Autour du travail

Etre une femme est parfois un avantage….

Voici un billet volontairement provocateur, ou du moins, polémique.

 Globalement, être une femme est plutôt considéré comme un handicap dans la vie professionnelle.

Il y a quelques jours, Brigitte Grésy écrivait une chronique dans Le Monde, intitulée « Le féminin ne doit plus être une maladie honteuse dans le monde du travail » (merci à Karen pour m’avoir signalé cet article).

Régulièrement, des études pointant du doigt les inégalités salariales entre hommes et femmes sont publiées (la dernière en date est celle-ci). De même, sur la question des retraites, les femmes sont mal loties. Nombreuses sont celles qui se heurtent au plafond de verre, aux discriminations, aux réticences et aux codes de leur environnement professionnel, souvent masculin…

A titre personnel, être une femme a parfois été un handicap dans ma vie professionnelle (pause professionnelle pas toujours facile à justifier et un peu longue à « rattraper », réticences des employeurs face à une mère de 3 enfants, temps partiel mal perçu, etc.). Mais pas toujours…

Et pourtant, plusieurs études (et une simple observation !) montrent que les femmes au travail sont généralement efficaces, productives, consciencieuses, etc. et donc que leur présence est bénéfique à la performance économique des entreprises mais également à l’ambiance de travail.

Cependant, il me semble que, si ces discours et ces combats pour une meilleure place des femmes dans la vie professionnelle méritent bien évidemment d’être entendus et pris en compte, pour être totalement juste, il faudrait également indiquer que parfois être une femme peut être un avantage et pas toujours, pas systématiquement un handicap ou une source potentielle de discrimination.

Lorsque je rencontre des femmes autour de moi et que je discute avec elles, (je reconnais qu’elles ne sont pas forcément représentatives de la population active féminine mais disons relativement représentatives de la population cadre féminine), je me dis que les discours cités plus haut méritent d’être nuancés.

En effet, même si certains éléments négatifs apparaissent régulièrement dans leur discours (« les horaires ne sont pas adaptés aux femmes », « les promotions sont plus facilement accordées aux hommes », « je suis testée en tant que femme et mère de famille », etc.), d’autres également reconnaissent que leur statut de femme comporte certains avantages. On peut citer : le fait qu’il soit plus facilement accepté qu’elles veuillent lever le pied quelque temps, les différentes mesures existantes de type congé parental, la possibilité de tenter une reconversion car le conjoint a un métier stable et financièrement confortable ou de faire le métier qu’elles aiment même si celui-ci est peu ou mal rémunéré alors que leurs conjoints se sentent parfois un peu piégés dans leur situation professionnelle mais n’osent pas franchir le cap (de la démission, de la reconversion…) parce qu’ils sentent la pression financière, sociale, etc. sur leurs épaules, mais encore se faire plus facilement remarquée dans un service ou un secteur d’activité majoritairement masculin, la possibilité bien sûr de profiter davantage de leurs enfants….

Sans oublier que certaines boîtes (surtout les grandes mais pas seulement) mettent parfois en place des programmes spécifiquement destinées aux femmes (marrainage, tutorat, rattrapage salarial) dont certaines reconnaissent qu’ils sont fort appréciables.  

Ainsi, si indéniablement, certaines femmes autour de moi ont dû faire des sacrifices, des concessions concernant leur carrière professionnelle ou n’ont pas toujours eu le sentiment d’avoir une carrière à la hauteur de leurs espérances ou de leurs études, d’autres aussi ont eu la chance de pouvoir mener la carrière professionnelle qui leur convenait, avec le soutien de leur conjoint, soit en prenant le temps de faire des pauses, soit en se lançant dans la création d’entreprise, soit en adoptant le statut de consultante, plus souple mais plus précaire.

Alors parfois, je trouve qu’il est bien de reconnaître qu’être une femme n’est pas toujours un handicap mais peut aussi être une chance et un atout….

Bien sûr, la conciliation vie privée / vie professionnelle (et tout son cortège de difficultés, de tensions, de frictions, de fatigue) reste majoritairement l’apanage des femmes mais cela veut aussi dire quelque part, que la femme oscille entre les deux sphères, qu’elle consacre du temps et de l’énergie à son travail et à sa famille.

Bien sûr, elles sont encore responsables dans la grande majorité de cette conciliation, en termes de temps, de disponibilité, d’agenda, mais ne sont-ce (euh…c’est bien comme cela que l’on dit ?!) pas elles aussi qui en profitent également le plus ? Or j’ai l’impression que certains hommes aimeraient parfois que leur vie professionnelle ne prenne pas autant de place et pouvoir consacrer un peu plus de temps à leur vie familiale. Avoir un peu moins de pression sur les épaules côté professionnel, lâcher prise de temps en temps…. 

Qu’en pensez-vous ? J’attends avec impatience vos réactions, commentaires….

Pour aller plus loin (quelques articles sur le fait qu’être une femme est parfois un avantage)

■ Ingénieur au féminin : Etre une femme s’est révélé être un avantage :

Etre une femme est un atout

■ Marie, avocate associée, avait témoigné sur ce blog qu’être une femme avait parfois été un atout dans le déroulement de sa carrière. De même Alexandra estimait qu’être une femme n’avait pas été pour elle  un facteur de discrimination.

15 thoughts on “Etre une femme est parfois un avantage….

  1. je suis plutôt d’accord sur les aspects évoqués. je confirme que quand on fait un métier peu féminisé (je suis ingénieure) on est assez valorisée et on se soucie de nous, les collègues font en
    général attention à ce que l’on se sente bien, par exemple. (les vieux dinosaures ouvertement machos se font de plus en plus rares, heureusement!)

    mais c’est aussi pour cela que beaucoup d’hommes se sentent menacés par les mesures favorisant l’accès des femmes aux postes à responsabilité, ils ont l’impression de ne pas pouvoir lutter à
    égalité (ce qui n’est pas entièrement de bonne foi, quand même). j’ai toujours un peu de mal avec ceux qui nous reprochent d’avoir le beurre et l’argent du beurre… j’ai envie de répondre: « mais
    qu’est-ce qui te retient de te battre pour un congé paternité plus long? »

      

  2. Bonjour,

    Moi aussi j’évolue dans un métier historiquement réservé aux hommes, même si depuis quelques années nous sommes de plus en plus nombreuses… ce qui a peu fait changé les mentalités! Une femme
    qui a trois grossesse en moins de cinq ou six ans est une « tire-au-flanc », une maman célibataire refusant de partir plusieurs semaines à l’étranger est « quelqu’un sur qui on ne peut pas compter »
    et j’en passe!

    Mais l’une des choses qui me révoltent le plus, c’est que les femmes elles-mêmes entretiennent ce genre de mentalité! Comment est-il possible de dire de pareilles abominations sur ses propres
    collègues, quand on sait pertinemment être dans la même position?

    Pour ce qui est de la teneur de l’article, oui, les lois, les aménagements proposés du temps de travail/des horaires et les changements de carrière peuvent nous être bénéfiques, mais quel dommage
    que dans la plupart des cas cela ne concerne qu’une minorité de femmes! Et qu’il faille souvent se battre bec et ongles pour y avoir droit!

    Les mentalités dans le monde du travail ont encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire avant que l’on puisse parler d’une vraie égalité!

    Pour conclure, si ces messieurs pouvaient cogiter sur ceci : nous n’avons pas choisi d’être les seules à pouvoir porter vos enfants, alors soit vous acceptez que nous ayons certaines contraintes
    par rapport à nos grossesses, soit vous acceptez d’être la dernière génération sur cette terre!!
    Et oui, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre!

      

  3. tout à fait d’accord avec toi Lyly… j’ai des collègues masculins qui critiquent les femmes qui partent tôt, alors qu’eux aussi ont de jeunes enfants (!) pas un instant ils ne se
    posent la question d’un changement de mentalités et d’organisation du travail.

    le problème est qu’il est valorisant de faire carrière et moins valorisant de se consacrer à ses enfants (on croit rêver, hein?). c’est donc mal vu pour un homme de vouloir se consacrer plus à sa
    vie de famille, ce n’est pas autant perçu comme un progrès qu’une femme qui fait carrière. c’est cela qu’il faut changer pour que les hommes RECLAMENT plus de congés paternité, etc…

      

  4. c’est tres bien vu comme toujours. J’ai autours de moi pas mal de filles qui ont entre 35 et 40 ans et envie de changer d’orientation pro, pas forcement (même si c’est souvent le cas) avec
    l’arrivée des enfants. Et du coup elles se decouvrent une ame de chef d’entreprise, de traductrice d’anglais, ou de restauratrice grace a la stabilité de leur conjoint, qui se trouve du coup
    bloqué et pressurisé dans son job, qu’il doit garder a tout prix. Alors bravo en apparté! (sans parler de mon cas perso, bien sur, emminement confortable, de journaliste free lance qui peut
    choisir ses enquêtes puisqu’elle n’a a payer que le loyer de son bureau et pas celui de son appart………………;)

      

  5. @ merci à vous pour vos réactions et commentaires. Concernant les inégalités entre les hommes et les femmes, j’en suis parfaitement consciente et loin de moi de les nier, mais je pense aussi que
    certaines de ces inégalités ne sont pas toujours en défaveur des femmes, contrairement à ce que l’on entend et à ce qui est dénoncé.

    Sinon tout à fait d’accord avec Gabrielle pour dire qu’il est plus valorisant de faire carrière que de consacrer du temps à ses enfants…C’est bien dommage ! Et d’accord également pour souhaiter
    que les hommes reconnaissent l’importance de s’impliquer davantage dans la vie quotidienne et familiale, pour eux-mêmes, pour les enfants et pour leur conjointe…

    @ Claire : lorsque tu écris que « les hommes sont bloqués et pressurisés dans leur job », c’est exactement cela que je ressens parfois ! Sur FB, une femme a réagi en
    écrivant « il est vrai que nous sommes beaucoup plus libres dans nos choix »…Je trouve important de savoir le reconnaître et de savoir le savourer lorsque cela est le cas.

      

  6. Bonjour

    Je viens de prendre le temps d’aller lire l’article et effectivement cette « présupposition » que les femmes sont moins impliquées à qqch de révoltant !

    Plusieurs réflexions un peu en vrac : Les hommes ne vont sûrement pas aller réclamer un congé paternité plus long car dans leur grande majorité ils se rendent bien compte de cet aspect non
    valorisant de prendre du temps pour ses enfants ! Moi je suis pour une imposition (pour les pères d’enfants dont ils ont la connaissance bien sûr 😉 ) de temps passé à la maison pour qu’ils se
    rendent tous compte de ce que çà veut dire d’être de longues heures avec les enfants (qui ont des fois cool et es fois horripilants) !

    Aujourd’hui brutalement licenciée (un de mes collègues est dans le même cas, pour une fois, il y a eu égalité entre homme et femme), je vais créer mon entreprise, en tout cas tenter de, et c’est
    vrai que je le fais parce que j’ai envie mais aussi parce que mon chéri n’en a lui pas du tout envie et a un poste fixe assez sûr donc il ne se sent pas pressurisé mais c’est sûr que s’il
    lui arrive le même genre de méaventure, on est mal ! CEci dit, depuis le 1er septembre sa chef est une femme et elle est enceinte..il attend un nouveau job et autant dire que même si j’ai vécu
    deux grossesses en CDI (la 1ere j’étais entre deux postes) je ne voudrais pas que la grossesse de la petite dame le pénalise lui .. Donc je trouve çà formidable de la part de sa hiérarchie
    d’accorder une promotion à une femme enceinte mais d’un autre côté je me demande s’ils ont calculé le « coup d’après » quand ils l’ont nommé à ce poste et dans cette situation ….

    Moi ce que je me dis c’est que les hommes pourraient bien nous laisser un peu le pouvoir parce que quand on voit où on est aujourd’hui après autant de millénaires de domination masculine, je me
    dis qu’on ne pourra pas faire pire !

    Donc battons-nous les filles !!!

      

  7. Bonjour à toutes et à tous

    De mon côté, en tant qu’enseignante précaire, je vois plutôt les choses différemment. Je vois tout le handicap d’être femme dans une société française encore très traditionnelle même si elle
    évolue un petit peu et qui continue à considérer les femmes comme des génitrices, des ménagères, des éducatrices mais pas comme des sujets libres, leurs égales aussi bien dans les désirs, les
    plaisirs que les ressentis. Et qui considère toujours le travail des femmes comme un travail de complément à celui des hommes alors qu’il est tout autant que pour les hommes un travail de
    nécessité et encore plus quand il s’agit du salaire.

    De plus en plus de femmes depuis les années 90, vivent des réalités douloureuses tant durant leur vie active qu’à l’âge de la retraite, simplement parce que persistent ces inégalités au travail,
    sociales, familiales.

    Nous payons un prix élevé au fait de porter un enfant depuis des siècles et ce prix continue d’être élevé. Carrières bloquées, salaires minorés, retraites dérisoires, inégalité de traitement
    relationnel. Les changements qui se sont amorcés depuis l’immédiate après-guerre en 1945 avec tout l’élan féministe n’a pas permis d’enrayer ces inégalités, seulement quelques unes. Car dès lors
    que certaines d’entre nous les femmes y compris celles qui s’engagent dans une lutte pour l’égalité des droits entre hommes et femmes accèdent à une situation confortable, il y a une
    relativisation de l’inégalité homme-femme et un abandon des luttes pour l’égalité. C’est très actuel comme positionnement et ça va avec l’individualisme forcené et l’ultralibéralisme où nous
    évoluons.

    Pour comprendre l’inégalité, il faut ne pas l’avoir vécue comme un état passager dans un parcours privilégié et sans gros accroc. Je pense qu’il faut l’avoir ressentie réellement dans son corps,
    dans son coeur, dans sa tête. Et avoir dépassé aussi l’aspect enfermant et narcissique du problème pour voir qu’il faut que les choses changent pour toutes. Non seulement pour soi mais pour la
    société. Je lis actuellement un petit livre de Gisèle Halimi qui s’appelle « Ne vous résignez jamais » et qui traite du féminisme et des luttes pour l’égalité hommes-femmes. Son propos rejoint
    beaucoup ma position.

    Alors que dans la lecture du sujet de Gaëlle, je retrouve plus finalement un positionnement qui sans entrer complètement dans le déni des difficultés des femmes, relativise la nécessité d’une
    lutte, car parvenue en tant que cadre dans un milieu suffisamment sécure sur plein de plans pour que cette inégalité ne se ressente plus comme une souffrance qui non seulement atteint soi mais
    aussi pèse socialement sur l’ensemble des femmes.

    C’est un peu le positionnement de certaines féministes qui ont réussi à faire carrière et qui considèrent à partir du moment où ça va bien pour elles, pour leur famille, que finalement, la cause
    des femmes n’est plus si nécessaire…

    Ca va de Simone Veil à d’autres personnalités féministes que je qualifierais d’embourgeoisées et qui n’ont plus envie de lutter pour les femmes ou parfois même regrettent leur lutte…

    Pour ma part, je trouve ces comportements assez odieux parce que pour toutes les femmes qui continuent de vivre l’oppression à la fois pro, sociale, personnelle, c’est un sentiment d’abandon
    profond qui est ressenti.

    Peu de féministes parvenues à un certain degré de pouvoir, restent mobilisées sur la cause de l’égalité et d’un mieux-être des femmes. Halimi me parait être une des rares à maintenir une
    cohérence de lutte et de projet.

    La jeune génération semble plus préoccupée par son petit confort individuel et tant qu’il n’est pas perturbé, finalement les difficultés des autres femmes, ça leur passe très très au-dessus de la
    tête. Quand je vois que les seuls sujets de plaintes sont les pubs alors que le problème majeur est ailleurs:

    soit la régression des femmes à l’accès au congé maternité du fait de contrats de plus en plus précaires assortis de périodes de chômage.

    La régression des femmes à l’accès à un travail en CDI correctement payé.

    La régression des femmes à l’accès à une retraite à taux plein qui dépasse 600 euros mensuels.

    La régression des femmes à l’accès à des soins gynécologiques et sanitaires.

    La régression des femmes à une vie décente pour pouvoir élever des enfants y compris seules.

    Les femmes cadres me semble-t-il sont très très loin de ces préoccupations. Parce qu’elles ne les côtoient pas ou alors seulement dans des articles de journaux ou des rapports et des enquêtes
    qu’elles lisent. Donc ça n’a pas de réalité tangible. Or si l’on se penche réellement sur la situation des femmes dans nos pays européens, on ne peut manquer de remarquer à quel point on assiste
    à une régression d’accès et que toutes les luttes qui ont permis les avancées sont en train d’être, à l’exemple des luttes syndicales et des luttes pour les droits humains, réduites
    progressivement à néant. Et que seules, celles qui seront passées entre les gouttes de la précarité et des difficultés, subsisteront.

    D’où je suis, je trouve ça assez effrayant. Je ne sais pas ce qu’il faudrait pour à nouveau mobiliser les femmes dans leur ensemble tellement la vie moderne nous compartimente volontairement pour
    nous désolidariser en matière de droits sociaux et de dignité. Je vous fais seulement part de ma profonde inquiétude sur ce relativisme très dans l’air du temps.

     

      

  8. Je rajoute juste un petit truc que j’avais oublié de dire sur la conciliation vie privée-vie pro.

    J’ai plus l’impression que cette conciliation reste une question majoritairement féminine car la société française reste en grande partie ancrée dans un fonctionnement patriarcal où l’homme se
    vit essentiellement sur le lieu de travail et peu au plan personnel. Et que ça convient très bien à une majorité d’hommes en situation de vie active de vivre comme ça. Ca ne les oblige aucunement
    à un effort d’investissement au plan relationnel, au plan du couple, comme vis à vis de leurs enfants.Ces domaines ne représentent pas suffisamment de valorisation sociale pour qu’elles soient
    des champs d’investigation aussi mobilisateurs que l’espace travail.

    Le congé paternel présente certes une avancée, un vrai progrès mais il ne saurait comme dans certains pays nordiques être proposé en position d’égalité avec celui des femmes pour qu’il y ait une
    sorte de relais éducatif auprès des enfants.

    Majoritairement hélas, l’éducation des enfants comme la gestion ménagère et la gestion relationnelle familiale et du couple est le fait des seules femmes. Et nous autres femmes pensont encore
    trop souvent que ça fait partie de notre féminité de devoir nous sacrifier, renoncer à une autonomie financière pour élever des enfants et assurer l’unité du couple et de la famille.

    Personnellement je trouve cette autopersuasion fortement véhiculée socialement comme une obligation morale comme destructrice de l’estime de soi des femmes mais aussi des couples et des familles.

    Et je constate que bien que différents psychosociologues mesurent qu’il y a un vrai malaise dans les couples et les familles dont l’un des deux et le plus souvent la femme se sacrifie, il n’y a
    pas de mouvement profond de changement en matière de remise en question de la conciliation, qui reste encore beaucoup une sorte de question féminine.

    Donc les compromis ou plutôt devrait-on dire les compromissions de conciliation sont en règle générale liées aux femmes qui se retrouvent doublement mises en difficulté par la suite aussi bien au
    plan de leur autonomie financière mais aussi de leur survie après 60 ans (car la conciliation féminine amène un manque sérieux de revenu et de retraite qui après rend difficile une fin de vie au
    plan économique, sanitaire et social).  Et s’il y a eu séparations conjugales, c’est encore pire…

    A l’heure actuelle où la précarité sévit partout et dans beaucoup de domaines de l’existence, il devient de plus en plus compliqué pour une femme de pouvoir survivre sans travailler, sans avoir
    un salaire. Non parce que nous avons des besoins supérieurs aux générations précédentes mais que le coût de la vie est devenu si élevé par rapport à la génération de nos parents qu’un seul
    salaire (sauf si cadre sup) ne suffit pas à assurer notre survie économique et encore moins celle de nos enfants.

    Et nous ne sommes pas nous les trentenaires quarantenaires qui avons alterné période de travail salarié et période de chômage et précarité, sûres d’obtenir une retraite mais de devoir travailler
    jusqu’à notre mort ou de devoir finir notre existence sous perfusion d’aides humanitaires.

    Alors comment aborder la conciliation vie privé-pro sans comprendre qu’elle nous mène nous les femmes dans une posture sacrificielle dont nous allons faire les frais rapidement voire à l’âge le
    plus vulnérable de la vieillesse?

    Retourner dans la compromission conjugale en restant avec un conjoint plus stable et plus fortuné pour assurer nos vieux jours me parait assez lamentable et nous enfermer dans la résignation et
    la dépression.

    Il me semble que ce n’est pas la solution pour sortir du malaise.

    Il m’apparait donc qu’il faudrait cesser de parler de conciliation mais plutôt de prendre en compte le travail des femmes comme un travail/salaire de nécessité et de proposer de repenser à la
    fois les salaires mais aussi la nécessité d’un travail décent pour tous et pour toutes.

    Un être humain adulte qu’il soit homme ou femme a besoin d’être autonome financièrement pour pouvoir construire une vie équilibrée interpersonnelle mais aussi de couple et de famille et pour
    pouvoir ne pas tomber dans une dépendance destructrice.

    Tant qu’il n’y aura pas une vraie prise de conscience de cette nécessité de travail à temps plein payé décemment pour les femmes comme pour les hommes, la situation n’avancera pas et on
    présentera aux femmes la conciliation pour en réalité, les ramener à une position de soumission et de renoncement à l’autonomie. Et les femmes continueront d’en payer le prix fort jusqu’à leur
    mort.

    Maintenant cet avis n’engage que moi.

      

  9. @ Muse : tout d’abord merci d’avoir pris le temps de présenter longuement tes positions, tes convictions et tes ressentis face à la situation des
    femmes.

    Pour commener, je reconnais bien volontiers que je fais partie des femmes privilégiées (position cadre). D’ailleurs, dans ce billet, j’écris que je suis bien
    consciente de ne pas être représentative des femmes mais plutôt des femmes cadres et que mon billet repose sur l’observation d’un certain nombre de femmes autour de moi. Je ne nie également pas
    les inégalités dans le monde professionnel et je sais que la précarité touche plus les femmes que les hommes. Ceci étant, je trouve que si ces faits doivent être dénoncés et combattus lorsqu’ils
    sont sans fondement, il me semblait important de dire que dans certaines situations, être une femme n’était pas toujours un handicap ou une source systématique de discrimination.

    Surtout, je suis contente qu’il y ait débat, que tu prennes le temps de t’exprimer. Même si nous n’avons pas les mêmes opinions et même si je ne suis pas
    aussi inquiète que toi concernant la concliation vie privée / vie pro. Une fois encore, reconnais bien volontiers que mon éducation, ma culture, mes études ont fait en sorte que j’ai pu
    évoluer dans un milieu où les inégalités hommes / femmes (que ce soit dans la sphère perso ou pro) n’ont pas été très fortes. Ceci explique sans doute que je sois bcp plus tempérée (tiède
    peut-être pour certaines, je peux tout à fait l’entendre) sur toutes ces questions.

      

  10. Coucou Gaëlle.

    Merci pour ta gentille réponse. Mon propos ne voulait pas te mettre mal à l’aise ou en accusation, simplement manifester ma profonde inquiétude au regard de ce que j’observe et aussi je vis. Je
    viens comme toi d’un milieu assez privilégié au plan matériel, éducation, culture mais ça ne m’a pas garanti contre les galères au plan professionnel et financier. Etant devenue malgré ma
    détermination et tous mes efforts ce qu’on appelle une déclassée (même si j’adore mon job de prof et que je suis fière de ce que j’enseigne), je mesure à quel point ma situation sociale devient
    finalement de plus en plus la norme dans notre société (hauts diplômes, hautes compétences, haut niveau de diversification et boulot très mal payé, précaire et plétore de petits boulots, assortis
    de périodes cycliques de chômage ne permettant pas de pouvoir vivre, mais seulement survivre). Situation qui ne permet ni aux hommes et encore moins aux femmes de pouvoir construire un projet de
    vie correct. C’est un phénomène très inquiétant car ça ramène progressivement les gens à une situation économique pré avantages sociaux. Et évidemment comme toujours se sont les femmes qui font
    le plus les frais de cette régression sociale liée à la crise et au déplacement des intérêts économiques industriels, technologiques et agricoles. Il suffit de regarder le nombre de femmes
    (jeunes et âgées) qui font les fins de marché, font les poubelles mais aussi de se rendre dans les locaux des restos du Coeur, de la Banque Alimentaire et autre Croix Rouge et discuter avec les
    bénévoles pour comprendre la paupérisation massive d’un nombre toujours plus important de familles et dont, une majorité de femmes, le plus souvent seules avec enfants.

    A la limite ma propre précarité si pénible soit-elle par moment n’est rien comparé à ces situations de misère persistante, aggravées dès que ces femmes prennent de l’âge. C’est aussi pour cela
    que je ne peux que bondir sur la notion de conciliation comme sur la situation des femmes en général. Parce qu’elle est indigne pour une majorité. Et que finalement cette misère grandissante des
    femmes, tout le monde souhaite l’oublier, la dissimuler, la relativiser. Et c’est ça qui est le plus terrible. Car alors c’est une condamnation à mort de l’ensemble de la société. Si nous pouvons
    de moins en moins vivre décemment, la société s’appauvrira non seulement en culture mais économiquement et il y aura encore moins d’argent pour payer des retraites puisque encore moins d’enfants.
    Ce qui veut dire travailler jusqu’à la mort. Si c’est relativement possible dans certains jobs et notamment les postes d’encadrement, quelle femme de ménage pourra à 80 ans entretenir une maison
    bourgeoise et encore quel magasin recrutera des vendeuses après 65 ans? Quelle école pourra garder des professeures qui seront épuisées physiquement, moralement et nerveusement après 60 ans? Et
    encore ce ne sont que quelques exemples…Je pense peut-être trop à ma vieillesse et à celle de mes consoeurs qui travaillent dans des conditions très dures pour de maigres salaires et qui ont
    toutes les peines du monde à élever leur(s) enfant(s) mais ayant vu dans mon enfance, de nombreuses vieilles femmes dans des situations de misère (ma mère et moi allions porter des colis à ces
    femmes démunies de tout), je ne peux que voir avec amertume, cette situation revenir sans qu’elle n’émeuve ni ne mobilise personne. Tellement les gens sont persuadés qu’ils passeront entre les
    gouttes…Pour savoir à quel point la solidarité se fait rare contrairement à quand j’étais encore petite fille, que la politique pratiquée est celle du chacun pour soi et sur la désolidarisation
    sociale, je ne peux qu’être alarmée.

    La discrimination est par nature sans fondement. Juste une volonté de rabaisser ou l’étranger ou la personne que l’on considère comme inférieure à soi, donc n’ayant pas à avoir droit ni au
    respect de ses besoins, ni au respect de sa personne.

    Toute discrimination devrait faire bondir et réagir de façon active politiquement, socialement, citoyennement. Ce n’est hélas pas le cas. L’époque, la crise justifient la discrimination quelle
    qu’elle soit. Ce qui contribue au désespoir et légitime une politique d’exclusion. Je ne suis pas sûre que beaucoup de gens mesurent cela hélas. Non plus qu’ils ne réalisent que pour mieux faire
    accepter l’exclusion, le politique/économique limite aussi de plus en plus l’accès à l’éducation étendue et notamment celle des filles en justifiant un retour des femmes à la maison (seuls les
    hommes doivent travailler) par le biais de la pub, de séries télévisées mais aussi d’injonctions naturalistes (soit disant pour le bien de nos enfants et pour l’écologie).

    Si tout cela ne pèse pas sur la vie quotidienne d’une femme cadre, car ça n’a pas de conséquence grave voire lui donne l’impression que c’est tenir compte de ses aspirations personnelles, ça en a
    sur la vie de millions de femmes diplômées et non diplômées qui vivent de façon précaire et qui n’ont et n’auront que le choix de trimer jusqu’à ce que mort s’ensuive et dans les pires boulots
    qui soient.

    En tant que femme précaire et malgré tout issue de la petite bourgeoisie de province, je me sens un devoir d’alerte auprès de mes contemporaines,  un devoir d’information parce que si je me
    tais, je serai complice de non-assistance à femmes et société en danger. Sans doute je peux te paraître pessimiste ou alarmiste, mais plus les années passent et plus je vois la situation empirer.
    Alors si je ne dis rien, c’est comme si j’acceptais ce crime qui est commis de façon cynique et impunie contre nous toutes.

      

  11. Et si la différence entre les hommes et les femmes , était dû à la base par le comportement même des femmes?
    -les mamans sont les premières éducatrices des enfants, et elles ne traitent pas de la même façon une fille d’un garçon…on le constate encore de nos jours.
    -les femmes acceptent que les hommes payent les sorties sans demander à partager
    -les femmes demandent sans cesse des attentions, sous forme de cadeaux de la part des hommes; la réciprocité ne semble pas les effleurer.
    -lors d’un divorce, la garde des enfants est pratiquement tout le temps accordée à la mère, alors que le père demande la garde partagée.
    -les femmes gagnent moins que leur mari, mais n’est ce pas parce qu’elles cherchent un homme qui pourra améliorer leur ordinaire?
    -les discothèques font gratuite aux femmes, ne devraient-elles pas refuser cela?
    Culturellement, ancestralement les rôles ont été répartis car le monde était rude; L’évolution fait qu’il le devient moins. Oui pour l’égalité, mais dans les deux sens.
    -lorsqu’un bateau coulent: on mets dans les canots les enfants d’abord, puis les personnes par âge croissant et en bonne santé….hommes et femmes, et tant pis si à bord il restera des femmes….on est d’accord

      

  12. le prétexte que les femmes gagnent moins que les hommes, qu’elles ont des carrières incomplètes, c’est qu’en choisissant le mâle reproducteur, elles ont choisi celui qui aura la capacité de subvenir aux besoins de la famille, et en général gagnant plus qu’elle. Rien n’empêche qu’après le congé de maternité de reprendre son travail, voire même avant la fin pour certains métiers. l’homme peut prendre un congé parental. Le choix est une question privée dans le couple, et doit pas être une excuse pour justifier un rattrapage de salaire! Avoir un enfant doit être du choix privé, et on doit assumer ses choix.

      

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