Témoignages vie privée / vie pro

Conciliation vie personnelle/vie professionnelle : Clothilde témoigne



Aujourd’hui, En aparté poursuit sa série de témoignages sur la conciliation vie privée / vie professionnelle avec Clothilde dont j’ai découvert le blog il y a quelques semaines. Sa vie bien remplie m’a donné envie d’en savoir plus sur la façon dont elle vivait ses multiples engagements. Un grand merci à elle pour son témoignage et sa sincérité ! 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Clothilde, 36 ans, pour quelques jours encore ! J’ai deux enfants de 10 ans et 7 ans et un mari, j’habite à la campagne dans la grande banlieue toulousaine, dans un territoire que l’on appelle péri-urbain, les avantages de la campagne pas loin d’une grande ville.
Je suis cadre dans une administration territoriale. J’ai pris une année « sabbatique » il y a deux ans, pour préparer le concours de l’ENA et d’administrateur territorial, j’ai raté complètement le premier et j’ai été admissible au second, suivi d’un gros plantage à l’oral. J’ai 15 ans de travail derrière moi, d’abord dans un cabinet politique, puis dans le développement local que je n’ai pas quitté depuis 2000 (hormis l’intermède à la fac). J’ai fait des études d’histoire et Sciences Po Toulouse. J’ai une caractéristique atypique, quand je commence à m’ennuyer dans un boulot, je passe des concours pour me « tester » !
A côté de cela, je suis investie dans la vie sociale (présidente d’association qui gère 180 adhérents et 7 salariés, bénévole à la bibliothèque du village…) et je suis touche à tout (loisirs créatifs, lecture…). Et… propriétaire d’un gîte que je gère avec mon mari après 4 années de travaux. Je m’ennuie ? Ca m’arrive !

Comment avez-vous concilié jusqu’à présent vie personnelle/vie professionnelle ? Etes-vous satisfaite de cet équilibre ? Avez-vous eu le sentiment d’avoir fait ou de faire des concessions dans une des sphères ? Et si oui, les regrettez-vous ?
Tout d’abord, faire un métier qui intéresse et qui passionne, dans un environnement professionnel sécurisant permet de résoudre la moitié du problème de la conciliation des deux vies. Je sais de quoi je parle, j’ai eu dans ma vie professionnelle des soucis, de type harcèlement moral au travail, absence de progression…. Ce que je « ramenais » à la maison était de l’anxiété, de la hargne, la maison
servait d’exutoire parce qu’il était difficile d’exprimer son mal être au travail. Du moment que l’on travaille dans de bonnes conditions, on se pose moins la question de la conciliation car quand on arrive à la maison, on n’a pas de « fardeau » avec soi, on est tout à sa vie de famille.

Ce qui est le plus difficile est la question des horaires. Il m’arrive régulièrement d’avoir des réunions le soir, ou de rentrer un peu tard à la maison. Ces jours-là, on a l’impression que tout est bâclé, le repas, le coucher des enfants. Heureusement, il y a les jours de récupération pour « compenser ».

Mais, je dois dire que sur un point, ma vie familiale prend le dessus. Mais familiale au sens global du terme. Je suis de « quelque part », je vis dans une maison de famille, auprès de ma famille et je ne me suis jamais envisagée pouvant quitter cet espace. C’est pour cela que j’ai décidé de passer des concours de la fonction publique territoriale. J’avais eu un concours national (dans l’éducation) mais j’y ai renoncé car je ne voulais pas quitter mon territoire. Quand je préparais l’ENA, j’avais même envisagé en cas de succès d’y renoncer pour ces raisons. Je dis souvent que d’être de quelque part est une chance car on est entouré par des racines (amis, famille, lieux…) mais en même temps que cela peut représenter un fil à la patte.

Quels rapport avez-vous avec votre travail ? Qu’est-ce qui vous a motivé tout au long de votre parcours professionnel ?
Mon travail doit m’intéresser, me valoriser et m’épanouir. J’ai été rédactrice en chef d’un journal institutionnel pendant 4 ans, je travaillais alors dans un service communication d’un cabinet d’une institution territoriale. Puis, j’ai été chargée de mission dans la même collectivité en charge d’un Pays. Puis, j’ai préparé l’ENA, vieux rêve d’enfant ! Et depuis deux ans, je suis en charge d’une zone territoriale pour un département. Un parcours qui a un lien : les élus et la politique. Certains aiment le foot ou les échecs, moi, c’est la politique et la chose publique. Mon métier depuis 10 ans consiste à aider les élus à monter des projets de territoire, à réfléchir dans un sens prospectif, entre le bureau d’étude et l’animation territoriale, je suis en lien direct avec eux.

En parallèle depuis un an, je gère un gîte rural, là encore, il est question de territoire et de promotion de celui-ci.

Mon rapport au travail est « sensuel » dans le sens où il doit éveiller mes sens. Le toucher : palper la réalité des choses, sentir l’efficacité de mes propositions. L’odorat : j’aime les parfums de mon territoire, je ressens les ambiances, je me régale des routes de campagne à arpenter. L’ouïe : il faut savoir entendre ce que les élus ne disent pas, ce qui pourrait les interpeller, il faut savoir les intéresser, attirer leurs oreilles. Le goût : il faut savoir arrêter quand dans la bouche on a un arrière goût de mauvaise foi, que l’on n’est plus en accord avec ses principes, quand on ne sait pas faire. La vue : Lire la presse, être en prise directe avec le quotidien tout en se nourrissant d’articles de fond. Etre dans l’action et dans la réflexion en même temps.

Comment gérez-vous au quotidien cet équilibre ? Est-ce un sujet dont vous parlez régulièrement en couple ? Avec vos enfants ?
Mon mari est délégué et élu départemental de son syndicat, il a donc comme moi des horaires atypiques, ce qui nous permet parfois de nous rencontrer à la maison ! Non, plus sérieusement, nous essayons de concilier notre « a-typicité » pour que les enfants aient toujours quelqu’un avec eux. A la maison, c’est depuis leur naissance, mon mari qui est à temps partiel et donc avec eux, tous les mercredis. Souvent ils viennent manger avec moi, ce jour-là. Il y a des moments où c’est plus tendu, surtout dans il y a des projets à boucler et que le rythme est intense. Mais grâce au relais familial (grands parents),nous pouvons gérer cela. Le travail n’entre pas vraiment à la maison, sauf pour raconter les choses, mais il n’est pas un perturbateur comme il a pu l’être quand le travail n’était plus une source d’épanouissement.

Lors de la préparation du concours, là il était présent en permanence du fait que je travaillais énormément à la maison avec les contraintes inhérentes.

La question se pose quand il s’agit de changer de travail, et cela s’est posé en ces termes il y a deux ans, quand j’ai été mutée dans ma collectivité actuelle. Je pense que les facilités matérielles (à 15 minutes de ma maison) ont pesé lourd dans le choix. Parce que je pense qu’après l’échec au concours, je savais que ma vie de famille était plus importante que des rêves de grande carrière. Cela m’a permis de m’interroger sur ce qu’un travail devait m’apporter : de la reconnaissance sociale ? de l’épanouissement ? J’ai répondu oui à la seconde acception et pas à la première. Je veux un travail qui m’amuse et pas forcément avec un titre ronflant. Avant d’accepter une promotion, je me poserais la question obligatoire de la conciliation et je crois que contrairement à avant, je ne m’en voudrais pas de non pas sacrifier une carrière mais de choisir ma vie familiale avant ma carrière. Avant j’aurais dit sacrifier, maintenant, je suis au clair avec ce que je veux dans cet équilibre. Un travail passionnant est le gage d’une vie de famille sereine.

13 thoughts on “Conciliation vie personnelle/vie professionnelle : Clothilde témoigne

  1. Très intéressant, notamment ceci : « Tout d’abord, faire un métier qui intéresse et qui passionne, dans un environnement professionnel sécurisant permet
    de résoudre la moitié du problème de la conciliation des deux vies. »
    Finalement la
    réponse est « simple ». Anastacia Smidtas, la Mompreneur 2009, disait quelque chose d’assez semblable sur le blog. Concilier vie pro/vie perso prend une dimension tout à fait différente selon si l’on
    exerce un travail qui nous plait, même plutôt qui nous passionne ou non. Il semblerait que ce soit le secret pour une conciliation réussie… Et également un entourage proche solide
    !

      

  2. @ Babsgirl : je suis d’accord avec toi, tant que les choix sont vécus comme des sacrifices et non pleinement assumés, la conciliation a peu de chance d’être
    bien vécue et sereine.

    @Priscilla : comme toi, ce passage m’a beaucoup plu !

      

  3. La « passion » ne fait pas tout, on a trop tendance à l’oublier : d’une part il est quand même plus facile de s’en sortir en étant par exemple enseignante, d’autre part un bon salaire arrange
    bien les choses (en permettant par exemple de payer nounou et soutien scolaire…).
    Edwige Antier dans son bouquin fait d’ailleurs remarquer que les femmes vont privilégier le boulot qui les motive, alors que les hommes feront davantage attention au salaire…

      

  4. @ Nathalie :  le top du top c’est effectivement la passion et l’argent réunis !
    Là où je suis d’accord avec Clothilde, c’est que lorsque l’on a la chance d’exercer un métier que l’on aime, les contraintes semblent plus faciles à vivre. Cela permet de vivre la
    conciliation vie personnelle / vie professionnelle comme un enrichissement réciproque et moins comme une source de conflits.

    En revanche, tout à fait d’accord avec vous, qu’il est beaucoup beaucoup plus facile de concilier (et de le faire avec davantage de plaisir car on bénéficie d’un confort matériel et
    psychologique) quand on peut se faire aider, seconder.

      

  5. Bonsoir,
    Je voulais juste préciser qu’entre le boulot où j’étais mal considérée et mon nouveau boulot, j’ai perdu 500€ par mois de salaire, c’est à dire 1/5 ème de mon salaire. Mais, ce que j’y ai gagné en
    qualité de vie n’a pas de prix.
    POur le reste, bien évidemment, le salaire permet certaines possibilités en terme d’aide extérieure. Mais encore une fois tout dépend de sa « disponibilité réelle » à la maison, c’est à dire non
    fagocyté par des contraintes professionnelles mal gérées.
    Clothilde

      

  6. @clotilde
    500 euros de plus ça fait déjà une belle considération en soi …
    Peut être que ton conjoint a un très bon salaire ? parce qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de ménages qui peuvent se permettre une telle baisse de revenus  

      

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