Témoignages vie privée / vie pro

Conciliation vie perso / vie pro : Elodie

elodieenaparteÉlodie a souhaité témoigner autour de la conciliation vie privée / vie pro et de son parcours professionnel sur En Aparté. Elle m’a envoyé un texte que je l’ai légèrement complété suite à un échange téléphonique. Merci à elle pour ce partage !

J’ai 30 ans, je suis mariée, 3 enfants (dont une étoile), faisant fonction de cadre de santé, et j’habite en province.

 Cela fait huit ans que je suis infirmière diplômée d’état. J’ai toujours voulu aider les gens et travailler à l’hôpital.

Après mon diplôme j’ai fait de l’intérim pendant trois mois. Suite à une mission dans un service de chirurgie, une cadre de santé m’a rappelée pour me proposer un CDI à temps plein dans une clinique. J’ai dit oui tout de suite. J’obtiens donc mon CDI quatre jours avant mon mariage. Ce fut une année très importante pour moi.

j’ai travaillé un an dans un service de chirurgie urologique et digestive puis j’ai demandé une mutation pour travailler dans un service de soins intensifs. J’avais fait le tour des soins et je voulais me spécialiser dans les soins plus techniques. Je suis restée dans le service des soins intensifs pendant quatre ans. J’ai eu pendant cette période 2 enfants qui ont 15 mois d’écart et j’ai passé un diplôme de formateur aux gestes et soins d’urgence pour former le personnel de la Clinique. Nous avons également fait construire notre maison, notre cocon.

Au cours de ma deuxième grossesse, j’ai demandé ma mutation dans le service des urgences pour augmenter mes connaissances dans les gestes et soins d’urgence. J’ai été prise après mon retour de congé maternité.

La reprise a été très dure et si c’était à refaire, je ne reprendrais pas si vite le travail. Mon fils qui avait 3 mois ne faisait pas ses nuits et ma fille qui avait 18 mois demandait beaucoup d’aide. J’avais des horaires décalées (je pouvais commencer à 6h30 ou finir à 23h) et j’ai repris le travail en janvier (la période la plus critique des urgences avec beaucoup de passages). Les tensions liées au manque de sommeil se faisaient sentir dans mon couple mais les grands mères ont été présentes pour prendre le relais. Cette période critique a duré deux mois.

Nous avons eu une assistante maternelle agréée pour mes deux enfants mais elle ne travaille pas le mercredi. C’est donc les grands mères qui a tour de rôle viennent les garder.

L’évolution du travail de mon mari (qui est dans l’informatique) lui permet de faire du télétravail trois jours par semaine ce qui offre un réel gain de temps, d’argent et de repos (il est à une heure de trajet de son travail).

Nous partageons les tâches ménagères (repas, lessive, courses …) et j’ai une femme de ménage 3H/semaine.

Il y a un an, j’ai postulé pour devenir cadre de santé dans la Clinique. Dès le début de ma vie active, je savais que je ne voulais pas être infirmière toute ma vie. J’avais pensé à devenir formatrice mais au fil des ans, cette fonction de cadre de santé m’a attirée. Cela nécessite de faire le « deuil » des soins pour encadrer, manager une équipe d’infirmières. Mais cet aspect là me tentait bien. Et puis, j’avais le sentiment d’avoir un peu fait le tour des soins et je souhaitais avoir des horaires plus stabilisés. J’étais donc prête à me lancer ! J’ai été prise pour faire un remplacement de 7 mois d’un congé maternité dans un service de chirurgie. Les débuts ont été difficiles mais j’ai été bien entourée et j’ai pu prouver mes capacités à la direction. Quand on est infirmière, il y a plein de choses dans la fonction de cadre de santé que l’on ne voit pas. Par ailleurs, c’est une position un peu inconfortable car vous devez faire le lien entre les infirmières et la direction, qui parfois donne des consignes contraires aux valeurs des infirmières. Dans ces cas là, il faut savoir accompagner ces décisions, ces choix. Suite à ce remplacement, ils m’ont proposé un poste vacant de cadre de santé dans un service d’oncologie (cancérologie). Mon statut est “faisant fonction de cadre de santé” car je n’ai pas la formation (et donc pas le salaire correspondant..). Je savais que ca n’allait pas être facile (40 personnes à gérer dans deux services différents ambulatoire et hospitalisation, absence de cadre depuis plusieurs mois, équipe en souffrance, décès quotidien dans le service, “mon grand père est décédé dans ce service”, et moi qui apprends le métier), mais j’ai accepté après les encouragements de mon mari.

Les difficultés étaient bien présentes mais je me suis battue et accrochée pour tenir le coup et prouver de mes capacités. Au bout de quatre mois, j’ai eu des retours très positifs de mon travail et je me sens mieux et moins stressée. J’ai décidé de passer le concours pour rentrer à l’école des cadres de santé pour obtenir le diplôme. La formation (un master de politique sociale et management) dure 10 mois et j’espère pouvoir me la faire financer dans le cadre d’un CIF. Sinon, il faudra que j’aille passer une licence en 2 ans en alternance à Lyon, ce qui compliquerait beaucoup notre vie de famille.

Côté vie personnelle, nous avons décidé de mettre en route un 3ème enfant (ma fille a 4 ans et demi et mon fils 3 ans et demi). Je suis tombée enceinte 15 jours après ma prise de poste dans le service d’oncologie. Je n’ai pas eu de symptômes de la grossesse pour le premier trimestre à part de la fatigue. Après avoir passé ma première échographie, je l’ai annoncé au travail. L’annonce a été bien prise et les infirmières faisaient attention à moi (elles ne voulaient pas que je porte des cartons …). Cela me faisait plaisir.

A 4 mois de grossesse, nous avons perdu notre petite fille Lili. Je suis actuellement en arrêt maladie pour reprendre des forces physiques et commencer à démarrer mon processus de deuil.  Moi qui suis très active, ça a été difficile de supporter ce frein dans notre vie quotidienne. En même temps, la perte de ma petite fille me permet de réfléchir et de me poser les bonnes questions sur les choix que je veux faire dans ma vie.

Ces derniers mois, en tant que cadre infirmière, j’ai eu du mal à ne pas penser tout le temps à mon travail. Le fait de ne pas avoir la formation adéquate et les bons outils complique les choses. On parle beaucoup du bien-être des collaborateurs, mais le bien-être des cadres est important aussi.

Je me rends compte que j’ai besoin de m’épanouir dans ma vie professionnelle pour être bien aussi dans la relation avec mes enfants. Et vice versa. Je me rends compte également que je ne peux pas être parfaite des deux côtés mais juste bonne sans me culpabiliser. Je ressens également le besoin d’avoir un autre enfant pour me permettre d’accéder à la famille nombreuse dont j’ai toujours rêvé et pouvoir donner encore plus d’amour. Ma maison doit être remplie d’enfants car c’est la vie, la joie, le bonheur et plein d’amour.

Cette année va nous demander beaucoup de ressources pour faire notre deuil mais également pour prioriser les projets de la vie.

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