Autour du travail

Travailler autrement

De plus en plus de salariés, hommes ou femmes, ne rêvent plus forcément d’un emploi et d’une carrière linéaire au sein d’une entreprise ou d’une institution publique. Les parcours professionnels « complexes », faits de réorientation, voire de reconversion, de changement d’entreprises ou de statuts, de passage du privé au public, voire d’intérim choisi (je pense par
exemple au management de transition)… se multiplient. Les mots polyactivité et flexibilité sont devenus valorisants alors que le premier était plutôt pénalisant auparavant et que le second était quasi-inconnu il y a 20 ans. Désormais, les personnes qui ne comptent qu’un seul, voire deux employeurs sur leur CV au bout de 10, 15 ou 20 ans d’expérience professionnelle deviennent de plus en plus rares.  

Parallèlement, on constate le développement d’autres formes de travail moins « classiques », même si elles restent encore marginales : travail nomade, télétravail, co-working ou travail collaboratif, portage salarial, coopérative d’activités et d’emplois (exemple ici), pluriactivité volontaire. Les raisons de s’orienter vers de telles voies sont multiples : pour les femmes, une mauvaise expérience à leur retour en entreprise à l’issue de leur congé de maternité ou parental, horaires à rallonge, pression trop forte, hiérarchie pesante, sentiment de ne plus parvenir à donner du sens à son travail, volonté de concilier différemment vie personnelle et vie professionnelle, question de l’âge (on le sait, les seniors, malgré les discours, ont toujours beaucoup de mal rebondir, sachant que l’on est senior dès 45 ans…).

 Cependant, il ne faut pas non plus, me semble-t-il, idéaliser ces nouvelles formes de travail. Bien sûr, elles favorisent une plus grande liberté, mais elles ne sont pas sans risque : isolement, insécurité financière plus forte, exigence temporelle parfois supérieure à celle vécue dans un cadre de travail plus classique et plus formaté, etc. Elles nécessitent une capacité d’autonomie et de responsabilisation importantes. Ces nouvelles formes de travail permettent de s’affranchir d’un certain nombre de contraintes mais également font perdre le relatif confort du salariat classique en entreprise. On constate également que ces nouvelles formes de travail cherchent à ré-inventer de nouvelles façons de travailler ensemble ou du moins de recréer du collectif (co-working, télécentres, collectif de free-lances, réseaux professionnels…), mais cette fois-ci sans les liens hiérarchiques et sans les lourdeurs et les inerties de certaines grosses structures. Enfin, on constate que certaines organisations « traditionnelles » expérimentent des formes de travail innovantes, plus souples et plus flexibles, moins hiérarchiques, davantage collaboratives et en réseau, mais bien souvent elles ne touchent qu’une petite minorité de salariés et ne sont pas forcément adoptées facilement.

■ Aller plus loin

– Un dossier (qui s’achèvera dans quelques semaines) dans La Croix autour du même thème Travailler autrement

– Un article récent paru dans le magazine Elle : Les trentenaires se rébiffent

– Un billet de David Abiker sur le sujet

– Un billet que j’avais rédigé sur le blog : Quitter le salariat pour mieux concilier vie privée / vie professionnelle ?

One thought on “Travailler autrement

  1. Le travail évolue, comme le reste. Le temps long n’existe quasiment plus nulle part : nous sommes passés à l’ère du zapping. Je ne suis pas sûre du tout que ce soit un bien, mais c’est comme ça.

    La qualité qui me paraît primordiale aujourd’hui, c’est l’adaptabilité. Celui (ou celle) qui sait s’adapter (au contexte, aux nouveautés) rebondira toujours.

      

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