Lu pour vous

Si elles avaient le pouvoir…



Tel est le titre de l’essai* que vient de publier Isabelle Germain, journaliste, co-présidente de l’Association des femmes journalistes et animatrice du blog www.durosedanslegris.fr

Selon elle, « les femmes n’ont ni le pouvoir politique, ni le pouvoir économique, ni le pouvoir médiatique, ni le pouvoir intellectuel ou scientifique. En revanche, elles excellent dans le pouvoir domestique que les hommes leur laissent avec magnanimité ».

Isabelle Germain estime que si l’on veut atteindre une réelle parité, il faut changer les règles et mettre en place « un plan Marshall » pour l’égalité hommes/femmes qui agirait sur tous les fronts (éducatif, médiatique, législatif, etc.). La parité nécessite une évolution de l’éducation et de l’orientation professionnelle des filles, une politique de la petite enfance de grande envergure, une révision des critères des parcours professionnels, une réflexion de fond sur la place de la parentalité dans la société ou encore une évolution des mentalités qui pérennisent la présence des femmes dans leur foyer. Enfin, les femmes doivent lever les freins psychologiques qui bloquent leur ascension.
« L’enjeu, écrit-elle, n’est pas de transformer les femmes en hommes comme les autres en camouflant la maternité, mais d’organiser la vie citoyenne de manière à permettre aux hommes et aux femmes d’accéder aux mêmes droits et devoirs et de prendre part aux décisions qui les concernent ».

Isabelle Germain décortique ensuite dans différents chapitres la situation dans les domaines politique, économique, intellectuel et médiatique, en pointant à chaque fois la faible présence des femmes et les multiples obstacles qu’elles ont à franchir. En politique par exemple, elle constate que le « champ du politique est limité aux centres d’intérêts des hommes qui nous gouvernent » et parle de « démocratie incomplète ». En économie, de progrès énormes restent à faire alors même que différentes études prouvent que la parité rime avec rentabilité. Le problème ne provient pas d’un manque de compétences des femmes mais d’un problème de visibilité. Elle préconise de nouvelles pratiques du management. « Dévouement et présentéime étaient les premiers critères de réussite. Aujourd’hui les critères doivent se rencentrer sur la compétence et non sur la présence ».

Personnellement, j’ai trouvé ce livre militant très intéressant, notamment sur la nécessité d’un élargissement  du champ du politique sur des questions de société, de santé et d’éducation.
Comme elle, je suis convaincue que le champ des possibles s’élargit quand des hommes et des femmes partagent le pouvoir. Sur un ou deux points, je suis plus réservée, notamment lorsqu’elle écrit, « les différences entre hommes et femmes sont le fruit de constructions sociales, pas de la nature ». D’autre part, j’aurais aimé que la partie sur l’éducation des enfants soit plus développée. Dernier point : Isabelle Germain écrit que « l’égalité est de l’ordre de l’incantation. Mais c’est un progrès. Il y a quelques années, c’était un non-sujet ». Peut-être plus optimiste (ou naïve !) qu’elle, j’aurais tendance à trouver que de réels progrès ont déjà été réalisés et que même si l’image donnée par les médias ou la réalité des sphères politiques ne sont pas toujours très encourageantes, elles ne réflètent pas la réalité de la société civile où j’ai l’impression que dans de nombreux domaines, les femmes ont quand même accédé aux pouvoirs et aux responsabilités.

En tout cas, espérons que son livre sera largement lu et analysé 🙂

Vous pouvez également lire l’interview d’Isabelle Germain sur le blog de Corinne, toutpourelles.fr.

* Si elles avaient le pouvoir, Isabelle Germain, Editions Larousse, collection A vrai dire, janvier 2009, 9,90 euros.

 

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