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Le travail parental : un travail comme un autre ?


Le numéro n°154 d’Informations sociales, le magazine de la CNAF, est consacré au travail parental : représentations et pratiques. Je ne pouvais pas passer à côté !

Quelques extraits :

Le travail parental est le travail des parents à charge d’enfant(s). Considérable en termes de tâches pratiques (occupation matérielle) et de charge mentale (préoccupation, disponibilité), le travail parental engage la définition de soi comme parent, père ou mère, et la perpétuation « réussie » de soi – c’est-à-dire son prolongement à travers un enfant voué à n’être ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.

Condition supposée de la réussite scolaire, sociale, mais aussi « personnelle » des enfants, le travail parental implique, pour les adultes qui le portent, des arbitrages et des hiérarchisations de priorités sans cesse revisités tout au long de la « carrière » parentale. Il s’agit donc d’un travail qui évolue dans le temps et dans l’espace, en fonction d’un certain nombre de facteurs matériels (configuration familiale, milieux sociaux, organisation du marché du travail, ressources du contexte social…) et des investissements et arbitrages réalisés par les principaux acteurs pour eux-mêmes et dans le cadre des groupes conjugal/familial et sociaux.

La première partie du numéro est consacrée aux frontières et contenus du travail parental et met notamment l’accent sur le travail affectif et cognitif qui l’accompagne (quoi faire ? comment ? par qui ?).

La deuxième partie porte sur les prescriptions sociales. Le premier lieu de prescription est sans doute l’école.
Elle évoque également le desserrement progressif du modèle familial traditionnel, mais qui reste encore largement dominant ; la gestion de l’articulation entre travail et famille qui reste massivement entre les mains des mères. Selon la culture professionnelle, elle sera plus ou moins facilitée, mais aussi plus rarement déléguée à l’autre parent. Au-delà de l’emprise des normes, le travail parental se répartit aussi en fonction des contraintes économiques de la classe sociale mais également de chacun des membres du couple -les deux ayant partie liée.

Enfin une dernière partie interroge ce qui remet en cause, ou tout au moins questionne, le travail parental dans son acceptation traditionnelle (le travail parental exercé par les pères divorcés par exemple ou le cas des familles homoparentales).

Ce que j’en ai pensé : le sujet (vaste) est traité sous différentes facettes, les articles sont inégaux en qualité et en intérêt mais ils apportent tous des éléments pour réfléchir. Intéressant à lire même si le choix des angles peut parfois prêter matière à débat, me semble-t-il. En revanche, je n’ai pas compris pourquoi en conclusion de ce numéro il y avait un focus (très partisan) sur Françoise Dolto intitulé « Responsabilité plutôt qu’autorité ». Pourquoi elle plutôt qu’un ou une autre ?

Mes deux articles « préférés » :

– Etre au service et articuler travail/famille : cet article est basé une recherche menée auprès d’hommes et de femmes assistants sociaux, policiers et infirmiers de profession, c’est-à-dire des professionnels de la relation. Cette contribution pose la question de la capacité de distanciation non seulement pratique (comme le permet l’accueil de l’enfant dans une crèche ou la prise d’un congé parental) mais aussi subjective, indispensable si on veut se rendre vraiment disponible pour le travail professionnel mais aussi bien pour le travail parental.

– Le travail éducatif parental dans les classes moyennes et supérieures : deux modes contrastés d’encadrement des pratiques et des choix des enfants
. Le travail éducatif parental revêt des formes différentes dans les classes moyennes et supérieures d’un côté et dans les classes populaires de l’autre, en raison de l’inégale répartition des ressources, mais aussi de conceptions différentes de ce que constitue un bon encadrement éducatif.

Il est possible de commander ce numéro en ligne.

 

4 thoughts on “Le travail parental : un travail comme un autre ?

  1. Je suis un peu perplexe devant cette notion de « travail parental »… En quoi le temps passé avec les enfants relève t il du travail ? Si je vais au cinéma en compagnie des enfants, ce serait donc
    du « travail parental » ? mais si j’y vais avec mon conjoint, est ce alors du « travail conjugal » ?

      

  2. @ Nathalie : c’est une bonne remarque  !

    Je cite (en résumant) un extrait de l’introduction : la notion de « travail » n’est entrée que tardivement dans le vocabulaire de l’éducation domestique. On la doit principalement au courant
    féministe matérialiste qui, dans les années 70, s’est attaché à sortir l’économie familiale de l’invisibilité dans laquelle le 19ème sècle l’avait placée. (….)
    Depuis la notion oscille entre la reconnaissance de cette « activité » comme « un travail en soi » et la tentation toujours présente de faire de cette « compétence » un tremplin de
    moralisation/responsabilisation des familles. On n’oubliera pas non plus que la reconnaissance du travail parental comme une activité, si elle a permis de faire émerger « la deuxième journée de
    travail » n’a pas encore engendré de « révolution parentale ».

      

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