Autour du travail

Devenir acteur de sa vie professionnelle ne va pas de soi…


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J’ai reçu récemment l’ouvrage de Françoise Gri, présidente de Manpower France, intitulé « Plaidoyer pour un emploi responsable« . Selon elle, la crise de 2008-2009 a mis à jour trois impératifs lourds et profonds qui vont structurer le marché de l’emploi de demain : l’agileté, la responsabilité et l’employabilité. Ces trois mots d’ordre concernant à la fois les entreprises et les individus.

Pour cela, elle estime qu’il faut développer et renforcer un modèle de flexisécurité à la française. Cela doit se traduire par plus de formation, d’accompagnement, de transférabilité d’un certain nombre de droits, de responsabilité environnementale et sociale.

Je suis d’accord avec elle sur cette notion d’agileté « qui sera le moteur du marché et de l’entreprise ».

« L’agileté est bien sûr liée à la notion de parcours professionnel mais elle révèle une vision nouvelle du rapport au travail ». Une vision dédramatisée et dont l’échelle de valeurs sera fortement modifiée. L’agileté, d’une entreprise sur ses marchés, d’un individu dans l’entreprise et d’une entreprise à l’autre deviendra peu à peu une norme de fonctionnement et de croissance » écrit-elle.

Mais cela ne va pas de soi d’être agile…

Il y a tout d’abord les facteurs personnels qui limitent cette agileté : manque de confiance en soi, manque d’information, crainte, peur, confort relatif de la situation présente, blocages divers et variés, etc.

Et il y a les facteurs externes qui empêchent cette agileté : lourdeur et rigidité du marché de l’emploi, freins multiples, méfiance vis à vis des parcours atypiques, réticences des employeurs, difficulté à accéder à l’information et à la formation, culte à outrance du diplôme, etc.

Bref, devenir acteur de sa vie professionnelle n’est pas donné à tout le monde. Si certaines personnes ont les armes et les moyens pour pratiquer cette agileté, pour entretenir leur employabilité (quel vilain mot, entre nous !), d’autres ne les détiennent pas, voire même souffrent de cette exigence d’agileté. En un mot, les efforts à fournir (qu’ils soient individuels ou collectifs) sont compliqués et nécessitent de profonds bouleversements.

Il me semble que l’agileté, cette fameuse qualité dont Françoise Gri souligne (à juste titre à l’importance), est loin d’être innée…

Qu’en pensez-vous ? Qu’est-ce qui vous a aidé à être (ou à devenir) agile ? Avez-vous eu le sentiment d’avoir été aidé à faire preuve d’agileté, à rebondir, à changer, à évoluer ? Ou au contraire, avez-vous des difficultés à faire preuve de cette fameuse agileté ?  

Plaidoyer pour un emploi responsable, Françoise Gri, Stock, 19 euros (vous pouvez également dialoguer avec Françoise Gri via son blog)

10 thoughts on “Devenir acteur de sa vie professionnelle ne va pas de soi…

  1. Non être agile n’est pas inné, et c’est une qualité qui s’use si on le l’utilise pas… J’ai la curiosité d’apprendre, une envie d’évoluer et de tester mes capacités, le souhait de ne pas
    m’endormir dans une cage dorée et de me remettre en question, un désir de ne pas avoir de regrets, un jour. Certains appeleraient cela de l’ambition : je n’ai jamais compris pourquoi on avait
    donné à ce mot un sens si péjoratif. L’ambition n’est pas forcèment une envie de se hisser du col, ni t’atteindre les sommets, mais son sommet à soi, oui sans doute ! 

    J’ai mis longtemps à admettre que des collègues puissent se contenter de leur situation présente et qu’elles envisageaient celle-ci jusqu’à la retraite… Pour elles, les enjeux étaient ailleurs
    : tranquillité de la vie quotidienne, assurance acquise parl’expérience et sans doute d’autres motivations qui m’échappent totalement…

      

  2. Allez, je me sens concernée, je témoigne! 🙂

    Pour ma part, j’ai fait 5 ans d’études dans les domaines culturels et touristiques, j’ai travaillé dans ce secteur environ 3 ans, mais uniquement dans le cadre d’emplois aidés pour les jeunes;
    j’ai opéré à 26 ans une reconversion dans la restauration, en cuisine! Alors le changement et le rebondissement, j’ai testé! 🙂

    Que dire? D’abord que ça a été pour moi une agileté nécessaire et un peu subie! un instinct de survie face à un marché de l’emploi qui manifestement ne voulait pas de moi! La reconversion en
    elle-même n’a pas été simple, on ne m’a pas laissé si facilement suivre la formation, j’ai du me battre pour l’obtenir. Ensuite j’ai trouvé assez facilement des emplois dans la restauration, car
    vu le manque de main d’oeuvre, les postes de production, pas très qualifiés sont très accessibles.

    Maintenant que je souhaite évoluer à nouveau, j’espère ne pas trop me heurter à des murs. De mon côté je ne manque pas d’arguments pour valoriser mon « parcours atypique », mais y aura-t-il
    quelqu’un pour les entendre?

    J’ai très souvent constaté qu’effectivement la transférabilité des compétences était un doux rêve. Il est difficile de faire autre chose que ce qu’on a déjà fait. A chaque fois que j’ai essayé de
    postuler sur des fonctions où mes compétences s’appliquent mais pas EXACTEMENT sur un secteur où j’ai DEJA travaillé, ça ne fonctionne pas. On préfère quelqu’un qui a déjà LA MÊME expérience que
    celle demandée dans l’offre.

    Je ne peux pas en dire beaucoup plus sur ma situation actuelle, car je viens de quiter mon poste de manager dans la restauration et ne suis pas encore fixée avec précision sur l’avenir. Je suis
    en période de rélexion et de prospection. J’espère que j’arriverai à me faire entendre et comprendre le cas échéant!

      

  3. Pour continuer dans le même esprit que les deux premiers témoignages, je pense aussi que devenir acteur de sa vie professionnelle ne va pas forcément de soi.

    J’ai une expérience professionnelle de 11 ans mêlant à la fois le conseil en organisation, la formation et les ressources humaines.
    Consultante et formatrice pendant 7 ans chez EFII (cabinet de conseil et de formation) puis chez Altran (cabinet conseil en ingénierie et Recherche & Développement) pour de nombreux clients
    du CAC 40. Puis, Responsable Ressources Humaines pendant 4 ans chez Altran.
    Tout au long de mon parcours professionnel, j’ai su créer les opportunités pour pouvoir changer de métiers régulièrement : d’abord Responsable Assurance Qualité, consultante en organisation et
    formatrice, Responsable
    Ressources Humaines et enfin consultante indépendante en Ressources Humaines et Responsabilité Sociale d’Entreprise. Je pense que c’est une disposition d’esprit et aussi lié à mon expérience
    professionnelle dans le milieu du conseil.

    Je rajouterai aussi que le milieu familial a également son importance. La curiosité, l’ouverture vers les autres, la capacité de s’adapter s’apprennent dès le plus jeune âge.

      

  4. Bien sur que cela ne va pas de soi, surtout pour celles qui reviennent de loin (pas de réseau, pas les clés, etc) et/ou qui n’ont pas vu le temps passer…ou encore celles encore qui se
    retrouvent engluées dans un job alimentaire…

    Cumulant ces 3 paramètres, je me retrouve devant le choix qui tue  : garder mon boulot sans âme (anxiogène qui plus est), ou tenter le saut dans une activité indépendante sans filet
    (pas de gentil mari sponsor). Cette problématique occupe mon esprit 24h/24h depuis 2 ans et toujours pas de déclic. L’âge peut être (40), la peur de l’inconnu (revenus aléatoires), bref mon
    potentiel « agileté » est largement plombé par la pénible petite voix de la raison…

      

  5. @ merci à toutes pour vos commentaires très intéressants. Je trouve que ce sujet de l’agileté est extrêmement riche…

    Comme Alexandra, je pense que l’agileté est une qualité qui doit s’entretenir au risque de la perdre et de ne plus avoir ensuite le courage/l’énergie/l’envie
    d’en faire preuve…

    Comme Sen (merci à toi d’avoir pris la parole !), je pense que l’agileté personnelle n’est parfois pas suffisante face à certaines lourdeurs et rigidités du
    marché de l’emploi (phénomène de clonage, frilosité de certains recruteurs, etc.). Mais je pense qu’heureusement il existe également des personnes sensibles à ces capacités de rebond, de
    changement, de reconversion partielle ou complète… en tout cas, j’espère vraiment que tu parviendras à trouver la voie professionnelle qui te motivera et te permettra d’utiliser toutes tes
    compétences et expériences.

    Comme Karen, je suis intimement persuadée que l’agileté est répartie très inégalitairement et que le milieu familial et le soutien/la
    motivation/l’écoute des proches sont décisifs. Certaines personnes n’ont pas eu la chance d’avoir les clés qui aident à avoir cette agileté, à avoir accès aux bonnes informations, aux
    bons contacts.

    Et pour finir, je comprends très bien Laurence qui nous explique que son potentiel agileté est sérieusement amputé par des éléments financiers et
    concrets…Là encore, on voit bien que les freins sont multiples et que les coups de pouce sont vraiment les bienvenus. Il me semble que cela vaudrait peut-être le coup de te tourner vers des
    structures d’accompagnement, de conseil en création d’entreprise. Il existe notamment des structures pour aider les femmes à se lancer dans leur propre activité. Qu’en penses-tu ?

      

  6. Exerçant le métier de formatrice j’ai pu constater que rien n’était joué d’avance, et que nos croyances pouvaient être porteuses ou limitantes. Je pense que le collectif a un rôle à jouer dans
    cette « facilitation » à l’agileté.

     

      

  7. @ Dominique : tout à fait d’accord avec vous pour souligner l’importance de nos croyances mais je crois que l’accès à l’information et les outils sont
    également décisifs pour pouvoir adopter ou non une posture « agile ». Malheureusement, le collectif propose parfois plein de solutions, d’aides à l’accompagnement, des formations
    mais certaines personnes n’y pensent pas, n’osent pas, ne savent pas par quel bout commencer, ne bénéficient pas d’un relationnel (sans même parler d’un réseau) qui peut les aider et les
    soutenir dans leurs démarches, leurs envies…Et puis, n’oublions pas que l’agileté peut être très déstabilisante et peut faire peur. Et sinon, n’hésitez pas à venir nous parler de votre métier
    et à nous donner quelques conseils !

      

  8. Je suis d’accord que c’est intéressant de faire preuve d’agilité, d’adaptabilité dans sa vie professionnelle mais quand on se retrouve face à une situation concrète où une personne se reconvertit
    professionnellement on voit toute de suite que c’est loin d’être évident… C’est un discours théorique intéressant mais dans la pratique quand on sort de ce qui a fait notre formation initiale
    surtout quand on a des diplômes ça peut être très dur de se réinsérer, c’est là tout le paradoxe. Comme vous disiez, les parcours atypiques sont souvent mal acceptés sur le marché de l’emploi.
    Après, je pense aussi qu’il y a des personnes qui peuvent avoir la ressource de changer et de se soit se former ou de faire les choses sur le tas et de monter une boîte à partir d’un projet
    professionnel qui est aussi plus personnel comme lié à une passion par exemple. Tout est pas négatif et on peut en ressortir quelque chose mais ça serait bien que les choses bougent.

      

  9. « Agilité » : qualité de ce qui est agile, nous dit le dictionnaire
    « Agile » : qui manifeste de la promptitude et de l’aisance dans ses mouvements.

    L’agilité croît avec la confiance en soi et la foi en ce qu’on est, en ce qu’on fait, en ses valeurs. Cela ne se fait pas sans effort, car les
    chemins de développement de chacun d’entre nous sont semés d’embûches. On cherche souvent à l’extérieur ce que l’on a à l’intérieur. Les rencontres, les lectures, les expériences, pour peu qu’on
    sache les vivre pleinement et les regarder avec conscience et discernement sont toujours porteuses d’un message qui nous aide peu à peu à développer cette agilité dont nous avons tant besoin dans
    ce monde en crise.

     

    Le monde extérieur et les autres ne nous facilitent pas les choses. Ce n’est peut-être pas si important.
    L’agilité, c’est aussi accepter ce qui est, élargir sa vision, persévérer avec lucidité, changer de direction si cela s’avère préférable, observer les autres et soi-même avec bienveillance,
    questionner les certitudes qui nous rétrécissent l’esprit.
    L’agilité c’est un vieillard souriant et paisible qui fait son Tai-chi au petit matin. C’est un enfant qui tombe et retombe jusqu’à ce qu’il arrive, un jour, à se redresser et à marcher sur
    ses 2 jambes.

    Tout ça, ça s’apprend, ça se construit, ça se répète avec le temps…

     

     

     

     

     

     

      

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