Autour du travail

Concilier travail/enfants : en faire moins, c’est mieux ?

Boulot-enfants-en-faire-moins-c-est-mieux_img_348_443Dans le dernier numéro du magazine Elle, un article a attiré mon attention : « Boulot, enfants…en faire moins c’est mieux« . Il s’agit d’une interview de la psychologue Sylviane Giampino qui a écrit « Les mères qui travaillent sont-elles coupables ? » et qui a rédigé l’an passé avec Brigitte Grésy un rapport sur « Le poids des normes dites masculines ». L’entretien est complété par quelques témoignages de mères qui ont appris à déléguer, à partager, à relativiser.

Pour résumer, Sylviane Giampino estime que désormais les femmes ne veulent plus tout donner, côté boulot et côté enfants. Désormais, elles délèguent, elles déculpabilisent…et attendent davantage d’aide de leur conjoint, de leurs amis et même de leur patron.

L’idée de la fin de « la toute-puissance solitaire » à tout concilier me paraît pertinente. Elle dit également que les femmes ont compris que le dévouement total au travail et à la famille était intenable et à terme contre-productif. Effectivement, cela aboutit souvent à la culpabilisation, à la frustration, à une fatigue physique et nerveuse, voire au burn-out maternel ou professionnel.

Cependant, le titre (forcément réducteur, j’en conviens !) m’interpelle. Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais cela m’a fait penser à un billet que j’avais écrit en 2011 intitulé « Concilier travail/famille : faut-il baisser ses exigences ? ». Et si, en lisant cette interview et ces témoignages, je suis convaincue que les femmes ne peuvent pas tout concilier seules, qu’elles ont besoin pour cela du soutien de leur conjoint, de leur entourage et de leur employeur, certaines de mes questions demeurent « Jusqu’où en faire moins est-il vraiment mieux ? », « Jusqu’où peut-on déléguer ? », « Jusqu’où peut-on légitimement compter sur son employeur ? », « Jusqu’où s’engager et quand lâcher prise ? », « Les attentes en terme de conciliation travail/enfants des hommes et des femmes sont-elles toujours semblables ? », etc.

Or concilier travail, vie de couple  et vie familiale est exigeant, à la fois en termes d’organisation, de temps, de disponibilité, d’engagement, de responsabilité.

Bref, où placer le curseur entre « faire », « faire plus » et « faire moins » ? Même si une chose est sûre et bien indiquée dans l’article, le curseur ne peut (et ne doit) pas reposer seulement sur la femme et varie régulièrement en fonction des envies et des contraintes de chacun…

Pour finir, je me demande si la question n’aurait-elle pas pu être « Faire à plusieurs, c’est mieux » ? (c’est-à-dire que le « concilier travail/enfants » soit une question partagée à la fois par les femmes, les hommes, les entreprises et la collectivité).

Et vous, que vous inspire la lecture de cet article ? Merci de partager vos réactions et commentaires !

9 thoughts on “Concilier travail/enfants : en faire moins, c’est mieux ?

  1. Je trouve que cet article de Elle enfonce des portes ouvertes.

    Oui, dans l’idéal, ce serait super d’en faire un peu moins dans tous les domaines où on se sent débordée.

    Dans les faits, c’est l’inverse qu’on attend de nous. On attend que nous soyons les meilleurs parents possibles, les meilleur professionnels possibles. Donc ce titre, derrière son côté « bon sang mais c’est bien sur! », en fait, entretient l’incohérence des messages lancés aux femmes (spécialité des magazines féminins!)
    « Faites en moins, mais soyez toujours au top dans tout ce que vous faites! », voilà comment je résumerais l’article 🙂

    Ensuite, je pense que chaque femme/mère a son propre curseur, et l’aspect positif de l’article est qu’il provoque une réflexion sur la place du curseur de chacune, le seuil de tolérance que chaque mère a concernant les exigences que la société lui met (ou qu’elle se met toute seule)

    Certaines n’ont pas de souci à déléguer le bain/dîner/devoirs… Et trouvent un épanouissement dans le développement accru de leur carrière. D’autres décident de se consacrer en priorité à leurs enfants, ne veulent pas déléguer la plupart des taches éducatives car elles considèrent que c’est leur priorité.
    On fiat forcément des choix penchant plutôt vers l’un ou l’autre de ce modèle… Arriver à une espèce d’équilibre parfait, de joli 50/50, d’une belle statistique égalitaire, c’est peut être possible quand on regarde globalement les mères en France… Mais ça me parait illusoire pour chaque mère prise individuellement.

    Le titre de l’article a un aspect positif, qui donne l’impression aux femmes qu’elles pourraient se détendre un peu sur toutes ces contraintes… Et en même temps il leur met une nouvelle sacrée pression: « déléguer, se faire aider, ne pas tout faire soi-même »… Heuh, d’accord! Mais vous pouvez nous expliquer comment? Avec quel argent on paye des nounous plus longtemps? Quelles places en crèche on va nous offrir pour nous permettre de « souffler »?

    Bref… Encore une fois… Je ne comprends pas bien le message de Elle.

      

  2. Je trouve que ce type de magazine véhicule LE nouveau stéréotype féminin idéal: celui de la femme CSP++ qui est écartelée entre sa carrière si exigeante et son rôle de mère sans oublier celui de femme (que vous deviendrez en achetant les produits p°1 3 5 7 10 15 20 22 24 26 et ce jusqu’à la page 156). J’aurais aimé que de l’autre côté de la sacoche on trouve un homme qui tienne l’autre anse du sac mais ça c’est trop demander à Elle car finalement ce type de magazine est hyper conventionnel… bref, sous couvert de véhiculer l’image d’une femme top sur tous les fronts, cela créée des impératifs anxiogènes pour toutes les femmes qui ont des carrières en dents de scie, pas forcément les moyens de déléguer , un mari très pris ou absent, etc… bref, Elle à la poubelle (;-) je plaisante mais la rime était trop belle).

      

  3. Effectivement la vie de mère de famille qui travaille n’est pas de tout repos mais je pense aussi que l’on se met souvent la barre trop haute et que l’on s’épuise à toujours vouloir tout faire et bien faire. Apprendre le lâcher prise et la sérénité permet de relâcher la pression que l’on se met et à s’accorder le droit de souffler.

      

  4. Je constate que la conclusion de l’article est en contradiction avec le titre: il ne faut pas prendre de congé parental, pas de temps partiel, pas de métier compatible, et il faut absolument avoir des enfants !!
    Avec ces injonctions on ne voit pas trop comment « en faire moins »….
    J’ai toujours envie de demander à cette personne « les mères qui ne travaillent pas (ou pas assez..) sont elles coupables ? »

      

  5. Bonjour,

    l’article est très intéressant et il est vrai qu’en tant que femmes nous ne pouvons pas tout gérer. De plus on se souvent beaucoup plus coupable que notre conjoint lorsque l’on accorde plus de place à sa vie professionnelle plutôt qu’à sa vie personnelle.



    Du moment que nous ne la laissons pas de côté, nous avons le droit non ? C’est plutôt légitime d’avoir un boulot qui nous plaît.

      

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