Autour du travail Témoignages vie privée / vie pro

Conciliation vie pro / vie perso : la place des enfants ?

08110166_PVI_0001_A389120_PSLorsque l’on évoque le sujet de la conciliation vie pro / vie perso, il me semble que la variable enfants est souvent abordée de façon un peu étrange. On lit « la maternité, frein à la carrière », « avoir des enfants pénalise la carrière des femmes ». Comme si les enfants n’étaient pas partie intégrante de cette conciliation mais un élément perturbateur, qu’il fallait en quelque sorte neutraliser !

Pourtant, il me semble évident que l’on ne concilie de la même façon si l’on a des enfants ou pas. Attention, je ne suis pas en train de dire que ceux qui n’ont pas d’enfants (ou ceux qui ont des enfants devenus adultes), ne cherchent pas aussi à concilier le mieux possible leur vie pro et leur vie perso, à équilibrer leurs temps de vie, etc. Je dis juste qu’à partir du moment où l’on a des enfants, il est évident que la conciliation vie privée / vie perso ne devient plus qu’une question personnelle mais collective, que le fait d’avoir ou non des enfants ne peut pas être anodin. Il ne suffit plus de penser « moi » mais de penser « nous » en incluant les enfants dans nos questionnements et dans nos envies. Ainsi lorsque je lis par exemple un titre tel que celui de Marie Claire le mois dernier « Faire carrière malgré les enfants », je trouve cela complètement inadapté. Comme si avoir enfants était un poids, comme s’il fallait occulter (oublier ?) le fait d’avoir des enfants pour faire carrière. Mais c’est idiot, non ? 😉 (ou alors, il faudrait également écrire  des articles « Avoir des enfants malgré sa carrière » !).

Et je pense que l’on a beau se préparer au changement que va apporter un enfant, (puis deux, trois, voire plus), à l’organisation pratique à mettre en place, à la façon dont on envisage le fait d’être parent, tant que l’enfant n’est pas là, tout cela reste quand même théorique. Bien sûr, il est souhaitable de s’organiser (d’ailleurs, si l’on ne préoccupe pas de l’inscription à la crèche le jour de la conception, on est mal parti…j’exagère à peine !), de réfléchir à comment on voit les choses, il n’empêche que quasiment tous les parents disent clairement qu’ils n’avaient pas réalisé les conséquences et l’impact que cela allait avoir sur leur vie quotidienne et psychologique. Avoir un (ou des) enfants, cela signifie de nouvelles tâches, de nouvelles responsabilités, qui demandent du temps, de l’énergie, de la disponibilité (et de l’argent). Désormais, on est responsable d’une autre personne que de soi-même.

Ce qui fait débat, c’est que l’arrivée d’un enfant n’a que peu d’impact (voire a un impact positif) sur la carrière d’un homme ou seulement à la marge (sauf pour certains) tandis que pour une femme, l’impact est souvent important et peut se traduire de différentes façons (congé parental, temps partiel, refus d’une promotion ou de déplacements, orientation vers une carrière d’expertise davantage que vers une carrière managériale, sans oublier les incontournables : culpabilisation, questionnements récurrents, double journée, etc.). La vraie problématique est comment à partir de l’entité couple/famille chacun peut-il exercer une activité professionnelle tout en ayant du temps et de la disponibilité pour élever/éduquer ses enfants et leur donner la sécurité affective dont ils ont besoin pour grandir. A partir de là, force est de constater que les cas de figure où la femme soit limite ses horaires, soit prend un congé parental, soit change de métier ou de statut, soit décide de ne plus travailler, etc. est la plus fréquente tandis que l’homme soit ne change rien soit fait des adaptations mais relativement minimes. On est bien d’accord, je schématise. Pourquoi cela ? Pour de multiples et complexes raisons : par choix concerté entre l’homme et la femme, par envie de la femme ou par contrainte ou raisonnement économique ou encore par culture, par pression sociale, par reproduction du modèle dominant, etc. Toutes ces raisons existent.

A partir de ce constat et de cette réalité qu’est-ce qui peut changer ? Si les deux membres d’un couple souhaitent parallèlement travailler/progresser et avoir/élever des enfants, plusieurs pistes sont envisageables (mais pas non plus cinquante mille !) :

– soit l’homme choisit/peut (ce qui est – souvent – deux choses différentes) s’investir davantage dans la sphère familiale en aménageant ses horaires, en limitant ses déplacements, en travaillant de chez lui, en acceptant de faire certaines concessions, voire en prenant lui-même un temps partiel ou un congé parental, afin que la femme puisse poursuivre sa carrière professionnelle sans changement majeur.

– soit l’homme et la femme décident de poursuivre leur carrière conjointement de façon similaire, à temps plein et en visant des postes à responsabilité. Et là, on se retrouve devant les couples à double carrière étudiés par Sandrine Meyfret. Cela est faisable à partir du moment où il s’agit de métiers avec des horaires relativement réguliers et raisonnables (du genre 9h-19h). Jouable mais forcément un peu acrobatique ! Cela se complique lorsqu’il s’agit de postes de cadres (ou de professions libérales) avec des horaires facilement à rallonge ou décalés, des déplacements parfois longs, de la mobilité géographique, de la pression, etc. Cela implique alors des problématiques/contraintes précises et complexes : haut degré d’organisation, délégation (et confiance) à une personne extérieure et/ou aux grands-parents, phases de progression et d’investissement professionnel successives chez l’homme et chez la femme, disponibilité temporelle et mentale réduite par rapport aux enfants mais devant être de qualité (les WE et les vacances essentiellement) et instauration de zones intouchables par rapport à la vie familiale (pour reprendre l’expression de Sandrine Meyfret). Avec des risques (cela ne servirait à rien de les occulter) sur la vie conjugale ou familiale.

Il s’agit donc de composer, en tenant compte des besoins et des envies uns et des autres, c’est-à-dire à la fois de l’individu, de l’entité couple et des enfants. Sachant que ces besoins et envies évoluent au fil des années. Et sachant que construire une carrière et élever des enfants sont des processus longs, qui demandent du temps (avec en plus, la difficulté supplémentaire qu’il s’agit de temporalités un peu différentes).

Bien sûr, les entreprises ont un rôle important à jouer et peuvent aider les hommes et les femmes à mieux concilier en mettant en place différentes mesures (et je vous renvoie au site de l’Observatoire de la Parentalité en Entreprise qui a classé ces mesures en quatre grands volets : services, soutien financier, organisation du travail, accompagnement RH et managérial). L’Etat joue également un rôle important via les modes de garde, les aides financières (allocations familiales, aide pour la garde d’enfant, etc.). Mais même si cela est bien évidemment très important, fondamental même, il n’en reste pas moins que la conciliation vie pro / vie perso reste avant tout une affaire de couple et de personnes (homme, femme et enfant-s), un mélange de choix, d’envies, de priorités et de contraintes (la première étant que les journées ne font que 24 heures !). Bref, Marie Claire aurait du écrire « Faire carrière avec des enfants », cela aurait été bien plus pertinent à mon avis !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

15 thoughts on “Conciliation vie pro / vie perso : la place des enfants ?

  1. Je rejoins totalement l’incongruité du titre de l’article de Marie Claire, qui donne une touche négative à une situation que nous sommes pourtant plusieurs à connaître !


    J’avoue avoir un choix très personnel et peut être un peu lâche sur le moment, en quittant mon emploi lorsque ma première grossesse s’est annoncée, enchainé les congés parentaux jusqu’à mon petit troisième, après lequel, ne me résolvant pas à choisir entre journées de 14 heures pour maintenir la cadence d’antan au détriment de cette organisation que vous décrivez fort bien ou la prise en charge dans tout ses dimensions de ma petite famille sans avoir la possibilité d’offrir un rendement suffisant à mon activité…. alors j’ai lancé ma propre structure d’écrivain public.



    Je travaille donc aujourd’hui chez moi l’essentiel du temps, quand je ne suis pas en rendez-vous chez mes clients, que je case pendant les heures d’école, je me fixe la règle de ne pas être devant l’ordinateur quand mes enfants sont à la maison afin de continuer à profiter d’eux sans qu’ils aient l’impression que je ne sois plus là pour eux… et fatalement, mon rendement s’en ressent.


    Donc, je suis admirative de ces femmes qui arrivent à allier (une réelle) carrière professionnelle évolutive et vie de famille épanouie, car je sais que ça existe, certainement au prix de certains autres sacrifices, mais c’est une belle victoire de réunir ces deux éléments dans une même vie !

      

  2. Bonjour Gaelle

    En fait à la lecture du titre je croyais que tu allais aborder le sujet sous un autre angle … Je dis ca parce que moi j’ai l’impression de consacrer bcp de temps à mes enfants mais d’un autre côté eux et moi n’avons pas absolument pas les mêmes centres d’intérêts et du coup ce temps n’est pas super épanouissant. Rappel : j’ai 3 garçons… ils adorent jouer au ballon et aux jeux video de foot. Et moi, ca ne m’intéresse absolument pas ! A contrario, ma soeur passe – à mon sens – très peu de temps avec ses enfants (2filles et 1 garçon). Nounou jusque 19h30, repas pris avec la nounou, les enfants passent presque toutes les vacances chez nos parents.

    Mais c’est moi qui ne m’occupe pas assez des enfants …. Précision : on a toutes les 2 une carrière et on habite à 300 m l’une de l’autre ! Alors j’imaginais que l’article portait plus sur une espèce de retour d’expérience sur comment accorder la bonne place aux enfants …

      

  3. Je précise que je n’ai pas lu l’article de Marie-Claire, mais qu’a priori, je ne suis pas choquée par le titre : cela donne effectivement une touche négative à la situation, mais n’est-elle pas justement négative? Est-ce que c’est vraiment possible pour une femme de faire carrière quand elle a des enfants? Dans la mesure où elle veut passer du temps avec, je veux dire? Car faire carrière quand on n’est pas rentrée avant 22h et qu’on est régulièrement en déplacements par monts et par vaux, avec des enfants, c’est quand même un tiraillement (et un épuisement) pas forcément supportable. J’ai l’impression qu’on demande justement aux femmes (et aux hommes) d’occulter leur vie de famille pour leur travail, et c’est ça qui est idiot à mon sens, le titre me semblant assez correspondre à la réalité. « Faire carrière avec des enfants », oui, ce serait justement l’évolution qu’on voudrait toutes voir prendre à la société!

      

  4. D’accord sur le titre de l’article de Marie Claire, un peu dur à avaler à mon sens – et en même temps un peu de provoc dans le titrage ne nuit pas ! D’autant que l’article en lui même est bien fait et pour une fois évite de trop simplifier, donner des recettes etc…

    Personnellement je me trouve ( nous nous trouvons) dans le cas de figure 2 : 2 parcours pro. + 3 enfants encore jeunes, et … c’est difficile ! Quand ca marche, bcp de plaisirs mais qd ça coince, c’est vite la remise en question… Le SENS est alors essentiel pour arbitrer. Revenir au ‘pour quoi’ de nos choix initiaux, réévaluer avec recul (enfin, on essaie) chaque situation pour chacun dans la famille,etc etc.

    Et savoir poser ses limites, aux demandes professionelles, aux enfants, et surtout …. à soi même 🙂

      

  5. @ Plume : merci beaucoup pour votre témoignage et pour nous avoir présenté votre parcours et votre choix de conciliation, sachant que je connais les contraintes/difficultés du travail de chez soi 😉


    @ Marie : tu as raison, j’aurai pu choisir un autre angle pour aborder ce sujet (qui mériterait plein de billets d’ailleurs car on se place davantage du côté des adultes que des enfants lorsque l’on traite de ce sujet). Une question : lorsque tu écris « mais c’est moi qui ne m’occupe pas assez des enfants », qui le dit ou le pense : toi ou les autres ?

    Quant à la question, énorme (hein !) que tu poses « comment accorder la bonne place aux enfants », je serai bien incapable d’y répondre. Mais instinctivement, j’ai envie de dire ni trop, ni trop peu 🙂 Pour les jeux qui ne te passionnent pas du tout, je peux tout à fait comprendre (j’ai un garçon ;-)). Disons que je ne vais pas du tout me forcer à faire une partie de foot ou de billes avec lui, si je n’en ai pas envie (d’ailleurs, je n’en ai jamais envie !!!). En revanche, je pourrais proposer un jeu de société qui me plait à moi aussi ou lire avec lui un livre que je prends plaisir à lire (par exemple Le petit Nicolas en ce moment).

    Et puis, je trouve cela très bien qu’ils jouent ensemble tous les trois ou apprennent à s’occuper tout seul, à s’inventer leurs propres occupations.

    Après, cela dépend aussi beaucoup de ses propres envies, des besoins de chaque enfant selon sa personnalité (autonome ou pas, anxieux ou pas), de ses éventuelles difficultés (par exemple scolaires).

    Bref, là, tu poses une très vaste question…En tout cas, l’éducation est une activité passionnante, exigeante, de longue haleine 🙂 . Il ne faut pas occulter ses aspects là…

    Dans ce billet, je voulais montrer que je trouvais un peu bizarre la façon dont on parlait des enfants, dont on considérait la maternité. Cela me semble logique, de bon sens, de les intégrer dans la réflexion conciliation vie perso / vie pro.


    @ Selma : je comprends ton point de vue, mais je persiste à trouver ce genre de titre très dérangeant car on associe enfants = « boulet » dans sa carrière. Est-il possible de faire carrière lorsque l’on a des enfants ? Oui, mais il faut savoir ce que l’on entend par « faire carrière » et « avoir des enfants ». On peut faire carrière en étant professeur, profession libérale, salariée et en ayant des horaires et un rythme raisonnable. Mais faire carrière peut aussi vouloir dire bosser énormément par contrainte ou par choix (finir à 22h le soir, travailler le WE…) avoir bcp de déplacements, de soirées. Et dans ce cas, on peut avoir des enfants mais on ne peut pas dire qu’on les élève au quotidien. Cela ne veut pas dire que l’on n’aura pas d’influence sur eux, que l’on ne pourra nouer une relation avec eux. Mais leur éducation au quotidien, soit c’est l’autre personne dans le couple qui la prendra en charge, soit une personne extérieure (nounou, famille proche). Pour moi, il y a bien un choix personnel et de couple à faire, non ?



    @ Florence : merci beaucoup pour votre témoignage. C’est important de souligner que la conciliation vie pro / vie perso peut être une source importante de satisfaction et d’enrichissement réciproque (j’en suis convaincue mais à quel dosage, là, est ma question…). Sinon, comme vous le soulignez, il ne faut pas trop de grain de sable et une sacrée énergie. Enfin, re-questionner régulièrement ses choix me semble très sain ! Très bonne continuation à vous cinq !

    PS : si le titre de Marie Claire était mauvais (à mon sens), je reconnais que le dossier que j’ai parcouru m’a semblé intéressant.

      

    1. @Gaëlle:

      Bonsoir Gaelle : je suis tout à fait d’accord avec toi 🙂 justement, l’entreprise ne considère-t-elle pas les enfants comme les boulets de ses employés? C’est l’impression que j’ai, en France en tout cas, avec nos horaires à rallongeET rigides (très différents des pays anglosaxons) En tout cas oui, il y a un choix personnel et de couple à faire, mais il y a aussi à préciser la définition de faire carrière alors…Quand j’entends « faire carrière », je pense aux contraintes de WE, de soir, de déplacements d’où pression et attentes insurmontables, pour reprendre les propos de Frédéric. ça m’a fait penser à Mercedes Erra qui a 4 enfants je crois, mais dont le mari, du coup, est au foyer + a une nounou. Donc, c’est super, et le titre de Marie-Claire ne me choque toujours pas : il faut bien qu’il y en ait un des 2 qui choisisse de passer plus de temps à la maison, parce que ce n’est pas la souplesse de l’entreprise ou des modes de garde qui permet de « faire carrière avec des enfants ». J’espère que je suis claire dans mes propos car il est bien tard! Bonne nuit, et merci pour cette discussion très intéressante!

        

  6. Bonjour Gaelle.Tel que promis sur Twitter il me fait plaisir de venir commenter ce billet que j’ai trouvé fort intéressant étant moi-même père de quatre enfants et étant, actuellement, en plein réaménagement familial en vue du retour au travail de ma conjointe.

    Par contre, je n’ai pas grand chose à ajouter étant tout à fait d’accord avec ta façon de présenter les choses et ce, autant en ce qui concerne le titre de l’article de Marie-Claire que sur l’importance de la communication et les difficiles arbitrage à effectuer.

    Vouloir réussir pleinement sa carrière, son rôle de femme/mari et celui de mère/père crée une pression et des attentes quasi-insurmontable menant, malheureusement, dans bien des cas, directement vers le gouffre des troubles d’adaptation.

    La communication, les aménagements, le respect et la connaissance des besoins de chacun des membres de la famille sont des éléments très importants.

    En outre, ce qui me semble encore plus essentiel c’est la fixation et l’acceptation d’attentes réalistes quant à nos différents rôles par nous-mêmes, au départ mais aussi par nos proches.

    Salutations!

      

  7. Quoiqu’il en soit, les femmes seront toujours tiraillées entre le regret de ne pas passer suffisamment de temps avec leurs enfants pour cause de carrière prenante ou d’avoir fait le choix de laisser filer leur carrière parce que l’envie d’être très présente auprès de leurs enfants était trop forte. L’ambivalence est le propre de notre nature ou de notre culture.Quoiqu’il en soit la France est un des pays qui permet le plus de concilier travail et enfants: elle consacre 3,8% de son PIB au soutien des familles avec enfants pour une moyenne de l’OCDE de 2,6 : Bravo la France et donc le taux d’activité des femmes est l’un des plus élevés.

    Ce qui est intéressant c’est que l’on parle de « carrière » et non plus de travail ce qui suggère que les femmes ont de l’ambition , souhaitent progresser et par conséquent se rapprochent du modèle masculin de réussite. En revanche, le « malgré » correspond à la persistance de la « matri-focalité » (le sentiment d’être toute puissant au sein de la sphère familiale) ce qui rend l’adéquation carrière/ enfants périlleuse. Bref, les femmes (enfin peut être 10% d’entre elles) vivent en pleine schizophrénie. Enfin, faire carrière n’est pas un impératif absolu et consacrer un temps prioritaire à l’éducation des enfants est aussi source d’épanouissement. Les choix dépendent de chacun-e mais aussi des opportunités, du conjoint, des accidents de la vie

    Quant à Marie-Claire , je regrette beaucoup l’ancienne rédactrice en chef Tina Kieffer et l’ai complètement délaissé!

    Merci Gaëlle d’avoir relevé ce titre très révélateur

      

  8. Bonjour Gaëlle

    j’ai cru un bref instant que c’était votre article et pas celui de Marie Claire qui s’appelait « faire carrière malgré les enfants ». quelle horreur ce titre ! Quelle est la responsabilité d’un magazine à grand tirage comme Marie Claire quand il décide d’afficher ainsi des titres racoleurs qui entretiennent des idées aussi dramatisantes ?


    Je travaille avec des jeunes femmes qui me parlent souvent du fait d’avoir des enfants comme une contrainte : sur le sommeil, sur la liberté, sur le porte monnaie, sur la carrière, sur le sex appeal, sur la ligne…. et je me demande par quel cheminement on en est arrivé là.
    d’un côté on nous montre à longueur de pages des femmes belles et successfull avec des bébés dans les bras et de l’autre on nous serine que la situation est difficile, qu’on va perdre 2 ans de carrière en ayant un enfant, qu’on va perdre notre liberté vis à vis de notre conjoint qui lui ne portera pas seule le poids de la maternité.


    La vérité elle est là toute crûe : oui, avoir des enfants change la donne.



    Et même pour les hommes qui bien souvent, se retrouvent désormais avec le poids du bien être de leur famille sur le dos. C’est un poids moral, plus qu’axé sur un changement de vie, c’est vrai mais il est là et il leur met une pression COLOSSALE sur les épaules et chaque jour ils vont avoir à coeur désormais de travailler pour assurer le bonheur matériel et moral de leurs enfants.


    Alors oui, ok, un jour on a des enfants et on n’est plus pareil.

    Et alors ?

    Et alors, on apprend à composer et dans ce contexte travailler n’est plus envisagé sous le même prisme. Certains choisissent de s’effacer du monde du travail. Volontairement ou pas. D’autres essaient de tout concilier. Mais dans tous les cas, on fait des choix et OUI certaines activité de la vie d’avant on ne les refait plus.


    Et Alors ? (bordel) on a des enfants, on est leurs parents.

    Je suis une ultra fervente partisane de la vie par séquence où chacun des aspects de sa vie (couple, boulot, passions, enfants) peut s’articuler différemment au cours d’une carrière

    parce que le pb n’est pas qu’une femme soit moins productive à un moment où un autre – quand ses enfants sont petits par exemple mais pas seulement mais qu’elle ne puisse pas ensuite mettre un coup d’accélérateur à 40 ou 50 ans.


    On manque de souplesse, on manque de souplesse et d’ouverture d’esprit c’est ça le problème.


    Non ?

      

  9. Le titre ne me choque pas du tout; ça me paraît une vision réaliste des choses. Je trouve que ma génération (j’ai presque 50 ans) n’a pas été suffisamment mise en garde sur les difficultés de mener tout de front, et sur le fait que certains métiers étaient plus compliqués que d’autre sur le plan compatibilité avec la vie familiale. J’ai l’impression que les jeunes de maintenant qui ont vu leurs mères galérer se poseront davantage de questions (ma fille a ainsi déclaré qu’elle n’aurait jamais d’enfant).



    Véronique, le coup d’accélérateur passé 45 ans, c’est une illusion: si vous êtes cataloguée comme nulle (ou presque) dans votre secteur, c’est définitif et vous n’allez pas postuler ailleurs avec un CV qui révèle que vous avez passé bien plus de temps à la sortie de l’école que vous n’auriez du…

      

  10. Je parlais de ce sujet il y a peu avec mon mari et on était d’accord sur le fait que c’est souvent bien plus difficile de concilier carrière et famille quand on n’a pas ses enfants « jeune ». On constate autour de nous que ceux qui ont attendu (volontairement ou pas !) 30 ou 35 ans pour avoir leur premier enfant sont nettement plus perturbés dans leur équilibre de vie que ceux qui les ont eus en début de carrière.

    Or, c’est souvent le conseil contraire que l’on entend, ce qui est paradoxal ! Lance ta carrière, puis tu feras tes enfants… Mais c’est là qu’on croise les plus grandes perturbations, pourtant. On passe souvent d’un extrême à l’autre : à fond dans la carrière, puis d’un seul coup on reçoit une masse de nouvelles contraintes, on se découvre d’autres centres d’intérêt (c’est parmi les mamans carriéristes qui ont un enfant à 35 ans ou plus que j’ai vu le plus de femmes qui arrêtent tout, ou prennent 3 ans de congé parental, et font le plus de prosélytisme sur le sujet), et on ne peut plus, matériellement, faire comme avant. Doutes, panique, changements, déceptions…

    J’ai été dans le cas contraire, j’ai eu mon premier enfant en même temps que mon premier job, à 23 ans. J’ai fait grandir les deux en parallèle. Je n’ai jamais accepté les heures sup et les déplacements, c’était clair dès le départ.. Donc j’ai construit ma carrière sur cette base claire et nette, et personne n’a été déçu par la suite, ni mes collègues et chefs, ni moi !

    Tout le monde n’a pas envie d’avoir des enfants jeunes, je le conçois bien (et il faut trouver le bon conjoint, évidemment, ce qui n’est pas forcément simple). Mais finalement, les soucis de carrière avec maternité sont simplement dûs aux excès de beaucoup de postes, à l’engagement fort qu’ils réclament, aux « mauvaises habitudes » qui empiètent sur la vie perso (et plus tard familiale, donc).

    De même que l’égalité des hommes et des femmes au boulot passe par l’envie des hommes aussi de moins se laisser bouffer par leur job, et de refuser, eux aussi, les réunions après 18h… l’égalité entre parents et non parents ne peut exister que si les « sans » ont eux aussi envie d’avoir une vie en dehors du boulot, si on refuse de passer les premières années de sa vie pro à bosser comme un dingue, et se laisser tout bonnement exploiter… (pour se faire jeter comme un mouchoir sale par la suite parce qu’on a des enfants ou parce qu’on a 45 ans et que les jeunes sont plus dispos).

    Alors oui, ça peut être un choix, on peut être passionné par son boulot, de même qu’on peut décider d’avoir 5 enfants comme moi 🙂 (et les deux ne sont pas si incompatibles que ça). On ne va pas imposer la même vie à tout le monde ! Mais faut être conscient du truc, et éviter, peut-être, d’inciter tout le monde à repousser ses envies d’enfants pour de mauvaises raisons…parce que ça ne fait qu’entretenir le cercle vicieux.

    NB : en plus, quand on fait ses enfants sur le tard, on se retrouve à cumuler enfants à charge + 45 ans en même temps, c’est la combo !

    La vie par séquence de Véronique peut être bien si on fait un seul enfant, ou deux rapprochés. J’ai fait mes 5 enfants en étalement sur 14 ans, donc si j’avais dû attendre que le plus jeune soit autonome, ça m’aurait fait 20 ans orientés « maternité » ! Bref, pas de solution unique, évidemment.

      

  11. Bonjour Oelita

    Tout à fait d’accord et bravo d’avoir soulevé ce point. J’ai effectivement eu mes 4 enfants jeunes…. et tard (le 1er à 27 et la dernière à 40) mais c’est vrai que ma carrière s’est finalement construite avec cet élément – les enfants – il n’y a pas eu réellement de rupture. Lorsque le premier enfant vient tard, je comprends que c’est plus compliqué car il faut savoir gérer une deuxième partie de vie pro ET un bouleversement incroyable dans sa vie personnelle.

      

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