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I comme Indulgence

lettrineIMarie a choisi la lettre I comme Indulgence pour enrichir le dictionnaire de la conciliation vie perso / vie pro. Vous pouvez la retrouver sur son blog, Marie Grain de sel. Merci à elle pour ce joli mot !

L’indulgence.

La conciliation vie privée/vie pro n’est pas un vague idéal romantique : c’est une manière de voir sa propre vie dans sa globalité, avec tout ce que l’envie de la réussir peut avoir d’exigeant. C’est dire « je peux tout faire, je vais tout faire. Et même : je vais le faire bien, et y arriver ! ».

C’est ambitieux, et sur le terrain, c’est beaucoup d’efforts. En permanence.

Si bien que d’exigence à sévérité, il n’y qu’un pas, et nous avons vite-fait de glisser.

L’indulgence est un baume protecteur, un garde-fou nous permettant de garder un œil sur l’objectif de la conciliation sans tomber dans les pièges que l’ambition nous tend : l’envie de faire toujours mieux, toujours davantage. Mais aussi l’envie d’être parfaits, d’où découle du découragement davantage que de la satisfaction. Nous menant imperceptiblement au surmenage, au désespoir, et, pourquoi pas, au sentiment d’échec. À la frustration… Cette impression que nous n’y arrivons nulle part : ni là bas, ni ici.

Parce que lorsque nous sommes là bas nous pensons à tout ce que nous enlevons à ici, et vice-versa.

L’indulgence remet la satisfaction au cœur de la conciliation

La conciliation tend la perche à l’insatisfaction.

Elle est le temple du « jamais assez là ». Ce costume trop grand ou trop petit, jamais à la bonne taille, jamais approprié. Comme être en pyjama au bureau ou en costume/cravate à un barbecue du dimanche : dans la conciliation, nous avons vite fait de porter ce sentiment d’inadéquation chronique.

Quand je suis avec ma famille et mes amis, j’enlève du temps qui m’aurait été précieux pour avancer dans mon travail. Lorsque je travaille, je vole à ma famille et à moi-même des moments uniques et essentiels.

L’indulgence, c’est arrêter la machine pour observer les choses avec honnêteté.

Voir nos erreurs et les accepter : parce que nous sommes humains. Et parce que ces erreurs ne sont autres que l’expression maladroite de notre envie de bien faire et de tout réussir parfaitement. Elles nous rappellent, au passage, que « parfait » n’existe pas. Mais que nous avançons et qu’au fond, en général : nous nous en sortons même très bien.

L’indulgence nous dit de nous accorder 5 minutes, régulièrement, pour nous asseoir dans un coin et prendre le temps d’aimer ce que nous sommes et d’apprécier tout le positif que nous investissons dans notre quête de la conciliation : l’espoir, la rigueur, les efforts, l’action, l’énergie. Et avant tout : l’amour.

L’indulgence nous autorise à nous offrir des pauses. Pour souffler, pour reprendre nos forces. Pour voir les efforts accomplis et nous reposer de ça. Elle nous dit « tu ne peux pas tout faire, tout le temps, et c’est normal. Regarde plutôt ce que tu fais de bien ! ».

L’indulgence nous murmure, avec douceur, d’accorder de l’importance à la satisfaction, aussi. Au lieu de nous concentrer en permanence sur qui pourrait être mieux, davantage, et plus.

C’est l’amour qui est à l’origine de l’envie de conciliation et l’indulgence nous intime l’ordre de remettre celui-ci au cœur de notre vision des choses.

L’indulgence, c’est changer de champs lexical

Avec l’indulgence, le « combat »  éreintant de la conciliation peut donc prendre les couleurs du « défi » excitant.

C’est avec l’indulgence, entre autres, que nous rappelons à notre bon souvenir qu’au départ, la conciliation était question d’ambition, plutôt que de l’amertume bileuse d’une lutte sans fin.

L’indulgence remplace les « sacrifices » par les « choix ».  La « sévérité » par « l’exigence ».

Nous pouvons être exigeants envers nous-même : vouloir faire bien, nous dépasser, nous réaliser sur tous les plans. Le désir de conciliation est un témoin parmi d’autres de notre aspiration à réussir notre vie dans sa globalité. En tant qu’être entier et multiple.

L’indulgence nous rappelle qu’être ambitieux n’est pas être dur avec soi-même : mais s’aimer suffisamment pour croire que la réussite, sur tous les plans, est à notre portée.

L’indulgence détourne notre regard de ce qui n’est « pas assez » pour l’orienter vers « tout ce dont nous pouvons nous féliciter ».

Elle détourne notre attention de « tout ce que mon voisin fait mieux que moi » pour la faire s’attarder sur nous-même : nous autorisant ainsi à apprécier ce que nous réussissons. Et à le savourer.

En douceur, passons le baume de l’indulgence là où les efforts de la conciliation laissent des irritations, des bleus, et beaucoup de questions.

L’indulgence donne leur place aux craquelures et aux aspérités. Parce qu’elle font ce que nous sommes et même : elles font que nous sommes intéressants.

Dans le casting d’une conciliation réussie, l’indulgence tient un rôle déterminant.

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