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Quand faut-il lâcher prise ?

Il lit fréquemment que l’une des façons de réussir à concilier vie professionnelle et vie personnelle est de savoir lâcher prise.

On nous conseille de « savoir déléguer », de « lâcher prise » à la fois chez soi (sur le ménage, l’organisation, les activités extra-scolaires des enfants, les repas, etc.) mais aussi au travail (savoir dire « non », ne pas chercher à être trop perfectionniste, ne pas laisser son travail
envahir sa vie privée, etc.).

Je suis partiellement d’accord avec cette assertion.

En effet, vouloir tout faire, tout bien faire, est illusoire et ne peut conduire qu’à l’épuisement, l’insatisfaction ou la culpabilisation.

Bien sûr qu’il faut savoir se décharger de certaines choses, ne pas vouloir tout gérer, lâcher du lest sur certains points, ne pas toujours vouloir tout mener de front tambour battant…

Bien sûr, qu’il faut savoir (re)connaître ses limites, ne pas se croire tout-puissant, ne pas s’obstiner de façon stérile et éprouvante.

Bien sûr, que lâcher prise peut être une façon de prendre du recul sur certaines de nos façons de faire qui ne fonctionnent pas, qui sont sources de stress pour trouver d’autres moyens de faire, éventuellement un peu plus tard.

Mais…il me semble qu’il y a un moment où cela ne devient plus forcément souhaitable. Le moment où la frontière entre le « lâcher prise » et le « laisser aller » devient tenue.

Car le lâcher prise peut se transformer en désengagement, en détachement, voire en résignation, que ce soit dans sa vie personnelle ou dans sa vie professionnelle. Et là les dommages (et plus tard les regrets) peuvent être réels. En effet, lâcher prise ne peut-il pas aussi signifier d’une certaine manière que l’on capitule – du moins partiellement, face aux exigences et aux responsabilités de la vie professionnelle et familiale, que l’on fait moins d’efforts, que l’on renonce à ses ambitions, à ses idéaux…

Mais comment connaître ses vraies limites ? Comment distinguer le lâcher prise qui est souhaitable/possible de celui qui constitue une forme d’abandon, de démission ? Et de quel côté lâcher prise ou, au contraire, s’accrocher : au boulot, à la maison, vis-à-vis des enfants ?

Alors quelle(s) solution(s) ? Quand lâcher prise ? Quand tenir bon ? Quand faut-il s’accrocher, continuer à faire des efforts même si la conciliation est difficile et tendue et quand faut-il apprendre à lâcher prise ? Comment distinguer l’effort souhaitable et l’exploit ridicule ? (pour reprendre les mots de MDA sur son émouvant blog « K, histoire de crabe », qu’elle a tenu durant les derniers mois de son combat contre le cancer, entre juin 2009 et mars 2010 – bien sûr lorsqu’elle pose cette question, cela renvoie à des problèmes autrement plus graves que ceux que je peux évoquer ici mais je trouve qu’ils peuvent s’appliquer également au quotidien et pas seulement à des moments extrêmement durs).

ll me semble que savoir répondre à la question « quand faut-il lâcher prise ? » est sans doute l’un des éléments les plus complexes et les plus difficiles à trouver dans cette conciliation quotidienne entre la vie professionnelle et la vie personnelle et familiale. Pas vous ? 

 

6 thoughts on “Quand faut-il lâcher prise ?

  1. Je suis entièrement d’accord. Pour moi, ce n’est pas le lâcher prise le plus important, mais plutôt apprendre aux enfants, aux collaborateurs, au conjoint à faire la part de travail qui leur
    revient. Au départ ça prend plus de temps d’apprendre à un enfant à faire une lessaive que la faire soi même mais au final on y gagne car le jour où la chemise voulue n’est pas propre, l’enfant
    sait mettre la lessive en route seul. Et tout marche comme ça : lâcher prise ce serait plus pour moi faire confiance aux autres pour que le travail soit bien fait et ne garder que ma part du
    travail.

      

  2. @ Plume vive : tu as raison : il est important de s’écouter pour connaître ses limites, savoir ce qui est bon pour soi et pour les autres…mais je pense
    qu’il faut aussi parfois se « forcer ». Car je ne suis pas sûre que l’effort, la ténacité soit naturellement spontané chez nous tous…(en tout cas pas forcément chez moi !).

    @Véronique : je suis tout à fait d’accord avec toi. Apprendre à faire faire aux autres ce que l’on est en train d’attendre d’eux. Ce qu’ils sont capables de
    faire. Mais si je prends comme toi un exemple chez les enfants, je trouve que cela n’est pas forcément toujours aussi simple. Ex : les devoirs scolaires. On peut estimer que son enfant doit se
    prendre en charge, apprendre à s’organiser, et donc lâcher prise en quelque sorte. Ou se rendre compte que le lâcher prise est prématuré, que l’enfant a besoin encore d’un tuteur, d’une présence
    et donc ne pas lâcher prise malgré le manque de temps, la fatigue…Dans la vie professionnelle aussi, je trouve que cela n’est pas forcément aussi clair. Lâcher prise, parfois,il me semble que
    cela peut être une façon de renoncer à l’exigence, à la difficulté. Même si je suis également conscience que cela peut aussi vouloir dire que c’est accepter que l’on n’est pas
    responsable de tout, que l’on ne peut pas réaliser tous ces dossiers en même temps et dans un laps de temps réduit. Bref, ce qui me pose question, c’est toujours cette question de
    frontière… 

      

  3. Bonjour Gaelle

    Article intéressant sauf que je me suis sentie mal à l’aise qd j’ai réalisé que l’auteur de l’article, MDA, était décédée depuis plus d’un an. 

    Il faudrait peut être l’écrire de façon plus explicite….

    Sinon j’applique depuis peu la régle du « c’est celui qui a fait qui a raison ». Ca coute un peu au début mais on s’habitue … 

      

  4. @ Marie : oui, tout à fait raison, mon lien vers le blog de MDA – que je lisais pendant son combat- peut mettre mal à l’aise, je vais changer la
    formulation. merci de me l’avoir signalé.

    Concernant la règle, bien se garder de critiquer celui qui fait, est tout à fait judicieuse -même si ce n’est pas fait comme on l’aurait fait soi-même, même
    si ce n’est pas très bien fait – . Sinon, rien de tel en effet, pour décourager la personne de continuer à faire ! Mais mes interrogations portaient également sur le fait de lâcher prise (ou
    pas) non seulement vis à vis des autres mais également (et peut-être surtout) vis-à-vis de soi-même….Sur quoi peut-on lâcher prise, dans sa vie pro ou perso, sans que cela ne s’apparente à
    une forme de résignation, de « démission »…Jusqu’où peut-on concilier sans que l’on soit amené à lâcher prise sur ses ambitions, ses valeurs, ses possibilités ? A quel moment le tenir
    bon dans une sphère risque-t-il d’entraîne un lâcher prise dans l’autre ? Et dans ce cas, peut-on lâcher un peu prise ? bref, bcp de questions !!!

      

  5. Pour la sphère pro, rien de tel qu’un bon licenciement brutal pour remettre le boulot à sa place ! 😉 

    Sinon moi je crois qu’à un moment il faut en effet savoir choisir ses combats. Ma jeune soeur (à qui je demandais de ranger ma chambre contre rétribution qd on était petites) a décidé à la
    naissance de son 2nd qu’elle vivrait dans le bin’s jusqu’à ce qu’elle puisse faire autrement. Ce n’était pas le principal ! A partir du moment où on prend des décisions réfléchies et formalisées
    dans la tête, c’est tout de suite plus clair ! 

    Donc maintenant, je fais une rapide analyse « bénéfices-risques/énergie » et ensuite je décide … 

      

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