Autour du travail

Retravailler après une (longue) interruption

Avant-hier, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le billet de Sasa sur son blog intitulé « Lettre à une jeune maman« . Elle y livre ses convictions en terme d’équilibre de vie. Parmi celles-ci, elle estime qu’il ne faudrait jamais arrêter toute activité professionnelle (sauf bien sûr dans le cadre d’un congé parental). Je comprends son point de vue mais je lui répondais en commentaire que les circonstances et les envies pouvaient faire qu’une femme s’arrête de travailler. Et parfois ce que l’on pensait être une décision temporaire se transforme en mois, en années. Pour des raisons tout aussi multiples, la femme peut avoir besoin ou envie de reprendre une activité professionnelle. Et là, face au grand trou dans le CV, c’est difficile !

Pourtant, volontaires et motivées, certaines y parviennent. Petit tour d’horizon des formes les plus fréquentes de retour à la vie professionnelle que j’ai pu observer :

– créer son activité (le système de l’auto-entrepreneur a encouragé un certain nombre de femmes à se lancer, notamment dans le e-commerce (décoration, bijoux, vêtements…), les services à la personne ou les activités de conseil. Mais gagner sa vie avec une e-boutique est loin d’être facile… (cf. cet article que j’avais écrit il y a quelque temps), de même on sous-estime souvent la partie commerciale lorsque l’on se lance dans une activité de conseil.

– accepter un poste sous-dimensionné en termes de salaire et de responsabilités par rapport à sa formation initiale/au poste occupé il y a quelques années, et/ou précaire (intérim, CDD…) mais dans le but de se remettre le pied à l’étrier, de refaire ses preuves, de se tester et de pouvoir se présenter en activité auprès de potentiels employeurs (qui ont alors un tout autre regard…).

– reprendre des études ou suivre une formation pour se remettre à niveau ou pour se reconvertir.

Bien sûr, tout ceci n’est pas facile, surtout lorsque le retour à l’emploi se fait pour des raisons économiques imposées (séparation, deuil). Cela l’est davantage lorsque la femme a le temps de mûrir son retour à la vie professionnelle, les moyens d’obtenir une formation et un accompagnement personnalisé.

Dans tous les cas, elle aura à faire face à la fois à la grande réticence des recruteurs et à un manque de confiance en elle. En effet, c’est tout un travail de (ré)appropriation des valeurs et des normes du monde professionnel qu’il faut mener à bien. Cela nécessite beaucoup de détermination, de la patience et une bonne dose d’humilité, face à un marché du travail concurrentiel et dur.

Quelques suggestions de personnes qui ont réussi à mener à bien ce parcours :

Plus que jamais compter sur le réseau et le bouche-à-oreille. Ne pas hésiter à demander de l’aide aux amies en poste et à reprendre
contact avec son ancienne école. Envisager un bilan de compétences. Formuler son projet professionnel et ses ambitions et le confronter avec la réalité du marché du travail. Apprendre à présenter de façon concrète et transposable dans le milieu du travail les compétences et expériences développées pendant cette pause professionnelle. S’informer et se rapprocher de structures telles que Retravailler ou Force Femmes, sans oublier Pôle Emploi ou l’APEC. S’assurer du soutien de son entourage proche. Anticiper la nouvelle organisation familiale à mettre en place.

 Liens utiles

– Un article d’Adecco sur les aides possibles

– un article (payant) paru dans la revue Travail et Emploi sur « les activités méconnues et peu valorisées en employabilité des femmes au foyer ».

– un article d’Yves sur son blog Toutpourchanger intitulé « Quand les femmes au foyer veulent retravailler », ainsi qu’un autre paru sur Maviepro.fr

– un ancien billet que j’avais écrit sur En aparté il y a 3 ans sur ce sujet avec différents articles à consulter

 

4 thoughts on “Retravailler après une (longue) interruption

  1. Je dirai que plutôt que de ne jamais arrêter toute activité professionnelle, il faut effectivement toujours garder le lien ou le contact
    vers le monde professionnel, au risque que le retour soit violent. Mais soyons réaliste, Sasa n’a pas tort franchement. A l’heure actuelle, une femme qui arrête se met véritablement en danger
    professionnellement, sauf si elle a un projet et les moyens de monter son entreprise. Rien n’est vraiment prévu dans l’entreprise pour harmoniser et faciliter le parcours des femmes qui
    choississent d’interrompre leur vie pro pour quelques raisons que ce soir, et c’est très dommageable…

      

  2. @ Priscilla : je comprends ta position mais je suis quand même moins catégorique, moins pessimiste…peut-être parce que je connais des femmes qui étaient
    bien coupées du monde professionnel et qui sont parvenues à le réintégrer (bien sûr, cela fut souvent difficile et le premier pas a souvent nécessité des concessions importantes, niveau salaire
    ou responsabilités). Et puis aussi parce que je suis intimement convaincue que l’on retrouve relativement rapidement ses réflexes, ses compétences, surtout si l’on est très motivée et/ou que l’on
    se forme. Le plus dur est d’en convaincre les recruteurs très frileux…J’ai moi-même fait une pause pour raisons de santé d’un de mes enfants et j’ai réussi à dépasser ce « blanc »
    professionnel qui est effectivement pénalisant par rapport aux parcours plus linéaires et plus classiques.

    Après, il est vrai que si de nombreuses femmes se lancent dans la création de leur propre activité après un arrêt de plusieurs années, c’est bien parce que
    le marché du travail ne leur tend pas vraiment les bras. Mais je crois qu’en se faisant aidée, accompagnée, on peut y arriver. Et heureusement, certains employeurs savent redonner leur chance à
    ces femmes…Après, il reste bien sur le pb de la retraite, forcément amputée. Mais bon, de toute façon, aurons-nous encore une vraie retraite lorsque nous arriverons à cet âge là….. (c’est un autre débat, même s’il est crucial, j’en conviens)

      

  3. Effectivement, comme tu dis, le plus dur est de convaincre, car la plupart des femmes retrouvent vite leurs « réflexes » professionnels et n’en sont pas moins capables qu’avant. Ce que je déplore,
    c’est le manque d’accompagnement de l’entreprise elle-même envers les femmes, notamment les cadres en pleine évolution. Et si les hommes s’interrompaient tout autant que les femmes, comment
    feraient-ils ? Se priveraient-ils de tous les potentiels à partir du moment où ils deviennent parents ? C’est un peu rageant… 

      

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *