de tous les jours ! Nous avons tous besoin d’une structure pour nous aider à mieux concilier vie privée et vie professionnelle et en même temps, elle peut être amenée à être modulée et modifiée selon le temps.

Côté pratique :
Cette formation dure deux jours (9h15-17h30). Elle peut tout à fait être financée dans le cadre de la formation continue ou du DIF. Les sessions (6 par an environ) se déroulent à Lyon ou peuvent être organisées partout en France pour le personnel d’une même entreprise. Le coût est de 250 euros HT. Renseignements au 09 62 24 39 49 ou 06 37 51 92 62.

 

5 thoughts on “Zoom sur une formation « Concilier vie privée /vie professionnelle »

  1. Ca a l’air vraiment intéressant, et j’aime bien l’approche globale pas trop « technique ». Car l’organisation, c’est souvent simplement une gestion humaine des priorités, du stress et des émotions (et tempéraments), c’est vrai.
    C’est la seule façon aussi de trouver SON organisation personnelle, car je ne crois pas aux recettes toutes faites (préparer la table du ptit dej la veille, par exemple 😉 qui est pour moi une idée artificielle).
    J’ai cru qu’il y avait une erreur sur le prix, car les formations pros sont généralement beaucoup plus élevées que ça…
    Bonne continuation à Terracom !

      

  2. Merci Oelita pour ton commentaire. Moi aussi, j’ai été très surprise par la « modestie » du tarif.
    Concernant le contenu, je crois effectivement que, s’il n’existe de recette miracle, certains réflexes ou habitudes permettent cependant de se simplifier la vie et de ne pas trop se « polluer » l’esprit avec les contraintes du quotidien. Quant à la gestion des émotions et du stress, mieux se décrypter et comprendre son fonctionnement est forcément positif. Après savoir, si dans la durée, on arrive à appliquer les « leçons » tirées d’une telle formation, cela est plus difficile 🙂
    Sinon, bravo pour la gestion de ta famille nombreuse (je suis allée voir ton blog) !

      

  3. 2 jours pour savoir comment concilier sa vie perso et sa vie prof ?!!! J’ai l’impression que c’est un apprentissage de tous les jours…
    Question subsidiaire : y a-t-il un volet « j’apprends à mon compagnon/mari à s’impliquer dans la vie domestique » ? 😉 Sous-entendu, ce genre de formation disparaitra le jour où l’égalité domestique sera vraiment atteint…

    (coucou Oelita 🙂

      

  4. Coucou Corinne ! Deux jours effectivement, cela peut paraître court. Mais je pense comme le dit AB qu’une telle formation peut servir de déclic, aider à prendre conscience de ce que l’on souhaite faire et mettre en place comme équilibre. Et puis ce qui me plait bien aussi, c’est le côté partage et échanges entre femmes !
    Sinon, très bonne idée le module destiné aux hommes !
    Fondamentalement, je pense que déjà le fait de vouloir suivre une telle formation indique que l’on est sur la bonne voie, càd, celle de chercher à concilier car on se dit que c’est possible mais que l’on a envie de le vivre encore mieux. Euh, je ne suis pas sûre d’être très claire 🙂 Cela doit être l’heure tardive

      

  5. @Gaëlle : bah, ya pas de bravo à avoir ! Tu ne sais pas comment je m’en sors 😉 . Se dépolluer l’esprit, oui, j’aime bien cette expression. On parle parfois de cette charge permanente qui occupe l’esprit des femmes, qui prennent beaucoup en charge de l’organisation familiale. La planification n’est pas forcément la réponse à tout, par contre. J’avoue que pour ma part, j’aime garder une part d’improvisation un peu ludique, comme sur le choix des menus !

    @Corinne : coucou 🙂 . Tiens, j’ai acheté récemment le livre « Ces femmes qui en font trop », que j’avais vu sur ton blog, mais je ne l’ai pas encore lu ! Tu m’y fais penser en parlant du partage des tâches avec les hommes… qui est en effet un souci fréquent dans les couples. Mais je ne pense pas que cette formation disparaisse pour autant avec un partage plus idéal ? Par exemple, la notion évoquée du « faire plaisir aux autres » (et du mal à dire non, qui va avec) me paraît un élément intéressant à creuser…

    Pour moi, concilier rime avec priorités. Comme le dit Arielle, il faut apprendre à faire des choix, c’est le plus difficile, en tout cas pour moi (apprendre à renoncer, finalement).

      

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