Autour du travail

Quand le travail envahit la sphère privée

city_life___workaholic_by_maci1702-d3ha1dzLe cabinet Technologia avait réalisé l’an passé, en mars 2012, une étude très intéressante sur « Les effets du travail sur la vie privée » que je n’avais pas encore pris le temps de lire en détails (+ article de Miroir Social pour en savoir plus sur les raisons de cette étude et la méthodologie).

Elle pointe du doigt le fossé qui existe trop souvent entre la place effective prise par le travail et la volonté affichée de consacrer du temps à sa vie personnelle et familiale. C’est un fait : le travail occupe une place prépondérante dans la vie des cadres (61%). Ces derniers sont de plus en plus nombreux à travailler le soir, après 20 heures (50% des cadres) et le week-end. Et même pendant leurs vacances, ils ne décrochent pas complètement. »La majorité des salariés vit un déchirement entre l’importance qu’ils accordent à leur travail et celle qu’ils peinent à donner à leur vie privée », résume le directeur de Technologia, Jean-Claude Delgènes.

Ceci a un impact sur la vie privée (vie familiale, vie de couple, vie sexuelle).  Bien sûr, si cette situation est temporaire, cet empiètement du travail sur la vie privée et familiale peut être géré, sans trop de difficultés et de dégâts. Mais si la situation s’installe, perdure, les conséquences peuvent aller loin, indique l’étude : culpabilité, divorce, enfants parfois plus difficiles à gérer, perte de la libido, dépression, fatigue chronique, troubles cardio-vasculaires, troubles du sommeil, de l’alimentation, épuisement professionnel.

A qui la faute ?

Aux entreprises (mauvaise organisation du travail, pression liée aux résultats, sous-effectifs, smartphones qui permettent d’être joignables partout (et tout le temps), etc.) et aux individus (accros volontaires au travail, difficulté à déconnecter de leur ordinateur, de leurs portables et qui peut s’apparenter à une véritable addiction, sentiment de griserie à mener une carrière professionnelle tambour battant et à jouir de la reconnaissance sociale qui y est associée, goût pour le pouvoir, le succès et la sphère publique entraînant un certain détachement/éloignement par rapport à la sphère privée/familiale, investissement professionnel intense à la fois perçu comme un devoir et comme un plaisir…). « La passion du travail produit à la fois une griserie et un éloignement néfaste des réalités » écrivaient Brigitte Grésy et Sylviane Giampino dans leur rapport réalisé avec l’ORSE sur Le poids des normes dites masculines.

Sans doute la vérité se situe-t-elle le plus souvent entre les deux…

Quelles solutions ?
Pour résister au débordement et à l’empiétement du travail sur la vie personnelle, familiale, conjugale, l’étude cite les réactions de certains salariés interviewés : un déménagement pour se rapprocher de son lieu de travail, un changement d’entreprise, de métier, de statut, voire de vie. Il indique également des solutions qui devraient être mises en œuvre par l’entreprise (autoriser le télétravail, la flexibilité, ne pas fixer de réunions tardives, ne pas fixer des objectifs difficilement atteignables, fournir les moyens humains et financiers suffisants au salarié pour travailler correctement, établir des règles de bonne conduite liées aux portables, aux mails, etc.)

Mais l’enquête souligne également l’importance d’en discuter au sein du couple, d’être bien organisé et de savoir prendre du recul par rapport à sa vie professionnelle (il semblerait notamment que les femmes qui ont 3 enfants ou plus savent mieux le faire 😉 – cf. page 37 et 38), savoir s’aérer l’esprit et mettre sa vie professionnelle à distance, apprendre (se forcer) à déconnecter. L’importance est de maintenir les grands équilibres entre les différentes sphères de sa vie (professionnelle, personnelle, sociale, etc.) sous peine de risques importants tant dans la sphère professionnelle que conjugale et familiale, rappelle fermement l’étude.

Et bien sûr, lire En Aparté 😉

Et vous, avez-vous le sentiment que votre travail déborde (a débordé) sur votre vie personnelle et familiale, avec des impacts négatifs ? Avez-vous essayé de résister ? Si oui, par quels moyens avez-vous réussi à (ré)concilier vie pro et vie perso ?

2 thoughts on “Quand le travail envahit la sphère privée

  1. Merci Gaëlle pour cet article.
    Cette réflexion, comme tu le sais, je l’ai menée il y a 3 ans, alors que j’étais enceinte de mon 2ème enfant : j’ai fait une pause de quelques mois.
    Celle-ci m’a permise de réflechir à la façon dont je voulais travailler et quelle importance je porte à ma vie professionnelle. Cette réflexion je l’ai également menée avec mon mari – parfois de façon un peu vive….-
    Notre équilibre – économique, intellectuel, familial etc.- aujourd’hui c’est que je travaille mais que ma fonction de consultante me laisse une marge pr m’occuper de nos enfants, mon conjoint ayant une forte activité professionnelle la semaine et lui prend le relais le WE lorsque j’ai des obligations et/ou des acitvités liées à mon blog….
    Je n’en suis qu’aux débuts de ma petite entreprise mais déjà nous en voyons les bénéfices.
    Alors bonne chance à tous et à toutes, et surtout lisez En AParté, votre conciliation n’en sera que plus aisée…

      

  2. Très bon article ! La frontière d’amenuise avec les prises de responsabilité et … la conscience professionnelle de chacun également, à mon sens.
    Pris dans l’engrenage, cette conscience a du mal a trouver le juste équilibre …
    Pas simple dixit celle qui a travaillé tout le week-end, au détriment de sa vie de famille 😉
    Merci, je viens de découvrir ce blog et j’y reviendrais avec plaisir 🙂

      

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