Autour du travail

Le travail, un peu, beaucoup, à la folie….

Je viens d’apprendre grâce au blog de France 5 Emploi la diffusion mardi 30 novembre de deux documentaires réalisés par Hugues de Rosière autour du travail et de ses mutations. En voici la présentation :

« Ouvriers, employés, artisans, chômeurs, cadres, agriculteurs… ils sont tous concernés par les grandes évolutions du marché de l’emploi. Décliné en deux volets — Le Travail dans ma vie et Quel travail pour demain ? —, ce documentaire donne la parole à des Français de tous âges et d’horizons divers. Choisi ou subi, porteur d’épanouissement ou d’aliénation, le métier est vécu différemment selon sa propre histoire et ses attentes ».

Forcément intéressée et naturellement curieuse, j’ai eu envie d’en savoir plus sur ces documentaires en posant quelques questions à leur auteur-réalisateur, Hugues de Rosière, qui a très gentiment répondu à mes questions en moins de 24 heures…(encore merci à lui !)

Quelle est l’origine de ces deux documentaires ?

Ces deux documentaires étaient une commande de France 5. La demande tenait en quelques mots : « Nous voulons deux documentaires sur le ressenti des Français au travail ».

J’ai commencé par réfléchir aux orientations des deux documentaires :
– Le premier devait embrasser les grandes évolutions du monde du travail depuis l’après-guerre : disparition du monde agricole et du monde ouvrier, tertiarisation, révolution numérique…
Ces problématiques sont donc incarnées par des grandes figures du monde du travail : un exploitant agricole, un ouvrier, un enseignant, un fonctionnaire…
– Le deuxième documentaire aborde les nouvelles tendances (le travail de demain) : la « multi activités », le chômage des jeunes et des seniors, le travail à temps partiel, l’intensification du travail… mais aussi l’entreprenariat social et solidaire, le développement durable… Cette fois, ces aspects sont abordés par des personnages comme une jeune militante du collectif Génération Précaire, un senior au chômage, une étudiante d’HEC qui a choisi la chaire social business, un jeune qui cumule plusieurs emplois…
Chaque personnage est donc représentatif d’une problématique et témoigne de son propre ressenti au travail, des raisons pour lesquelles elle travaille.

 

Comment avez-vous procédé pour choisir les personnes qui témoignent ? Est-ce un sujet sur lesquelles les personnes ont envie de parler spontanément et avec franchise ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Trouver des personnes qui parlent de leur travail n’est pas si difficile tant que la personne s’épanouit et qu’elle est indépendante. Par contre dès lors qu’elle est employée ou en souffrance les choses se compliquent.  Peur de la hiérarchie, peur de s’avouer à soi-même que ce que l’on fait n’a pas de sens…
Parler de son travail n’est pas si simple, d’autant qu’en France le travail occupe une place très importante dans nos vies, plus qu’en Allemagne ou en Angleterre.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris/étonné lors des tournages concernant le rapport que ces personnes ont avec leur travail (et le travail ?)

Comme je ne voulais pas faire deux films anxiogènes sur la souffrance au travail, la principale difficulté a été de rester dans la nuance pour composer une palette de ressentis proche de ce que nous ressentons tous par rapport à notre travail. Je pense y être arrivé.

 

Avez-vous perçu des lignes de fracture importantes dans ce rapport au travail, selon l’âge, le sexe, le secteur d’activité, etc. ?

Les lignes de fracture existent réellement entre les trois générations qui devraient composer le monde du travail. Pour caricaturer, je dirai les jeunes (25/35 ans), les adultes (35/50 ans) et les seniors (55 ans et plus).
Actuellement le monde du travail est surtout représenté par la génération des adultes. C’est cette génération qui supporte tout le reste. Les jeunes et les seniors sont en quantité dramatiquement exclus du monde du travail.
L’autre fracture est ce que Chirac appelait la fracture sociale, ce fossé qui sépare, entre ceux qui sont dans la pauvreté, la précarité, et les autres. Malheureusement cette fracture est plus que sociale, elle est aussi financière et culturelle, et le fossé se creuse.

 

A titre personnel, cette réalisation a-t-elle modifié votre regard sur la valeur travail ?

Je me considère comme quelqu’un de nanti car je vis bien de mon travail et j’ai la chance d’exercer un métier qui m’épanouit. Je savais que ce n’était pas le cas pour tout le monde. Ces deux films qui ont nécessité un an et demi de travail, de recherches, de lectures et de rencontres m’ont confirmé que trop de personnes restent sans emploi malgré leur envie, leur bonne volonté, leurs formations, leurs compétences.
Sans vouloir dresser un tableau trop noir de la situation, je dirai que nous sommes un pays qui manque cruellement de confiance en soi et en les autres. Nous avons pourtant beaucoup de talents qui ne sont pas suffisamment reconnus. C’est vraiment dommage. La souffrance vient beaucoup de là.
En ce qui concerne mon travail, je dirai qu’il est avant tout un facteur d’épanouissement et de connaissances.
C’est aussi un travail qui peut s’avérer très stressant car il faut savoir se remettre en question sans pour autant perdre son cap. Il ne faut pas aussi perdre de vue que c’est un travail en intermittence avec des périodes de chômage entre deux films parfois longues et donc difficiles à vivre.

 

Un dernier petit mot ?

J’aime bien aborder des sujets qui comportent un engagement humain mais je ne déteste pas partir à l’aventure à l’autre bout du monde du moment qu’il s’agit d’une aventure humaine.

Les deux documentaires seront diffusés le mardi 30 novembre sur France 5, à 20h30 et à 21h40


4 thoughts on “Le travail, un peu, beaucoup, à la folie….

  1. Bonjour,

     

    Merci pour votre billet.

    Les 2 documentaires étaient en effet très intéressants mais j’aurais aimé une 3ème partie plus généraliste avec une analyse
    réellement prospectiviste sur le monde du travail, le nouveau rapport à la consommation et la nécessité de muter, de s’adapter à notre nouveau monde.

     

    La crise dont les répliques systémiques restent encore à venir, peuvent nous permettre de voir dans ces nouvelles donnes économiques
    une opportunité pour coller au mieux au Réel

    Un nouveau paradigme régit le monde, et depuis l’avènement d’Internet tout s’est accéléré et tout s’est rétréci, d’où une forme de
    désarroi.

     

    Il est évident que le système social Français est devenu
    inadapté devant l’ampleur de ce changement et alimente paradoxalement la précarité.

    La surprotection 
    annihile la protection.

     

    Ainsi, tant que les pouvoirs publics de toute obédience
    s’obstineront à gérer l’emploi par catégorie d’âges, les jeunes inexpérimentés d’un côté, les séniors surpayés de l’autre, nous resterons à louvoyer dans cette impasse logique du système, en
    optant sur ce qui
    semble le moins risqué à défaut d’être le plus sûr.

     

    L’entreprise haut lieu sociétal avant d’être économique est
    contrainte de prendre en charge et de résoudre les effets générés par un code du travail qui contient
    2000 pages et
    que chaque année nos précieux législateurs continuent à faire grossir.

    La surprotection sociale génère l’effet inverse du but généreux que ces lois sont
    sensées poursuivre.

    Les piètres résultats obtenus à cause de ces harcèlements textuels prouvent que l’on va
    à l’encontre du principe de réalité.

     

    Le principe de réalité serait une souplesse dans les procédures de licenciements, des
    salaires peu liés à l’ancienneté mais en rapport avec la valeur ajoutée qu’apporte le salarié quelque soit son âge, une « maintenance » des compétences au sein de l’entreprise grâce à
    de la formation continue, ces 3 mesures simples changeraient l’inertie de fait en une vraie dynamique où la responsabilité de chaque acteur serait vraiment en action.

     

    « Et pourtant elle tourne » et pourtant ça marche en Suède comme en Finlande
    où des mesures dans ce sens ont été prises qui font que 69% des 55 64 ans ont une activité professionnelle contre 37% en France qui détient le record d’inactivité des
    plus âgés. 

    Une solution qui marche c’est bien, mais il semblerait que la France et ses dogmatiques
    du grand Principe de Précaution ce soit mieux.

     

    Cordialement.

      

  2. Bonjours, je cherche a contact Hugues de Rosière pour aussi lui poser des questions sur ce documentaire.

    France 5 ne rediffusa pas ce documentaire du coup je voulais voir directement avec lui! Pouvez-vous me communiquer son adresse mail? s’il vous plais.


    Ce serrais pour un projet de diplôme la réalisation d’un web-documentaire sur les problématiques du travail en France et plus précisément les jeunes actif!

     

    Cordialement Morgane Kribs.

      

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