Les dossiers et portraits sur les reconversions professionnelles à 180° sont nombreux (et souvent très intéressants). C’est impressionnant, parfois spectaculaire, courageux, inspirant, etc. Mais il y a une problématique dont on parle moins et qui me semble pourtant plus fréquente. C’est celle du virage professionnel non pas à 180° mais à 30° (ou 50°). En gros, l’évolution vers un métier relativement proche de celui que l’on exerce par certains aspects mais quand même différent (genre d’infirmière à sage-femme, de chargé de communication à chargé de marketing, d’assistante sociale à éducatrice, etc…).
On pourrait croire que ce genre de virage est plus facile à effectuer puisque l’on dispose déjà de compétences et de savoirs transposables dans le métier que l’on vise. Mais en réalité, ce n’est pas toujours aussi aisé qu’on pourrait le penser !
Ce serait oublié qu’en France, les choses sont assez (pour ne pas dire très…) rigides et formatées. En gros, même lorsque l’on souhaite évoluer en douceur, cela n’est pas forcément très bien perçu et il faut être bien motivé pour atteindre son objectif. Les passerelles qui semblent relativement naturelles peuvent se révéler bien difficiles à franchir.
Les employeurs (je ne généralise pas mais disons que je schématise !) aiment bien les cases, les parcours linéraires, cohérents. C’est rassurant dans un sens. On imagine que la personne se bonifie d’année en année et que ses compétences dans ce métier s’étoffent et se renforcent. Tandis qu’une personne qui passe d’un métier à un autre (même s’ils ont certains points communs), cela peut surprendre, désarçonner.
Certes, dans les grandes entreprises, cela est plus aisé. Des passerelles sont envisageables. Ainsi il est possible par exemple de passer du service communication au service marketing ou au service ressources humaines. Avec une ou deux formations et le tour est presque joué. Sans parler des entreprises qui favorisent ce genre de transitions (voire les imposent…mais cela est un autre débat).
Mais lorsque l’on ne peut pas réaliser son rêve de ré-orientation au sein de l’entreprise dans laquelle on est (trop petite entreprise, réticence de la hiérarchie, etc.), il faut donc tenter sa chance ailleurs.
Et c’est là que les choses se compliquent. Parce qu’il faut bien reconnaître que beaucoup de recruteurs restent très frileux et préfèrent choisir une personne qui a déjà pile poil le profil, l’expérience, etc. plutôt que de prendre le risque de prendre quelqu’un qui n’a pas encore exercé ce métier. C’est regrettable mais c’est ainsi !
Alors quelles solutions ? Voici quelques pistes.
– faire un bilan de compétences pour valider son projet de virage,
– utiliser l’un des nombreux dispositifs existants en formation professionnelle continue pour renforcer ses compétences dans le métier que l’on vise (cela permet de rassurer le futur recruteur et de se sentir plus légitime dans sa démarche) ou pour valider les connaissances acquises et qui seront exportables (je pense notamment à la VAE).
– rencontrer des personnes qui évoluent dans l’univers dans lequel on souhaite évoluer
– reconstruire son CV et sa lettre de motivation en mettant en avant ce que vous a apporté votre précédent métier et que vous pourrez utiliser dans celui que vous visez,
– intégrer les réseaux professionnels ou associations spécialisés dans le métier vers lequel vous vous orientez.
Avez-vous déjà connu ce genre de virage professionnel en douceur ? Comment avez-vous franchi la passerelle ? Facilement ou pas ? Avez-vous actionné des leviers particuliers ?
Pour m’être réorientée, plutôt deux fois qu’une, je sais qu’au lieu d’être impressionnés par notre ouverture d’esprit, notre curiosité, notre polyvalence, les employeurs vont s’inquiéter du
pourquoi, se demander s’il y a échec et voir les aspects négatifs, c’est typiquement français et bien dommage !
aude Nectar
Bonjour Gaelle,
je viens de prendre un peu de temps pour surfer sur votre blog.
Je viens de passer un bien agréable moment.
Vos articles sont bien complets, clairs et trés interressants !!
bravo.
Cordialement.
claire
Pour moi, le virage a plutôt été à 180° : de violoncelliste à consultante en lactation ! Et comme je n’ai jamais eu d’employeur, la question ne s’est jamais posée de cette façon.
Par contre la profession de consultant en lactation regroupe beaucoup de personnes qui font ce virage à 50° : des sages-femmes, des médecins, des auxiliaires de puériculture, des infirmières,… Et
le regroupement de tant de professions fait la richesse de cette autre profession qui nous rassemble : consultant en lactation !
Véronique
@ Aude : je suis tout à fait d’accord avec toi. Si la frilosité des recruteurs peut se comprendre dans certains cas, il reste de gros gros progrès à faire
!
de ce que j’en connais (peu en fait !) et de quelques exemples d’amis, il me semble que les pays anglo-saxons sont plus ouverts et plus souples sur les virages et les transitions d’un univers à un
autre. Les ré-adaptations et les remises en cause peuvent pourtant être enrichissantes et stimulantes…
@ Claire : bienvenue et merci ! n’hésitez pas à participer à certains questionnaires (Avant/Maintenant cf. 13 janvier ou Quelles sont vos compétences/spécialités/passions cf. 24 octobre) ou à
faire des suggestions de billets ! Je suis toujours preneuse et curieuse…
Gaëlle
je vous recommande vivement une association à but non lucratif, l’ AVARAP ( site web http://avarap.asso.fr ) qui propose un accompagnement en groupe de
très haute qualité, fait par des bénévoles formés, et déjà mené auprès de 9000 cadres depuis sa création en 1984. C’est une approche très efficace car l’effet de groupe booste la confiance en soi ,
et les autres membres apportent beaucoup de créativité, de feedbacks précieux et de contacts.
les groupes environ 15 personnes ) comprennent à 60% des gens hors poste et à 40% des gens s’interrogeant sur leur avenir pro, cela vaut la peine d’aller voir, et cela existe dans
différentes villes de France
suivez mon conseil en allant voir le site !
Véronique Julienne
@ Veronique : merci beaucoup pour cette information. Je ne connaissais pas du tout cette association. Je vais aller voir cela de plus près.
Gaëlle
POur rebondir sur le commentaire de Aude, le diplôme prime encore très souvent sur l’expérience professionnelle. C’est une vraie difficulté pour les « ingénieurs maisons » par exemple, surtout que
les VAE dans ce domaine sont quasi inexistantes.
Dans notre home sweet home, nous avons tous les 2 changer de métier, mon mari est passé du poste d’informaticien à celui d’artisant boulanger, quant à moi j’ai changé 10 ans après lui et suis
passée d’un poste responsable ventes exports à celui de consultante RH-Coach, en passe de se mettre à son compte. Le changement professionnel va devenir qq chose de normal, il est important
de ne pas rester seul, de bien penser son projet de se faire accompagner et de rencontrer des personnes qui sont passées par ce mouvement.
Gaëlle
Bonjour Gaëlle, pour une fois je peux témoigner sur ton blog, j’ai effectivement essayé de passer d’infirmière à secrétaire…un entretien qui se pase bien, très bon feeling avec le boss,
malheureusement quelques jours plus tard, il me contacte pour me dire qu’il a vraiment hésité, qu’il a eu un bon contact avec moi, que je l’ai interpellé sur deux ou trois choses mais qu’après mûre
réflexion il préfère l’autre fille, qui faisait déjà cela avant etc… Effectivement, j’ai bien senti que cela le dérangeait quand même, que je passe d’infirmière à secrétaire… deux mondes trop
éloignés sans doute… je n’ai peut-être pas assez insisté sur tout ce que mon ancien métier pouvait m’apporter de plus dans cette nouvelle fonction… Mais je n’ai pas dit mon dernier mot !
Continue, c’est toujours sympa de venir faire un tour chez toi !
Isa
@ Isa : c’est chouette que tu sois venu laisser un petit mot ! cela me fait très plaisir :-).
Sur le fond, je regrette une fois de plus que les recruteurs privilégient trop souvent le « clonage »… bien sûr, c’est rassurant. On peut les comprendre. Mais d’un autre côté, une personne qui
cherche à évoluer, prête se re-former, c’est aussi très positif…Peut-être faut-il expliciter soi-même davantage les passerelles que l’on perçoit entre les 2 métiers ou tout du moins montrer
que les compétences acquises dans l’un ne sont pas si éloignées que celles demandées dans l’autre. Je suis convaincue que la motivation est un élément primordial, au moins au même niveau
que les connaissances techniques.
Gaëlle