Nouveau portrait de femme avec Juliette à la fois infographiste, blogueuse, auteur de BD et e-commerçante. Un grand merci à elle pour ces échanges et ce partage !
« A 8 ans, je voulais être styliste mais le milieu me faisait un peu peur. En tout cas, je voulais dessiner et en faire mon métier. Puis j’ai découvert l’infographie et à partir de 14 ans, je me suis dit que cela était fait pour moi. Il m’a alors fallu convaincre mes parents que c’était une formation utile et qu’il y avait des débouchés. Mais j’ai l’impression que ces discussions sur l’orientation sont intemporelles ! Tous les parents s’inquiètent de ce que vont faire leurs enfants plus tard, surtout quand ils sont tentés par un métier à dominante artistique, non ?
J’ai grandi dans le Sud. Je suis restée dans ma région pour faire une fac de lettres et d’arts plastiques, en suivant une formation axée sur l’infographie. Ensuite, je suis entrée dans la vie active grâce à un premier poste de quelques mois en Angleterre à Londres, où j’ai été recrutée par un ancien élève. Puis je suis revenue en France et repartie à Londres suite à une nouvelle opportunité. Là-bas, vous avez une réponse en une heure à une candidature ! C’est beaucoup plus fluide. J’y suis restée 6 mois. Puis mon ami a trouvé du travail à Paris. Je n’avais pas forcément très envie d’aller y vivre mais j’étais bien consciente que c’était dans les capitales qu’il y avait du travail. Pendant des années, j’ai travaillé en entreprise. J’étais recrutée pour des projets précis, qui peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois. J’ai pu choisir mes projets et les équipes avec qui j’allais travailler. J’aime bien cette façon de travailler car étant mobile, on a surtout le bon côté des choses, l’effervescence, la nouveauté, ce qui laisse peu de temps aux lourdes querelles de bureaux, à la routine de s’installer, aux côtés politiques. Quand le groupe se dilue, il y a toujours une certaine émotion. Des amitiés assez fortes se sont nouées. C’est un métier passion dans lequel on ne compte pas ses heures et l’implication dans les projets est très forte.
Jusqu’à la trentaine (NDRL : Juliette a aujourd’hui 33 ans), j’ai toujours enchaîné les projets. Puis la question de fonder une famille est arrivée. J’ai alors un peu plus espacé les contrats.
Depuis que nous avons notre fils, l’organisation quotidienne a forcément changé. Nous n’avons pas de famille à proximité et nous avons fait le choix d’une garde parentale alternée jusqu’à ce qu’il rentre à l’école. Maintenant qu’il a 6 ans et est donc scolarisé, c’est plus facile.
Parallèlement, j’ai lancé mon blog, Jeveux1bebe, en 2009. C’est mon ami qui m’a fait découvrir ceux de Margaux Motin et de Pénélope Bagieu. Cela a été le déclencheur. C’était au moment où l’envie d’avoir un enfant a commencé à germer en moi, puis est venue celui de l’attente, puis des questionnements, des doutes, des difficultés de conception, la médicalisation… J’allais beaucoup sur Internet, on trouve toutes les problématiques liées à la conception. J’ai ainsi appris qu’une femme sur quatre était touchée par une fausse couche. J’ai également découvert le deuil périnatal. J’ai alors eu envie de parler de tous ces sujets, de me décharger de ces questions mais avec humour, légèreté et bienveillance. Pour moi, le blog était le bon format. Je pense que l’on peut rire de choses compliquées et douloureuses. Je pensais tenir deux ans et résultat, il existe toujours ! J’ai également traité des joies de la grossesse, de l’accouchement ou de l’allaitement. Le blog a changé beaucoup de choses.
J’ai tout d’abord publié un premier tome en auto-édition sur le blog, puis en janvier 2015, grâce au travail des Éditions Hugo-Desinge, Je veux un bébé tout de suite est sorti en librairie. La suite, sous-titrée Je veux un bébé tout de suite 2-L’échelle de Richter, sort mi-mai 2015, toujours chez le même éditeur. Le 1er album contenait moitié blog/moitié inédit, le nouvel album est composé à 97 % d’inédits. J’évoque les bouleversements et les galères une fois que le bébé est arrivé 🙂
Mon blog est un blog de contenu. Très vite, j’ai pris un nom de domaine pour ne pas avoir de publicité imposée par un hébergeur. J’ai eu différentes propositions commerciales, j’en ai accepté deux ou trois. C’est toujours agréable. Je ne suis pas du tout opposé aux blogueuses qui acceptent de la publicité ou des partenariats sur leur blog. Il faut savoir que tenir un blog prend du temps, entre 10 à 15 heures par semaine en général.
Ce blog m’a également permis de nouer des contacts fructueux avec la blogosphère parentale. Je me suis rapprochée de Papa Cube et nous avons lancé avec d’autres blogueurs 9 blogueurs, 9 mois. L’idée était de publier le même jour des billets, soit sous forme de textes, soit des dessins autour d’un thème commun. Cela devait être un projet éphémère…en fait, cela a duré deux ans ! Ce fut une belle aventure ! En revanche, j’ai assez peu de contacts avec les blogs BD, sans doute par timidité. Par exemple, je ne suis pas encore allée à un Festiblog. Mais cela viendra peut-être un jour !
Actuellement, mon rythme pro/perso me convient plutôt, mais j’y pense très régulièrement. Je suis ainsi consciente qu’il faut faire attention à ne pas trop sortir des entreprises car après c’est dur d’y revenir. Entre deux périodes de salariat, je prends plaisir à faire d’autres choses, à tester de nouveaux projets. J’aime retrouver l’émerveillement du débutant. C’est ainsi que j’ai lancé un shortstore, Josette la chouette, qui propose des tee-shirts en coton bio illustrés pour enfants de 3 à 11 ans. J’ai travaillé avec une agence pour créer le site internet, avec un fournisseur et moi, je m’occupe des illustrations. Je découvre le e-commerce, un milieu très éloigné du mien ! La vente et la mise en avant de façon plus générale ne sont pas des choses évidentes pour moi. Peut-être, prendrai-je quelqu’un pour développer cet aspect là.
Par ailleurs, je me rends compte que j’aime bien avoir des collègues avec qui on peut échanger des techniques. L’enrichissement sur le métier est beaucoup plus fort que si on reste toute seule. C’est plus formateur de travailler à plusieurs, c’est plus lent à la maison, en solitaire.
J’aime aller en entreprise et à Paris. Mais je ne vois alors mon fils que 3/4 d’heure le matin et 30 mns le soir. Quand je suis à la maison, je le remplis de plein de projets. La contrepartie : je suis isolée. En fait, c’est assez schizophrénique comme rythme. Je réfléchis à m’installer comme freelance mais j’aime bien l’énergie en équipe. Je ne sais pas encore ce qui me convient le mieux.
La vie est plus douce quand l’un de nous deux est à la maison, sinon, nous sommes un peu en mode robot. D’un autre côté, au bout de 4 mois de télétravail, on a envie de changer, de voir autre chose. Alors on essaye, on improvise. Je suis bien consciente que c’est une chance aussi d’avoir cette marge de manœuvre, de pouvoir changer régulièrement de rythme.
Au final, je me rends compte qu’il n’y a pas d’équilibre à vie, mais un déséquilibre permanent ! »
Et voici en exclusivité deux planches de sa future BD qui sortira mi-mai 2015 !
J’ai lu avec ma compagne tout ce blog et je compte acheter prochainement les bandes dessinées. C’est une jolie histoire, pleine de rebondissements. J’ai ri, j’ai eu la gorge nouée et j’ai espéré. Un grand merci à Juliette d’avoir partagé sa vie ainsi.
Jérémy
Le 1er tome est sincère, tendre, drôle, vrai…comme son auteure. J’ai hâte de lire le 2nd.
Spidermaman
C’est une belle découverte !
Plume à Plume
Ils s’appellent les slasheurs, et ils veulent tout faire 🙂
stage de 3ème