A l'école Education nationale

L’Education nationale m’a tuer

hurt1Presque 1 an sans billet sur l’Education nationale, cela commençait à me manquer ! Et pourtant, je continue à désespérer de l’école de la République …

La réforme des rythmes scolaires n’a, à mon sens, rien changé à l’enseignement. Elle a juste créé des difficultés d’organisation (et financières) pour certaines villes et quelques couacs dans les écoles. Dans le meilleur des cas, elle offre des activités extrascolaires sympathiques aux enfants. Mais en terme d’apprentissage des matières scolaires, honnêtement, il n’y a aucune différence. D’autant plus qu’il n’est pas rare que les matins continuent à être consacrés au sport, à la piscine et à des activités annexes. On nous avait pourtant dit que les matinées devaient être consacrées aux maths et au français, puisque les enfants étaient plus concentrés et plus réceptifs à ce moment là de la journée. Moi, je dis, vive le sport l’après-midi !

Evoquons rapidement les dernières mesures mises en oeuvre par le Ministère de l’Education :

– La fin du redoublement me laisse songeuse. Pourquoi faire passer un élève s’il n’a pas le niveau ? A mon époque (oui, je sais, cela fait un peu vieux schnok…), le redoublement existait, même s’il était rare, et il me semblait que les élèves, après n’avoir pas fait grand-chose la première année, se remettaient au travail la seconde année. A titre personnel, je ne m’opposerai pas au redoublement d’un de mes enfants, si ses professeurs le lui conseillaient.

– Les gommettes de notre Ministre de l’Education nationale, à la place des notes, me laissent tout aussi perplexe. J’avais écrit un billet sur les notes. Mon avis n’a pas changé. Comme d’autres, je pense que la note évalue un travail et non pas la personne qui a effectué ce travail.

– Le plan numérique pourrait sauver l’école, selon le gouvernement. Mais quelle chimère !

En revanche, je ne vois rien pour lutter contre le fait que 20% des élèves arrivent en 6ème sans savoir lire et écrire correctement. Rien pour revaloriser la profession d’enseignant et attirer les meilleurs. Rien pour réfléchir aux méthodes qui marchent et bannir celles qui ont déjà fait trop de dégâts. Rien pour modifier les programmes afin qu’ils soient plus progressifs et plus structurés.

Je vois de plus en plus de parents mettre leurs enfants dans le privé (rappelons que quasiment tous les enfants de notre classe politique le sont également…), voire dans des écoles hors contrat (Montessori, Freinet, etc.). Notons que l’institutrice qui s’inspirait des méthodes Montessori au sein de sa classe d’une école publique à Gennevilliers a démissionné. Dommage !

Parfois, je me demande si dans quelques années, les enfants seront encore capables de lire un livre de plus de 200 pages. Quel sera leur niveau de culture générale ? Que connaîtront-ils de l’histoire de leur propre pays ?

Un ancien professeur agrégé de physique chimie, Francis Penin, m’a envoyé récemment son livre, L’ère du cancre-roi ou le prétendu acharnement pédagogique.

Il évoque la perte d’autorité des professeurs (qui ne sont plus soutenus par leur hiérarchie), la disparition des punitions, les cancres qui font le bazar dans les classes, la pression sur les jurys pour remonter les notes, le bac bradé, l’échec scolaire de plus en plus important, la mauvaise orientation de certains élèves. Il prône notamment une revalorisation du bac pro et des études courtes. Son livre, dense, est intéressant car il a vu l’évolution du système scolaire entre les années 70-80 et aujourd’hui. Le bilan est sévère et cruel, pour les enseignants et pour les élèves. La démocratisation de l’école a échoué.

A la fin de son livre, il publie une rédaction écrite en classe pour une jeune fille de 11 ans en 6ème. La voici. Lorsque je compare à ce que mes enfants (et sans doute les vôtres…) écrivent, cela fait mal. (cliquez deux fois sur la photo pour la voir en grand)

 redaction6eme

Certes, il y a des écoles et des professeurs qui résistent. Il y de très bons établissements (privés et publics). Il y a des classes avec des professeurs exigeants, qui instruisent leurs élèves et leur donnent le goût des études. Mais elles ne sont pas majoritaires.

Mes 3 enfants ont connu un nombre certain d’écoles (publiques et privées). J’ai pu constater une différence énorme d’exigence, de niveau. Dans certaines, les professeurs ont abandonné toute exigence sur l’orthographe, dans d’autres, la notation tient compte du nombre de fautes. Dans certaines, on colle des polycopiés dans un cahier, dans d’autres il y a un vrai cours structuré écrit à la main par les élèves, dans certaines on apprend des poésies, dans d’autres, on n’en apprend plus. Bref, il y a de tout. Mais globalement, ce n’est pas très rassurant. Et les inégalité n’ont jamais été aussi criantes.

24 thoughts on “L’Education nationale m’a tuer

  1. L’inutilité du redoublement est un des très rares points sur lesquels les recherches en sciences de l’éducation convergent, alors que les discussions s’étendent sur l’effet de la taille des classes, l’âge du recrutement des enseignants, etc….

    Perso je trouve de plus que les arguments sont convaincants, alors que je reste dubitative par exemple sur l’intérêt de la scolarisation des 2 ans ou les questions d’évaluation (les appréciations me paraissent bien pires que les notes).

    En plus le coût actuel du redoublement est de l’ordre d’1 milliard. Même si c’est surestimé (?), ça paraît une intéressante source d’économies.

    Mais je suis d’accord avec ta conclusion : il y a d’énormes disparités d’un endroit à l’autre, et des réformes comme celle des rythmes ne font qu’aggraver la situation.

      

  2. Moi, c’est vraiment cela que je retiens: que signifie aujourd’hui l’école de la République, une, obligatoire, quand on voit des enfants condamnés à l’échec car n’ayant pas la chance d’être éduqués dans le « bon » établissement!

      

  3. Mes deux enfants sont scolarisés en maternelle dans le privé (Paris 16ème) et ce n’est guère mieux : 29 enfants en très petite section et 32 en moyenne section!!! Donc autant dire que les maitresses n’ont pas le temps de s’occuper de chaque enfant et que dès que l’un d’entre eux ne roule pas tout seul ou est un peu agité, il est pointé du doigt.
    Quant aux écoles Montessori, encore faut-il être prêt à payer 20.000 euros l’année, voire plus dans certains quartiers.

      

  4. J’ai dû lutter, avec soutien des parents, pour faire accepter 3 redoublements par ma hiérarchie : un redoublement coûté des ronds, donc la consigne est de ne pas faire redoubler. Les enfants, on s’en tape!

      

    1. La consigne est d’éviter de faire redoubler parce que toutes les études montrent que ce n’est pas positif pour l’élève à moyen terme.

        

  5. Merci à toutes pour vos commentaires !

    @Nathalie : je t’avouerai que je méfie des études réalisées par les « experts » de l’Education nationale. Le redoublement me semble du bon sens…
    Par ailleurs, je t’invite à lire cet article de Loys Bonod sur son blog, La vie moderne : http://www.laviemoderne.net/detox/98-depp-impact.


    @Valérie : c’est vrai que les écoles Montessori sont très chères, mais dans le cadre de l’article que j’avais écrit pour l’Express (j’ai mis le lien), les tarifs tournaient plutôt autour de 5000-6000 euros. Ce qui est déjà beaucoup, j’en conviens !!

      

    1. Je connais le blog de Loys Bonod que je trouve très intéressant et agréable à lire, même si je ne suis pas toujours convaincue par ses arguments.


      Je pense qu’il faut se méfier du « bon sens », les intuitions sont souvent trompeuses (En outre, mon bon sens à moi me conduirait à penser que le redoublement est effectivement une mauvaise pratique.)

      Je suis très frappée par la dispersion générale des études en sciences de l’éducation. Un cas frappant est celui de la taille des classes. Le « bon sens », pour le coup, amènerait à penser que c’est très bien de diminuer la taille des classes. Il est surprenant que les résultats soient décevants et montrent parfois que ça ne sert pas à grand chose, et qu’il soit très difficile de dégager un consensus. On n’a pas trop d’idée de la « bonne » taille pour une classe.

      Ainsi Maria Montessori a expérimenté sa méthode dans des classes qui nous paraîtraient monstrueusement surchargées (on a d’ailleurs laissé tomber cet aspect de son travail…)

        

      1. @nathalie: vous avez raison, le « bon sens » ne revêt pas la même chose selon les personnes ! Lorsque j’étais en collège ou au lycée, j’ai eu des redoublants dans ma classe. En général, ils s’en sortaient correctement (normal en un sens, puisqu’ils revoyaient le même programme). Cela leur permettait d’aller en classe suivante avec de meilleurs acquis. En revanche, il est vrai que le redoublement n’est pas une bonne chose si l’élève n’est pas fait pour les études, mais aurait intérêt à se tourner vers l’apprentissage ou un diplôme court (BEP, CAP). Mais laisser passer un élève très faible me semble absurde…


        Quant à la taille de classe, les instituteurs se réjouissent lorsqu’ils n’ont que 22 ou 23 élèves. Ils ont bien raison, à mon avis. Cela leur permet de personnaliser leur enseignement (ce qui n’est plus du tout fait).
        Effectivement, chez Montessori, ils sont beaucoup plus nombreux, car il y a plusieurs classes d’âge dans la même classe. Mais je ne suis pas sûre qu’il n’y ait qu’un adulte par classe, en primaire, si ? Par ailleurs, je crois que les plus grands peuvent aider les plus jeunes.

          

        1. Visiblement, certaines personnes essayent de s’abonner aux commentaires pour recevoir un mail lorsqu’un nouveau commentaire est posté, mais cette fonction ne marche pas, je le crains ! J’ai dû faire un mauvais réglage 🙁

            

  6. Bonjour, je suis venue sur votre blog via Loys Bonod que je lis depuis plusieurs années déjà et que j’ai pu écouter au colloque « Les enfants face aux écrans » qui a eu lieu à Paris en avril. D’ailleurs, pour ceux que cela intéresse toutes les vidéos des intervenants sont en ligne : https://www.youtube.com/playlist?list=PLRqu-h5SEHd-A3NjkfHfj4wAd2cNxb7rB.


    Je suis maman de 2 enfants qui sont en primaire, et je fais malheureusement le même constat que vous sur le niveau scolaire. Ne me résignant pas à mettre mes enfants dans le privé (et quel privé ? car de nombreux exemples autour de moi prouvent que le niveau n’est guère mieux que le public , voire pas du tout, mais les parents se rassurent comme ça). J’ai donc pris la décision de faire le programme de français et de maths à mes enfants le soir après la classe et un peu le week-end, avec 1 ou 2 dictées par semaine. J’utilise les manuels édités par le GRIP qui sont d’un excellent niveau (peut-être trop par rapport à ce qu’on enseigne généralement) et qui ont le grand avantage de proposer une progression que je suis scrupuleusement, n’ayant pas les compétences pour faire moi-même les cours. Tout cela me navre profondément, étant maintenant convaincue qu’en fait ce qui se cache derrière tout ce gâchis, c’est la casse programmée de l’école publique par nos gouvernements successifs depuis des décennies. Mr Sarkozy ne s’en cachait à peine, les socialistes au pouvoir font exactement la même chose mais ne l’assumant pas devant leurs sympathisants (pour ce qu’il en reste …) essaient de nos=us le cacher en faisant beaucoup de bruit avec la soi-disant refondation de l’école

      

    1. @Le Guen: merci beaucoup pour votre commentaire. Je n’étais pas présente au colloque, mais j’ai regardé plusieurs vidéos (dont celle de Loys Bonod 🙂


      Vous avez raison toutes les écoles privées ne sont pas forcément de bon niveau, avec de bons professeurs. D’ailleurs, ma fille aînée est allée dans un collège privé qui était médiocre avant celui où elle est actuellement. Si on regarde les meilleurs collèges ou lycées, il y a proportionnellement plus de privés que de publics.


      Je connais les manuels du GRIP, ils sont excellents. Moi, j’ai acheté quelques manuels de la librairie des écoles (http://www.lalibrairiedesecoles.com/) Leur niveau n’a effectivement rien à voir avec ce qu’apprennent nos enfants à l’école (sauf peut-être quelques-unes). Je n’ai pas votre courage de faire faire des devoirs tous les soirs à mes enfants, en plus de l’école. Je ne leur fais faire des dictées que pendant les vacances. Mais je me rends bien compte qu’il faudrait faire plus. Bravo ! (et comment font tous ceux qui travaillent et rentrent tard. Je suis indépendante, donc je peux me permettre de suivre leurs devoirs de près, mais tous les autres…)

        

      1. J’achète aussi des livres à la librairie des écoles … et je vais « farfouiller » sur le site http://manuelsanciens.blogspot.fr/.

        Je travaille mais j’ai beaucoup de chance d’avoir très peu de temps de transport et des horaires de travail qui me permettent de rentrer tôt chez moi. J’ai tout à fait conscience que peu de parents ont cette possibilité. Je vis dans un quartier parisien à très grande mixité sociale, et j’ai plus de compassion pour les familles dans des situations précaires ou maîtrisant mal le français que pour les familles bourgeoises (pour ne pas dire bobo, terme que j’exècre car il recouvre des situations très différentes, mais pour moi, je veux bien l’assumer) qui sans aucune conscience républicaine, sans même se renseigner correctement sur l’école publique dont elles dépendent, mettent leurs enfants dans une école privée

          

        1. @Le Guen: ce que je ne comprends pas (enfin, si, je comprends qu’il y a des raisons idéologiques derrière, mais cela m’attriste énormément), c’est pourquoi les instituteurs/trices n’utilisent pas plus ces manuels bien faits, structurés, exigeants et dont les méthodes ont fait leur preuve. Pourquoi sont-ils cantonnés à Internet et à quelques parents vigilants et très impliqués ?

            

          1. Je suis aussi médusée que vous par l’utilisation de manuels aussi mauvais par les enseignants, mais contrairement à vous je ne pense pas que ça soit par idéologie. Pas à leur niveau. Je dirais plutôt qu’ils subissent une idéologie venant de plus haut. Après, vous me rétorquerez, que rien ne les empêche de faire un constat sur l’efficacité de ces manuels ou pratiques, car ils sont aux premières loges. Mais c’est très difficile de se remettre en cause après des années de pratique. Et puis, je ne connais pas le contenu de leur formation, pour ceux qui sont passés dans les IUFM, ou bien des conférences pédagogiques auxquelles ils assistent plusieurs fois par an, mais peut-être que c’est là où on leur distille une certaine « propagande » (je mets des guillemets car le mot est peut-être un peu fort …)

              

          2. @Le Guen: je me suis mal exprimée, je pensais aussi aux experts là-haut de l’Education nationale plus qu’aux professeurs ! Après, il y a aussi le poids des inspecteurs…

              

  7. Des réponses aux questions :


    1. Pourquoi les instituteurs n’utilisent pas les anciens manuels?

    Pour un tas de raisons!

    Parce qu’il y a des doctrines et des modes imposées.

    J’aimais bien la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture : je me suis fait incendiée (2008)

    Maintenant (2013 en tout cas) elle est recommandée. Les querelles de clocher entre théoriciens qui n’ont pas mis les pieds dans une classe depuis 30 ans (voire : n’ont jamais enseigné) prévalent sur l’avis des enseignants.

    Les manuels doivent achetés par la classe : le budget vient de ce que peuvent/veulent donner les parents à la coopérative de l’école.

    En général : on n’ a pas de quoi acheter plus d’un jeu de manuel par an, et encore.

    Il en faut en histoire, en géo, sciences, français, maths, sans compter les fichiers d’exercices et ce que j’ai oublié.

    Résultat : l’instit fait avec ce qu’il y a déjà dans la classe. Parfois, il n’y a rien (j’ai eu un CM1 où il n’y avait qu’un manuel de maths pour chaque élève, rien dans les autres matières).

    On photocopie ceux des collègues à côté, s’ils veulent bien, mais les photocopies sont limitées par le bugdet de la mairie.

    Allez dans les magasins de photocopies : vous y trouverez plein d’instits à partir de février, qui photocopient sur leurs propres deniers de quoi faire travailler leur classe.


    2. Pourquoi on ne fait pas redoubler?

    Parfois, un redoublement ne sert à rien : notamment quand il y a des problèmes psycho, patho, de développement intellectuel etc. Mais si on ne fait pas redoubler l’enfant, il n’y a ensuite rien dans son dossier pour appuyer des demandes d’aides ou d’intégration d’établissements spécialisés.

    D’une manière générale : ça coûte cher, donc les redoublements sont limités à 1 par cycle, et même dans ce cas-là accordés au compte-goutte (même quand parents et enseignants sont d’accord)

    Je ne sais pas dans quelles conditions ont été réalisées les études qui montrent qu’un redoublement n’est pas bénéfique à moyen terme, mais c’est sûr que le refuser à long terme est catastrophique pour tout le monde.


    2. La scolarisation des 2 ans?

    Elle n’est utile que dans les milieux défavorisés et/ou on ne parle pas français à la maison. Dans ce cas, mieux vaut que les enfants soient au chaud, à l’école, et intégrés dans la société (j’ai eu une classe avec 30% d’effectifs en squatt)

    La dernière fois que j’en ai entendu parler : les 2 ans ne comptaient plus dans les effectifs, il y avait donc 26 enfants dans l’école où j’étais qui ne comptaient pas. Ce qui amenait toutes les autres classes à 31 élèves.


    3. Pour la taille des classes, est-ce que ça joue?

    Si vous avez 30 élèves, en admettant que vous ne donnez aucune consigne collective, vous avez 2 minutes à accorder à chacun par heure. Au mieux, donc, puisqu’il y a les explications à donner, les élèves qui osent lever la main pour poser des questions, et ceux qui ont tellement de problèmes qu’ils vampirisent le temps et l’énergie de l’enseignant.

    Sans compter qu’on a des élèves handicapés, à troubles autistiques ou autres sans que ça joue sur le nombre d’enfants dans la classe ou qu’une aide soit forcément accordée (il faut l’accord des parents, le budget de la mairie, et la présence d’1 ou une assistante payé au smic mais qui veuille quand même bien ranger son portable, s’habiller correctement (la dernière que j’ai eue avait un T shirt marqué FUCK YOU en grand devant), et s’occuper de l’enfant, ce qu’elle ne peut pas toujours faire, car on envoie parfois des handicapés en imaginant qu’ils pourront bien s’occuper de petits enfants, ce n’est pas si compliqué).


    Il y a une école alternative à côté de chez moi, avec 3 adultes pour 18 enfants. 1 pour 6, et la qualité de l’enseignement ne serait pas différente de 1 pour 30?


    Enfin voilà 🙂

      

    1. @Selma: Merci Selma pour ton témoignage (je précise pour ceux qui ne te connaissent pas, que tu as été institutrice pendant 8 ans). Je suis très surprise par l’achat des manuels. Je ne savais pas du tout qu’il était lié à la coopérative. Je pensais que c’était la Mairie qui les finançait. Je pense en plus que si on achète un très bon livre en maths et un autre en français (du genre de ceux du GRIP ou Librairie des écoles), on a déjà largement de quoi faire. Quitte à ne pas avoir, en primaire, de manuel des autres matières, mais seulement quelques feuilles, affiches, images sur l’ordinateur, etc.



      Que le redoublement soit cher, j’en suis persuadée. Mais il me semble que l’énorme budget de l’Education nationale est loin d’être utilisé au mieux !! Après, je suis bien d’accord qu’il n’est pas toujours justifié, mais il l’est pour des élèves qui n’ont rien fait une année et à qui on peut donner une chance supplémentaire de se réveiller et de rattraper le retard. Le risque est grand ensuite d’avoir un décrocheur , et qui risque de perturber la classe par ennui…(Monsieur Penin le montre très bien dans son livre).


      Pour les effectifs, j’aimerais bien qu’ils soient moins nombreux ! Mais est-ce possible ? L’idéal serait que les effectifs puissent varier en fonction des écoles et du niveau des classes.

        

      1. Ah je me disais aussi, que cela sentait le vécu ! J’ai adoré le T-Shirt « Fuck you » de l’AVS. Merci à Selma pour ce témoignage qui nous renseigne sur un certain état de l’école.


        En 2012, un débat avait eu lieu entre JP Terail et V. Peillon à Télérama. La question des méthodes d’apprentissage de la lecture avait été posée. Peillon, tout en reconnaissant que des méthodes étaient plus efficaces que d’autres, ne prenait pas le risque d’imposer les meilleures pour ne pas remettre en cause la liberté pédagogique. Vous pouvez lire l’intégralité de l’entretien ici http://www.telerama.fr/idees/comment-sauver-l-ecole-dialogue-entre-le-ministre-vincent-peillon-et-le-sociologue-jean-pierre-terrail,86480.php

          

        1. @Le Guen: merci pour le lien ! Je trouve que les réponses de Vincent Peillon sont soit langue de bois soit intéressantes (mais rien n’a été mis en œuvre pour réaliser ces bonnes idées).

            

  8. Les sciences de l’éducation n’ont rien de scientifique. Au mieux, on peut les classer parmi les sciences humaines. Ce qui distingue « la » science (c’est-à-dire les mathématiques, les sciences physiques [la physique et la chimie] et les sciences biologiques), des diverses sciences humaines, c’est que, dans la science, on aboutit toujours – parfois après des années de controverses plus ou moins aigre-douces, voire ignobles – à un consensus. Mais dans quel domaine autre que celui de la « science tout court » (parfois désignée par le terme « science(s) exacte(s) ») parvient-on à un consensus ? Je cite maintenant un auteur américain, Isaac Asimov (1920-1992) : « En politique, en art, en littérature, en musique, en philosophie, dans le domaine de la religion, de l’économie, de l’histoire – la liste pourrait s’allonger indéfiniment – il est de règle de voir des hommes par ailleurs raisonnables être en désaccord d’une manière quelquefois passionnée ou violente et ne jamais changer d’avis ou très rarement. » À la liste qui précède, j’ajoute les prétendues « sciences de l’éducation ».

    J’en viens à l’éternelle controverse sur l’utilité du redoublement. Si, comme plusieurs études « scientifiques » convergent vers la conclusion que le redoublement ne sert à rien – ce qui n’est pas vrai à 100 % -, il n’en reste pas moins que si l’on fait passer systématiquement des élèves en difficulté (quelles que soient les raisons de leurs difficultés) dans la classe supérieure, ils iront tous à l’échec, absolument tous. On pourra toujours arguer que l’enseignement a été déficient, par la faute des enseignants, etc., ce qui pourrait tenir la route si tous leurs élèves échouaient aux examens ! Mais a-t-on jamais vu une semblable chose ? A-t-on licencié des professeurs pour ce motif ? C’est possible, car il y a des « cas », même dans l’Éducation nationale. Parmi les élèves qui redoublent une ou plusieurs classes, il en est qui échouent, il en est qui réussissent. Parmi les élèves qui ne redoublaient pas une seule classe, il y a quarante ans, il y en avait qui échouaient, bien entendu.

    J’ai moi-même échoué au baccalauréat scientifique (en 1958, dans la section « Mathématiques élémentaires ») sans avoir jamais redoublé une seule classe dans l’enseignement primaire ni dans l’enseignement secondaire. Et, appliquant de manière prophétique le principe de l’inutilité du redoublement, je n’ai pas redoublé alors que j’y étais autorisé car j’étais un élève sérieux et de niveau satisfaisant dans l’ensemble. (Je n’étais pas brillant.) J’ai cherché du travail, en ai trouvé et ai révisé mes cours de terminale le samedi et le dimanche. J’ai été reçu à l’âge de dix-neuf ans, avec la mention passable, dernier de la liste des reçus après les épreuves orales. Cela prouve-t-il l’inutilité du redoublement ? Cette question n’est pas une boutade. J’aurais mieux aimé redoubler ! La situation matérielle de mes parents ne me le permettait pas. Sinon, j’aurais redoublé avec joie, et peut-être obtenu un résultat plus flatteur. Mais cela me suffisait pour la suite.

    Je dois maintenant dire que je suis un professeur de sciences physiques retraité. J’ai eu un jour un élève en terminale qui ne savait pas la règle de trois ! En fin de classe de première, le conseil de classe a conseillé à l’élève de redoubler la classe de première, faute de pouvoir le lui imposer. L’élève, majeur à l’époque, a refusé. Un an plus tard, il échoua au baccalauréat de technicien, section génie électrique. Il aurait dû logiquement partir dans la « vie active »… puisque le redoublement – paraît-il – ne sert à rien ! C’est nous, mes collègues et moi, qui nous sommes opposés à ce redoublement de la classe de terminale, pour la forme (et sans doute avec quelque malice), mais vainement bien entendu. Et, après tout, l’élève n’était nullement désagréable. Il était de bonne volonté. Après le « bac blanc », cependant, il me fit part de son amertume et commença de ne plus me trouver sympathique, marmonnant des reproches à mon endroit. Cela ne m’étonna que modérément. Il échoua une seconde fois au baccalauréat dont, pourtant, les épreuves étaient devenues très faciles ! (Si l’on veut que tout le monde ait le baccalauréat, il suffit de diminuer le niveau d’exigence de l’examen, disons jusqu’à n’exiger au strict minimum que les candidats sachent écrire leurs noms sur leurs copies.)

    D’où je conclus que oui, le redoublement ne sert à rien… avec des élèves nuls et paresseux. Ah ! comment donc appelle-t-on de tels élèves ?


    Je connais un instituteur âgé de quatre-vingts ans qui m’a raconté qu’il a eu une classe unique vers 1960, c’est-à-dire qu’il avait tous les niveaux de l’enseignement primaire à la fois. Il a eu un jour un « benêt », gentil, mais à qui il ne parvint jamais à apprendre à lire. C’était un cas extrême, bien sûr. L’élève en question est resté dans la classe jusqu’à l’âge de quatorze ans, aidant les petits à aller aux toilettes, tout content de se rendre utile. A-t-il redoublé ou non ? Impossible de le dire !

      

  9. Je suis contre la fin des redoublements. Parfois, redoubler permet d’éviter un échec scolaire ou de mieux réussir une année et peut-être de diriger un élève vers un secteur d’études qui plait. Il y a tant de choses à faire avant d’équiper tous les 4e de France de tablettes….

      

    1. Le redoublement est utile à tout élève en difficulté passagère et dont on sait qu’il en tirera un grand bénéfice. Le cas le plus banal – le cas d’école, si j’ose cette plaisanterie dans un sujet aussi sérieux – est celui où un élève brillant est absent pendant un trimestre pour raison de santé. Lorsqu’un élève est nul, le redoublement ne sert à rien, c’est vrai, mais je ne vois pas en quoi cela entraîne un quelconque surcoût ! Ce qui entraîne un réel gaspillage, c’est bien de garder des élèves nuls (et souvent insupportables) au-delà de 16 ans quand il n’est que trop flagrant qu’ils perdent leur temps, font perdre le leur aux bons élèves, et usent les professeurs.
      S’il a moins de 16 ans, qu’importe qu’un élève nul redouble trois ou quatre fois avant son seizième anniversaire. À seize ans il devrait être déscolarisé, qu’il soit parvenu en classe de seconde ou de première ou non. Quelle différence cela fait-il ? Qu’il redouble ou non, il constitue un boulet pour les bons élèves.
      Malheureusement, tous les gouvernements depuis 1970 veulent à tout prix scolariser tous les cancres bien au-delà de l’âge de la scolarité obligatoire (16 ans) afin de minimiser les statistiques du taux de chômage. Mais c’est la politique de l’autruche. Ces élèves nuls se retrouvent à 20 ans , parfois 21, voire 22 ans sans aucun diplôme (qui mérite ce nom) et n’ont aucune envie d’être apprenti maçon ou plombier. Ils n’ont rien dans la tête et ne savent rien faire de leurs dix doigts. Ces élèves-là sont resté plusieurs années au-delà de 16 ans, de manière indue : là est le gaspillage ! Quelques coups de pied au derrière se perdent, et pas seulement à ceux des cancres, mais à ceux de nos gouvernants. L’hypocrisie de nos gouvernants, tant de droite que de gauche est hallucinante. Pauvres de nous ! Pauvre France décadente !

        

  10. Ces dernières années, nous avons pu nous rendre compte que l’éducation nationale patauge pas mal. Les résultats sont catastrophiques, la déscolarisation augmentent, la carte scolaire est un échec… Au lieu d’essayer de s’inspirer de ce qui se passe ailleurs en Europe, il faut comprendre les problèmes et les gérer.

      

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