Spécial Eté

Chronique de David Abiker autour de l’imbrication vie privée/vie pro

Le journaliste et chroniqueur David Abiker a très gentiment accepté de participer à ma rubrique Spécial Eté en m’envoyant ce billet. Un grand merci à lui !

« Chère Gaëlle, vous me demandiez un petit billet d’humeur sur les relations vie privée / vie pro. J’y ai pensé hier soir en me faisant un plateau télé mais j’ai reçu un coup de fil d’Europe1 qui me demandait si je pouvais faire une émission le dimanche soir. J’ai dit d’accord mais je dois demander à ma moitié si ça ne va pas trop perturber la vie de la maison. Elle était encore au bureau et je l’ai
consultée par mail. Elle m’a finalement répondu sur l’oreiller en revenant du taff vers 2 heures du matin. Donc une fois cette affaire réglée, je me suis remis à chercher un sujet pour votre blog.

Je me suis baladé sur internet et je suis tombé sur le blog d’une amie qui toute la semaine travaille dans une direction de la communication mais livre des cupcakes à vélo le week-end, ce qui lui fait un deuxième revenu tout en musclant ses mollets. J’ai aussi un peu surfé sur Facebook et là, j’ai retrouvé une institutrice rencontrée lors d’un jeu télévisé. Elle était candidate, moi j’étais
invité à titre professionnel et là, sur Facebook, j’ai vu qu’elle écrivait sur le tableau noir de sa classe des messages à caractère personnel. Là-dessus, alors que je bossais tranquillement chez moi en écoutant des chansons mon téléphone a sonné. C’était pro, donc j’ai décroché (même si je décroche aussi quand c’est perso). C’était une journaliste de l’Obs qui m’appelait un samedi, en dehors de ses horaires de travail, pour faire un papier sur les Digital Mums. Pour moi les Digital Mums, ce sont des femmes qui emmènent le bureau à la maison et la maison au bureau tout ça avec un Blackberry. Ca m’a rappelé mes copains qui vont à des rendez-vous pro avec un objet très personnel, je veux parler de l’Ipad, le Télécran pour adulte.

Donc la semaine a comme ça filé à une vitesse pas possible et je n’avais toujours pas de texte à vous envoyer. Je m’étais promis de vous répondre avant vendredi. Sauf que jeudi sur Twitter, c’était #jeudiconfessions. J’ai avoué que j’adorais mon travail et par hasard, je suis tombé sur le personnage qui incarne le mieux notre sujet. J’oublie de vous dire que j’ai trouvé souvent du travail en faisant d’abord des choses gratuitement. Vous blogguez, vous investissez du temps à vous et cet investissement non rémunéré devient un jour un livre, puis une chronique dans Marie-Claire. C’est drôle « la vie provée », non ? La vie provée, c’est comme ça que j’appelle la vie privée-professionnelle aujourd’hui. Donc, je ne sais plus ce que je disais car je suis allé nourrir le chien entretemps. Je n’ai pas de chien mais maintenant on invente aussi sa vie privée sur internet de la même manière que d’autres inventent leur CV. Vous imaginez la confusion. Donc je disais qu’il y en a un qui avait parfaitement réussi la symbiose privée – pro.

Ce type a eu un accident de navette spatiale au début des années 70, un accident pendant ses heures de bureau mais qui a eu des répercussions sur sa vie perso. On disait de lui « Un homme tout juste vivant ». Finalement ses potes l’ont récupéré en 1000 morceaux et l’ont reconstruit en lui mettant un télescope dans l’oeil, dans l’oreille un téléphone miniature, dans le bras droit des microprocesseurs et dans les veines un truc qui doit ressembler à ce que les coureurs du Tour de France prennent de temps en temps pour accélérer. Donc, ce type qui avait dans sa chair des outils de travail professionnels et des muscles et des fibres très personnels et bien ce type aujourd’hui, il vaut trois milliards sans compter l’inflation. Il paraît même qu’il a couché avec une collègue de bureau qui s’appelait Super Jamie.

Tout ça pour vous dire chère Gaëlle, que nous sommes tous en train de devenir des hommes qui valaient trois milliards sauf que ça ne se voit pas toujours sur notre bulletin de paie. Enfin, il y a une très belle expression qui montre à quel point la vie pro et la vie perso peuvent s’imbriquer depuis des lustres, c’est cette expression qui dit qu’on « met du cœur à l’ouvrage ». Elle ne date pas d’hier.

Bon je vous laisse, j’ai un secret de famille à révéler à mes collègues de bureau. »

3 thoughts on “Chronique de David Abiker autour de l’imbrication vie privée/vie pro

  1. J’apprécie beaucoup les billets de David Abiker, ses interventions intelligentes et inspirées sur les plateaux TV (quand il s’y trouve, mais c’est de plus en plus rare j’ai l’impression, question
    de choix….) et sa chronique  » On revient vers vous  » sur cadremploi.fr. Il y interviewe des experts professionnels sur leurs méthodes de recrutement, leurs attentes quant au candidat
    parfait…La dernière chronique interrogeait le fis Dorcel sur sa technique d’embauche des…actrices X. Et bien ce n’est pas celle que l’on croit !

      

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