Portraits de femmes

Sophie, photographe professionnelle

sophiebourgeixNouveau portrait de femme avec Sophie Bourgeix, photographe professionnelle à Aix-en-Provence.

« Après le bac, j’ai obtenu une maîtrise en psychologie clinique. J’ai choisi ces études car je pense avoir toujours été dans l’empathie, très tournée vers les autres. J’étais attachée à l’importance du mot, à l’accompagnement de l’autre. A cette époque, la photo était une passion (ma salle de bain était devenu mon labo photo !) mais je ne voulais surtout pas en faire mon métier. Mais les certitudes sont faites pour être bousculées comme la vie me l’a montrée ensuite !

Ma première expérience en tant que chef d’entreprise a été dans l’immobilier, mais « mon association »  ne s’est pas bien passée. Je me suis alors retrouvée à devoir faire des choix. J’étais enceinte de mon premier enfant et je devais gagner ma vie. J’ai fait un « objectif projet individuel » proposé à l’époque par l’ANPE. J’étais accompagnée par une jeune femme avec qui j’ai pu discuter des différents projets professionnels que j’envisageais, mais la photo est remontée !  C’est alors devenu mon métier à partir de 2007. Au départ, j’ai fait des photos de mariages, des portraits, puis j’ai découvert en 2009-2010 le portrait en studio, en noir et blanc. Et là j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé ma voie, mon véritable moyen d’expression.

Parallèlement, j’ai décidé d’adhérer au GNPP (groupement national des photographes professionnels), grâce auquel je fais régulièrement des formations.

portraitsophiebourgeixEn 2012, à l’occasion du festival européen L’été des portraits qui se tient tous les deux dans les rues d’une ville européenne, j’ai reçu le premier prix, le Borvo de Cristal, avec le portrait d’une femme. En novembre 2014, je deviens la première femme, et la 5e photographe française à devenir Master Qualified European Photographer (MQEP)  pour une série de portraits baptisée « L’autre regard » que j’ai réalisée de jeunes adultes handicapés d’un Institut médico-éducatif. Pour résumer ce reportage photo, j’aime citer le philosophe Alexandre Jollien : « Ne pas fuir le handicap, mais au contraire construire à travers lui une singularité, plutôt que de revendiquer un droit à la différence ».  Cette récompense  m’a permis de me dire que je ne me trompais pas dans ma démarche artistique. Par exemple, sur mes portraits, je n’enlève pas une ride. Cela m’a incité à continuer à travailler selon ma façon de faire. Je suis plus à l’aise vis à vis de mes clients, dans mon discours commercial. Aujourd’hui, je me définis comme une portraitiste de famille. Un portraitiste, pour moi, c’est comme un médecin généraliste, il faut qu’il nous corresponde. Je travaille avec un Canon réflex. Je suis tout particulièrement attirée par le noir & blanc, qui apporte une touche d’intemporalité. Cela permet de rattacher mes photos à l’idée d’un patrimoine, d’une transmission possible. La photo est une empreinte, une histoire qui se raconte. Mais cela ne veut pas dire que je refuse la couleur. Et puis comme je le disais plus haut, les certitudes sont faites pour être bousculées !

Je travaille à 90% avec des particuliers. Et je fonctionne essentiellement grâce au bouche à oreille. J’ai également un site internet qui me sert de vitrine et que je veille à mettre à jour régulièrement.

J’ai également ouvert un studio au cœur du vieux Aix en aout 2013 où je reçois sur rendez-vous. C’était un pari un peu fou mais j’avais besoin de retourner au cœur de la ville, de ne pas rester enfermée chez moi, dans mon studio. Je pense que c’est important pour le lien social et cela me correspond bien. Je sais que c’est un risque financier, mais cette décision est l’aboutissement d’un projet calculé. J’ai appris à devenir une chef d’entreprise. Je suis accompagnée par mon syndicat professionnel, par des amis photographes et par un coach, lui aussi photographe.

portraitsophiebougeix2J’ai deux enfants, de 7 et 9 ans. Avant d’avoir un studio, j’étais beaucoup chez moi. Avec l’ouverture de mon studio en centre-ville (à 30 minutes de chez moi), il a fallu mettre en place une autre organisation. Le lundi et le mardi, je vais les chercher à l’école. Les autres jours, ils vont au centre aéré ou je fais appel à une baby sitter. Avec mon mari, on partage beaucoup l’organisation quotidienne. C’est important pour moi d’avoir du temps pour mes enfants.

Je pars régulièrement en formation ou pour des congrès. Par exemple, récemment, je suis allée passer 10 jours à Las Vegas où se tenait le WPPI, le plus grand congrès de photographes de mariage et de portraits du monde. C’est important pour moi d’aller à la rencontre des acteurs, des tendances. On fait tous le même métier, mais de façon si différente. J’ai envie de partager avec d’autres photographes ma façon de voir les choses, d’exercer mon métier.

Par ailleurs, c’est une profession en plein mutation. C’est important de savoir se remettre en question, d’accepter les changements. Et cela me permet de revenir avec une nouvelle énergie. Je suis bien consciente que ces déplacements représentent un sacrifice à la fois financier et pour ma famille, mais c’est important quand on passe beaucoup de temps comme moi enfermée dans un studio d’ouvrir les yeux vers l’extérieur.

Actuellement, je suis plutôt satisfaire de la façon dont je concilie vie professionnelle et vie familiale. Je crois que j’ai trouvé un équilibre. J’ai du temps pour ma famille, mon travail, peut-être un peu moins pour moi, pour aller me nourrir de culture par exemple. Dans 2 ou 3 ans, je me vois avec le même rythme mais mieux installée et toujours avec du temps pour aller à la rencontre de photographes étrangers.

Le site de Sophie :

http://sophiebourgeixphotographe.com/

(les deux photos en noir et blanc qui illustrent l’article sont bien évidemment de Sophie)

2 thoughts on “Sophie, photographe professionnelle

  1. Bravo pour cette reconversion ! Ce n’est pas toujours facile pour les femmes d’être indépendantes et de gérer à la fois une vie professionnelle bien fournie, et une vie de maman… bien fournie aussi ! Je me reconnais bien quand tu parles d’accepter les changements dans son métier. Je pense que toute personne qui travaille à son compte doit en effet garder une certaine souplesse vis-à-vis de l’évolution de son secteur professionnel. Bonne continuation !

      

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *