Etre parent… une aventure à la fois singulière et universelle. Aujourd’hui, on en parle avec Gaëlle, 39 ans, mariée, 2 enfants, 8 et 9 ans, Paris. Un grand merci à elle !
Avez-vous l’impression de plutôt reproduire le modèle éducatif que vous avez reçu ou au contraire, de plutôt vous positionner en réaction par rapport à celui-ci ?
Je ne reproduis pas du tout ce que j’ai connu ! J’ai reçu une éducation plutôt à l’ancienne de mes parents. J’ai l’impression d’aborder celle de mes enfants différemment. Je m’intéresse beaucoup à eux, à leur épanouissement, à leur personne. En revanche, je reproduis certains principes : je suis par exemple très à cheval sur certaines choses tels que le respect, la politesse..
Quelles valeurs /principes souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?
Le respect, notamment le respect des aînés, l’altruisme (je leur dis très souvent « intéressez vous aux autres »). Par rapport à l’argent aussi, j’essaye de ne pas adopter une posture trop matérialiste. Je leur dis aussi de ne pas suivre la meute, de s’affirmer, d’oser être soi tant qu’on ne porte pas atteinte au groupe.
Avec votre conjoint, avez-vous l’impression d’être plutôt complémentaire ou différent par rapport à l’éducation de vos enfants ?
Nous sommes en phase, sur la même longueur d’onde. Nous veillons à ne jamais nous contredire devant eux. Parfois mon mari va être plus rigoureux sur certaines choses que moi ou au contraire plus laxiste, mais on en parle. Sur d’autres choses, on va plutôt suivre ma façon de faire.
Comment qualifieriez-vous votre façon d’éduquer ?
Je ne suis pas une maman cool, je suis parfois sévère, mais pour moi c’est une bonne qualité, pas un défaut. J’ai aussi un petit côté réac, old school !
Je suis un peu un mix des deux familles de la série Fais pas si fais pas ça 🙂
Car je pense aussi être bienveillante, dans le dialogue.
Je n’aime pas trop les jeux de société ou leur lire des histoires, en revanche, j’aime m’intéresser à eux, passer du temps avec eux à parler.
Quel rapport entretenez-vous avec leur scolarité ? Quel est votre degré d’implication ? Quels sont vos souhaits par rapport à leur scolarité ?
Je dirai que je m’implique modérément. Mon fils, je le laisse autonome car il n’a pas beaucoup besoin de moi. Ma fille, je m’implique un peu plus. En tout cas, j’essaye de ne pas projeter mes propres désirs de réussite sur mes enfants.
En revanche, je suis vigilante sur la qualité de l’école.
Que trouvez-vous le plus difficile dans l’éducation ?
Ma plus grande angoisse : les voir faire un jour de mauvais choix ou les voir perdre pied. Mon plus grand souhait : maintenir le dialogue, être entendue tout au long de leur jeunesse.
Sinon, ce que je trouve difficile, c’est de trouver du temps pour eux, ou plus exactement de la disponibilité. Quand je rentre par exemple de mon travail, être à 100% avec eux, tout de suite, ce n’est pas évident.
La logistique des activités périscolaires…Je me force car je pense que c’est important pour eux, mais cela me pèse. J’y mets un point d’honneur, sans doute car enfant, cela m’a manqué de n’en avoir aucune.
Vers qui ou vers quoi vous tournez-vous pour discuter/réfléchir autour de l’éducation et d’éventuelles difficultés que vous rencontrez ? (hormis votre conjoint)
En dehors de mon mari, c’est avec ma sœur que j’en parle le plus. J’aime beaucoup son regard. Elle travaille dans une école maternelle. C’est ma confidente.
En revanche, je ne suis pas très portée vers les livres. Je n’aime pas trop les théories éducatives.
Je fais davantage confiance au bon sens, à mon intuition, au feeling. Cela m’agace les injonctions, les modes, les courants éducatifs.
Et à l’inverse, que vous trouvez-vous de plus gratifiant dans l’éducation ? Dans quels domaines, vous investissez-vous avec le plus de plaisir ? De quoi êtes-vous la plus fière ?
Quand ma parole porte, je trouve cela hyper gratifiant !
Je suis pour une parole libérée mais encadrée. Je crois qu’il ne faut s’interdire de parler d’aucun sujet avec nos enfants mais à condition de toujours expliquer, de recontextualiser que ce soit un sujet d’actualité ou une remarque (parfois blessante) reçue dans la cour de recréation.
Élever des petites personnes. Ma responsabilité, c’est de bien les élever. Je suis fière du regard qu’ils portent sur le monde. Je peux me dire « j’ai fait mon job » 😉
Qu’avez-vous appris sur vous-même grâce à vos enfants ?
Que j’avais moi-même plein de carences éducatives. J’ai l’impression que je me suis moi-même éduquée en éduquant mes enfants.
La patience ? Non, toujours pas !
Je me rends compte que je suis très dans la parole, très « psychologisante » comme dirait mon fils 🙂
J’aime raconter, parler. J’aime bien cette partie là du travail de parent !
En revanche, je n’aime pas jouer. Ni la logistique, qui me soûle. Je râle beaucoup aussi ! 😉
Quel rôle jouent les grands-parents dans l’éducation de vos enfants ?
Ils sont présents et ont de vrais liens avec leurs petits-enfants. En revanche, ils n’interviennent pas dans leur éducation à proprement dite.
Quelles initiatives (ou dispositifs) vous sembleraient utiles de créer ou de développer en terme de soutien à la parentalité ?
Il y a des progrès à faire pour la petites enfance, notamment en terme de structures d’accueil. Mais sinon, je trouve que nous ne sommes pas trop mal lotis en France.
Votre devise / votre mantra en tant que parent ?
C’est parce que je vous aime, que je suis sévère. (je considère qu’être sévère c’est aussi ça mon job).
Et me souvenir du plus beau compliment que m’ait fait mon fils : « tu es la meilleure des mamans ».