Scientifique de formation et chroniqueuse au journal Le Monde (« Ma vie en boîte« ), Annie Kahn vient de publier un (court) essai intitulé « Les râleurs sont les meilleurs » (et autres vérités scientifiquement prouvées sur l’entreprise) chez J.C.Lattès, autour de la vie au travail. Elle se penche sur le monde de l’entreprise, sur les bons et mauvais comportements à l’oeuvre et en tire les leçons.
Annie Kahn essaye de voir les choses de façon positive et refuse que la souffrance soit la règle dans les entreprises. Pour cela, elle préconise un certain nombre de bonnes pratiques (venant d’un peu partout dans le monde) pour mieux vivre au travail, que l’on soit salarié ou dirigeant. Des solutions peu coûteuses, mais qui, estime-t-elle, permettent d’améliorer la vie au travail et d’atteindre une meilleure performance économique.
Son titre (volontairement accrocheur…et c’est plutôt réussi !) lui a été inspiré par une étude récente menée aux Etats-Unis auprès de 207 sociétés qui indiquait que les meilleurs râlent parce qu’ils voient comment ils pourraient améliorer la situation, la qualité du travail, le rendement de l’entreprise. Mais l’étude précise que leurs suggestions n’étant pas suffisamment prises en compte, ils quittaient souvent leur entreprise. Annie Kahn parle ici du (bon) râleur qui permet de faire avancer les choses, pas du râleur professionnel et plombant (que l’on a tous connu un jour ou l’autre).
A travers de courts chapitres, illustrés par des études scientifiques* de grandes universités (notamment américaines), elle dénonce certains comportements, préjugés, idées reçues, habitudes, réflexes. Par exemple : le présentéisme, le clonage, le manque de femmes dans les instances de pouvoir. En revanche, oui à surfer sur Internet pendant les heures de travail, oui, aux déjeuners entre collègues, oui au cloisonnement entre travail et maison ou vacances, oui à une vie professionnelle équilibrée, oui au réseautage (dans l’optique don/contre-don), oui à la bienveillance, oui à la bonne humeur et au rire comme arme de management, oui aux pauses et au vagabondage qui favorisent la créativité.
Pour que les choses se passent mieux en entreprise, Annie Kahn recommande de donner du temps au temps, d’oser la diversité (hommes/femmes, générations, etc.), d’écouter ceux qui vous entourent et de décoder leurs comportements.
En conclusion, un livre facile à lire, sans jargon, vivant. Peut-être l’aurait-il été encore plus s’il y avait eu quelques échanges avec des DRH, managers ou dirigeants qui auraient apporté leur point de vue par rapport à ses propositions, leur ressenti par rapport à leur vécu et à leurs contraintes.
* pour certaines recherches, j’aurais quand même aimé savoir comment elles avaient été menées, avec quel échantillon, par qui, etc ?