Autour du travail

L’égalité femmes/hommes permet de repenser l’organisation du travail

photo (1)Jeudi, j’ai assisté aux Etats Généraux de l’Egalité organisés par Le Laboratoire de l’Egalité et Mediaprism au Conseil Economique et Social. Je ne vais pas vous faire un compte-rendu détaillé de toute la journée car cela serait trop long (et je n’en ai pas le courage !) mais je voudrais revenir sur la table ronde que j’ai trouvé la plus intéressante : celle intitulée L’égalité femmes-hommes, une opportunité pour repenser l’organisation du travail ?

Avant de commencer, quelques mots pour résumer la journée : de nombreuses expertes (Brigitte Grésy, Armelle Carminati, Dominique Méda, Sylviane Giampino…), trois (!) hommes (Serge Hefez, psychanalyste, Laurent Depond d’Orange – que je vois à tous les colloques et conférences sur l’égalité H/F ! et Abdel Aissou, DG de Randstad France qui m’a fait une très bonne impression), des femmes politiques (Roselyne Bachelot, Marie-Jo Zimmermman, Edith Cresson, Yvette Roudy) , une figure du petit écran (Audrey Pulvar, ), une ministre (Najat Vallaud-Belkacem), sans oublier deux journalistes (une femme et un homme) pour animer la journée. Quatre tables rondes, des interventions filmées plus ou moins intéressantes (plutôt moins que plus d’ailleurs : l’une avec Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale et l’autre avec Stéphane Richard, PDG d’Orange, qui ressemblaient quand même beaucoup à un formidable exercice de communication ;-)… Sans oublier une exposition dans le grand hall du CESE retraçant 100 ans de droits des femmes et une série de portraits de femmes répondant à la question « l’égalité femmes/hommes, j’y crois, j’y crois pas ? » que j’ai trouvé bien faite (allez voir, mon diaporama, tout en bas !).

Durant la matinée, très honnêtement, je n’ai pas appris grand-chose. Pour résumer (très rapidement) : les inégalités sont encore très nombreuses, et ce, dans beaucoup de domaines. Pourtant l’égalité H/F est profitable à tous, femmes ET hommes. Enfin, au-delà du domaine des valeurs ou de l’éthique, elle est également une source de performance économique. Du bon sens, j’ai envie de dire.

En revanche, j’ai trouvé les deux tables rondes de l’après-midi plus riches. Un petit mot sur la dernière, celle intitulée « Egalité professionnelle – égalité parentale : influences croisées ». J’ai trouvé l’intervention de Sylviane Giampino particulièrement intéressante et réaliste (parce qu’il faut bien le dire, certaines interventions sont parfois très brillantes mais pas toujours très ancrées dans le réel, je trouve, ou alors, un peu trop idéologiques… mais je m’éloigne de mon propos !). Sylviane Giampino, donc, a décidé de parler de l’impact du travail sur la parentalité, alors que jusqu’à présent on avait surtout entendu parler de l’impact de la parentalité sur la vie professionnelle. Elle estime qu’il ne faut pas parler de conciliation mais plutôt de tentatives d’articulations, qui ne vont pas sans entorse, luxation, etc. (l’image m’a bien plu !). Elle estime, par ailleurs, que même si les hommes ont fait des progrès pour s’impliquer dans les tâches domestiques et familiales, les femmes sont les garantes du réel, elles incarnent le principe de réalité. Elle a également insisté sur les différences entre les discours, les envies formulées par les hommes en terme d’implication auprès des enfants et la réalité. Enfin, elle a tenu à souligner le coût très élevé de toutes ces résistances, de toutes ces tensions, pour les femmes principalement, mais aussi pour les hommes (impact au niveau de la santé, des couples – beaucoup de couples se séparent avant les 3 ans de l’enfant, de la qualité de vie au travail, etc.).

Mais revenons-en à la table ronde sur l’organisation du travail.

Premier point : l’organisation du travail a été pensée par les hommes et pour les hommes.  L’arrivée massive des femmes dans le monde du travail n’a pas été suivie par une ré-organisation. Résultats : beaucoup de tiraillements, des règles d’évolution de carrière qui ne conviennent pas aux femmes, etc. Mais la bonne nouvelle, c’est que la promotion de l’égalité H/F permet justement de repenser l’organisation du travail au sens large, au bénéfice des femmes et des hommes.

La directrice générale de l’APHP, la directrice générale adjointe numérique de la Poste et le directeur de Randsdat ont indiqué quels process ils avaient fait évoluer, quels codes ils essayent de casser, pour favoriser l’égalité hommes/femmes, pour atténuer les phénomènes de plafond de verre. Ils ont cité les horaires des réunions, les entretiens de retour de congé maternité, les incitations financières à prendre le congé paternité, le temps partiel avec cotisations retraite sur la base d’un plein temps (Randstad), la volonté lors des recrutements ou des promotions de présenter autant de femmes que d’hommes, la mise en place de solutions d’urgence de gardes d’enfants, le développement d’outils numériques pour favoriser le travail à distance, etc. Bref, j’aime cette idée d’une meilleure organisation du travail pour favoriser l’équilibre des temps de vie. Comme l’a souligné Mireille Fougère, directrice de l’APHP, cette forte demande d’un équilibre vie pro / vie perso (notamment de la part des jeunes médecins, femmes ou hommes) ne signifie pas que les jeunes soient désengagés, qu’ils n’aiment pas leur métier mais qu’ils veulent aussi avoir une vie perso à côté, « on n’est plus dans le dévouement sans limite ». Ces nouveaux comportements, la forte féminisation des médecins, incitent l’APHP à mieux réfléchir à son organisation, pour éviter les pertes de temps, les mauvaises processus. En ce sens, l’égalité H/F favorise une meilleure efficacité dans l’organisation. Une très bonne chose, non ?

Il y a également eu une chose très juste, me semble-t-il, qui a été dite. Globalement, ces dirigeants disaient qu’ils avaient constaté que les femmes n’étaient pas intéressées par le registre du pouvoir, en revanche, elles le sont par celui de la responsabilité. Mais tant que pour accéder au plus niveau, il leur faudra entrer dans ces jeux de pouvoir, elles n’iront pas (ou très peu) et/ou elles ne savent pas trouver la bonne façon de faire. En revanche, si on leur propose de prendre davantage de responsabilités, elles n’y sont pas opposées. En un mot, elles sont bien davantage dans le registre de la responsabilité que du pouvoir. A méditer, non ?

Voilà, en quelques mots, ce que j’ai retenu de cette journée dense. Si vous souhaitez que je développe certains points plus précis, n’hésitez pas, j’essayerai de satisfaire votre curiosité 😉

Et en bonus, un petit diaporama des photos que j’ai prises durant la journée ! (il suffit de cliquer sur la première photo pour voir la suivante, n’est-ce pas formidable ? ;-))

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2 thoughts on “L’égalité femmes/hommes permet de repenser l’organisation du travail

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