Dictionnaire

S comme Souffrance

Notre dictionnaire s’enrichit d’un nouveau mot grâce à Mamanwhatelse (qui avait également rédigé C comme Culpabilité). Merci à elle !

S comme Souffrance

Je me croyais plus forte que ça.
Je ne pensais pas qu’un jour, je puisse être au bord de la dépression.
Car si auparavant je ne voulais pas utiliser ce mot, c’était bien de cela qu’il s’agissait pourtant.

Comment je ne suis retrouvée dans cette situation ? Très simplement, tout doucement…
Ne plus se sentir désirée dans son service à son retour de congé maternité, se recaser le plus vite possible ailleurs, prendre le 1er job dans mes cordes mais qui ne me faisait pas vibrer, un boulot dans lequel je me suis vite ennuyée, des collègues absents… et me voilà au bord du gouffre.

Je me souviens encore de ces matins, coincée dans les bouchons, à pleurer toutes les larmes de mon corps à l’idée d’aller encore passer une journée là-bas, plutôt que de rester avec mes enfants.
Je me souviens de cette boule permanente au fond de ma gorge qui me faisait si mal.
Je me souviens de ces journées où la moindre remarque, la moindre difficulté rencontrée me faisait monter les larmes aux yeux.
Je me souviens de ces instants volés, où cachée aux toilettes, je laissais libre court à mon désespoir.
Je me souviens de ces soirées, au volant de ma voiture, en route pour chercher mes enfants, à sangloter de soulagement car la journée était finie.
Je me souviens de toutes ces larmes en silence, seule.

Mon mal être m’appartenait, tout était de ma faute, je ne pouvais pas et ne devais pas imposer ça aux miens. Personne ne devait savoir.
Devant mes enfants, mon mari, ma famille, j’affichais un sourire de complaisance.
Oui j’étais la mère parfaite qui assurait aussi bien au boulot qu’à la maison.
Je ne devais ma souffrance qu’à moi-même, je ne savais pas être heureuse et me contenter de ce que j’avais : car après tout, de quoi je me plaignais ?? Un mari formidable, 2 petits garçons adorables, un boulot grassement payé… franchement il y a des situations plus difficiles que ça dans la vie.

Et puis tout s’est fissuré.
Il a fallu d’un mot, un seul mot pour que je prenne conscience de la situation.
Dépression.
Prononcé simplement, par une de mes proches, qui avait vécu la même chose. Sans lui raconter mon calvaire quotidien, elle avait compris en quelques phrases, que je n’allais pas bien.

J’aurai pu continuer comme ça, me bourrer de médocs, vivre dans une bulle, mais je n’en ai pas voulu.
Je vivais dans une souffrance permanente et je ne voulais qu’une chose que tout s’arrête.
Adieu ma prison dorée, ma cage professionnelle, mon petit confort, si je voulais aller mieux, je devais prendre soin de moi, changer d’horizon et d’environnement.
Presque une année s’est écoulée entre la prise de conscience de mon état et mon départ de l’entreprise, mais le simple fait d’avoir énoncé tout haut l’envie de partir et j’allais déjà mieux. Comme si le trente huit tonnes que je portais depuis des semaines sur les épaules s’était envolé du jour au lendemain.
Aujourd’hui, je m’en suis sortie, entourée de ma famille, soutenue par mon mari, confortée dans mes choix.

Je ne souhaite à personne d’en passer par là.
Mais si jamais un jour mon récit résonne dans vos têtes : parlez, agissez, partagez votre mal être.
Seule on arrive à rien.

 

One thought on “S comme Souffrance

  1. Merci pour votre message et votre authenticité dans le partage de votre expérience. Parce que proposablement vous allez ainsi aider de nombreuses personnes.
    Parce que se trouver seul ou avoir le sentiment d’être seul face à une problématique rajoute au mal être.
    Parce que cela demande parfois énormément de courage de dire STOP ! Et de prende la decision et agir pour sortir d’une situation douloureuse.
    Parce que votre message est un message d’espoir pour ceux qui ne savent plus… Et pour qui un déclic de prise de conscience que cela peut être autrement sera la porte d’entrée vers une nouvelle vie .
    Parce que …

    Juste MERCI !

      

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