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M comme Mômeuse

lettrineMGrâce à Twitter, j’ai échangé avec Anna Ploime (un pseudo) qui tient un blog, L’abaissée du chômage, dans lequel elle relate ses recherches d’emploi sous forme d’abécédaire du chômage. Elle m’a gentiment proposé de partager sa lettre M comme Mômeuse. N’hésitez pas à aller découvrir son blog ! Merci !

 

M comme Maman, comme Mômeuse

Nathanaël Rouas nous a récemment présenté le concept du « Bomeur » pour nous parler de ces jeunes trentenaires bobos chômeurs.

On entend de plus en plus parler de ces Mumpreneurs ou bien des WorkingMum. Bref de ces supers mamans qui gèrent vie pro et perso. A mon tour d’inventer des mots pour vous parler des Mômeuses, ces mamans au chômage.

A priori, la contraction de ces deux mots est antinomique : une maman par définition travaille toujours, parfois même au-delà de ce que le code du travail a prévu.

Une Mômeuse est une maman dont le job, inhérent à sa fonction est physiquement et psychologiquement éreintant, non rémunéré et encore moins reconnu par les siens ni même par un quelconque cabinet de recrutement.

Très hybride, le statut de la Mômeuse est assez difficile à définir :

Mi ménagère, mi active

Mi fashion, mi jogging

Mi « fait maison », mi Picard

Mi épanouie, mi déprimée.

Et le concept soulève quelques questions philosophiques:

– Peut-on être considérée comme une personne « sans emploi » lorsqu’on est une maman de jeunes enfants ?

– Le travail non rémunéré est-il considéré comme tel ?

– Si non, quel mot attribuer à ces femmes levées dès 7h chargées d’habiller, nourrir, débarrasser, ranger, accueillir, récompenser, expliquer, consoler, cajoler, corriger, éduquer, émanciper de jeunes êtres en devenir ?

– La rémunération fait-elle le travail ?

– Qu’est ce que travailler ?

– Travailler est-ce se réaliser ?

– L’émancipation des femmes est-elle devenue une réalité ? Un objectif encore à atteindre ou bien une totale utopie ?

Bien sur, nous ne soumettrons pas ces questions à Eric Zemour ni à ses disciples. En revanche, je serais ravie de pouvoir les soumettre à l’équipe des Maternelles, spécialiste des questions de maternité, parentalité, sexualité après-l’arrivée-de–bébé, têtée, congé de parentalité, gémellité, fécondité, stérilité, parité, et autres mots en–té.

J’ai tenté de contacter Elsa Grangier, la chroniqueuse super friendly de la team de France 5 aux 2600 followers, mais en vain.

Peut être était-elle bookée, même overbookée, comme toutes ces mamans que je croise sur le chemin de l’école et qui sont de facto exemptées de toutes sorties scolaires et autres contributions à la vie scolaire.

Jalouse Anna ?

Et bien oui !! Oui, je suis jalouse de toutes ces WorkingMum toujours à la bourre quand elles déposent (ou jettent) leurs enfants devant l’école à 8H57, soit 3 minutes avant la sonnerie.

Tellement jalouse de leur excuse implacable : « Je ne peux pas je travaille »

Oui jalouse, car à elles on ne leur demande jamais de venir à la sortie à l’Aquarium, à la Ferme ou pire à la piscine pour aider la maitresse à habiller quelques 29 élèves.

Comme elles, j’aimerais ne pas avoir le temps pour :

– Faire le marché et donc bouffer sans même culpabiliser des plats cuisinés avec du bœuf voire du cheval !

– Eviter le tunnel 17h-20h pour cause de charrette comme on dit !

– Ecrire mes lettres de motivation quand je veux, et aller aux apéros pour networker !

Vous l’aurez compris, mon choix de vie n’a jamais été d’être mère au foyer.

Maman, oui !! Mais pitié avec un job épanouissant (ou pas), des tickets restau, des pots de départs et d’arrivée et des collègues a critiquer.

Je ne suis pas la seule à le dire : le job de maman est bien plus stressant que la vie au bureau (cf : étude américaine, Council on Contemporary Families, mai 2014)

Et ce stress est multiplié par deux quand il s’ajoute à celui généré par une périlleuse quête d’emploi.

Oui la vie de Momeuse n’est pas facile! Et je profite de cette modeste tribune pour faire un appel à Marlène Schiappa, fondatrice du mouvement « Maman travaille » pour m’aider à plaider la cause des Mômeuse!

La Mômeuse est une femme souvent dans l‘ambivalence : étriquée entre ses missions de maman et ses ambitions de carrière. Comme toutes les mamans elle adore ses enfants. Et comme de nombreuses femmes elle souhaite travailler comme sa mère, et sa grand-mère auparavant. Rien à voir avec un quelconque féminisme. Juste l’envie de se réaliser autrement qu’à travers la maternité.

La Mômeuse regarde souvent Les Maternelles, seule émission qui s’adresse aux mamans qui travaillent, ou pas. Pendant une heure, elle a l’impression qu’on s’adresse à elle. Elle : cette femme devenue cette maman

L’émission terminée, elle retourne faire une machine avant de postuler en ligne … ou inversement.

Elle a jusqu’à 16h pour être efficace.

One thought on “M comme Mômeuse

  1. Merci pour cet article. Qui vaut également pour toutes celles qui essaient de concilier vie perso et vie pro…en travaillant depuis chez soi ou en créant sa propre activité !

    Car je trouve aussi qu’on ne valorise pas assez le rôle des parents qui sont là pour leur enfant H24 ou presque (c’est volontaire d’écrire parents, pour que les papas se rendent compte que EUX AUSSI pourraient s’y mettre). Cela permettrait à celles qui n’ont pas eu le choix de s’arrêter (donc pour des mômeuses par ex), d’en tirer un bénéfice pour après.

    Je pense ainsi qu’une maman au foyer gère sa PME familiale et développe donc des compétences en organisation, gestion de projet, financières, et même RH parfois ! Et je pense que l’on devrait oser le mettre sur un CV…ou en tous cas se réapproprier ce moment, une fois terminé, pour en faire un atout. L’idéal étant que ce soit un atout au moment où on le vit, mais ce n’est pas encore le cas, en effet. Il y a encore du travail ! Mais vous avez prêché auprès d’une convaincue à 1 000%

      

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